lundi 9 juin 2014

Matthieu 13:1-23 dimanche 13 juillet 2014 le Semeur.







Matthieu 13/1-23

Ce jour là, Jésus sortit de la maison et s’assit au bord de la mer. De si grandes foules s’assemblèrent auprès de lui qu’il monta s’asseoir dans une barque. Toute la foule se tenait sur le rivage. Il leur parla longuement en paraboles, il leur disait :

Le semeur sortit pour semer. Comme il semait, quelques grains tombèrent le long du chemin ; les oiseaux vinrent et les mangèrent. D’autres tombèrent dans des endroits pierreux, où il n’y avait pas beaucoup de terre. Ils levèrent aussitôt parce qu’ils ne trouvèrent pas une terre profonde ; mais quand le soleil se leva ils furent  brûlés et séchèrent faute de racines. D’autres tombèrent parmi les épines, les épines montèrent et les étouffèrent. D’autres tombèrent dans de la bonne terre : ils formèrent du fruit, un grain cent,  un autre soixante, un autre trente. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

Les disciples s’approchèrent et lui dirent pourquoi  leur parles-tu en paraboles ? Jésus leur répondit : Parce qu’il vous a été donné de connaître le Royaume des cieux, et qu’a eux cela n’a pas été donné. Car on donnera à celui qui a et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a. C’est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’en voyant ils ne voient pas et qu’en entendant ils n’entendent ni ne comprennent. Et pour eux s’accomplit cette prophétie d’Esaïe : Vous entendrez bien et vous ne comprendrez point, car le cœur ce  peuple est devenu insensible ; ils se sont bouché les oreilles et ont fermé les yeux, de peur de voir de leurs yeux et d’entendre de leurs oreilles, de comprendre de leurs cœurs  et de se convertir en sorte que je les guérisse .

Mais heureux sont vos yeux parce qu’ils voient et vos oreilles parce qu’elles entendent. En vérité, je vous le dis, beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous regardez et ne l’ont pas vu entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu.

Voyez donc ce que signifie la parabole du semeur. Lorsqu’un homme écoute la  parole du royaume et ne la comprend pas, le malin vient et enlève ce qui a été semé dans son cœur, c’est celui qui a reçu la semence le long du chemin. Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c’est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie, mais il n’a pas de racines en lui-même, il est l’homme d’un moment et dès que survient une tribulation ou une persécution, à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute. Celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la parole mais en qui les soucis du monde et la séduction des richesses étouffent la parole et la rendent  infructueuse. Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la parole et la comprend ; il porte du fruit : un grain en donne cent, un autre soixante et un autre trente



On a tout dit sur cette parabole tant elle est connue et le prédicateur aura du  mal à intéresser quelqu'un à son sujet. On a dit que ce semeur était d'une générosité incomparable, prodiguant sa semence sur toute la terre, même la plus ingrate. On a dit aussi qu'il était incompétent et qu'aucun homme  de métier ne s’y prendrait  comme lui sans se ruiner. Mais avant tout n’’oublions pas que  ce semeur  n'est pas un homme, mais qu’il est Dieu. Derrière son attitude, il y a un enseignement que nous ne comprenons pas toujours, et peut être aujourd'hui moins que jadis, car nous sommes  devenus des étrangers par rapport aux travaux de la terre.

Mais ce ne sont pas les qualités ou les défauts de ce semeur qui m’intéressent, je m'arrêterai sur le fait que Jésus explique qu’il est normal que certains ne les comprennent pas, car pour les comprendre, il faut avoir saisi ce que signifiait le mystère du Royaume des cieux. Notre but est donc d’essayer de comprendre  ce que représente pour Jésus ce  mystérieux Royaume.

Le semeur moderne doit rester perplexe en face de  ce texte, car on  décrit ici un  semeur qui jette sa semence de partout, sans tenir compte de la nature des terrains, que ce soit chemins pierreux, bonne terre ou broussailles. Quand par hasard, sa semence se met à produire elle, manifeste une productivité fantaisiste. Certains épis donnent  100 pour 1, un autre 60 et un autre 30. Autrement dit le semeur sème n'importe comment et ça pousse n'importe comment ! Ce n'est donc ni dans la manière de semer, ni dans la qualité de la récolte que réside l'enseignement de cette parabole. Ce n'est pas non plus dans l'insouciance et le désordre, mais ce serait plutôt dans la générosité et la gratuité. Le semeur jette tout ce qu'il a et le répand sans discrimination, de partout, et il ne se préoccupe pas de la quantité de ce qu'il récolte. Ce qui l'intéresse c'est qu'il y ait une récolte, et peu importe, semble-t-il qu'il ramasse moins qu'il ait semé. Ainsi, les règles de rentabilité du Royaume des cieux n'ont rien à voir avec les nôtres. Cela nous permet de constater qu'il y a un profond décalage entre  Dieu et nous, entre le ciel et la terre.

Il est bien évident que la manière d'agir du semeur ne concerne pas le travail de la terre mais qu'il concerne plutôt le travail des âmes. Il n'empêche qu'il doit forcément y avoir un point commun entre ce que Jésus nous enseigne et ce que nous faisons. Nous sommes invités à imiter le semeur dans certains de nos comportements. Mais lesquels ?

 Sans doute devons-nous tenir compte du caractère désintéressé de nos motivations,  en sachant que ce qui devrait nous animer en premier chef ne devrait  pas être l’intérêt mais la générosité.  Economiquement ce principe  est parfaitement incompatible avec la vie d’aujourd’hui, pourtant, où que nous soyons, nous devons nous présenter comme les témoins de notre foi selon laquelle nous croyons que c'est Dieu qui gère le monde et non les hommes.

Nous devons vivre notre foi  là où nous sommes et peu importe si le lieu où nous sommes  est propice  à sa manifestation.   Le semeur de la parabole commence son activité  par le chemin, et il continue par les pierres, puis  par les épines et enfin par la  bonne terre où le rendement est très variable. Voici donc une parabole adressée à chacun de nous pour qu'il ne se décourage pas si sa foi n'est pas prise au sérieux. Cela s'applique également à l'Eglise  pour qu'elle ne cherche  pas tant à être efficace qu’à  être fidèle. Il ne faut pas oublier que les œuvres  de la foi ne sont pas forcément celles qui se voient. Une Eglise trop visible qui aurait la faveur des foules n’est pas forcément fidèle.  Qu'elle cherche donc à donner toute sa mesure à sa générosité en vue du Royaume et peu importe si cela ne produit que de maigres fruits ou pas de fruit du tout. Le but de l'opération n'est pas l'efficacité, mais la manifestation du Royaume. Mais savons-nous bien encore ce qu'est le Royaume?

Tout le monde serait bien évidemment d'accord pour dire que le Royaume  concerne Dieu mais que dire de plus ? Les sages de notre pays ont été interrogés sur cette question, bien involontairement, il va s'en dire, et ils n'ont pas su répondre. En parlant de "sages" je veux faire allusion à une histoire assez ancienne où des magistrats ont fait figue de sages. Il y a  déjà longtemps, certains pasteurs frondeurs s'étaient avisés de traîner devant les tribunaux les autorités nationales de notre Eglise qui avaient enfreint selon eux, les règles du code du travail. Les magistrats, peu enclins à faire de la théologie ont pris les plaignants à leur propre piège. Ils se sont saisis de la déclaration de foi de l'Eglise Réformée qui existait encore et dans laquelle on peut lire que  « l'Eglise travaille au réveil des âmes... et qu'elle prépare les chemins du Seigneur jusqu'à ce que vienne par le triomphe de son chef, le Royaume de Dieu et sa justice ».  Ils ont conclut que "travailler à la venue du Royaume de Dieu" n'était pas un travail de la même nature que ce que l'on entend habituellement par cette expression, et ils les ont renvoyés  les plaignants à leurs chères  paroisses, ainsi avaient-ils échappé au piège qui consistait  à définir le Royaume de Dieu en termes  adaptés au monde extérieur à l’Eglise..

Pour beaucoup le Royaume de Dieu se confond avec la fin des temps et ils rejettent ainsi dans un avenir lointain la réponse aux urgences du moment. Il me semble que c'est parce que nous nous maintenons dans cette perspective que nos contemporains ne se sentent pas très concernés par notre message puisqu'il envisage une fin des temps qui se confond avec un futur lointain et problématique. Dans une telle vision des choses nous négligeons le court terme. Or c'est dans le court terme que se posent les urgences du moment. Les témoins de Jéhovah en supprimant le long terme et en déclarant que la fin du monde est toute proche, réduisent les distances du temps et répondent donc à leur manière aux urgences de notre époque, puisque pour eux le couvercle de la marmite va bientôt sauter. Leur réponse est sans doute mauvaise pensons-nous. Mais ils en ont une !  Le succès des sectes vient du fait qu'elles proposent une réponse dans le court terme. Qu'en est-il de nous ?

Si nous sommes maladroits pour donner des réponses, l'Evangile cependant en donne une, mais cela nécessite de notre part un comportement différent de celui des autres. Peut-être sommes-nous trop maladroits, trop égoïstes, pour savoir manifester la réponse de l'Evangile.  Il est clair pour lui, que le Royaume de Dieu  relève d’une autre sagesse que celle qui a cours dans la société d’aujourd’hui. Dieu est rendu présent par la spontanéité, la générosité, l’abnégation de ceux qui savent que c'est Jésus Christ qui les habite et qui motive leurs attitudes. C'est par eux que Jésus est présent dans ce monde et qu'il répond à  ses questions.

Pour tout Chrétien conséquent Dieu se tient continuellement à ses côtés, quand il prie, quand il agit ou quand il dort. Le Royaume de Dieu devient une réalité pour nous, toutes les fois que nous prenons conscience que la présence de Dieu en nous sollicite des attitudes  nouvelles qui sont en décalage par rapport à l’attitude que prendraient les autres dans des conditions semblables.

Il est donc nécessaire maintenant que nous nous interrogions sur notre propre spiritualité et notre  vie intérieure,  car le Royaume de Dieu est en nous. Il est l’expression de la présence de Dieu dans votre âme, autrement dit de votre intimité avec Dieu.  Certes ma question est indiscrète et n'appelle pas de réponse. Mais elle nous invite à un questionnement sur nous-mêmes.

Nous existons parce que le Christ vit en nous, et nous devons nous en émerveiller chaque matin et en rendre grâce à Dieu chaque soir. Et  quand nous le ferons tous, ce sermon n'aura plus de raison d'être.


Illustrations : Le semeur de Van Gogh

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