lundi 4 avril 2011

Matthieu 28:1-10 la résurrection - dimanche 24 avril 2010


Matthieu 28/1-10


1 Après le sabbat, dimanche au lever du jour, Marie de Magdala et l'autre Marie vinrent voir le tombeau. 2 Soudain, il y eut un fort tremblement de terre ; un ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la grosse pierre et s'assit dessus. 3 Il avait l'aspect d'un éclair et ses vêtements étaient blancs comme la neige. 4 Les gardes en eurent une telle peur qu'ils se mirent à trembler et devinrent comme morts. 5 L'ange prit la parole et dit aux femmes : « N'ayez pas peur. Je sais que vous cherchez Jésus, celui qu'on a cloué sur la croix ; 6 il n'est pas ici, il est revenu de la mort à la vie comme il l'avait dit. Venez, voyez l'endroit où il était couché. 7 Allez vite dire à ses disciples : “Il est revenu d'entre les morts et il va maintenant vous attendre en Galilée ; c'est là que vous le verrez.” Voilà ce que j'avais à vous dire. »

8 Elles quittèrent rapidement le tombeau, remplies tout à la fois de crainte et d'une grande joie, et coururent porter la nouvelle aux disciples de Jésus. 9 Tout à coup, Jésus vint à leur rencontre et dit : « Je vous salue ! » Elles s'approchèrent de lui, saisirent ses pieds et l'adorèrent. 10 Jésus leur dit alors : « N'ayez pas peur. Allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : c'est là qu'ils me verront. »


Comment se fait-il qu’un individu aussi merveilleux que l’être humain puisse disparaître à tout jamais après avoir fini son parcours sur terre? Vous l’avouerez sans doute difficilement, mais cette idée vous a certainement traversé l’esprit, un jour où l’autre. Si ce n’était pas le cas, on ne passerait pas tant de temps à préparer son grand départ. On dispose de ses biens, de son corps, de ses idées même, en pensant qu’il n’en restera rien après-nous, tout en agissant comme si, quand même quelque chose devait subsister. L’Ecclésiaste, un sage de la Bible s’était déjà penché sur ce phénomène de la pensée humaine selon lequel, nous avons du mal à nous détacher de la réalité du monde des vivants.


Pour ma part, j’inverserai volontiers les valeurs. Au lieu de penser à partir de moi-même sur mon devenir, je vais essayer de pénétrer la pensée de Dieu. Présomptueuse audace ! N’est ce pas ? Mais pourquoi ne pas essayer ?


Je suis sûr pour ma part que Dieu ne cesse jamais de s'émerveiller en regardant les hommes se mouvoir sur cette terre. Certainement, il doit s’étonner de leur esprit d’invention, de leur capacité à s’adapter aux situations nouvelles et de leurs facultés à maîtriser les catastrophes. Depuis que l’homme existe sur terre, malgré sa fragilité apparente, il a résisté à toutes les épidémies, à toutes les famines, à tous les changements climatiques. Les mammouths ont disparu, mais les hommes ont survécu.


Dieu est sans doute très fier de cet être merveilleux qu’il a conçu et qu’il continue à améliorer selon les lois de l’évolution. Pourtant, la capacité humaine à maîtriser les situations a aussi ses faiblesses. Les hommes n’acceptent pas de ne pas être seuls à bord pour piloter le monde. Ils ont du mal à imaginer qu'un être pensant puisse les dominer et qu'il pourrait inspirer la sens de l’évolution. Si Dieu admire les hommes, les hommes par contre sont plus réticents à lui rendre la pareille. C’est d’ailleurs là un des sujets de contestation entre les humains.


Ils ne s'accordent pas entre eux sur le principe de l’existence ou de la non existence de Dieu. Si les plus entreprenants arrivent à concéder aux autres qu’il y a au-delà de tout, un être pensant qui leur est supérieur, ils répugnent pourtant à lui reconnaître du pouvoir sur le monde et une capacité quelconque à inspirer les actions humaines. Y a-t-il alors un être suprême ? Si oui nous juge-t-il, nous condamne-t-il, à quoi sert-il ? Quel est son volent de manœuvre : créationnisme ou évolutionnisme ?



Au delà de ces clivages, il y a d'autres penseurs, et ils sont nombreux, qui se croient capables de tout comprendre sans le secours de Dieu. Ils pensent qu’il leur suffit d’être un peu plus perspicace que les autres pour tout comprendre. Le fait de formuler l’hypothèse qu’un Dieu organisateur soit à l’origine de toute chose est pour eux une facilité qui ne convient pas à des êtres évolués. Ainsi nient-ils tout en bloc. Beaucoup d'autres encore ne se posent pas de problèmes du tout, ils se contentent pour la plupart de vivre comme si la notion de Dieu était un principe à ne pas mettre en cause pour le bon ordre des choses, mais ce principe ne changerait pas grand-chose à l’être ou au non-être des humains. C’est là encore un autre sujet d’étonnement de la part de Dieu qui a du mal à concevoir que les humains se divisent à cause de lui.


Comment se fait-il, doit-il se demander, que les hommes si intelligents, si inventifs, si entreprenants sur le plan technique et sur le plan scientifique manifestent si peu d’intelligence face aux problèmes métaphysiques? Comment se fait-il qu’ils agissent vis à vis de Dieu comme si leur opinion ne dépendait que d’une intuition subjective ou d’une tradition héritée des ancêtres ? Comment se fait-il que l’humanité si rationnelle pour gérer ses intérêts dans le monde, soit si énigmatique dans sa relation à Dieu ? N’est-ce pas là un sujet d’étonnement pour Dieu s’il existe ?


