mercredi 16 avril 2014

Jean 20:19-31 L'expérience de Thomas.



Jean 20 :19-31 L'expérience de Thomas,
   Dimanche  27 avril 2014


19 Le soir de ce jour-là, qui était le premier de la semaine, alors que les portes de l'endroit où se trouvaient les disciples étaient fermées, par crainte des Juifs, Jésus vint ; debout au milieu d'eux, il leur dit : Que la paix soit avec vous ! 20 Quand il eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples se réjouirent de voir le Seigneur. 21 Jésus leur dit à nouveau : Que la paix soit avec vous ! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. 22 Après avoir dit cela, il souffla sur eux et leur dit : Recevez l'Esprit saint. 23 A qui vous pardonnerez les péchés, ceux-ci sont pardonnés ; à qui vous les retiendrez, ils sont retenus.

Thomas et le ressuscité

24 Thomas, celui qu'on appelle le Jumeau, l'un des Douze, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint. 25 Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais lui leur dit : Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous et ma main dans son côté, je ne le croirai jamais ! 

26 Huit jours après, ses disciples étaient de nouveau dans la maison, et Thomas avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient fermées ; debout au milieu d'eux, il leur dit : Que la paix soit avec vous ! 27 Puis il dit à Thomas : Avance ici ton doigt, regarde mes mains, avance ta main et mets-la dans mon côté ! Ne sois pas un incroyant, deviens un homme de foi ! 28 Thomas lui répondit : Mon Seigneur, mon Dieu ! 29 Jésus lui dit : Parce que tu m'as vu, tu es convaincu ? Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! 

Le but de ce livre.

30 Jésus a encore produit, devant ses disciples, beaucoup d'autres signes qui ne sont pas écrits dans ce livre. 31 Mais ceux-ci sont écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et que, par cette foi, vous ayez la vie en son nom.

Avec les beaux jours, nous avons l’impression que Dieu revient pour visiter la terre qui s’était assoupie pendant les mois d’hiver. C’est une impression qui s’installe en nous tous les ans au moment de Pâques. La vie se remet à circuler au ras de terre, la sève trace son chemin sous l’écorce et les oiseaux envahissent tout l’espace aérien. Mais par-dessus tout, c’est aussi  ce moment où le calendrier nous rappelle qu’à Pâques Dieu a définitivement conquis la vie sur la mort. Tel est le mystère de la résurrection. 

Notre optimisme naturel  nous entraîne à nouveau à nous émerveiller du fait que  le changement de saison s’harmonise avec le calendrier de nos célébrations religieuses. Il rappelle que Dieu est le maître de la vie et qu’en ce moment  de Pâques nous célébrons sa victoire sur la mort.  La venue du printemps n’est pas seulement une question de calendrier, c’est aussi le rappel que nous ne sommes pas seuls à habiter la terre.  Dieu s’est donné pour tâche de venir partager avec nous le destin du monde que nous habitons et  de faire progresser sa création en collaboration avec nous.

Pourtant, voilà que depuis quelques années, nous réalisons que les progrès ne vont pas dans le sens où nous le souhaitons. Si conformément  au calendrier la terre s’ouvre à la vie, c’est  la vie elle-même qui  n’offre  plus le même visage que  d’habitude. Elle  nous apparaît comme fragilisée par l’action de l’homme qui en voulant  rendre l’existence plus heureuse sur terre a mis en causes les règles de son évolution. La vie que nous croyions appartenir au domaine réservé de Dieu  est bousculée par  l’espèce humaine au grand damne de Dieu lui-même qui ne semble pas réagir.

La chose n’est pas évidente au premier coup d’œil. En effet,  apparemment notre existence s’améliore,  les maladies régressent, la durée de l’existence s’est allongée, le travail est devenu moins pénible. Pourtant  le doute  s’est emparé des humains quant au bienfondé de tous ces avantages. Les ressources naturelles s’amenuisent, l’eau se raréfie tout  en se polluant, la mer ne donne plus les poissons que l’on attend d’elle, la pollinisation des fleurs a du mal à se faire. La nature est malade de l’homme.

En jouant à l’apprenti sorcier, les hommes ont mis leur existence en danger. En décidant eux-mêmes de leur évolution indépendamment de Dieu, les humains s’en sont pris à Dieu lui-même.  En voulant se passer de lui, les hommes s’en sont pris à la vie dont Dieu était le maître. Dieu s’est trouvé rejeté loin des préoccupations des hommes et ceux-ci se trouvent tout d’un coup seuls pour faire face  à l’angoisse d’un avenir incertain. L’espérance s’amenuise et l’échec des hommes devient en même temps l’échec de Dieu.

Bien évidemment personne n’ose ouvertement partager une telle opinion.  La plupart des croyants  se refusent à imaginer que  Dieu puisse être vaincu par ses propres créatures.  Ils récusent cette accusation  qui mettrait à mal notre espérance  et détruirait en nous toute velléité à réagir. En fait notre  espérance semble rester intacte  pour nous qui faisons confiance aux promesses  de Pâques  telles quel nous  les avons reçues de Jésus Christ. Cependant insidieusement le doute fait  quand même son chemin en nous.

Sans être totalement naïfs,  nous  avons quand même conscience d’avoir empiété sur le domaine de Dieu, mais  nous pensons cependant  que rien d’irrémédiable n’a été commis et nous restons persuadés que les enjeux sont ailleurs que dans notre manière de gérer la planète.  Nous sommes persuadés que Dieu continue à s’affirmer comme le maître de la vie. Mais comment espérer que notre vie intérieure puisse être en voie de progrès si notre environnement physique est menacé ?

Nous ne cessons  portant de répéter, comme si rien n’avait changé, que Jésus est revenu vivant du monde  de la mort où son supplice l’avait entraîné. Par le miracle de la résurrection, Dieu a détruit la mort et les forces du mal ont été définitivement vaincues. Ainsi l’évocation de Pâques remplit-elle  son rôle  de pourvoyeuse d’espérance  auprès de ceux qui mettent leur confiance en Dieu. Mais la réalité est bien différente, car beaucoup de ceux qui ont cru au progrès illimité de la science et qui ont déchanté depuis longtemps, ne trouvent plus en Dieu les réconforts qu’ils seraient en droit d’espérer. Ils se comportent pour la plupart comme si, en prenant acte de leur propre échec ils en avaient déduit celui de Dieu.

Mais si une telle attitude se trouve dans les pays industrialisés, elle ne s’est pas généralisée sur la planète. C’est dans les pays où la vie est le plus contestée  et où   les humains seraient en droit de se révolter  que la foi reste vive. Les croyants continuent à placer leur foi en ce Dieu qui alimente leur espérance.

Il nous faut cependant  en déduire que plus les hommes sont  performants dans leurs prouesses techniques, plus ils ont tendance à se passer de Dieu et à agir sans lui.  Que des événements les amènent à perdre foi en eux-mêmes, c’est alors qu’ils perdent aussi  foi en Dieu !  C’est ce type de constatation que répandent  dans nos sphères, quantité  de prophètes alarmistes. Ils considèrent que puisque les hommes n’ont plus de réponse en eux-mêmes aux  problèmes de notre temps, ils ne doivent plus espérer de réponses venues d’ailleurs. 

Heureusement que Thomas, vient encore une fois ce matin nous prêter main forte. C’est lui qui le premier à douté du fait que Dieu pouvait restaurer la vie de ceux qui sont morts  et la  redonner à ceux qui l’avaient perdue. Le doute à partir duquel il a construit sa foi, a été pour lui un moteur qui est censé l’avoir  propulsé  jusqu’aux Indes, selon la tradition.

Si la vie moderne  nous bouscule au point de nous faire douter de l’avenir de l’homme, la foi elle, nous invite à découvrir que l’avenir de l’homme dépend de l’avenir de Dieu. Tant que nous ferons confiance à  Dieu pour alimenter notre espérance nous continuerons à entreprendre  des actions porteuses d’avenir. Rappelons-nous comment Thomas a réagi quand les autres l’ont provoqué. Il a répondu qu’il ne croirait que quand il aurait la preuve de la résurrection. Quand huit jours après Jésus vint vers lui,  et qu’il a  parlé à sa sensibilité et à son âme, Thomas a cessé d’avoir besoin de preuve pour croire. 

Quand bousculés par l’avenir incertain de la planète, nous remettons notre foi en cause, demandons-nous vraiment ce qui nous amène à douter. Nous réaliserons alors que ce sont des événements extérieurs, qui ne relèvent pas de notre vie intérieure qui nous troublent mais  des arguments  que véhiculent les humains. Ce sont les faits sensibles qui alimentent le doute, mais la réalité de notre foi est ailleurs.  Elle n’est pas dans ce qui est visible, mais elle est dans ce que nous vivons au fond de  nous-mêmes en intimité avec Dieu. Si un jour nous avons entendu la voix de Jésus, ce ne fut pas par une onde sonore qu’elle est parvenue jusqu’à nous, c’est par une intuition intérieure qu’elle s’est imposée à nous comme une vérité qui nous venait de lui.

Notre relation à Dieu ne peut pas être altérée par les informations que les hommes  se colportent les uns aux autres. La science n’a aucune emprise sur notre vie intérieure qui se déroule en tête à tête avec Dieu. La vie que nous donne Dieu et qui se revêt des couleurs de la résurrection n’est pas une vie matérielle, elle n’a pas besoin du support physique d’un corps, mais elle porte en elle la réalité de l’éternité. Assurés de la réalité de cette vie intérieure qui nous habite, nous pouvons nous engager tout entier au service de la vie pour les autres. De cette vie, à laquelle nous travaillons, jaillira l’espérance. L’espérance sera désormais la marque de Dieu en nous. Elle s’appuie sur une réalité qui nous est personnelle et qui  porte en elle la trace de Dieu.


Rembrandt : incrédulité de Thomas

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