mardi 25 février 2014

Genèse 12:1-4 Abraham



Abraham : Genèse 12:1-4  Abraham, dimanche 16 mars 2014

1 Le SEIGNEUR dit à Abram : Va-t'en de ton pays, du lieu de tes origines et de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai. 2 Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une bénédiction. 3 Je bénirai ceux qui te béniront, je maudirai celui qui te maudira. Tous les clans de la terre se béniront par toi. 4 Abram partit, comme le SEIGNEUR le lui avait dit, et Loth partit avec lui. Abram avait soixante-quinze ans lorsqu'il quitta Harrân.

 5 Abram prit Saraï, sa femme, et Loth, son neveu, avec tous les biens et les gens qu'ils avaient acquis à Harrân. Ils partirent pour Canaan, et ils arrivèrent en Canaan. 6 Abram traversa le pays jusqu'au lieu de Sichem, jusqu'au térébinthe de Moré. Les Cananéens étaient alors dans le pays. 7 Le SEIGNEUR apparut à Abram et dit : Je donnerai ce pays à ta descendance. Abram bâtit là un autel pour le SEIGNEUR qui lui était apparu. 8 Puis il leva le camp pour se rendre dans la montagne, à l'est de Beth-El ; il dressa sa tente entre Beth-El, à l'ouest, et le Aï, à l'est. Il bâtit là un autel pour le SEIGNEUR et invoqua le nom du SEIGNEUR (YHWH) .  Abram repartit, en se rendant par étapes vers le Néguev.


Il arrive que parfois, le soleil ne se lève pas sur nous de la même façon qu’il le fait chaque matin. Notre âme se trouve emportée vers des pensées qu’elle n’éprouve pas habituellement. On ressent comme une sorte de vague à l’âme où des souvenirs d’enfance imprécis se mêlent à l’évocation de moments que nous croyions enfermés dans l’oubli de notre passé. Il arrive même que de tels instants  soient accompagnés du souvenir de quelques mesures de musique que notre mémoire a conservé d’un concert particulièrement émouvant qui nous a tiré des larmes des yeux. Immanquablement nous nous mettons à penser à Dieu. Mais bien vite les soucis quotidiens prennent le dessus et les pensées vaporeuses sur Dieu s’estompent dans l’oubli.

Telle est l’expérience qu’Abraham a du faire un jour et  que la Bible nous rapporte aujourd’hui. Quelle était cette voix qui semblait parler en lui ? C’était sans nul doute la voix de Dieu, et depuis qu’il s’était laissé interpeler par elle, elle ne le lâchait plus. On ne nous dit pas si cette voix ne l’avait pas déjà interpelé, mais il est vraisemblable qu’elle  avait déjà  tenté de le faire. On nous dit qu’Abraham avait soixante quinze ans quand l’événement relaté ici se produisit.  Il nous est facile d’imaginer que déjà Dieu s’y était pris à plusieurs fois et qu’il n’avait pas été entendu, c’est pourquoi, il revenait à la charge.

Comme la plupart d’entre nous, quand nos pensées sont  sollicitées par la présence de Dieu, à la manière dont nous venons de le raconter, Abraham avait négligé de prêter une attention soutenue à ces pensées qui le sollicitaient, il les avait écartées et avait songé à autre chose, à ses troupeaux de moutons qu’il fallait déplacer le long du grand fleuve, à sa femme Sarah qui ne pouvait pas avoir d’enfant, à son frère Haran disparu trop tôt pour élever son fils et il lui avait laissé le gamin sur les bras. Que de soucis qui ressemblaient aux nôtres et qui laissaient Abraham sourd à ces sollicitations de Dieu !

Si les trois courants de la pensée monothéiste font d’Abraham le Père des croyants et l’ami de Dieu, ce n’est pas pour dresser devant les faibles croyants que nous sommes, la statue d’un colosse de foi qui s’imposerait à nous comme un modèle inaccessible. Abraham ici nous est présenté comme un autre nous-mêmes dont la compagnie nous permettra de rester dans la proximité de Dieu.  Nous sommes cependant avantagés par rapport à lui, car c’est dans les expériences de sa vie que nous pouvons trouver des modèles pour la nôtre. Ces expériences nous amènent à découvrir la nature profonde de Dieu qui se fit le compagnon de sa vie et qui nous propose, de la même façon de devenir celui de la nôtre. En effet, ce n’est pas  pour suivre Dieu qu’Abraham est parti pour ce long périple au travers des déserts du Moyen Orient, il est parti parce qu’il savait que Dieu cheminait avec lui. C’est Dieu qui l’accompagnait et non  qui le précédait.

Ce Dieu, dont nous ne verrons jamais les traits se manifestait à lui comme un stimulent d’énergie, c’est pourquoi il lui demanda de se lever,  comme le faisait Jésus après avoir opéré des guérisons, il lui demanda ensuite de faire son baluchon et de se mettre en marche, laissant son passé derrière lui à la garde de son vieux père ainsi que son troupeau et de s’ouvrir à l’aventure.

Le Dieu qui le stimule pour le pousser en avant  est un Dieu patient, car cette énergie qu’il lui prodigue, il la tenait en réserve depuis soixante quinze ans, nous l’avons dit. Mais pour que se départ puisse se faire et qu’il reçoive cette dose d’énergie, il fallait qu’Abraham penne du temps pour écouter, il fallait qu’il laisse de côté tout ce qui l’agitait et qu’il accepte de prêter attention pour laisser le souffle de Dieu habiter son esprit et habiter en lui. Tel fut le démarrage d ‘Abraham dans la vie, tel sera le nôtre.

Ce Dieu qui soufflait  son dynamisme en lui ne ressemblait sans doute pas aux  dieux de la vallée de l’Euphrate avec lesquels, déçu par la vie, il avait peut être rompu. Ces dieux cherchaient à être servis et ils réclamaient les faveurs des hommes  à coup de sacrifices. Ce Dieu qui cherche à se faire connaître d’Abraham ne leur ressemble nullement. Il ne ressemble pas non plus au Dieu auquel nos traditions ont gardé l’habitude de se référer en nous prescrivant de l’aimer et de le redouter, ce Dieu qui sauve  mais qui punit aussi, ce Dieu qui favorise ceux qui sont bons et qui se détourne des mauvais,  celui qui pousse son fils  à  la mort et  qui réclame  en échange l’amour et le respect des hommes en gage de leur salut.

Pour le moment Abraham organise sa vie  avec l’aide secourable de l’esprit de Dieu qui habite en lui.  Certes, ce  n’est pas toujours facile ni gratifiant de toujours se tourner dans le sens du vent. Il est plus facile de se valoriser soi-même et d’entreprendre des actions qui vont dans le sens de nos intérêts immédiats sans se soucier de ce qui nous entoure. Parti des bords de l’Euphrate, accompagné par son Dieu, nous retrouvons alors Abraham en Egypte, monnayant la vertu de sa femme  en échange de sa sécurité. Il marchande avec le pharaon pour avoir la vie sauve en lui laissant la jouissance de son épouse au prix d’un demi-mensonge. Le trait est sans doute un peu gros, mais celui qui nous raconte l’histoire a besoin que le lecteur comprenne qu’il est loin d’être facile de suivre Dieu et d’être attentif à ce que son souffle  met en nous. Toute la vie du patriarche sera faite de compromis entre des moments d’écoute attentive de Dieu et des moments d’écoute de lui-même.

En disant cela, nous énonçons sans nous en rendre compte les premières bases de la prière telle que nous devrions l'adresser à Dieu.  Avant d’être louange et adoration, elle devrait commencer par être écoute. Dieu ne parle en nous que lorsque nous savons nous taire et écouter, c’est alors que notre esprit se met en harmonie avec celui de Dieu. Notre prière commence par un temps d’abnégation de toute velléité personnelle à agir avant que ne s’impose en nous la voix de Dieu, supplée par son esprit. C’est alors que nous pouvons  être en harmonie avec lui.

Au contact d’Abraham nous  découvrons  nos propres faiblesses     et nous découvrons comment Dieu peut nous aider à les dépasser. C’est    ainsi que voulant plaire à Dieu  et n’écoutant que son propre désir de lui être agréable, Abraham négligea  de l’écouter car il croyait être sûr  de sa propre vérité, et conformément aux us et coutumes de son temps il décida de lui sacrifier son propre fils. Il avait négligé, ou pas encore compris que Dieu ne se plaisait que dans les actions qui portent la vie, et c’est Dieu qui sauva l’enfant en décidant de sa vie. Il comprit ainsi un élément fondamental de l’action de Dieu parmi les hommes. Nous mettrons des siècles, voire des millénaires pour le comprendre, et aujourd’hui, l’avons-nous vraiment compris ?

Tout cela étant dit, Dieu nous demande encore d’aller plus loin. Il sait que notre cœur est encore trop dur pour répondre tout seul aux sollicitations de son esprit ; c’est pourquoi, aux temps opportuns, il a voulu que  son fils croise notre chemin et devienne notre frère. Depuis son passage parmi nous, il nous a entourés  de toute l’affection dont nous avons besoin afin que nous soyons avec Dieu dans un partage réciproque d’amour.  L’amour que nous partageons avec lui en harmonie avec son Père, nous permet de dépasser notre vie humaine  pour qu’elle s’accomplisse dans une espérance où la mort n’a plus de place.  Abraham a quitté  cette terre dans l’espoir de voir se réaliser un jour la perfection de l’humanité dans cette espérance enfin réalisée.

C’est en Jésus qu’il nous est donné de vivre tout cela. Il rajoute à l’action de l’esprit en nous, la force de l’amour  et installe en notre conscience la certitude que notre vie ainsi prise en main par Jésus et inspirée par l’esprit vaut bien le coup d’être vécue.




Aucun commentaire: