vendredi 13 avril 2018

Jean 10/11-18 Le bon berger - dimanche 22 avril 2018


Jean 10/11-18 dimanche 22 avril 2018

11 C’est moi qui suis le bon berger. Le bon berger se défait de sa vie pour ses moutons. 12 Quand il voit venir le loup, l’employé, celui qui n’est pas berger et pour qui il ne s’agit pas de ses propres moutons, s’enfuit en abandonnant les moutons. Et le loup s’en empare, il les disperse. 13 C’est un employé : il n’a pas le souci des moutons.

14 C’est moi qui suis le bon berger. Je connais mes moutons, et mes moutons me connaissent, 15 comme le Père me connaît et comme, moi, je connais le Père ; et je me défais de ma vie pour mes moutons.16 J’ai encore d’autres moutons qui ne sont pas de cet enclos ; ceux-là aussi, il faut que je les amène ; ils entendront ma voix, et ils deviendront un seul troupeau, un seul berger.
17 Si le Père m’aime, c’est parce que, moi, je me défais de ma vie pour la reprendre. 18 Personne ne me l’enlève, mais c’est moi qui m’en défais, de moi-même ; j’ai le pouvoir de m’en défaire et j’ai le pouvoir de la reprendre ; tel est le commandement que j’ai reçu de mon Père.


Aucune échappatoire n’est possible pour les moutons. Ils sont malmenés par les bergers, menacés par les voleurs, convoités par les loups. Leur destin est réglé d’avance. Ce que l’Évangile ne dit pas mais que tout le monde sait, c’est qu’ils finiront mangés par les hommes pour les plus chanceux d’entre eux. Leur cause est entendue, on ne les élève que pour ça.
.Bien évidemment nous buttons sur ce premier constat, car ce récit a été écrit pour que nous nous identifiions aux moutons. Une question nous vient tout naturellement à l’esprit, c’est celle de savoir si on peut échapper à son destin ? Comment vivre alors que la mort nous menace et peut-on d’une manière ou d’une autre lui échapper?
Comme les moutons, nous sommes environnés de tous les dangers et fatalement, comme eux nous devons mourir. Les moutons subissent leur sort sans broncher. A la différence des moutons, les tenants de l’espèce humaine n’acceptent pas leur destin. Ils espèrent pouvoir y échapper, ils pensent même que Dieu y pourvoira. Et curieusement, tout en espérant que Dieu les délivrera de la mort, ils l’accusent en même temps de vouloir leur propre mort en raison d’un décret divin qui trouve son origine dans la nuit des temps et qui fait que la mort est perçue comme la conséquence d’une faute jamais définie.

Depuis que le monde est monde, nous en sommes toujours là et rien ne semble vouloir faire évoluer les choses. Tout en mettant notre confiance en Dieu nous nous soumettons, bien malgré nous à ce décret divin qui se résume assez bien dans l’affirmation selon laquelle « Dieu est celui qui fait mourir et qui fait vivre » (Deutéronome : 32-39). Nous  ne pouvons cependant nous empêcher d’intenter un procès à Dieu parce que nous refusons de subir le sort de toutes les autres créatures. Il y a en nous comme l’idée que si nous avons foi en Dieu, et que s’il s’est révélé à nous, c’est parce qu’il a l’intention de nous réserver un destin particulier qui ne prévoit pas la mort pour nous.  Apparemment il n’en est rien.
 En fait tous les croyants  pensent que notre vraie relation à Dieu passe par la manière dont il joue un rôle dans le mystère de notre mort, comme si notre seule relation à Dieu était réglée par elle. Et, c’est là que nous avons tout faux.
Cette longue méditation de Jésus sur le sort des moutons nous dit le contraire. Il fait intervenir  un mystérieux berger qui revendique ses droits sur les moutons. Il s’oppose alors aux bergers salariés qui ont habituellement la charge des troupeaux. Ces bergers salariés n’ont aucune conscience professionnelle à l’opposé du mystérieux berger qui se laisse tuer plutôt que de laisser les brebis se faire tuer par les voleurs ou les loups. Il paye de sa vie en s’opposant à la fatalité d’une mort programmée. Il se conduit comme si la mort ne faisait pas partie de l’ordre normal des choses. On ne comprend pas cependant pourquoi la mort du bon berger devrait avoir pour conséquence la survie du troupeau.
C’est alors que se produit comme un hiatus dans le texte. Il se passe comme un glissement, on oublie subitement les moutons et les bergers et on passe sans transition à la relation de Jésus avec Dieu et avec nous-mêmes. Dieu est présenté comme Père. C’est à cause de son amour que notre vie semble préservée. Dieu le Père intervient comme celui qui a le pouvoir de contrarier le destin. Ce pouvoir s’exerce par l’action de Jésus Christ.
Comment ce mystère peut-il alors avoir lieu ?  Tout se passe comme si Dieu s’opposait aux lois de la nature selon lesquelles tout ce qui vit est appelé à mourir avant d’être transformé à nouveau en une autre forme de vie pour mourir à son tour. Il en est ainsi des cycles incessants de la nature. Dieu dans ce passage se propose de casser ce cycle et de proposer que les individus que nous sommes  ne passe plus par la mort. 
Ainsi ceux qui appartiendraient au domaine de Dieu pourraient continuer leur existence sans réellement connaître la mort. Mais quand  celle-ci se produit tout de même, ce ne sera pas la fin, car en Dieu la mort n’a plus sa place. Bien évidemment les événements de l’existence ne semblent pas aller dans ce sens et nous avons du mal à partager une telle analyse.
 Tout l’enseignement de Jésus, ses actions et ses miracles ont toujours plaidé la cause de la vie. Selon lui Dieu avait pour seul souci celui de préserver la vie à l’humanité. Là encore on n’a pas compris Jésus. Ses propos ont été considérés comme des blasphèmes contre Dieu. Il brossait le portrait d’un Dieu Père infiniment bon, toujours attentif à faire reculer l’échéance de la mort, et quand ce que nous appelons la mort survient, il propose une autre forme de vie.
Comme ses contemporains ne supportaient pas l’image de ce Dieu aimant qu’il nous proposait, ils ont provoqué la mort de Jésus pour le faire taire ! Mais c’est la vie qui l’a emporté sur la mort. Tué par la main des hommes il a conservé la vie par l’action de Dieu. Les évangiles en sont témoins, ils promettent à quiconque reconnaît que Dieu est le maître de la vie une vie semblable à celle de Jésus qui bien que mort persiste à vivre, car rien ce qui est en Dieu ne peut mourir.

. Tous ceux, donc,  qui vivent aujourd’hui pourront voir leur propre vie se prolonger dans une nouvelle réalité à l’image de celle que l’Ecriture a retenue de Jésus après sa mort. Mais la vision de Jésus va plus loin que la réalité que nous pouvons concevoir.  « J’ai d’autres brebis qui n’appartiennent pas à cette bergerie… » dit-il, comme pour dire que la vision de Dieu va plus loin que ce que nous pouvons concevoir.  Il n’y a donc  pas de réalité sur Dieu dans la mort, toute réalité le concernant est immergée dans la vie car il promet à tout son troupeau la vie en abondance.
Illustrations :Mosaïques de Ravenne

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