jeudi 21 mars 2013

Jean 21:1-19 - dimanche 10 avril 2016


Jean 21 :1-19
Jésus apparaît à sept disciples -  dimanche 10 avril 2016
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1 Après cela, Jésus se manifesta encore aux disciples, à la mer de Tibériade. Voici comment il se manifesta.
2 Simon Pierre, Thomas, celui qu'on appelle le Jumeau, Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples étaient ensemble. 3 Simon Pierre leur dit : Je vais pêcher. Ils lui dirent : Nous venons avec toi, nous aussi. Ils sortirent et montèrent dans le bateau ; cette nuit-là, ils ne prirent rien. 

4 Le matin venu, Jésus se tint debout sur le rivage ; mais les disciples ne savaient pas que c'était Jésus. 5 Jésus leur dit : Mes enfants, avez-vous quelque chose à manger ? Ils lui répondirent : Non. 6 Il leur dit : Jetez le filet à droite du bateau, et vous trouverez. Ils le jetèrent donc ; et ils n'étaient plus capables de le retirer, tant il y avait de poissons. 7 Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : C'est le Seigneur ! Quand Simon Pierre eut entendu que c'était le Seigneur, il attacha son vêtement à la ceinture — car il était nu — et il se jeta à la mer. 8 Les autres disciples vinrent avec la barque, en traînant le filet plein de poissons, car ils n'étaient pas loin de la terre, à deux cents coudées environ. 

9 Lorsqu'ils furent descendus à terre, ils voient là un feu de braises, du poisson posé dessus, et du pain. 10 Jésus leur dit : Apportez quelques-uns des poissons que vous venez de prendre. 11 Simon Pierre monta dans le bateau et tira à terre le filet, plein de cent cinquante-trois gros poissons ; et quoiqu'il y en eût tant, le filet ne se déchira pas. 

12 Jésus leur dit : Venez déjeuner. Aucun des disciples n'osait lui demander : Qui es-tu, toi ? Car ils savaient que c'était le Seigneur. 13 Jésus vient, prend le pain et le leur donne, ainsi que le poisson. 14C'était déjà la troisième fois que Jésus se manifestait à ses disciples depuis qu'il s'était réveillé d'entre les morts. 

15 Après qu'ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon Pierre : Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? Il lui répondit : Oui, Seigneur ! Tu sais bien, toi, que je suis ton ami ! Jésus lui dit : Prends soin de mes agneaux. 16 Il lui dit une deuxième fois : Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? Pierre lui répondit : Oui, Seigneur ! Tu sais bien, toi, que je suis ton ami ! Jésus lui dit : Sois le berger de mes moutons. 17 Il lui dit pour la troisième fois : Simon, fils de Jean, es-tu mon ami ? Pierre fut attristé de ce qu'il lui avait dit pour la troisième fois : « Es-tu mon ami ? » Il lui répondit : Seigneur, toi, tu sais tout ! Tu sais bien, toi, que je suis ton ami ! Jésus lui dit : Prends soin de mes moutons. 18 Amen, amen, je te le dis, quand tu étais plus jeune, tu passais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et un autre te passera ta ceinture pour te mener où tu ne voudras pas. 19 Il dit cela pour signifier par quelle mort Pierre glorifierait Dieu. Après avoir ainsi parlé, il lui dit : Suis-moi.



Non, la page n’était pas tournée. La mort de Jésus n’avait pas effacé le terrible remord qui hantait la vie de Pierre. Le rôle du  traître ne lui allait pas et il ne pouvait pas s’y habituer. Après l’épisode du tombeau vide, la vie de Pierre aurait dû prendre un tournent nouveau dont il n’avait pas encore mesuré toute la portée. Mais il ne s’était encore rendu compte de rien. Rien n’avait encore réellement changé en lui et il était retourné à la pêche comme par le passé. La mort du Seigneur l’avait enfermé dans ce sentiment de culpabilité qui l’obsédait. Parfois le poids d'un remord ou les souvenir d'un passé impardonnable nous écartent de Dieu. Pierre nous a précédés sur le chemin d'une telle aventure et son histoire va nous aider à affronter nos propres mystères.

Habituellement  la mort nous permet de résoudre  plus facilement nos cas de conscience. Le néant  referme ses portes sur   les remords  qui finissent par s’atténuer. Pour Pierre, la résurrection était venue redonner vie à ce que la mort devait ensevelir lentement dans l’oubli. La  résurrection du Seigneur  rendait  vie à ce passé qu’il aurait voulu chasser loin de lui. Il ne savait pas encore que la résurrection allait opérer en lui  une transformation personnelle dont il ne se doutait pas encore. La résurrection allait devenir vraiment effective  pour lui à mesure qu’il découvrirait l’action bénéfique de Jésus en lui. La résurrection  n’était  donc pas un savoir, ni une croyance, mais c’était un état de fait qui transforme l’existence.

C’est Jésus qui revient de l’éternité pour le rencontrer et qui  l’interpelle. Il est désormais vivant pour toujours et  lui rafraichit la mémoire. Il rappelle d’abord à son souvenir les événements qui l’obsèdent. Il le fait avec tendresse  et lui dit pas trois fois « m’aimes- tu  plus que tous ceux- là? » Et Pierre entend « m’aimes-tu plus que tous ceux-là qui n’ont ont pas trahi » C’est à nouveau le chant du coq qui réveille le passé. Jésus encore une fois lui fait sentir qu’il est un traître, indigne de se tenir devant lui. Il a renié  son maître au moment où celui-ci avait besoin de lui. Il a le sentiment d’avoir  indirectement participé à sa crucifixion, c’est comme si lui-même avait enfoncé les clous.

La  résurrection maintient vivant tout ce qui devrait être anéanti par la mort, si bien qu’à cet instant précis elle n’est pas perçue par Pierre comme une «bonne nouvelle ». La faute qu’il aurait aimée voir  entrer dans l’oubli, reprend  place dans sa conscience avec une acuité douloureuse !  Mieux aurait valu pour Pierre que Jésus ne ressuscitât point.

Pourtant si cette scène nous est racontée de la sorte en pesant fortement sur les sentiments de Pierre, ce n’est pas pour l’enfoncer et lui fermer le ciel à tout jamais, c’est au contraire pour qu’il perçoive le profond pouvoir de guérison qu’il y a dans  la résurrection. Dieu le prend en charge tel qu’il est, avec ce profond dégoût de lui-même, pour le transformer et le faire entrer comme un homme nouveau dans l’éternité. C’est Pierre qui initie ce processus de transformation, mais ce même processus  est promis à tous ceux qui entrent dans la même démarche que lui.

Il y a des gestes, ou des paroles ou des pensées dont le seul souvenir nous pourrit la vie. Quand nous y pensons, tout cela  nous obsède et rien ne peut nous en libérer, pas même la promesse du pardon. Comme Pierre, il faut que nous soyons pris en charge, là où ça nous fait mal.

Pierre finira par comprendre que la résurrection a pouvoir d’effacer tout ce qui est irréparable, mais elle n’agit pas forcément sur l’instant. Elle agit comme un lent processus qui prend du temps pour faire effet en nous.  Ce processus  est le résultat de l’action de Dieu. Il relève de cette pulsion de vie nouvelle qui se produit en nous et qui puise son origine en Dieu quand  nous acceptons d’intégrer la réalité de la résurrection.

Ce n’est pas une notion simple à acquérir. Regardons comment Pierre se comporte ce matin-là dès qu’il a compris que  le Seigneur était vivant.  Il s’est mis à agir à contre temps. Il s’est jeté à l’eau alors que les autres avaient peine à amener la barque au rivage.  Il s’est habillé alors qu’il allait mouiller son vêtement. Il ne peut oublier que quelques jours au paravent, c’est le Seigneur qui avait enlevé ses vêtements pour lui laver les pieds. Il en avait fait toute une histoire avant de se laisser faire.  Maintenant, Il  laisse les autres ramener les filets sans lui, mais au lieu de se précipiter aux pieds du Seigneur,  il revient sur ses pas pour les tirer tout seul. Il a cherché à garder une contenance devant  Jésus et il l’a  totalement perdu. Il a tout faux. Son comportement révèle  son inconfort intérieur qu’il a du mal à dissimuler. C’est pour qu’il redevienne rapidement  comme avant que Jésus le prend personnellement en charge.

Bien sûr le Seigneur  n’ignore rien de tout ce que Pierre aurait aimé  lui cacher. Il n’ignore pas les torts qu’il a   envers lui.  C’est pour cela qu’il va tout mettre en œuvre pour que Pierre réagisse car il doit  provoquer en lui une profonde transformation. Elle s’opère du fait  que la notion de vie a pris un sens nouveau.

Jésus l’appelle « Simon », du nom qu’il avait jadis, avant qu’ils ne se connaissent. Il évoque ensuite ce moment  douloureux de son passé, où par trois fois Pierre l’a renié.  Il ne pourra  dépasser  tout ce souvenir qui l’accable dans notre passé que s’il accepte d’aller de l’avant  en laissant définitivement le passé derrière lui. Tout ce  qui encombre notre passé et nous empêche de vivre le présent ne peut être dépassé  que  si nous  entrons dans une dynamique de vie dont Dieu est partie prenante. C'est alors que Jésus le charge de mission: " prends soin de mes moutons", lui dit-il!

Certes, le pardon de Dieu est total et Jésus n’aurait pas besoin d’évoquer le passé douloureusement coupable de Pierre, si Pierre n’avait pas besoin d’assumer lui-même son passé pour le dépasser. C’est seulement après cette conversation avec Jésus que Pierre acceptera que sa vie prenne une nouvelle dimension et que la résurrection jouera son plein effet sur lui. Tant que nous n’aurons pas nous-mêmes vécu un tel moment  d’intimité avec Jésus, nous n’aurons pas  vraiment assumé la vraie dimension de la résurrection.

Nous connaissons tous des frères et des amis qui se sont éloignés de Dieu parce qu’ils n’acceptaient pas que le Seigneur porte un regard apaisant sur leurs fautes commises. «  Ma faute est trop grande pour que je puisse subsister devant Dieu » avait dit Caïn. Pire, nous connaissons tous des situations où se sont les hommes eux-mêmes  qui  font peser lourdement sur les coupables le poids de leurs fautes, si bien  qu’ils leur refusent ainsi toute possibilité de repentir. Ils  leur ferment  alors la porte à une possible  résurrection, ce qui rendra encore plus difficile au Seigneur la possibilité de les atteindre.

Le message que  Jésus adresse aujourd’hui à tous ces ressuscités potentiels que nous sommes, c’est de rester attentifs cette dimension de la résurrection.  C’est un supplément de vie que Dieu donne à tous,  quand ils lui expriment leur besoin de pardon et d’espérance. Il nous  charge ensuite de mission auprès de tous ceux qui se  sont écartés de Dieu ou que les hommes ont écartés de Dieu. C’est de pardon que nous devons parler, d’espérance aussi, mais surtout de vie. Nous restons conscients du fait que  Dieu pourra quand même les rejoindre sans notre aide, mais ce sera beaucoup plus facile si nous lui apportons notre collaboration.  Notre vocation est donc de devenir des agents efficaces de la résurrection auprès de ceux  qui n’ont pas encore compris qu’elle faisait partie de ce supplément de vie que Dieu  donne à tous eux qui croient

Aquarelle de Madeleine Diener

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