Le Dieu dont Jésus est le témoin n’ignore pas ce comportement, c’est pourquoi il a choisi d’établir un rapport privilégié avec l’humanité. Il se révèle donc au monde des humains comme un Père, et c’est à ce titre là qu’il se définit comme créateur. Ce processus s’est fait dans la durée. Il s’est révélé à Abraham lit-on dans les Ecritures, il s’est fait connaître à Moïse, il a parlé par les prophètes et avec Jésus pour porte parole, il a confirmé le processus de vie qui ouvre à l’humanité le chemin de l’éternité comme l’Ecclésiaste en avait déjà eu l’intuition .


A la suite de ce long cheminement à travers les âges Dieu se propose maintenant, de vivre une expérience personnelle avec chacun de nous et d’éclairer notre histoire. Jésus se tient devant nous comme le promoteur de cette expérience et nous invite à la vivre. Un jour chacun de nous a plus ou moins pris conscience de la présence de Dieu à ses côtés. Les uns ont pris soin de cultiver cette intimité, elle s'est épanouit dans un acte de foi qui a illuminé leur vie. Les autres mal guidés ou trop indépendants n’ont pas entretenu cette relation. Ils ont oublié que Dieu s’était approché d’eux. Leur foi trop faible pour résister s’est desséchée et n’a subsisté alors que sous forme de souvenir.


Notre relation avec Dieu n’est pas liée au hasard. Elle est l’aboutissement d’une longue aventure dont les racines se trouvent aux origines de l’humanité, et telle la sève de la plante, l'esprit de Dieu a cheminé lentement jusqu’à nous par des canaux mystérieux. Dieu était à l’œuvre dans l’humanité bien avant que nous nous éveillions à la foi. Elle s’est manifestée un jour à nous comme une prise de conscience, telle un éveil à une nouvelle dimension de la vie. Tel en tout cas était le but de Dieu qui nous a cependant laissé libres de le suivre.


Ce constat étant fait, il nous appartient maintenant d’assumer librement nos responsabilités et de travailler sur nous-mêmes. Guidés par Jésus, il nous faut descendre en notre fort intérieur pour découvrir la source qui peut irriguer nos jardins secrets. C'est elle, qui peut ouvrir notre être au souffle de Dieu qui pourra définitivement bousculer nos a priori et nos idées reçues. Si nous l’accompagnons dans ce travail d’exploration de nous-mêmes nous découvrirons alors l’action créatrice de Dieu en nous. Nous collaborons donc avec lui pour qu'il fasse de nous des êtres nouveaux qu'il marque de son sceau et qu'il introduit dans son éternité. C’est cela la résurrection.


Grâce à Jésus qui nous guide nous retrouvons l’itinéraire que chacun doit suivre pour que sa foi se charge de vie. Si la résurrection est un don de Dieu, nous n'en prenons conscience qu'au prix d'un certain effort de notre part. Tous ne suivent pas ce chemin à la suite de Jésus et se refusent à tenter une aventure personnelle avec Dieu, si bien que Dieu après s’être émerveillé du comportement de l’homme se trouve navré de sa facilité à repousser les expériences de vie intérieure qu’il leur propose.


Nous avons pris conscience du fait que la résurrection s’impose à nous comme le résultat d’un long cheminement avec Dieu au terme duquel nous le découvrons en tant que créateur de notre vie. Comme tout acte créateur de Dieu, cet événement est lié à une parole qui vient de lui, car Dieu, quand il crée, est-il dit, le fait par sa parole, c’est à dire par un acte qui le rend accessible. Il adresse ainsi une parole à chacun de nous qui appelle notre adhésion. « Pourquoi me persécutes-tu » avait entendu Paul en tombant de cheval. Ce fut dans la voix et non dans la chute qu’il avait reconnu la présence de Dieu. Il évoquera plus tard cette voix comme étant l’élément qui a provoqué sa prise de conscience de sa propre résurrection.


Chaque fois que l’Ecriture fait état de la résurrection il nous est dit qu’une voix a accompagné la prise de conscience des témoins pour bien signifier que la résurrection est un acte créateur de Dieu. Nous prenons conscience de cette voix sans que pour autant elle se manifeste à nos oreilles. C'est une voix qui est pleine de vie puisqu'elle met en route ceux ou celles qui l'entendent. "Allez dire à mes frères que je les précède en Galilée". La voix renvoie les femmes chez elles, dans leur maison, car c’est là qu’elles vont vivre leur propre résurrection, car c’est d’abord pour vivre sur terre qu’il nous est donné de prendre conscience de la résurrection.


Pourquoi alors s’étonner si pour décrire une telle transformation, l’écrivain biblique a eu recours à la description d’un ange de lumière. Il a traduit ainsi l’émerveillement qu’il a ressenti, car l’expérience de la foi est intraduisible dans notre langage usuel et quand on l’exprime il faut utiliser des images fortes pour qu’elle devienne accessible aux autres.


Ecoutez donc, frères et sœurs toutes ces voix intérieures qui créent en vous la certitude que la résurrection vous est donnée comme l’aboutissement de vos expériences spirituelles avec Dieu. C’est par elles qu’il crée en vous l’être nouveau dont il a besoin pour provoquer vos semblables afin qu’ils se laissent saisir à leur tour par l’aventure de la résurrection qui est en même temps une expérience de création et qui a pour effet de remplir le monde d'espérance.


illustrations Giovanni Bellini

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