jeudi 27 novembre 2014

Luc 2:16-21 la nativité 4 janvier 2015



Luc 2 :16-21

6 Les bergers se  rendirent en hâte  à Bethléem et trouvèrent Marie, Joseph, et le nouveau-né couché dans la mangeoire. 17 Après l'avoir vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant. 18 Tous ceux qui les entendirent s'étonnèrent de ce que disaient les bergers. 19 Marie retenait toutes ces choses et y réfléchissait. 20 Quant aux bergers, ils s'en retournèrent en glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu, conformément à ce qui leur avait été dit.

21Quand huit jours furent accomplis, il fut circoncis et on lui donna le nom de Jésus, celui que l'ange avait indiqué avant sa conception.

La littérature contemporaine se fait régulièrement porteuse de questions sur Dieu, sur Jésus et sur la spiritualité en y apportant des réponses qui n’ont pour autorité que celle que nous accordons à leurs auteurs.  Elles font cependant écho aux interrogations qui sont les nôtres quand nous  accordons quelques minutes à la méditation personnelle.  Qui est Dieu pour nous et qu’avons-nous à voir avec lui ?

Ces temps de fêtes que nous venons de traverser sont propices à ce genre de réflexion et c’est sans doute elles qui habitent notre méditation quand nos pas nous portent vers  un lieu de culte, comme ce fut le cas, sans doute aujourd’hui puisque c’est dans un tel lieu que nous nous retrouvons.

La fête de Noël vient d’être célébrée et bien entendu la fête a laissé une trace en chacun de nous, mais bien vite l’actualité aura tôt fait de nous entraîner vers d’autres préoccupations et  de mettre en oubli jusqu’à l’année prochaine les rêves qui ont pu accompagner  la célébration de la visite de  Dieu sur la terre des hommes. Déjà la trace  de ce divin visiteur s’estompe  et ne  reste présente pour nous que  dans les cadeaux que nous avons reçus ou donnés.  Ceux qui réfléchissent aux questions spirituelles se demandent  cependant   si Dieu n’était pas seulement une partie du décor de la fête ou s’il représentait une autre réalité.

Sur le chemin qui nous conduisait dans le lieu où nous sommes maintenant, nous avons peut-être fait inconsciemment cette prière qui consistait à espérer que Dieu laisserait en nous une trace qui ne sera pas seulement celle d’une émotion éphémère. Si nous pensons à Dieu, dans les temps qui courent, c’est plus souvent pour nous évader de ce monde et pour laisser notre âme rêver à l’évocation d’un monde meilleur où nous devons avoir une part. Mais ce monde meilleur dans lequel  nous nous projetons et où nous imaginons la présence de Dieu, peut-il exister face à cet univers  où nous sommes, alors que  les bruits de bottes sont accompagnés des sanglots résignés des gens qui fuient loin de leurs oppresseurs  à la recherche d’une nouvelle terre où la haine, la famille et la mort ne feront plus la loi. Dieu a-t-il sa place dans ce monde là

Mais trêve de morosité, si nos pas nous ont portés dans ce lieu-ci ce matin, c’est que Dieu a déjà placé en nous une espérance capable de transformer ce monde hostile. C’est elle que nous voulons partager avec tous ceux qui comme nous, sont venus ici. Aujourd’hui encore nous savons que le charme de Noël n’est  pas une trêve sur le chemin de la résignation, car rêve et espérance se tiennent compagnie sous le regard de Dieu.
Nous accompagnons anges et bergers qui sortent de leur univers de légende pour habiter la réalité d’aujourd’hui et nous invitent à rechercher la vérité sur   Dieu dans ce monde-ci  qui lui est hostile.  Mais si ce monde lui est hostile, il ne lui est pas interdit.  Si  on ne le voit pas, il existe cependant, si on ne l’entend pas il y parle quand même et les mots que l’on entend et qui vibrent au fond de notre être sont habillés d’espérance.

