lundi 26 septembre 2016

2 Timothée 4:6-8 dimanche 23 octobre 2016



 2 Timothée 4 : 6-8

6 Quant à moi, en effet, je suis déjà répandu en libation, et le temps de mon départ est arrivé. 7 J'ai mené le beau combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi. 8 Désormais la couronne de justice m'est réservée ; le Seigneur, le juge juste, me la
donnera en ce jour-là, et non pas seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront aimé sa manifestation.


A mesure que les années passent, le regard que nous portons sur nous-mêmes  et sur les autres, change au point que  nous avons  une autre  conception des choses. Ce n’est pas que nous devenions plus sages, mais  c’est que notre pensée mûrie d’expériences plus nombreuses à tendance à relativiser les événements. Notre esprit plus réfléchi et moins entreprenant calme nos ardeurs tandis  que notre corps lui-même est moins spontané à réagir. La foi elle-même prend des teintes nouvelles, si bien que l’on peut se demander si ce Dieu qui, dans un premier temps nous poussait à l’aventure, ne nous invite pas de temps en temps  à  ralentir notre marche en avant et  à faire une pause.  Nous rejoignons ici l’apôtre Paul qui constate qu’il  est arrivé en fin de course et qu’il doit faire le point sur ce qu’à été son parcours. Il reste serein, malgré les épreuves qui l’attendent. Il reste aussi lucide sur lui-même et prêt à affronter  les nouveaux défis de la vie avec foi, même si ce sont les derniers.

Il repense sans doute aux aventures qu’il a vécues en suivant ce Dieu qui l’a surpris un jour  après une chute de cheval et à la suite duquel il s’est engagé. Ce fut une longue aventure qui commença par une fuite hors des murs de la ville accroupi au fond  d’ un panier dans lequel on l’avait descendu pour le soustraire à ceux qui déjà le persécutaient. Ce fut  ensuite une longue errance dans le désert qu’il consacra à construire sa foi. Parti au service de Jésus, il traversa mers et déserts sans jamais s’arrêter. Contesté par les uns, adulé par les autres, trainé devant les tribunaux, il parla aux grands et aux petits, dressa des communautés de croyants. A peine arrêté, il repartait à nouveau. Telle fut la vie qu’il lui a plu de mener par fidélité à celui  à qui il avait consacré sa vie.

Au terme de cette lettre à Timothée, il fait le point sur ce qu’il a été et devine le sort que les hommes lui réservent. Apparemment, le voila à nouveau en prison dans les geôles de Néron qui, on le sait ne fut pas tendre avec les chrétiens. Il pressent qu’il fera partie de la prochaine charrette, mais nous n’en savons rien car tout cela n’est que supposition. Ce qui est sûr cependant  c’est sa sérénité et sa lucidité.

Les chrétiens ont des parcours de foi différents les uns des autres et celui de Paul est exceptionnel, mais tous comme lui sont invités à faire le point sur les différentes étapes de leur vie. Ici, pour Paul c’est sans doute la dernière, c’est aussi le repos forcé,  il ne maîtrise plus rien, mais il est inutile d’être arrivé aux derniers moments de sa vie pour faire le bilan sur ce que l’on a vécu jusqu’à maintenant et pour préciser la nature de sa foi.  Il est bon de se demander si elle s’est affadie ou renforcée et de chercher à distinguer les contours  du visage de Dieu. Il est bon de savoir s’ils  sont devenus plus flous ou plus précis, si nous avons l’impression  de nous être éloigné de lui  ou si c’est lui qui s’est rapproché de nous dans les différents moments que notre vie a traversés.

Il n’est pas  obligatoire d’attendre de se trouver dans des moments de repos forcé pour faire  retour sur nous-mêmes et prendre le temps de la réflexion. Cela relève de notre responsabilité d’interrompre la marche que nous menons au travers de la vie pour mettre un temps d’arrêt et réfléchir au compagnonnage que nous avons mené avec Dieu. Quelle place lui avons-nous concédée et quel rôle a-t-il joué dans notre existence passée ? Mieux encore,  quand le vent de l’adversité a soufflé sur nous et que les sollicitations causées par l’épreuve ont été si intenses que l’on n’a pas pris le temps de songer à Dieu, il est bon de s’interroger sur le rôle qu’il a joué pour que notre foi ne s’effrite pas et que notre espérance ne se liquéfie pas. Il est utile alors  de repérer les traces de sa présence et de considérer quelles empreintes elles ont laissées en nous au moment où on ne pensait pas à lui, car Dieu travaillait en nous et on ne le savait sans doute pas. C’est alors qu’il nous faut prendre le temps de renouer les liens qui nous rapprochent de lui pour que notre vie se continue, éclairée par sa présence active.

Nous reconnaissons alors, grâce à des détails que nous seuls sommes capables de repérer, que malgré l’oubli où nous l’avons tenu, Dieu  a été d’une fidélité remarquable.  Paul songeant aux événements difficiles qu’il a traversés constate ici qu’il a gardé la foi.  Nous aimerions tous comme lui, pouvoir être aussi affirmatifs, mais  il serait bon de faire le point sur ce que signifie pour nous cette expression. En effet, la foi ne nous appartient pas et nous ne sommes pas responsables de la garder ou de la perdre. Cela laisse sous entendre que pendant les différentes épreuves traversées, Dieu restait  assez vigilent pour que la foi  continue à nous porter, même si nous n’en avons pas été toujours conscients.

Paul est tellement sûr de lui, alors qu’il fait le point sur sa vie écoulée  qu’il s’attribue à lui-même la responsabilité d’avoir conservé la foi, comme si Dieu n’y avait joué aucun rôle. En fait pour Paul le partenariat avec Dieu était tellement fort que la présence de Dieu en lui  ne lui a jamais fait défaut. Faisant un avec Dieu, corps et âme, il s’attribue à lui-même les conséquences de cette vie qu’il a menée en osmose avec Dieu. En fait, il dit d’une manière un peu rapide qu’il a su, tout au long des épreuves discerner en lui la présence de Dieu qui n’a jamais cessé d’être  présent. La  vigueur de l’esprit l’a amené à ne jamais douter.

C’est en effet, dans la réalité du  doute que se tient le  nœud  du problème. Ici nous ne sommes ni vous ni moi capables, de dire que nous n’avons jamais douté. Le doute se produit quand une nouvelle difficulté se rajoute à une autre et que nous nous trouvons dépassés par une situation que nous ne maîtrisons plus. C’est  le cumul des épreuves qui nous amène à nous demander si Dieu joue un rôle dans notre existence. Y a-t-il un remède ? La distance avec Dieu se creusant encore davantage nous n’avons plus alors de possibilité de recours que dans la prière que nous adressons à celui qui semble-t-il n’intervient plus en nous.  La prière est le seul lien qui existe encore avec ce Dieu qui est devenu sourd et muet pour nous.  Nous ne savons  pas pourquoi il en est ainsi, mais la prière est le seul moyen de garder avec Dieu un lien possible, si bien que lentement le voile opéré par le doute s’estompe. L’épreuve étant dépassée nous pourrons faire le bilan de notre foi en réalisant que la seule force qui nous a permis de ne pas couper avec Dieu a été la prière. Alors, rejoignant Paul nous pouvons dire  que nous avons gardés la foi, en sachant que sans le silence, Dieu n’a jamais cessé d’être présent, même si le doute le rendait inexistant.

Ce genre de victoire nous permet de considérer que la foi est tenace et que Dieu lui permet  de  triompher des moments où nous croyons l’avoir perdue. Ainsi en faisant le bilan de notre foi après que les épreuves subies aient été surmontées, nous pouvons renouveler notre confiance en Dieu, même si nous pressentons que de nouvelles épreuves  doivent survenir. Nous serons d’autant plus forts si régulièrement nous avons fait le point des étapes passées, pour construire une foi, toujours plus purifiée et plus efficace.

Illustration de Rembrandt

Aucun commentaire: