mardi 20 novembre 2018

Jean 18/33-38 Qu'es-ce que la vérité? dimanche 25 novembre 2018




Jean 18/33-38



33 Alors Pilate rentra dans le prétoire, et ayant fait venir Jésus, il lui dit: Es-tu le roi des Juifs?

34 Jésus répondit: Dis-tu cela de ton propre mouvement, ou d'autres te l'ont-ils dit de moi?

35 Pilate lui répondit: Suis-je Juif, moi? Ta nation et les principaux sacrificateurs t'ont livré à moi; qu'as-tu fait?

36 Jésus répondit: Mon royaume n'est pas de ce monde; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs combattraient, afin que je ne fusse pas livré aux Juifs; mais maintenant mon royaume n'est pas d'ici-bas.

37 Alors Pilate lui dit: Tu es donc roi? Jésus répondit: Tu le dis; je suis roi, je suis né pour cela, et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix.

38 Pilate lui dit: Qu'est-ce que la vérité? Et quand il eut dit cela, il sortit de nouveau vers les Juifs, et leur dit: Je ne trouve aucun crime en lui.




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Qu’est-ce que la vérité demande Pilate ? Cette question ne demande pas forcément une réponse, car pour lui la vérité c’est l’obéissance aveugle à l’autorité romaine. S’il pose la question ainsi c’est que malgré tout il pense qu’il peut y avoir une autre réponse moins radicale. Quoi qu’il en soit, même s’il ne sait pas vraiment ce que recouvre cette notion de Vérité, c’est quand même au nom de cette vérité qu’il gouverne cette province sans scrupule. C’est en son nom qu’il  fait tomber les têtes qui le dérangent,  et que Jésus sera crucifié.

Depuis des millénaires, on ne sait toujours pas au nom de quelle vérité le monde est géré. On vient de commémorer, il y a quelques semaines une guerre qui fut livrée, gagnée ou perdue, suivant le camp où se trouvaient engagés nos grands-parents, au nom d’une vérité pour laquelle on a envoyé des hommes à la mort. On ne savait pas  vraiment ce qu’elle représentait  puisque suivant le camp auquel on appartenait elle se formulait en termes différents.

Si nous nous interrogeons nous-mêmes pour savoir comment nous nous situons, nous serons sans doute obligés de constater que nous adhérons bien souvent à des vérités, toutes relatives, généralement provisoires et pas toujours fondées.  Pourtant elles déterminent nos actions et elles cautionnent  nos attitudes, comme si elles étaient des absolus incontournables. Nous cherchons à en en attribuer l’origine à Dieu  et nous engageons souvent toute notre vie  à en défendre les principes.  Pourtant, d’autres s’appuient sur d’autres principes que les nôtres pour défendre une autre vérité  qui recouvrent les mêmes absolus.

Mais le Dieu au nom duquel nous fondons une telle vérité, qui est-il ?  Quelle est cette vérité que nous défendons en son nom au point de mettre notre vie et aussi celle des autres en cause ? Les Ecritures  présentent  Dieu sous des aspects différents qui ont parfois du mal à s’accorder entre eux si bien que  nos confessions de foi rendent des sons discordants à son sujet. Nous avons l’habitude de le présenter comme omniscient, tout puissant, créateur de toute chose. Quelles preuves en avons-nous car nous voyons rarement se manifester les effets de ces affirmations concernant Dieu.

 Pour affirmer de telles vertus nous ne pouvons-nous appuyer que sur notre foi. Or, sans preuve il est difficile d’en affirmer la vérité, pourtant c’est en son nom que nous jugeons la vie des autres. Cependant les Ecritures cachent aussi Dieu derrière d’autres affirmations, qui sont parfois en contradiction avec celles que l’on vient de dire et qui ne sont pas plus démontrables. Il s’agit de son amour pour nous et de son intérêt constant pour l’humanité et nous  nous en  faisons les défenseurs. Au nom de cette vérité  nous affirmons, sans pouvoir le prouver,  que  c’est lui qui met sa réalité divine en cause pour amener les hommes à la vraie vie. La  notion de vérité forme alors un couple curieux avec la notion d’amour pour présenter l’absolu de Dieu. Le psaume 85 avait déjà abordé cet aspect des choses : « La bienveillance et la paix se rencontrent, » y est-il dit,  « la justice et la paix s’embrassent, la bienveillance et la vérité se rencontrent. »

Même quand on s’appuie sur Dieu, on se rend compte que l’on a de la peine à donner une définition cohérente de la vérité. Qui osera dire qu’il en  sait suffisamment sur Dieu pour apporter un témoignage clair et cohérent. Comme nous  ne  sommes pas capables par nous- mêmes de faire fonctionner correctement ce couple Amour-Vérité,  nous nous contentons alors d’une vérité toute  relative pour approcher la vérité  absolue de Dieu.  Et si nous parlons de vérité relative autant parler de fausse vérité ou même de mensonge,  comme nous allons le voir,  car pour dire la vérité, nous cherchons continuellement à l’adapter à notre situation du moment.

Si nous parlons de vérité, même de vérité sur Dieu, telle que les Eglises de la Réforme prétendent la définir, elle s’opposera forcément à une autre vérité qui est celle de l’Eglise catholique  qui cherche le même but. Cette prétendue vérité des Réformateurs, c’est celle aussi qui a  mené à la mort Michel Servet, c’est également elle qui a mis en cause les anabaptistes et les a exilé hors d’Allemagne, c’est elle qui a conduit au bûcher les sorcières de Salem, c’est elle qui impose aux autres un visage de Dieu déformé par le bon droit des uns, les prétentions des autres, la clairvoyance des plus sages et la cupidité des masses. Mais cette vérité, aussi noble soit-elle ne saurait prétendre à l’absolu car elle ne repose que sur l’approche humaine de la réalité. Elle n’est pas vérité de Dieu.

Au couple Vérité-Amour qui caractérise Dieu nous voyons s’opposer un autre couple celui de Vérité-Mensonge que l’on vient d’aborder. Un fossé nous sépare donc de Dieu en la matière et nous sommes toujours tentés de ne pas savoir en apprécier la profondeur. Pour mieux résister  nous banalisons la vérité au point d’en faire un simple élément de rhétorique et nous nous laissons aller à des lieux communs pour mieux masquer le problème : «  la Vérité sort du puits, disons-nous ou elle sort de la bouche des enfants. Les plus savants disent « in vono veritas » On la prétend insaisissable telle une anguille  dans l’eau vive. On rajoute que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Guy Béart a mieux cerné le problème quand il a dit : « le poète a dit la vérité, il sera exécuté ».

Ne maîtrisant pas la situation, le gouverneur Ponce Pilate s’est fait apporter une cuvette d’eau, selon l’Evangile de Matthieu, pour mieux noyer la vérité et laisser exécuter Jésus sans trop mauvaise conscience.

Les accusateurs de Jésus se cachent alors derrière le mensonge pour dissimuler la vérité, ils disent que c’est lui qui  s’est proclamé roi et qu’ils n’ont que César pour roi. Les menteurs! Ils détestent César et nourrissent une haine implacable contre lui. Ils mentent pour donner des  arguments à leur vérité. La prétention de Jésus à être roi ne les intéresse pas mais leur donne un argument contre Pilate et une raison de tuer Jésus, c’est ainsi que leur fausse vérité s’associe au mensonge  et devient porteuse  de mort. Quant à Pilate qui reconnait n’avoir aucun  argument pour envoyer Jésus à la mort, il le condamne quand même et il ment lui aussi pour complaire à ses accusateurs - Mensonge encore.

Il n’y a que l’amour qui permette de ne pas trahir la vérité par le mensonge. Car l’amour pour autrui  est le seul moyen pour ne pas trahir les hommes au nom d’une vérité quelle qu’elle soit. Une telle attitude nous  amènera  à découvrir comment, par l’amour que l’on porte  à autrui,  Dieu peut habiter le monde. Nous devons garder en mémoire que dans le monde des mortels où nous sommes, il n’y a aucune vérité absolue, pas même sur Dieu. Nous pouvons l’approcher  cependant  en nous appuyant sur Jésus Christ qui par amour nous apprend à toujours aller plus loin, car il ne peut y avoir de vérité sans amour. Il ne peut y voir de vérité absolue sans amour absolu !  Sans amour nous n’aurons aucune prise sur la vérité.  Quant à Dieu lui-même, il attend que nous l’ayons rejoint de l’autre côté pour nous révéler la Vérité  absolue dans sa réalité.

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