dimanche 22 mars 2015

Luc 24:35-48 - la résurrection - dimanche 19 avril 2015



Luc 24: 35 Ils racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin, et comment il s'était fait reconnaître d'eux en rompant le pain.

Jésus apparaît à ses disciples

36 Comme ils disaient cela, lui-même se présenta au milieu d'eux et leur dit : Que la paix soit avec vous ! 37 Saisis de frayeur et de crainte, ils pensaient voir un esprit. 38 Mais il leur dit : Pourquoi êtes-vous troublés ? Pourquoi des doutes vous viennent-ils ? 39 Regardez mes mains et mes pieds, c'est bien moi ; palpez-moi et regardez ; un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'en ai. 40 Et en disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds. 41 Comme, dans leur joie, ils ne croyaient pas encore et qu'ils s'étonnaient, il leur dit : Avez-vous ici quelque chose à manger ? 42 Ils lui présentèrent un morceau de poisson grillé. 43 Il le prit et le mangea devant eux. 44 Puis il leur dit : C'est là ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous ; il fallait que s'accomplisse tout ce qui est écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, dans les Prophètes et dans les Psaumes.45 Alors il leur ouvrit l'intelligence pour comprendre les Ecritures. 46 Et il leur dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, qu'il se relèverait d'entre les morts le troisième jour 47et que le changement radical, pour le pardon des péchés, serait proclamé en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. 48 Vous en êtes témoins.

Le ressuscité qui mange du poisson  accompagné de miel ! Ces détails inhabituels  peuvent-ils nous aider à éclairer le mystère de la résurrection ?  On est tellement habitué  à ces récits que même les détails les plus insolites ne nous troublent pas vraiment.

La résurrection nous émerveille parce qu’elle nous entraîne avec ravissement dans l’éternité de Dieu. Mais sommes-nous capables de comprendre vraiment les choses car notre esprit critique nous pousse à  nous enferrer dans des  questionnements multiples. Est-il vrai que la divinité de Dieu aurait été mise en cause par le péché ? Est-il vrai que la résurrection  aurait rétabli le monde dans son équilibre primitif ?  Mais nous n’en  avons pas vu  les effets. Nous renvoyons les questions à Dieu lui-même en espérant  que le texte de l’Evangile proposé  pour ce jour éclairera nos réflexions.

Si on se fie à la tradition millénaire on considère que Dieu  aurait lié son destin au monde, et qu’il aurait mal géré la situation en laissant les anges se révolter contre son autorité. Le mal aurait ainsi fait son entré dans le monde.  Ensuite, le premier homme  à peine aurait-il été créé se serait révolté obligeant Dieu a fermer les portes du paradis jusqu’à nouvel ordre. La résurrection entrerait donc dans ce nouvel ordre des choses ! Peut-on encore se fier à cela ?


On a aussi expliqué les choses en disant que  le monde existerait indépendamment de Dieu et que celui-ci essaierait tant bien que mal de s’imposer à lui afin de lui permettre d’évoluer avec sagesse. Mais le monde lui résisterait.


Les théories s’affrontent et une fois encore on nous joue à leur propos la querelle des anciens et des modernes. Chacun, ballotté entre différents courants de pensée, ne sait toujours pas auquel se rallier et la plupart du temps ne se rallie à aucun.

Nous nous sommes habitués, sans y adhérer vraiment à l’explication traditionnelle qui s’appuie sur une lecture littérale des textes. Elle fait état d’un conflit latent entre Dieu et l’humanité qui aurait pour origine le jardin d’Eden où l’homme refusant de se soumettre à un Dieu bienveillant aurait précipité le monde dans sa chute. Dieu aurait mis un terme à cette situation à Pâques en acceptant la valeur rédemptrice de la mort de son fils. Mais malgré tout, beaucoup d’humains aujourd’hui ont du mal à comprendre la pertinence de ces théories.

Ainsi s’égrainent les interrogations comme la litanie d’un chapelet sans fin qui nous fatigue ou nous agace ! Mais, tout confirmerait bien l’hypothèse selon laquelle les hommes vivraient en état de conflit permanent avec Dieu et la résurrection mettrait un terme à ce conflit

Le texte de ce jour devrait nous aider à y voir un peu plus clair. Il nous rapporte le récit d’une apparition de Jésus ressuscité, encore plus difficile à croire que les autres. Et c’est pour cela qu’il va nous aider car il nous oblige à faire la part des choses

- Que Jésus apparaisse à l’improviste, soit !
- Qu’il montre ses plaies soit ! Bien que la résurrection n’en ait pas effacé les cicatrices !
- Mais qu’il mange, et que ce soit du poisson,  accompagné d’un rayon de miel, cela dépasse l’entendement !

S’il avait mangé du pain, on aurait pu penser que l’évangéliste qui rapporte cet épisode faisait allusion au dernier repas, à la sainte Cène. Dans ce cas nous aurions été invités à spiritualiser l’événement si bien que ce récit aurait fait partie à la fois du domaine du réel et du domaine du spirituel, comme dans l’épisode des disciples d’Emmaüs , mais manger du poisson, voilà qui nous déroute !

Puisqu’il est dans notre nature humaine de douter et de poser des questions, continuons l’exercice. L’apparition qui nous est rapportée pose un vrai problème, étant donné qu’elle se déroule à Jérusalem et que la ville est beaucoup trop loin du lac pour qu’on puisse y consommer du poisson. Si encore ce poisson était séché, on aurait pu comprendre qu’on l’ait en stock, mais il était grillé, comme il est dit ici, c’est dire qu’il était encore frais quelques heures au paravent. Impossible ! Alors, serait-ce un poisson spirituel ? Non bien sûr !

Il semblerait plutôt que cette mention du poisson ait été faite ici pour aider l’auteur, l’évangéliste Luc, à répondre à une question qui est elle-même posée par le texte : Etait-ce un fantôme ? Non il n’était pas un fantôme puisqu’il mange la même nourriture que nous. C’est cela que suggère le texte. Mais Luc qui raconte cela veut faire du zèle et il en dit trop. Il ne connaît pas la Judée, ni la Galilée. C’est un grec qui n’est jamais venu en Palestine. Il fait alors état d’un aliment qu’il croyait être un aliment de base dans toute la Palestine : le poisson, c’était raté ! Pour faire plus vraie encore, certains manuscrits ont rajouté qu’il aurait aussi mangé un rayon de miel ! Avez-vous déjà mangé du poisson avec du miel ? Nous devinons que le détail concernant la nourriture a été rajouté. Nous comprenons aisément que ce n’est pas ce détail qui est important. Ce détail a été rajouté pour faire plus vrai, mais n’a pas forcément de fondement historique. Ce qui est important, c’est que le ressuscité soit bien vivant, quelque soit l’apparence qu’il puisse prendre, même si l’Evangéliste qui n’avait  jamais vu Jésus vivant ou ressuscité  ne savait pas ce qui caractérise sa nouvelle nature.

Reprenons notre texte. Il nous parle de la souffrance de Jésus, de la nécessité de la repentance et du pardon, tout cela dans une seule phrase. C’est la souffrance qui est mentionnée en premier. La souffrance est en fait le thème majeur des Ecritures. Dieu depuis toujours se propose d’aider les hommes à se libérer des souffrances qui les accablent. Les Evangiles quant à eux s’attachent à montrer que c’est également pour lutter contre  la souffrance que Jésus a concentré ses efforts. Ecoutez-le dans les béatitudes: "Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés...Heureux ceux qui ont faim et soif de justice..."

Pour comprendre cela il faut donc que les hommes se repentent et qu’ils se convertissent, c’est-à-dire qu’ils cessent de penser que Dieu puisse avoir une responsabilité quelconque dans leurs malheurs, au contraire, il faut qu’ils se convertissent à l’idée que Dieu a pour seul souci de les aider à dépasser le mal pour vivre mieux. Son Esprit saint sera pour nous un précieux auxiliaire, c’est ce qui est encore dit dans ce texte. Le saint Esprit agit en nous, comme une source d’énergie qui nous permet de voir au-delà des souffrances la guérison promise et au-delà de la mort la vie que Dieu nous donne. C’est alors que nous entrons dans la dimension de la résurrection.

Jésus a clairement signifié que Dieu était dans le même camp que les hommes et menait le même combat qu’eux pour les aider à se libérer de toutes les formes d’oppression. Il les accompagne dans toutes les adversités et jamais il ne laissera sa main s’appesantir sur eux.

Ainsi, la résurrection de Jésus ne prend vraiment de signification qu’à partir du moment où les croyants acceptent de voir en Dieu le Père bienveillant qui met tout en œuvre pour que les hommes ne souffrent plus et pour que la vie triomphe dans toutes les situations, y compris celle de la mort.

La foi en la résurrection donne aujourd’hui, plus que jamais, à ceux qui croient, la joie de participer dès maintenant à la construction d’un monde qui fait de l’espérance sa règle de vie et qui fait de l’audace le moteur de tout ce que les humains entreprennent pour que les choses aillent mieux. C’est cette attitude qui doit se généraliser dans les églises. Elles doivent chaque jour redécouvrir que leur mission leur est toute tracée par celui qui, ressuscité des morts, les conduit sur les chemins du monde pour maintenir dans une espérance de vie toutes celles et tous ceux qui sont menacés.


Illustrations: J'ai cherché sur le net les artistes modernes qui avaient donné une image nouvelle de la résurrection. Je les en remercie,bien que je ne leur ai pas demandé l'autorisation de publier leur oeuvre : De haut en bas, il s'agit de Garo,  Malov Gerst,  Philippe le Jeune, Cédric Lavaud

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