dimanche 1 octobre 2017

Mathieu 21/33-43 Parabole des vignerons - Dimanche 8 octobre 2017



La parabole des vignerons dimanche 2 octobre 2011 

Ecoutez une autre parabole. Il y avait un maître de maison qui planta une vigne. Il l'entoura d'une haie, y creusa un pressoir et y construisit une tour, puis il la loua à des vignerons et partit en voyage. 34 A l'approche des vendanges, il envoya ses esclaves chez les vignerons, pour recevoir les fruits de la vigne. 35 Les vignerons prirent ses esclaves ; l'un, ils le battirent ; un autre, ils le tuèrent ; un autre encore, ils le lapidèrent. 36 Il envoya encore d'autres esclaves, en plus grand nombre que les premiers ; les vignerons les traitèrent de la même manière. 37 Enfin il leur envoya son fils, en disant : « Ils respecteront mon fils ! » 38 Mais quand les vignerons virent le fils, ils se dirent : « C'est l'héritier ! Venez, tuons-le, et nous aurons son héritage. »39 Ils le prirent, le chassèrent hors de la vigne et le tuèrent. 40 Lorsque le maître de la vigne viendra, comment traitera-t-il donc ces vignerons ?


 41 Ils lui répondirent : Ces misérables, il les fera disparaître misérablement, et il louera la vigne à d'autres vignerons qui lui donneront les fruits en leur temps.42 Jésus leur dit : N'avez-vous jamais lu dans les Ecritures :C'est la pierre que les constructeurs ont rejetée qui est devenue la principale, celle de l'angle ;cela est venu du Seigneur, c'est une chose étonnante à nos yeux.43 C'est pourquoi, je vous le dis, le règne de Dieu vous sera enlevé et sera donné à une nation qui en produira les fruits. 44 Quiconque tombera sur cette pierre s'y brisera, et celui sur qui elle tombera, elle l'écrasera.45 Après avoir entendu ses paraboles, les grands prêtres et les pharisiens comprirent que c'était d'eux qu'il parlait ; 46 ils cherchaient à le faire arrêter, mais ils eurent peur des foules, parce qu'elles le tenaient pour un prophète.

Si on cherche à trouver le sens de cette parabole en regardant seulement le titre qu’en donnent les traductions les plus usuelles de nos Bibles, on constatera que les éditeurs nous engagent à lire ce texte comme si les ouvriers qui travaillent dans la vigne étaient mauvais.
En effet les titres qui sont donnés à ce passage dans les Bibles sont les suivants:

- parabole des vignerons ( Colombe)
- parabole des vignerons homicides ( Jérusalem)
- parabole des vignerons mauvais ( Chouraqui)
- Les métayers révoltés ( TOB)

Un seul de ces titres est neutre par rapport aux vignerons. Les autres ont déjà formulé un jugement négatif sur eux.

Avant même d’avoir commencé la lecture du texte, les vignerons sont désignés comme des méchants, si bien que notre opinion est déjà faite avant d’avoir commencé à lire. Il n’est pourtant pas évident que les vignerons soient coupables. Cela dépend du regard que l’on porte sur le droit en vigueur. Les éditeurs font intervenir dans les titres qu'ils ont donnés les reflets du droit de notre société occidentale orientée vers le respect absolu de la propriété. Si nous lisions cette parabole dans une autre société que la nôtre, celle où la maffia par exemple règne en maître on donnera d'autres titres que ceux que j'ai cité: on aura par exemple:
- histoire d'une révolution avortée ou
- échec de la libération.

Si on considère que la terre appartient à celui qui la cultive, on aura encore un autre regard sur cette histoire.

N’oublions pas qu’un des textes fondateurs de la Bible nous parle de la révolte des esclaves égyptiens conduits par Moïse avec la bénédiction de Dieu. Pour Moïse l'aventure a réussi, pour les vignerons, elle a échoué.

Concentrons-nous sur l’attitude du propriétaire. Il se comporte d'une manière irresponsable et lâche. Je ne peux en aucune manière l'identifier à Dieu. Il abandonne les vignerons à leur tâche et se contente d'envoyer des serviteurs pour réclamer son argent. Il n'établit aucune relation humaine avec ses ouvriers, il n'y a aucun échange. Il ne reconnaît pour justifier son comportement que le droit établi en faveur des privilégiés. Comble de lâcheté le propriétaire envoie son propre fils mater la révolte, et ce fils se fait tuer. Sans que l'on ne sente aucun chagrin chez lui, on nous décrit simplement les représailles qu'il ordonne. 

Peut être êtes vous irrités par cette entrée en matière, peut-être vous demandez-vous si je n'essaye pas de justifier quelques concepts appartenant au courants de la théologie de la libération chers aux pays d'Amérique Latine et condamnés par le pape ? 

Je pense seulement que si on veut comprendre le message de Jésus, il faut le nettoyer de tous ce que les siècles ont accumulé de traditions à son sujet. Cela nous amène dans un premier temps à comprendre que si Jésus donne tort aux vignerons, il ne leur donne pas tort pour les raisons sociales qui nous viennent à l'esprit. Jésus ne leur donne pas tort d'avoir molesté les serviteurs et tué le fils, même si cela nous choque, il leur donne tort d'avoir voulu contraindre leur maître à changer de comportement vis à vis d'eux.

Il leur donne tort d'avoir rompu le contrat qui les liait à leur maître en lui confisquant le droit d'être le maître. Qu'il soit loin ou près, qu'il soit bon ou mauvais, que sa propriété de la terre soit légitime ou pas, le problème n'est pas là. Il est dit qu'il loua la terre aux vignerons, c'est à dire que les vignerons n'étaient pas des esclaves, mais qu'ils étaient liés au maître par contrat librement consenti. Ils devaient normalement payer au maître ce qui lui revenait sans tenir compte de l'éloignement qui les séparait. En agissant comme ils ont fait, ils ont voulu contraindre le maître à exister d'une autre manière, ils ont voulu le reconstruire à leur manière et en fait ils le contraignent à ne pas exister, c'est pourquoi ils tuent le fils. Plus de fils, plus d’héritier, plus de maître. Telle est leur logique.

C'est là où nous en sommes. Oublions pour un temps le propriétaire terrien et entrons dans l'allégorie de la parabole telle qu'elle nous est suggérée par le prophète Esaïe ( Es. 5/1-7 (1) ), dont Jésus emprunte une partie du texte. Considérons, pour un temps tout au moins, que le propriétaire représente Dieu, le vignerons sera donc celui qui fait contrat avec Dieu, c'est donc le juif pratiquant, circoncis le 8 eme jour, fidèlement assidu aux pèlerinages et aux sacrifices et par extension, ce sera le bon chrétien, baptisé, confirmé et bien dans sa peau de membre de l'Eglise. C'est donc le fidèle que nous sommes qui est mis en garde afin qu'il ne dénature pas la personne de Dieu, et qu'il ne tue pas Dieu en croyant bien faire. 

Quand je dis le "bon chrétien", je devrais dire que tout chercheur de Dieu est concerné, car le chercheur de Dieu est celui qui est déjà en train d'établir un contact avec son Seigneur: Toute personne qui se sent liée à Dieu est concernée de près ou de loin par cet avertissement qui lui est fait de ne pas dénaturer la réalité de Dieu en le modelant à notre manière. C'est en agissant ainsi qu'on le tue.

Pour éviter cela, Dieu a suscité de nombreux témoins dont l’Écriture nous rapporte l’histoire. Ils ont dit à leur manière la vraie nature de Dieu. Pourtant, beaucoup de gens, et même parfois des prédicateurs éliminent des aspects de Dieu qui ne leur conviennent pas, ainsi le déforment-ils au risque de le tuer. Ils prêchent un universalisme béat en prétendant qu'il suffit de faire le bien! Mais qu'est-ce que faire le bien ? Ils disent qu'il suffit d'aimer son prochain! Mais qui est mon prochain? Ils disent que Dieu pardonne toujours. Mais ils oublient que le pardon pour exister doit être précédé par la repentance et qu'il doit être suivi par un changement d'attitude.

Nous sommes invités à mieux lire l’Écriture, et à approfondir notre approche de la foi pour ne pas tomber dans le piège qui consiste à faire comme les autres, à suivre naïvement le troupeau, à faire confiance à la tradition aussi respectable soit-elle. Or la parole de Dieu récuse le bon droit de la tradition, parce qu'elle nous provoque toujours à la nouveauté. Elle nous provoque là où nous n'avons pas envie qu'elle nous interpelle. Elle nous propose des itinéraires que nous n'avons pas envie de suivre, elle met sur notre chemin des prochains que nous n'avons pas envie d'aimer.

Ni les patriarches, ni les prophètes ni les apôtres n'ont souhaités suivre les chemins que Dieu les a invités à emprunter; mais ils les ont suivis à cause justement de cette relation étroite, puisée dans l’ l’Écriture, qu'ils ont établie dans la vérité avec Dieu et que nous sommes tous invités à établir.

Je ne voudrais pas être mal compris. Je ne voudrais pas que l'un ou l'autre parmi-vous se mette à penser à la suite de ce texte que Dieu est comme le maître de la parabole et qu'il se venge au point de détruire ceux qui n'entrent pas dans ses projets et qui dénaturent son image. Dieu ne ressemble pas au propriétaire de la vigne, pas plus que vous ne ressemblez à ces vignerons mal intentionnés. Cette histoire nous est racontée pour nous dire que quand on veut modifier l'image de Dieu, Dieu ne répond pas à nos désirs et ne se conforme pas à ce que nous voulons.


N'imaginez pas, sous prétexte d'être fidèles au texte que Dieu va punir les infidèles comme le fait le maître de ce récit, au contraire, vous le savez bien, Dieu va s'acharner à gagner à lui tous les hommes en commençant par les vignerons de la parabole. C'est là que réside la difficulté de cette parabole. Elle ne nous demande pas d'identifier les personnages du récit avec Dieu ou avec nous-mêmes. Elle nous demande d'apprécier la situation ici décrite afin que nous corrigions, en fonction de ce que nous avons compris nos comportement défectueux à l'égard de Dieu. 

Les illustrations proviennent d' enluminures de l'Evangéliaire d'Echtermach
(1)

Esaïe 5:1-7
1 Laissez-moi, je vous prie, chanter pour mon ami
le chant de mon bien-aimé pour sa vigne.
Mon ami avait une vigne
sur un coteau fertile.
2 Il en travailla la terre, ôta les pierres
et y planta un cépage de choix ;
il bâtit une tour au milieu d'elle,
il y creusa aussi une cuve.
Il espérait qu'elle produirait des raisins,
mais elle a produit des fruits puants !
3 Maintenant, habitants de Jérusalem, hommes de Juda,
soyez juges, je vous prie, entre moi et ma vigne !
4 Qu'y avait-il encore à faire à ma vigne
que je n'aie pas fait pour elle ?
Pourquoi, quand j'espérais
qu'elle produirait des raisins,
a-t-elle produit des fruits puants ?
5 Maintenant laissez-moi, je vous prie, vous faire savoir
ce que je ferai à ma vigne.
J'en arracherai la haie,
pour qu'elle soit dévorée ;
j'ouvrirai des brèches dans sa clôture,
pour qu'elle soit foulée aux pieds.
6 Je la réduirai en ruine :
elle ne sera plus taillée, ni sarclée ;
les ronces et les épines y croîtront.
Je donnerai mes ordres aux nuages,
afin qu'ils ne laissent plus tomber de pluie sur elle.
7 Or la vigne du SEIGNEUR (YHWH) des Armées,
c'est la maison d'Israël,
et les hommes de Juda,
c'est le plant qu'il chérissait.

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