dimanche 7 décembre 2014

Jean 1:35-42 Viens et vois dimanche 18 janvier 2015



Dimanche 18  janvier 2015

Viens et vois


Jean 1/35-42 La péricope proposée par a liste de lecture s’arrête au verset 42, mais il est plus cohérent de lire le texte jusqu’au verset 51

Les premiers disciples de Jésus

35 Le lendemain, Jean était de nouveau là, avec deux de ses disciples. 36 Quand il vit Jésus passer, il dit : « Voici l'Agneau de Dieu ! » 37 Les deux disciples de Jean entendirent ces paroles, et ils suivirent Jésus. 38 Jésus se retourna, il vit qu'ils le suivaient et leur demanda : « Que cherchez-vous ? » Ils lui dirent : « Où demeures-tu, Rabbi ? » — Ce mot signifie « Maître ». — 39 Il leur répondit : « Venez, et vous verrez. » Ils allèrent donc et virent où il demeurait, et ils passèrent le reste de ce jour avec lui. C’ était environ la dixième heure. ( 5 heures) 40 L'un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et avaient suivi Jésus, était André, le frère de Simon Pierre. 41 La première personne que rencontra André fut son frère Simon ; il lui dit : « Nous avons trouvé le Messie. » — Ce mot signifie « Christ ». — 42 Et il conduisit Simon auprès de Jésus. Jésus le regarda et dit : « Tu es Simon, le fils de Jean ; on t'appellera Céphas. » — Ce nom signifie « Pierre ». — 

Philippe et Nathanaël

43 Le lendemain, Jésus décida de partir pour la Galilée. Il rencontra Philippe et lui dit : « Suis-moi ! » 44— Philippe était de Bethsaïda, la localité d'où provenaient aussi André et Pierre. — 45 Ensuite, Philippe rencontra Nathanaël et lui dit : « Nous avons trouvé celui dont Moïse a parlé dans le livre de la Loi et dont les prophètes aussi ont parlé. C'est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth. » 46 Nathanaël lui dit : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » Philippe lui répondit : « Viens, et tu verras. » 47Quand Jésus vit Nathanaël s'approcher de lui, il dit à son sujet : « Voici un véritable Israélite ; il n'y a rien de faux en lui. » 48 Nathanaël lui demanda : « Comment me connais-tu ? » Jésus répondit : « Je t'ai vu quand tu étais sous le figuier, avant que Philippe t'appelle. » 49 Alors Nathanaël lui dit : « Maître, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël ! » 50 Jésus lui répondit : « Ainsi, tu crois en moi parce que je t'ai dit que je t'avais vu sous le figuier ? Tu verras de bien plus grandes choses que celle-ci ! » 51 Et il ajouta : « Oui, je vous le déclare, c'est la vérité : vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'homme ! »

(Nathanaël sous le figuier de James Tissot)

Sur les rives du Jourdain, en plein désert de Judée, le printemps s'annonce déjà. Les, pèlerins s'apprêtent une fois encore à monter à Jérusalem pour la fête de Pâques. Dans ce pays meurtri par tant de vicissitudes, le rythme de l'habitude donne une illusion de paix. Tout recommence cette année là encore, comme l'année précédante et pourtant nul ne sait que le vin nouveau se prépare à couler. Dieu est en train de sceller une nouvelle alliance avec son peuple. Tout va commencer à Cana dans le récit qui fait suite à celui que nous venons de lire.

Pour lors c'est le soir du grand soir sans que personne ne s'en doute encore. Il ne s'agit pas de cet événement tant redouté qui annonce le moment où les forces populaires de jadis devaient inaugurer l'avènement d'une aire de prospérité et de bonheur pour les masses laborieuses de tous les pays. Ce ne sont pas les masses prolétaires qui vont agir ici agir ici, mais Dieu lui-même et sans violence. Nul ne le sait encore, mais les acteurs de l'événement le pressentent. Dans le soir qui va tomber la première phrase de l'Evangile est en train d'être prononcée: c'est une invitation à qui veut l'entendre : "Viens et vois;" Où aller? Que voir?

C'est la dixième heure, 5 heures de l'après- midi, le five o'clock britannique, l'heure où tout s'arrête dans les pays civilisés pour faire la pause et se préparer à la soirée. Dieu profite de ce temps de pause. Deux hommes viennent de quitter Jean le baptiste qui a annoncé violemment la venue d'un temps nouveau à coup d'immersions et de paroles retentissantes. Il a pointé le doigt en direction d'un inconnu à qui il a attribué prophétiquement la vocation d'être l'agneau du sacrifice.

L'annonce de la paix avec Dieu et de la réconciliation éternelle avec le Tout Puissant est donc accompagnée par l' annonce prophétique d'une violence dont cet homme que personne ne connaît encore fera les frais. Il porte en lui la paix de Dieu, il est revêtu de "l'aura" du Messie, mais pour que cela se produise, il faudra que toutes les violences contenues, toutes les agressivités rentrées, tous les péchés ignorés se concentrent contre lui afin que par sa mort, il exorcise à tout jamais toutes les agressions commises contre Dieu et commises contre les hommes. C'est ce que nous rappelons à chaque culte quand nous vous annonçons l'absolution de vos péchés.

Avertis par Jean baptiste que l'espérance était devant eux, 2 hommes se mettent à suivre Jésus, et Jésus, sans qu'ils ne le sachent déjà, les a déjà pris en charge. Ils suivent Jésus, mais c'est Jésus qui les attire. Au contact de Jésus, c'est toujours ainsi que cela se passe, on le suit de son plein gré mais c'est cependant lui qui a provoqué notre mouvement à le suivre jusque dans son intimité. Le « chez moi » de Jésus devient leur chez eux, il les prend avec lui pour la nuit tant redoutée du désert jusqu'au lendemain où il décide de partir avec eux, chez eux vers Bethsaïda en Galilée.

Tout chrétien retrouve là sa propre histoire. Cet attrait irrésistible pour Jésus que l'on suit librement, cette sécurité qu'il nous prodigue dans notre nuit et cet itinéraire que l'on suit en sa compagnie jusque dans notre propre maison, dans nos occupations et dans notre travail, tout cela fait partie de l'histoire de chacun. Cette aventure de Jésus qui nous prend chez lui pour nous accompagner jusque chez nous est offerte à quiconque entend Jésus lui dire, comme aux deux hommes :" viens et vois."

Cette aventure ne se limite pas à notre confort spirituel ou matériel. Nous sommes provoqués dans notre être profond, car Jésus ne s'accommode ni de la passivité ni de l'ordre établi. Il nous entraîne avec lui alors qu'il nous accompagne chez nous, et c'est lui qui gère notre aventure, même s'il nous laisse libres de nos actions. "Viens et vois" dit-il aux deux hommes, nous apprendrons par la suite qu'ils sont André frère de Simon et peut être Jean dont l’Évangile porte le nom.

A peine se mettent-ils à partager la vie de Jésus, ou à peine Jésus a-t-il commencé à partager leur vie que la fébrilité les prend et ils se mettent à rassembler autour du maître les nouveaux venus. Ils sont comme eux venus au désert écouter Jean Baptiste, comme eux ils sont avides d'absolu et de nouveauté. A peine sont-ils en contact avec Jésus que quelque chose de nouveau se produit pour eux. C'est Simon dont Jésus change tout de suite le nom,:" tu t'appelleras Pierre", c'est Nathanaël oublié par l'histoire, qu’il projette au premier rang en révélant à tous sa droiture :"voici un juif dans lequel il n'y a pas de fraude. Rien n'échappe à Jésus. Il connaît la vérité de chacun, même si chacun fait des efforts pour la dissimuler. Par avance, au seuil d'une longue aventure avec Jésus, nous avons l'assurance qu'il nous connaît et que rien ne peut lui être caché. Même sous le figuier, n'avait-il pas repéré Nathanaël. N'a-t-il pas repéré toi qui es assis ici dans ce sanctuaire. Et à toi comme jadis il avait dit aux futurs apôtres: "Viens et vois".

A celui qui a envie de se lover dans la sérénité de Dieu, à celui qui a envie de la douceur d'une existence calme et sans histoire, à celui qui désespère et qui voudrait comme Nicodème refaire machine arrière et revenir dans le sein de sa mère, Jésus dit :" viens et vois". Décevant non? Deux verbes, d'action, deux invitations à faire quelque chose. La première peut paraître simple :
- Viens : c'est le verbe venir, il s'agit de se mettre en mouvement à la suite de Jésus qui prend la responsabilité de l'action où il nous entraîne. En toute sécurité, nous pouvons donc venir quand Jésus nous appelle, car il sait où il nous entraîne et nous pouvons avoir confiance, car nous savons que ce sera bon pour nous.
- Vois: du verbe voir. Ce verbe pose d'autres problèmes, car on ne voit pas d'une manière neutre, et personne ne peut voir pour nous. L'image que reçoivent nos yeux laisse une empreinte sur notre rétine et nous devons l'interpréter. Nous voyons non seulement avec nos yeux mais avec nos facultés d'interprétation, c'est à dire notre intelligence. C’est dans la manière dont nous interprétons l’image que se crée une émotion en nous. Cette émotion provoque notre action ou notre réaction.


Elle mobilise notre conscience et notre intelligence sans que personne d'autre que nous en prenne la décision ou l'initiative. En face de ce que nous voyons nous réagissons en fonction de notre sensibilité. Par le fait que Jésus nous invite à voir, il nous rend responsables des actions que nous décidons, ou ne décidons pas de faire.


Chaque jour, nous voyons tant de choses qui ne vont pas, qui ne correspondent pas avec ce que nous savons du désir de Dieu. Il y a tant d'images choquantes et violentes que nous ne savons pas où donner de l'action. Chaque dimanche les prières d’intercession dites au cours de nos cultes font état de ces images choquantes. Au lieu de nous apaiser, elles nous culpabilisent à cause de la médiocrité décourageantes des réponses que nous donnons ou à cause de la passivité affligeante de nos inactions. Ce qui se voit et notre impuissance à y remédier provoque en nous-mêmes des insatisfactions telles que nous les retournons contre Dieu lui-même : "si Dieu existait, il n'y aurait pas tant de violence " ! Voila, c’est dit.


Mais, ce n'est pas Dieu qui crée la violence, il ne la veut pas et la subit avec nous. C'est ce que signifie l’Évangile quand il nous dit qu'en mourant, Jésus accepte de drainer en lui toutes les violences pour nous permettre de les dépasser, aussi bien les violences qui sont en nous que celles des autres ou celles du monde.


En les assumant, Jésus  n'a pas d'autre but que de nous le faire voir le monde  comme Dieu voudrait que nous le voyons. Quand nous aurons vu, nous comprendrons que la construction de ce monde idéal est possible pour celui qui croit. Nous ne devons plus rester dans l’aridité du désert sans espérance, où nous nous complaisons parfois pour nous engager résolument dans sa transformation radicale, même si les paroles humaines de ceux qui nous entourent nous disent que c’est impossible.

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