mercredi 26 juillet 2017

1 rois 19/9-13 Elie dans la caverne - dimanche 13 août 2017




1 Achab raconta à Jézabel tout ce qu'avait fait Elie, et comment il avait tué par l'épée tous les prophètes.
2 Jézabel envoya un messager à Elie, pour lui dire : Que les dieux fassent ceci et qu'ils y ajoutent cela, si demain, à cette heure-ci, je ne fais de ta vie ce que tu as fait de la vie de chacun d'eux !
3 Elie, voyant cela, s'en alla pour sauver sa vie. Il arriva à Bersabée, qui appartient à Juda, et il laissa là son serviteur.
4 Quant à lui, il alla dans le désert, à une journée de marche ; il s'assit sous un genêt et demanda la mort en disant : Cela suffit ! Maintenant, SEIGNEUR, prends ma vie, car je ne suis pas meilleur que mes pères.
5 Il se coucha et s'endormit sous un genêt. Soudain, un messager le toucha et lui dit : Lève-toi, mange !
6 Il regarda : il y avait à côté de lui une galette cuite sur des pierres chaudes et une cruche d'eau. Il mangea et but, puis se recoucha.
7 Le messager du SEIGNEUR vint une seconde fois, le toucha et dit : Lève-toi, mange, car le chemin serait trop long pour toi.
8 Il se leva, mangea et but ; avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à la montagne de Dieu, l'Horeb.

9 Là-bas, il entra dans la grotte et y passa la nuit. Soudain la parole du SEIGNEUR lui parvint, qui lui disait : Que fais-tu ici, Elie ?
10 Il répondit : J'ai montré une passion jalouse pour le SEIGNEUR, le Dieu des Armées ; car les Israélites ont abandonné ton alliance, ils ont rasé tes autels, ils ont tué tes prophètes par l'épée ; moi, je suis resté, seul, et ils cherchent à me prendre la vie !
11 Il reprit : Sors et tiens-toi dans la montagne, devant le SEIGNEUR. Or le SEIGNEUR passait. Un grand vent, violent, arrachait les montagnes et brisait les rochers devant le SEIGNEUR : le SEIGNEUR n'était pas dans le vent. Après le vent, ce fut un tremblement de terre : le SEIGNEUR n'était pas dans le tremblement de terre.
12 Après le tremblement de terre, un feu : le SEIGNEUR n'était pas dans le feu. Enfin, après le feu, un calme, une voix ténue.
13 Quand Elie l'entendit, il s'enveloppa le visage de son manteau, sortit et se tint à l'entrée de la grotte. Soudain une voix lui dit : Que fais-tu ici, Elie ? 



14 Il répondit : J'ai montré une passion jalouse pour le SEIGNEUR, le Dieu des Armées ; car les Israélites ont abandonné ton alliance, ils ont rasé tes autels, ils ont tué tes prophètes par l'épée ; moi, je suis resté, seul, et ils cherchent à me prendre la vie !
15 Le SEIGNEUR lui dit : Va, reprends ton chemin par le désert jusqu'à Damas ; quand tu seras arrivé, tu conféreras l'onction à Hazaël pour qu'il soit roi sur Aram.
16 Tu conféreras l'onction à Jéhu, fils de Nimshi, pour qu'il soit roi sur Israël ; et tu conféreras l'onction à Elisée, fils de Shaphath, d'Abel-Mehola, pour qu'il soit prophète à ta place.

Nous vivons dans un siècle où les hommes construisent des télescopes puissants tournés vers le cosmos pour capter les chants de l’univers.  Les plus audacieux des souhaits des hommes qui consistent  à arracher au mystère des cieux le sens même de l’univers sont en train de se réaliser.  Il est évident qu’ils n’auront pas  la chance d’entendre la voix même de Dieu, car Dieu  ne se prête pas à ce jeu là.   C’est cependant avec ces réflexions hautement  futuristes que nous  rejoignons Élie dans sa méditation solitaire au seuil de sa caverne pour constater  que les réflexions qu’il menait  sur  le sens de la présence de Dieu dans le monde conservent leur actualité.

Enfermé dans sa grotte, replié sur lui-même comme un sage qui médite, ou plus tôt, comme un homme égaré sur le chemin de sa vie, Élie était  à la recherche de ce Dieu auquel il avait voué sa vie et qui lui restait  inaccessible. Perdu sur les chemins du monde, un ange lui était  apparu pour  lui indiquer la route à suivre car,  menacé de mort, il fuyait le courroux de la reine Jézabel. Il croyait avoir fait une action d’éclat en tuant les prophètes de Baal mais  le sort se retournait contre lui. Pourtant il avait cru bien faire pour contenter Dieu ! Mais qui lui avait demandé d’agir ainsi ? Il n’avait même pas consulté Dieu et la mort de ses adversaires ne lui avait apporté aucune satisfaction.  Il avait  donné la mort à des prophètes païens, la reine cherchait  le faire périr et  en plein désespoir, il  espérait s’en sortir en demandant que la mort vienne sur lui.  La mort planait sous toutes ses formes et semblait devoir avoir raison de lui.

Maintenant l’angoisse le tenaillait et la perspective de sa propre mort, semblait faire écho au silence apparent de Dieu. L’idée même de Dieu semblait s’associer à celle de la mort ! Dieu lui-même serait-il mort ou même n’avait-il jamais existé ? Serait-il une illusion accessible seulement dans ses rêves ? Nous reconnaissons dans ces pensées que nous prêtons à Élie celles qui peuvent un jour se poser à n’importe quel humain pris dans l’angoisse d’une situation qu’il ne comprend pas et qui lui semble injuste. L’angoisse se fait pesante et le silence de Dieu épais.


Élie, le prince des prophètes, celui qui ne connut pas la mort et que Dieu emporta avec lui sur un char de feu  n’est pas encore au terme de  sa méditation et il ne reconnait toujours pas Dieu comme celui qui donnera à sa vie une issue enviable. Pour l’instant ses méditations  l’entraînent vers d’autres voies. Il méditait  sur l’ironie de sa propre réalité  et même de la réalité de Dieu.  Il devait encore faire l’expérience de la rencontre avec  Dieu  pour comprendre le sens de son destin, mais cette rencontre, il ne l’avait pas encore  vraiment faite.

Au point où il en était, Il était loin de ressembler aux premiers patriarches, ceux   qui l’avaient précédé  et dont la  Bible parle comme des amis de Dieu. Sa méditation n’avait rien à voir  avec  celle d’Abraham qui, assis sur le seuil de sa tente  comprenait  en contemplant le champ  des étoiles les volontés de Dieu. Tel Hérodote, il croyait entendre la voix du tout puissant qui se mêlait à l’harmonie des sphères. C’est alors qu’il  entendit  Dieu. Il  l’invitait  à donner du  sens à sa vie en entamant une longue marche avec  lui, une marche  qui jamais ne s’achèverait.

Il n’était pas comme Noé non plus  qui, au sortir de l’arche, quand la pluie eut cessée contempla à son tour  la voute céleste où l’arc en ciel scellait  avec lui et toute l’humanité une alliance éternelle  dans laquelle Dieu  lui promettait vie et éternité.

Il se sentait sans doute plus proche de Jonas qui avait sciemment tourné le dos à la vocation que Dieu lui donnait et qui malgré son refus  fut délivré de la fureur des eaux qui menaçaient de l’engloutir dans  la mort. Miraculeusement ramené à la vie il accepta à contre cœur d’accomplir la mission qui lui était  demandée d’aller  annoncer à Ninive  qu’un  désastre la menaçait à moins d’un repentir collectif.  Tous firent acte de contrition, la catastrophe ne se produisit pas. Jonas se sentit frustré du spectacle de  destruction auquel il s’était préparé  bien à l’abri sous son ricin. C’est le ricin qui mourut et Jonas indigné contre Dieu  ne comprenait pas encore  sa clémence. Car Dieu prend plus de plaisir  à la miséricorde qu’au châtiment. Jonas n’avait pas encore compris que pour Dieu la puissance de vie était plus forte que celle de la mort.

Sans doute, toutes ces situations vécues par ses devanciers n’ont pas échappées à la réflexion de notre héro alors que dans sa caverne il attendait la manifestation de son Dieu. Aucune manifestation de violence ne se produisit, il n’y eut  ni vent ni tempête, ni tremblement  de terre  car Dieu n’est pas dans ce qui fait violence aux hommes et les terrorise, mais il est dans ce  dans ce qui les fait vivre. Ce fut un souffle qu’Élie ressentit  comme un son  harmonieux.  Ce fut un souffle comme celui  qui nous apaise quand nous sommes agités et qui pousse doucement notre embarcation vers le port, un souffle qui met en nous de l’énergie et qui nous rend capables de relever la tête, un souffle  qui nous donne conscience  de la présence de Dieu.

 La présence de Dieu le mettait en même temps en lien avec tout ce qui concerne les mouvements de ce monde. Ainsi il comprit  que les rois n’était pas destinés à agir sans le regard de Dieu qui pèse sur eux  c’est pourquoi Dieu   chargea Élie d’introniser certains d’entre eux. Ce fut  aussi bien  Jéhu, le roi d’Israël que  Hazaël  un roi païen qui régnait en Syrie. La voute des cieux qu’avait contemplé Abraham aussi bien que l’arc qui s’inscrivit dans la nue au lendemain du déluge étaient bien les révélateurs de ce Dieu qui ne voulait pas être indifférent à ce qui se passe dans le vaste monde où sont les hommes. Rien de  ce qui se passe dans le monde n’échappe à son contrôle, si bien que Dieu, l’homme et la nature sont prévus pour fonctionner en harmonie.  Il me plait de penser  à ce moment de mon développement que Dieu maintient le monde en équilibre et qu’il s’y manifeste comme par une musique subtile qui témoigne de sa volonté  que tout soit en accord avec lui. A nous d’écouter et d’entendre.

Voila donc Élie,  investi d’une sagesse immense qui lui permet de concevoir l’univers sous le regard de Dieu! Mais s’il  perçoit comment tout cela marche, s’il est lui-même impliqué dans l’harmonie des choses, il ne reçoit aucun mission qui ferait de lui un homme supérieur parmi les hommes ou un sage supérieur parmi les sages. Il ne reçoit aucune mission durable sur terre pour agir efficacement. Il doit seulement choisir son successeur. Un autre après lui, d’autres après lui auront cette charge de devenir  guide et lumière pour les hommes en les éclairant de la sagesse divine.

Il a sans doute compris que la volonté de Dieu était d’agir par  les actions de ceux qui sont chargés de porter sa parole pour que la vie s’empare du monde et que son respect en soit le seul but.

Cette sagesse que les Ecritures nous révèlent en Élie devra attendre que Jésus s’en empare à son tour  et la rende manifeste au monde comme seule volonté de Dieu. Il confirmera ainsi que Dieu, depuis les origines de sa révélation n’a pas d’autre but que de faire vivre les hommes en harmonie avec lui et le monde.




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