lundi 10 janvier 2011

Matthieu 4:12-25 : Je vous ferai pêcheurs d'hommes dimanche - 23 janvier 2011



Matthieu 4/12-25

12 Lorsqu'il eut appris que Jean avait été livré, Jésus se retira dans la Galilée. 13 Il quitta Nazareth, et vint demeurer à Capernaüm, situé près de la mer aux confins de Zabulon et de Nephtali, 14 afin que s'accomplisse la parole du prophète Ésaïe :

15  Terre de Zabulon et terre de Nephtali, Contrée voisine de la mer, au-delà du Jourdain, Galilée des païens ;
16 Le peuple assis dans les ténèbres, A vu une grande lumière, Et sur ceux qui étaient assis dans le pays Et dans l'ombre de la mort, Une lumière s'est levée.

17 Dès lors Jésus commença à prêcher et à dire : Repentez-vous car le royaume des cieux est proche. 18 Au bord de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et André, son frère, qui jetaient un filet dans la mer ; en effet ils étaient pêcheurs. 19 Il leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes. 20 Aussitôt, ils laissèrent les filets et le suivirent.
21 En allant plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, qui étaient dans une barque avec Zébédée, leur père, et qui réparaient leurs filets. 22 Il les appela, et aussitôt ils laissèrent la barque et leur père, et le suivirent.
23 Jésus parcourait toute la Galilée, il enseignait dans les synagogues, prêchait la bonne nouvelle du royaume, et guérissait toute maladie et toute infirmité parmi le peuple.


« Venez après moi et je vous ferai pêcheurs d’hommes ». Ceux qui sont familiers des Ecritures ont tellement pris l’habitude de cette expression qu’ils mesurent à peine ce qu’elle a d’incongrue. La pêche proposée par Jésus en assimilant les hommes à des poissons a pour but de faire vivre les hommes qui vont être péchés. Or quand on va à la pêche, ce n’est généralement pas pour le bien être des poissons péchés. Les poissons péchés sont destinés à mourir puis à être mangés. Pourtant en utilisant cette expression Jésus entend bien signifier le contraire. Les hommes se meuvent sur terre dans une atmosphère de mort, tant il est vrai que dès notre naissance nous nous acheminons lentement vers notre mort. Jésus  entend casser le cycle infernal de la mort.

Or les hommes ne sont pas des amphibiens, ils ne vivent pas dans l’eau. L’eau prend ici une valeur symbolique. Dans le langage de la Bible l’eau est le lieu où se trouvent les forces hostiles à Dieu. Les Ecritures confèrent à la masse des eaux de la mer un caractère hostile aux hommes. Dans le récit de la création ou dans celui de la traversée de la Mer Rouge, Dieu doit maîtriser la force des eaux qui lui résistent. Dans les deux cas, il doit fendre les eaux, c'est-à-dire qu’il doit leur faire violence pour provoquer quelque chose qui ressemble à une naissance. Dans le récit de la création c’est pour libérer la terre retenue prisonnière par les eaux  que Dieu les fend  pour rendre la terre libre et lui permettre d'accomplir son destin. Si Dieu ouvre également la Mer rouge, c’est pour libérer le passage aux Hébreux afin qu'ils naissent comme un peuple nouveau.  Bien évidemment  ces images font  allusion  à la naissance des humains
 

Jésus, quant à lui, a du à plusieurs reprises dominer les éléments constitués par la masse des eaux. Il éleva la voix contre la tempête qui se calma aussitôt. Il voulait signifier par là son pouvoir sur les forces hostiles à Dieu et aux hommes. Quand il marcha sur la mer il exprima par son geste son pouvoir de domination sur les éléments !

Si les hommes sont ici comparés à des poissons qu’il faut pécher pour les sortir de l’eau c’est qu’il estime que les hommes  ont besoin de naître de nouveau pour  vivre. Jésus considère que sa tâche est de les libérer le plus rapidement possible pour que Dieu puisse achever son œuvre en eux. Pour y parvenir,  Jésus a besoin qu’on  d'aide et c’est pour cela qu’il appelle des volontaires tels que Pierre et André et les autres …et nous-mêmes.

Mais quelles sont ces forces hostiles qui maintiennent les hommes asservis et s'opposent à Dieu? Si nous répondons que c’est le mal ou le péché, nous n’avancerons pas beaucoup. Le contexte biblique nous replace ici dans l’atmosphère de la création, comme nous l'avons déjà dit. Il nous ramène au moment où  Dieu sépara les eaux du haut d’avec les eaux du bas pour faire surgir la terre et la mettre au sec.

Jésus nous invite à nous replonger dans ce moment mythique où la terre était encore engluée dans le tohu-bohu primitif d’où l’ensemble de la création a été tiré pour devenir l’univers. Mais ce n’était pas fini, le sixième jour n’était pas achevé. Pour ce qui concerne l’homme il devait lui aussi encore être libéré de la gangue originelle qui lui collait à la peau et à l’âme.