Pas de colère aujourd’hui car  nous sommes invités à trouver du sens  dans l’émotion de ces bergers qui voient des anges et qui entendent le concert des chorales célestes. En effet, l’auteur de ces lignes, Luc en l’occurrence,  n’a pas trouvé mieux que cette évocation pour nous dire que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Nous contemplons avec lui et avec les bergers le miracle de la vie  qui s’impose à la rigueur du moment dans  un bébé qui vient de naître et qui dort dans les bras de sa jolie  maman à côté de son père tout maladroit dans ce nouveau rôle de papa qui vient de lui échoir.

L’émotion, ravivée par nos souvenirs de jadis nous laisse entrevoir les pans de la robe de Dieu qui cautionne cet événement. Il nous rappelle qu’il est toujours présent quand la vie demande à s’imposer, car tout ce qui s’ouvre à la vie est irrésistiblement dans la mouvance de Dieu. Peu importe si le décor nous surprend, c’est une étable remplie de moutons et de berger qui se sont agenouillés pour exprimer leur dévotion. L’atmosphère fleure bon l’odeur de la paille et de la sueur des hommes et ressemble plus à une légende qu’à une réalité historique, quoi que… Il est ainsi dit, sous couvert du merveilleux,  que tout ce qui vit est placé sous le regard de Dieu et qu’en Dieu la vie s’impose pour réveiller  l’espérance.

Quand nous accueillons cette histoire merveilleuse dans le secret de notre âme, nous constatons qu’elle perd son aspect légendaire pour  s’imposer  avec vigueur à notre compréhension en une vérité surprenante.

A la suite de Marie qui s’est arrêtée quelques jours pour accoucher, toute une cohorte de réfugiés de tous les temps lui emboîte le pas. Chassés par la nécessité hors de leur espace naturel, ils forcent  les frontières  en quête de vie et d’espace. Par tous les moyens qu’ils trouvent ils réclament leur droit à la vie.  Au début du récit on a montré que Dieu  lui même s’inscrivait à la fois dans le merveilleux et le sordide de l’histoire des hommes pour leur permettre de s’ouvrir à toute forme de vie qui leur permet d’espérer. L’histoire nous dit que ceux qui croient à la réalité de cette histoire sont capables d’entendre le chant des anges, et même d’y participer.

Aujourd’hui, cette histoire ne cesse de se répéter, des familles entières croient, elles aussi, que Dieu est capable de leur ouvrir des chemins de vie. Elles se mettent à croire dans l’action des anges à qui les hommes s’identifient, car   hommes et anges, ce sont les mêmes réalités, que Dieu entreprend une grande action de rénovation de l’humanité.  Le seul problème réside dans le fait  qu’il faut que leurs actions soient assez visibles pour qu’on y discerne le doigt de Dieu, c’est alors que le chant des chorales célestes deviendra audible.

Nous avons imaginé que sur  le chemin qui vous a conduits à l’Église ce matin, vous vous demandiez si Dieu avait une existence qui dépassait celle de la fête de Noël.  Et voila que cette réalité est en train de prendre corps dans notre société où Dieu n’a peut-être plus sa place. Dieu prend corps dans tout ce qui est porteur de vie, et  puisque chacune  et chacun de nous est vivant, il est logique de penser que Dieu prend corps en lui si bien que cette vie qui est en Dieu et qui s’installe en nous dépasse la temps présent pour nous projeter avec lui dans un futur qui durera aussi longtemps que Dieu lui-même.

On nous a raconté comment un homme et une femme ont lutté de toute leur énergie, avec douceur et ténacité pour que leur enfant devienne le signe de l’acharnement de Dieu à faire vivre les hommes. On peut dire que les hommes  ne se sont pas trompés quand ils ont reconnu en lui le fils de Dieu et qu’ils ont été convaincus de le suivre.  Aujourd’hui, nous pouvons sans doute à notre tour  rester certains du fait que non seulement Dieu s’acharne à orienter le choix des hommes vers des projets de vie porteurs d’espérance, mais aussi que ce succès ne deviendra vraiment visible que si chacun entre à son tour dans ces projets qui sont seuls capables de révéler Dieu. Autrement dit, cette histoire n’a de sens que si nous mettons nos mains dans la pâte avec laquelle Dieu a entrepris la construction de ce monde nouveau .

Illustrations:  Giovanni Baptista Salvi

Aucun commentaire: