lundi 5 mars 2018

Jean 3/14-21 L'amour de Dieu pour le monde : dimanche 11 mars 2018



Jean 3 : 14 Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut, de même, que le Fils de l'homme soit élevé, 15 pour que quiconque croit ait en lui la vie éternelle.
16 Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, pour que quiconque met sa foi en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle.
17 Dieu, en effet, n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que par lui le monde soit sauvé. 18 Celui qui met sa foi en lui n'est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas mis sa foi dans le nom du Fils unique de Dieu. 19 Et voici le jugement : la lumière est venue dans le monde, et les humains ont aimé les ténèbres plus que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. 20 Car quiconque pratique le mal déteste la lumière ; celui-là ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dévoilées ; 21 mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu'il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en Dieu

Ce verset de Jean 3/16 fait partie des premiers versets qu’on apprenait par cœur dans mon enfance à l’École du Dimanche. C’est dire que tous ceux de ma génération le gardent en mémoire dans leurs souvenirs de jeunesse.  Pourtant, ce  sermon risque de vous surprendre. J’ai  déjà écrit un sermon à propos de ce texte, mais j’ai voulu le reprendre et le réécrire.  Je le propose  à votre réflexion afin de vous aider à vous situer dans le courant des rivalités entre créationnisme et évolutionnisme.

Pour peu que l’on fasse une pause de quelques instants pour contempler ce monde dans lequel nous vivons, nous finirons bien vite par découvrir qu’il est surprenant. Il est surprenant par sa beauté et par sa variété, il est surprenant par sa complexité aussi. Pour s’en rendre compte, il suffit de songer au nombre des espèces qui cohabitent sur notre terre ? Il est fantastique. Le monde de l’infiniment petit est aussi stupéfiant que le monde de l’infiniment grand. Le microscope le plus sophistiqué n’arrive pas à rendre compte des structures les plus secrètes de la matière. Le télescope le plus puissant ne parvient pas non plus à atteindre les limites des galaxies. Que l’on s’émerveille ou que l’on s’en étonne, on aura cependant du mal à répondre à la question : à quoi tout cela sert-il ?

Si cela est le fruit du hasard, on ne peut  qu’ en être  stupéfait. S’il y a un créateur à l’origine de tout cela on peut se demander quel intérêt il y trouve. Depuis toujours les êtres humains retournent ces questions sans vraiment trouver de réponse satisfaisante. Chose curieuse cependant, l’être humain est le seul, dans notre galaxie à pouvoir se poser de telles questions. Cette simple remarque change-t-elle quelque chose au problème ?

L’univers serait absurde, s’il n’y avait personne pour prendre conscience de sa réalité. Mais une fois ce constat établi, peut-on aller plus loin ? Le monde est-il soumis au hasard d’une évolution complexe ou y a-t-il un être supérieur qui oriente son devenir ? L’harmonie de tout cet ensemble pourrait bien être alors liée au mélange des deux. L’observateur rationnel ne peut aller plus loin dans son constat. Mais sa pensée, toujours en mouvement le pousse alors à formuler des théories plus ou moins élaborées pour aller plus loin.

Pourtant, les lois de l’évolution le poussent à constater que le monde semble évoluer en s’appuyant sur le principe  selon lequel   la raison du plus fort est toujours la meilleure.  Il ne faut pas être fin clerc pour constater  que c’est généralement le dominant qui a raison du plus faible. Force est pour l’homme de réaliser qu’il utilise ce concept  dans nombre de ses comportements, mais il  réalise aussi qu’il est souvent  habité par un sentiment contraire.

Il a beau être faible et démuni, il a quand même réussi à prendre l’ascendant sur tout ce qui se meut sur terre.  Plus mystérieux encore, il réalise qu’il  est  entraîné par une force mystérieuse à s’intéresser à ses semblables et, chose encore plus étrange, à prendre partie pour ce qui est faible et à protéger ce qui est vulnérable. Il a vite fait de constater que ce sentiment qu’on peut appeler l’amour et qui préside  généralement aux règles de la reproduction va plus loin encore. Il ne s’attache pas seulement  aux autres pour donner libre cours à nos pulsions sexuelles, mais ce sentiment chez de nombreux individus va plus loin encore. Là est peut être la clé de l’énigme.

Comment peut-on éprouver de l’intérêt pour les autres, si ce n’est pour assouvir ses instincts? Si ce sentiment n’est pas naturel, il  vient forcément d’ailleurs. C’est en creusant ce mystère que les hommes découvrent  qu’il  existe une réalité, au-delà d’eux-mêmes qui ne se confond pas avec le monde, puisqu’elle leur inspire des sentiments contraires aux règles de la survie des espèces. Il y a donc antagonisme entre cette réalité qu’ils découvrent peu à peu et les lois qui semblent présider à l’évolution du monde.

Dieu, car il faut bien l’appeler ainsi, ne se confond pas avec le monde, puisqu’il s’oppose à lui et semble vouloir le faire évoluer dans une direction qui ne lui serait pas naturel.

Depuis que les hommes ont développé leur capacité de penser, ils ont en même temps découvert qu’ils étaient confrontés à un sentiment qui ne leur était pas naturel. Ce sentiment  les pousse même à agir parfois dans une direction qui ne sert pas leurs propres intérêts mais les intérêts des autres. C’est à partir de ce constat que certains ont compris que leur présence donnait du sens à ce monde. Ils se sont alors demandé s’ils n’étaient pas des instruments que celui que nous appelons Dieu utiliserait  pour permettre une évolution  à ce monde  qui irait dans un sens qui ne serait pas prévu à l’origine.  Ne serait-ce pas par ce moyen  que Dieu manifesterait  son pouvoir créateur ?  Il donnerait ainsi un sens nouveau au monde grâce à ce sentiment  qui ne se manifesterait que chez l’homme  en vertu duquel il   aurait reçu vocation de modifier les règles naturelles de l’évolution. Arrivés à ce constat, nous recevons de l’Evangile cette affirmation selon laquelle Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui, ne périsse pas mais reçoive la vie éternelle.

Il a fallu des siècles et des interventions multiples de Dieu dans le cœur des hommes, il a fallu beaucoup d’incompréhensions, des erreurs nombreuses, des échecs de toutes sortes pour que l’espèce humaine comprenne que la règle qui doit présider à l’évolution est liée au respect de la vie des autres. 

Aujourd’hui, a-t-on vraiment compris cela ? Un simple regard sur nos sociétés nous laisse comprendre qu’il y a encore un long chemin à faire, car une telle idée ne fait toujours pas partie du mode de pensée de la majorité des humains ni même de la majorité des chrétiens. La logique, si non la vertu, semble nous dire que c’est dans ce sens qu’il faut aller sous peine de la disparition de notre espèce. En effet,  si  l’espèce humaine venait à disparaître, il n’y aurait plus personne pour penser le monde ! 

A la lumière de ce constat, l’Évangile nous laisse entendre que Dieu prend un gros risque en proposant une évolution de l’humanité en contradiction avec les règles du monde. Il se jette dans cette aventure sans avoir prévu de plan de sauvegarde en cas d’échec. C’est ce que veut signifier Jésus quand il dit que Dieu a donné son fils unique. Cela veut dire que Dieu s’est  investi tout entier dans ce programme d’amour et qu’il n’ a pas  prévu de solution de rechange. En disant cela Jésus rend compte de la confiance  que Dieu fait aux hommes.
Dieu croit en l’homme au point de tout lui sacrifier, y compris l’avenir du monde. C’est à croire même, qu’en cas d’échec de l’humanité à réaliser une évolution harmonieuse, Dieu lui-même en pâtirait au point de ne plus exister et de laisser le monde subir sa destiné.  La fin de l’humanité signifierait du même coup la fin de Dieu, en tout cas tel que nous le connaissons, et par voie de conséquence ce serait vraiment la fin du monde.

Tout cela nous amène à nous situer d’une façon nouvelle par rapport à la théologie traditionnelle qui place en l’homme l’origine de tous les maux et qui fait du péché la rupture entre Dieu et l’humanité. Il a donc fallu à Jésus une audace considérable pour prendre à rebours la théologie traditionnelle de son temps et de lancer l’idée selon laquelle, Dieu ferait de l’homme son collaborateur pour donner du sens au monde. Selon cette approche, le péché ne serait plus ce qui entraînerait le monde à sa perte, le péché serait désormais ce qui empêche l’homme d’entrer dans le programme créateur dans lequel Dieu lui propose d’entrer. 

Dieu inscrit l’homme dans un projet de vie auquel il doit s’associer pour que le monde soit sauvé. La condition essentielle pour que ce projet aboutisse est liée à l’amour que les hommes sauront se manifester les uns pour les autres. Dieu a fait le pari fou de croire que ce projet pourra se réaliser. C’est en tout cas une manière de comprendre comment la Bible associe l’homme  à  son action créatrice.

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