C’est à cause cela que nous aspirons à faire le bien sans jamais y arriver complètement, c’est à cause cela que nous sommes portés à tirer profit de nos voisins alors que notre raison nous dit le contraire, c’est à cause de cela que les hommes n’arrivent pas à aimer ceux qui leur sont indifférents et c’est à cause de cela que leur égoïsme est plus fort que leur amour. En fait vous l’avez bien compris, la création de l’homme n’est pas encore complètement achevée. L’homme n’est pas fini, il est en cours de création. Il faut qu’il change de milieu de vie pour s’épanouir. Le milieu dans lequel il est, handicape son épanouissement qui ne peut se faire qu’en Dieu.

A l’instar de Dieu qui maîtrisa le chaos, Jésus cherche des partenaires pour continuer avec lui à poursuivre la libération des hommes qui ne sont pas encore arrivés à leur maturité finale.

Dieu a entrepris ce travail depuis le commencement. Sans doute a-t-il réussi grâce à l’évolution des espèces à nous envelopper d' une enveloppe charnelle acceptable à  laquelle il n’y a pas besoin de faire beaucoup de retouches pour la rendre parfaite. Les humains s'y emploient. Avec un peu de fard et quelques vêtements bien coupés, une hygiène de vie et un peu de sport, ils n'ont pas besoin de plus pour rendre à leur aspect extérieur l’illusion de la perfection. Mais l’homme est aussi doté d’un esprit qui est sensé le rendre semblable à l’image de Dieu, et c’est là qu’il y a encore du travail à faire !


L’esprit est la partie de nous-mêmes qui est en ébullition constante et qui ne s’arrête jamais de progresser. Dans cette activité incessante, nous ne nous rendons pas compte que notre esprit n’est pas autonome. Pour devenir conforme à l’image de Dieu, selon le projet du Créateur, il faut que chaque homme accueille en lui l’empreinte de l'esprit divin.  Malgré la proximité de son créateur, chacun doit encore le découvrir. Dieu, pour sa part, qui veut que sa créature soit libre, s’interdit d’intervenir de manière contraignante. Depuis toujours, il a fait le pari que l’homme se tournerait librement vers lui et accueilleraient  les projets de Dieu. C'est ainsi qu'il évolueront afin de devenir conformes  à l'image de Dieu.

Mais si l’homme reste une créature libre, il n'en est pas moins  une créature au cou raide. Il réagit contre tout ce qu’il ne connaît pas. Tant qu’il n’a pas fait la connaissance de son Dieu il reste circonspect par rapport à tout ce qui peut  représenter le divin. Le refus de Dieu est conçu par l’homme comme l’action spirituelle la plus élaborée qu’il ait réussi à entreprendre. C’est pourquoi les sociétés occidentales qui se prétendent évoluées cherchent à se séparer de l’idée même de Dieu et font de l’athéisme le stade le plus élaboré de la spiritualité humaine.


Dieu ne cède pas non plus. Son esprit qu’il souffle sur le monde depuis les origines est capable d’inverser le cours des choses. Par l'Esprit qui repose en lui, Jésus  a provoqué des prises de conscience sans pareilles chez les hommes.C'est par l'action de l'Esprit que Jésus  mobilise ses collaborateurs pour aller à la pêche de leurs semblables. C’est pourquoi il nous faut persévérer. Il nous faut, par tous les moyens, appeler les hommes à se laisser saisir par Dieu, sans quoi ils n’arriveront jamais à la connaissance parfaite de leur humanité.

Qu’y a-t-il de plus exaltant que de participer à l’accomplissement de l’humanité ? Qu’y a-t-il de plus exaltant que de devenir les plus proches collaborateurs de Dieu et de participer avec lui à l’achèvement de la création? C’est le programme qui nous est proposé. Il semble même qu’il y ait urgence à l’accomplir, c’est pour cela que les deux frères Jacques et Jean abandonnent tout, y compris leur vieux père dans la barque pour répondre à cet appel.

Il nous faut cependant constater, que bien souvent les hommes les plus audacieux se sont arrêtés à mi-chemin. Les Eglises qui mobilisent leur enthousiasme ont tendance à se tromper d’objectif en devenant auto consommatrices du salut. Elles ne se lassent pas de prêcher le salut dans les cercles fermés de leurs communautés. Elles entraînent leurs membres à continuer à acquérir un salut qu’ils ont déjà acquis et à méditer avec exaltation sur les bontés de Dieu qui ne cesse de les sauver. Elles se font témoins du salut individuel de leurs membres et renâclent à donner priorité à la pêche en eau profonde pour participer au salut des autres.

Jésus nous a convaincus qu’il y avait urgence à s’occuper des hommes qui s’asphyxient loin de Dieu. Nous savons qu’ils ne peuvent trouver leur vraie personnalité que dans la connaissance de Dieu. Il faut que par leur comportement les chrétiens soient des signes d’espérance pour tous les hommes. Il faut que ceux qui aspirent à être libérés de la maladie, de la pauvreté de l’injustice et qui continuent à se tenir loin de Dieu découvrent la vérité sur leur vie. Il faut que l’espérance qui s'est installée dans le cœur des croyants en irradie au-delà d'eux mêmes. Il nous faut être chrétiens avec audace. C’est facile à dire, moins facile à faire, mais c’est ce que nous demande celui qui nous a déjà sauvé.

Aucun commentaire: