samedi 28 décembre 2013

Actes 10: 34-38



Actes 10 : 34-38  un autre sermon pour le dimanche 12 janvier 2014

Pour la commodité du lecteur, nous publions la totalité du récit  alors que le texte concernant le sermon va du verset 34 à 38 que nous avons reproduits en gras

Chapitre 10

Pierre appelé chez Corneille

1 Il y avait à Césarée un homme appelé Corneille, qui était capitaine dans un bataillon romain dit « bataillon italien ». 2 Cet homme était pieux et, avec toute sa famille, il participait au culte rendu à Dieu. Il accordait une aide généreuse aux pauvres du peuple juif et priait Dieu régulièrement. 3 Un après-midi, vers trois heures, il eut une vision : il vit distinctement un ange de Dieu entrer chez lui et lui dire : « Corneille ! » 4 Il regarda l'ange avec frayeur et lui dit : « Qu'y a-t-il, Seigneur ? » L'ange lui répondit : « Dieu a prêté attention à tes prières et à l'aide que tu as apportée aux pauvres, et il ne t'oublie pas. 5 Maintenant donc, envoie des hommes à Jaffa pour en faire venir un certain Simon, surnommé Pierre. 6 Il loge chez un ouvrier sur cuir nommé Simon, dont la maison est au bord de la mer. » 7 Quand l'ange qui venait de lui parler fut parti, Corneille appela deux de ses serviteurs et l'un des soldats attachés à son service, qui était un homme pieux. 8 Il leur raconta tout ce qui s'était passé, puis les envoya à Jaffa.

9 Le lendemain, tandis qu'ils étaient en route et approchaient de Jaffa, Pierre monta sur le toit en terrasse de la maison, vers midi, pour prier. 10 Il eut faim et voulut manger. Pendant qu'on lui préparait un repas, il eut une vision. 11 Il vit le ciel ouvert et quelque chose qui en descendait : une sorte de grande nappe, tenue aux quatre coins, qui s'abaissait à terre. 12 Et dedans il y avait toutes sortes d'animaux quadrupèdes et de reptiles, et toutes sortes d'oiseaux. 13 Une voix lui dit : « Debout, Pierre, tue et mange ! » 14 Mais Pierre répondit : « Oh non ! Seigneur, car je n'ai jamais rien mangé d'interdit ni d'impur. » 15 La voix se fit de nouveau entendre et lui dit : « Ne considère pas comme impur ce que Dieu a déclaré pur. » 16 Cela arriva trois fois, et aussitôt après, l'objet fut remonté dans le ciel.

17  Pierre se demandait quel pouvait être le sens de la vision qu'il avait eue. Or, pendant ce temps, les hommes envoyés par Corneille s'étaient renseignés pour savoir où était la maison de Simon et ils se trouvaient maintenant devant l'entrée. 18 Ils appelèrent et demandèrent : « Est-ce ici que loge Simon, surnommé Pierre ? » 19 Pierre était encore en train de réfléchir au sujet de la vision quand l'Esprit lui dit : « Écoute, il y a ici trois hommes qui te cherchent. 20 Debout, descends et pars avec eux sans hésiter, car c'est moi qui les ai envoyés. » 21 Pierre descendit alors auprès de ces hommes et leur dit : « Je suis celui que vous cherchez. Pourquoi êtes-vous venus ? » 22 Ils répondirent : « Nous venons de la part du capitaine Corneille. C'est un homme droit, qui adore Dieu et que tous les Juifs estiment. Un ange de Dieu lui a recommandé de te faire venir chez lui pour écouter ce que tu as à lui dire. » 23 Pierre les fit entrer et les logea pour la nuit. Le lendemain, il se mit en route avec eux. Quelques-uns des frères de Jaffa l'accompagnèrent. 

24  Le jour suivant, il arriva à Césarée. Corneille les y attendait avec des membres de sa parenté et des amis intimes qu'il avait invités. 25 Au moment où Pierre allait entrer, Corneille vint à sa rencontre et se courba jusqu'à terre devant lui pour le saluer avec grand respect. 26 Mais Pierre le releva en lui disant : « Lève-toi, car je ne suis qu'un homme, moi aussi. » 27  Puis, tout en continuant à parler avec Corneille, il entra dans la maison où il trouva de nombreuses personnes réunies. 28 Il leur dit : « Vous savez qu'un Juif n'est pas autorisé par sa religion à fréquenter un étranger ou à entrer dans sa maison. Mais Dieu m'a montré que je ne devais considérer personne comme impur ou indigne d'être fréquenté. 29 C'est pourquoi, quand vous m'avez appelé, je suis venu sans faire d'objection. J'aimerais donc savoir pourquoi vous m'avez fait venir. » 30 Corneille répondit : « Il y a trois jours, à la même heure, à trois heures de l'après-midi, je priais chez moi. Tout à coup, un homme aux vêtements resplendissants se trouva devant moi 31 et me dit : “Corneille, Dieu a entendu ta prière et n'oublie pas l'aide que tu as apportée aux pauvres. 32 Envoie donc des hommes à Jaffa pour en faire venir Simon, surnommé Pierre. Il loge dans la maison de Simon, un ouvrier sur cuir qui habite au bord de la mer.” 33 J'ai immédiatement envoyé des gens te chercher et tu as bien voulu venir. Maintenant, nous sommes tous ici devant Dieu pour écouter tout ce que le Seigneur t'a chargé de dire. »

Le discours de Pierre chez Corneille

 34 Pierre prit alors la parole et dit : « Maintenant, je comprends vraiment que Dieu n'avantage personne : 35 tout être humain, quelle que soit sa nationalité, qui le respecte et fait ce qui est juste, lui est agréable. 36 Il a envoyé son message au peuple d'Israël, la Bonne Nouvelle de la paix par Jésus-Christ, qui est le Seigneur de tous les hommes. 37 Vous savez ce qui est arrivé d'abord en Galilée, puis dans toute la Judée, après que Jean a prêché et baptisé. 38 Vous savez comment Dieu a répandu la puissance du Saint-Esprit sur Jésus de Nazareth. Vous savez aussi comment Jésus a parcouru le pays en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui.


39 Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu'il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. On l'a fait mourir en le clouant sur la croix. 40 Mais Dieu lui a rendu la vie le troisième jour ; il lui a donné d'apparaître, 41 non à tout le peuple, mais à nous que Dieu a choisis d'avance comme témoins. Nous avons mangé et bu avec lui après que Dieu l'a relevé d'entre les morts. 42 Il nous a commandé de prêcher au peuple et d'attester qu'il est celui que Dieu a établi pour juger les vivants et les morts. 43

43Tous les prophètes ont parlé de lui, en disant que quiconque croit en lui reçoit le pardon de ses péchés par le pouvoir de son nom. »
Des non-Juifs reçoivent le Saint-Esprit
44 Pendant que Pierre parlait encore, le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient son discours.




Notre regard se porte en arrière, sur l’année à peine écoulée. C’est avant tout, les moments heureux que   nous retiendrons, mais pas seulement. Nous nous efforcerons d’y découvrir la trace de Dieu dans les différents moments  de notre existence passée. Nous n’avons pas forcément  discerné sa présence au moment où se produisaient les événements, mais maintenant il nous est donné de faire le point sur ce qui a eu lieu, et pour être honnêtes avec nous-mêmes nous nous devons de réaliser que l’esprit de Dieu a soufflé sur nous, peut-être à notre insu.

Nous n’oublierons pas non plus les événements douloureux qui nous ont fait souffrir et qui ont attristé notre âme. Dans ces événements aussi,  nous n’omettrons pas de repérer que le souffle de l’esprit divin ne nous a pas fait défaut.

Forts de ces réflexions, tournons-nous vers le futur pour y faire le même constat, car nous savons que l’esprit de Dieu y travaille déjà. Dieu travaille ainsi en nous pour que cette année qui vient soit heureuse. Et elle le sera, car l’Esprit de Dieu qui a travaillé en nous pour que nous franchissions les étapes du passé, travaille déjà en nous pour que nous réalisions sous son inspirations les diverses étapes du futur. L’année qui vient sera donc  riche de tout ce que nous  y apporterons.  Les événements qui se réaliseront demain  trouvent déjà leur origine et leur source d’inspiration dans l’esprit qui déjà habite en nous.


Ces quelques réflexions vont nous aider  à comprendre ce passage du livre des Actes proposé pour ce jour car le Saint Esprit y  joue un grand rôle. Il y prend même la première place. Il se présente à nous à la manière d’un conte de Noël, c’est pourquoi il nous faut lire tout le texte et non pas seulement les quelques versets choisis pour aujourd’hui.  Ce  passage commence par le récit d’un événement qui se produit dans la maison d’un officier romain tout proche de se convertir. Il reçoit la visite d’un ange qui lui donne l’adresse de Pierre afin de l’aider à s’affermir  dans la foi. Il l’envoie chercher.  Pierre, quant à lui est mystérieusement averti  et accepte d’accompagner  ceux qui lui sont envoyés. Arrivé chez son hôte, Pierre commence à s’entretenir avec lui.

Nous pourrions largement commenter ce texte en constatant qu’il a certainement été recomposé par l’auteur afin de démontrer à ceux qui le liront que les païens sont au même bénéfice des merveilles de Dieu que les juifs. Tous sont appelés à  rejoindre les disciples de Jésus  indépendamment de leurs origines.  On pourrait dire aussi qu’à la manière des  historiens de l’antiquité, Luc a écrit le discours de Pierre pour la circonstance. Nous aurions sans doute raison. Mais ce qu’il est important de souligner, c’est la place que tient le saint Esprit dans  le discours de Pierre.

Il ne cherche pas à frapper l’opinion par le récit des merveilles opérées par Jésus tout au long de son existence et il  ne fait pas état de la puissance de Dieu pour capter l’attention de son public. Il y viendra après, avec beaucoup de discrétion et de réserve. Ce sur quoi, il insiste, c’est sur l’action du Saint Esprit que Dieu a fait descendre sur Jésus lors de son baptême et qui va décider de la suite de son ministère. C’est d’abord l’esprit qui l’accrédite auprès des hommes comme porteur et révélateur de la présence de Dieu dans son œuvre. Ce n’est ni Jésus lui-même, ni Dieu qui valorise Jésus, mais c’est l’Esprit qui descend sur lui et qui donne du sens aux événements qui se produiront par la suite. C’est donc l’esprit  qui joue un rôle premier dans notre relation à Dieu


Ainsi, alors que les jours suivent leur cours, alors que les hommes vaquent à leurs occupations, alors que Dieu lui-même semble être ailleurs ou absent, c’est le saint Esprit qui commence à accomplir son œuvre sans que personne ne puisse encore pressentir sa présence.

Les hommes seraient-ils habités par l’Esprit sans qu’ils le sachent ? Un esprit qui n’est pas le leur agirait-il en eux jusqu’au jour où s’éveillant à la réalité de Dieu, ils découvrent que depuis toujours, ils sont préparés à cette rencontre ? L’Esprit agirait-il en nous comme un ambassadeur de Dieu qui s’installerait en nous sans dire son nom ? Ces questions auxquelles certains d’entre nous ont déjà les réponses, serviront sans doute à  accompagner la réflexion des autres quand ils s’interrogeront sur  Dieu et sur la relation qui s’établit entre lui et eux. Dès que l’un d’entre nous découvre la réalité de Dieu c’est que l’esprit agissait en lui depuis longtemps. Il agissait secrètement   jusqu’à ce qu’un événement provoque son propre esprit et qu’il découvre   Dieu.

Si l’esprit divin travaille en nous sans que nous le sachions, qu’en est-il alors de notre liberté personnelle ? C’est la grande question du moment. L’homme que nous sommes se croit libre de croire ou de ne pas croire et d’orienter sa vie comme il l’entend.  Il veut être libre d’avoir ses propres  opinions politiques, il  revendique cette même liberté sur le plan éthique et il pense aussi  que la même chose est  possible sur le plan religieux.  C’est ainsi qu’il aimerait construire sa religion à sa guise. Il accepterait volontiers l’enseignement de l’Evangile de Jésus Christ mais contesterait le  rôle que Dieu pourrait avoir dans son élaboration. L’idée même que Dieu aurait pu prendre ses quartiers en son esprit sans qu’il le sache  lui paraît en complet désaccord avec l’esprit de liberté qui souffle sur nos sociétés occidentales.

En réagissant ainsi, il oublie qu’il est le produit d’une longue série d’événements qui prennent leurs racines dans la préhistoire et qui l’ont marqué des traces que ses ancêtres ont laissé en lui.  L’Esprit de Dieu pourrait-il faire, lui aussi  partie de toutes ces traces secrètement ancrées en lui,  qui détermineraient  aujourd’hui ses choix ? Nul ne le sait vraiment, mais ce que l’on sait, c’est que depuis toujours on a repéré, dès les origines de l’homme des traces de spiritualité, qui pourraient bien être héréditaires en lui.  L’Esprit  qui serait en nous depuis bien longtemps nous invite  sans doute, à rejoindre les  idées porteuses d’avenir qui se sont manifestées  en nous par l’action de Jésus.

L’esprit qui plonge ses racines au plus profond de notre histoire personnelle fait croître en nous des sentiments qui semblent contraires à nos comportements naturels. Alors que nous cherchons à tout ramener à nous-mêmes pour satisfaire nos pulsions égoïstes, nous découvrons que nous sommes habités par des désirs qui nous poussent vers les autres, que nous nous mettons à aimer sans raison ou à aider sans aucun intérêt. Serait-ce la trace de ce Dieu que Jésus décrit comme le « Tout amour »  dont il sera l’émanation ?


Ce sermon a ouvert devant nous  beaucoup de questions qui reposent sur la  certitude que Dieu a besoin des hommes pour conduire le monde dans une direction qu’il a déterminée à l’avance et  dont le sens repose en nous depuis nos origines. C’est ainsi que Dieu a mis son empreinte en nous au moyen de son esprit qui crée en nous une attirance vers Dieu. L’esprit tourne alors nos yeux en direction de Jésus Christ qui nous  révèle  Dieu non seulement comme son père et notre père, mais aussi comme celui qui seul peut donner du sens à notre existence. Notre vie trouve son accomplissement en lui et nous ouvre à l’espérance dont le dont le fondement se  trouve dans la résurrection.



La création par Marc Chagall

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