dimanche 5 août 2018

Jean 6:41-51 Le pain qui descend du ciel dimanche 12 août 2018





Jean 6 :41-51



41 Les Juifs maugréaient à son sujet, parce qu'il avait dit : C'est moi qui suis le pain descendu du ciel. 42 Ils disaient : N'est-ce pas Jésus, le fils de Joseph, dont nous, nous connaissons le père et la mère ? Comment peut-il dire maintenant : « Je suis descendu du ciel ! »

43 Jésus leur répondit : Ne maugréez pas entre vous. 44 Personne ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'attire ; et moi, je le relèverai au dernier jour. 45 Il est écrit dans les Prophètes : Ils seront tous instruits de Dieu. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. 46 Non pas que quelqu'un ait vu le Père, sinon celui qui est issu de Dieu ; lui a vu le Père.

47 Amen, amen, je vous le dis, celui qui croit a la vie éternelle. 48 C'est moi qui suis le pain de la vie. 49 Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. 50 Le pain que voici, c'est celui qui descend du ciel, pour que celui qui en mange ne meure pas. 51 C'est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra pour toujours ; et le pain que, moi, je donnerai, c'est ma chair, pour la vie du monde.



Les pauvres du temps de Jésus, comme beaucoup de frustrés de tous les temps ont fondé leur espérance sur le fait qu'une vie meilleure les attend dans l'au-delà où ils auront du pain à satiété .Mais  pourquoi le pain de l’espérance reste-t-il au ciel ? Pourquoi faut-il mourir de faim pour espérer en profiter après sa mort ? Pourquoi ce pain ne pourrait-il pas devenir accessible, à ceux qui le revendiquent, avant que la mort le leur offre généreusement dans un ciel qui reste  encore inaccessible. Peut-on défier Dieu et s’approprier maintenant ce qu’il nous destine pour plus tard ? C'est cette question, bien que non formulée dans  le texte de l’Evangile de Jean qui semble être cependant présente d’une  manière incisive dans la pensée que Jésus exprime ici ?


Le monde mal partagé entre riches et pauvres a toujours posé question. Cette question qui n’a jamais été solutionnée nous interroge sur l’existence même de Dieu.  Il y a des gens qui prétendent ne pas croire en Dieu. Il y en a d’autres qui affirment le contraire. Ces deux opinions  contradictoires ne sont pas forcément si éloignées l’une de l’autre, car elles répondent  à des convictions intérieures qui ne sont basées  que sur une simple impression. Certains ont parfois fait des expériences spirituelles qui les confortent dans leur position sur Dieu. Ceux qui prétendent ne pas croire, appuient leur  opinion  sur des expériences négatives où Dieu, selon eux,  n’aurait pas répondu à leur attente. D’autres enfin appuient leur conviction  sur le fait que  l’idée du vide métaphysique leur est insupportable. D’autres enfin ont recours à la logique pour dire que la foi en Dieu n’est pas rationnelle   

Il est vrai que la contemplation de notre monde a quelque chose de déconcertant. Chacun essaye  de se rallier à un raisonnement  qui l’amènerait  à voir de la cohérence  dans sa situation personnelle et d’y inclure la présence de Dieu ou de la rejeter. Celui qui est né sous une bonne étoile dans un milieu favorisé et dans une famille sans problème prétendra  qu’il n’y est pour rien, qu’il bénéficie d’une grâce imméritée  qui ne peut relever que de Dieu ou du hasard.  Il en profite donc avec bonne conscience.  Il  considère qu'il relève de son bon droit  s’il vit agréablement en consommant tout ce que son statut de privilégié lui permet, puisque c’est le hasard, ou la divine providence qui l’ont voulu ainsi.

 A l’opposé celui qui est né sous une mauvaise étoile, dans un milieu défavorisé prétend qu’il est  aussi  dans  son bon droit de se plaindre, de penser que sa situation est injuste  et d’exiger  que la société se réorganise autrement. Il peut même en  appeler à la justice divine pour justifier  ses revendications. Dieu n-a-t-il pas  libéré les Hébreux  à cause de l’injustice qui leur était fait en Egypte.   Pour l’un  comme  pour l’autre il est de son bon droit de justifier le bien-fondé de sa situation : accepter avec reconnaissance pour l’un, protester avec véhémence pour l’autre.  Il range Dieu, s’il croit en lui dans le camp des défenseurs de l’opinion qui est la sienne.  

On peut se demander en quoi Dieu serait en cause  puisque c’est en son nom  que  certains justifient leurs privilèges et en son nom aussi que d’autres se croient invités  à la révolte. En attendant, les famines se poursuivent, les inondations  font des ravages, et la sécheresse continue à tuer le bétail et à faire des victimes parmi les populations assoiffées sans  que ceux qui ne subissent pas un tel sort ne changent  en quoi que ce soit à leur style de vie, à part exception.

Depuis bien longtemps, ceux qui croient tenir de Dieu  leur situation favorable ont élaboré des doctrines  qui  invitent  les moins favorisés  à adhérer à une théologie de l’espérance en vertu de laquelle c’est au ciel, à l’issue de leur parcours terrestre qu’ils trouveront un compensation à leur mauvais sort et que le pain  leur y sera donné en abondance. C’est ainsi, toutes doctrines confondues que  le monde des croyants enfermé dans cette logique implacable  croit devoir  subsister  jusqu’à la consommation des siècles. La doctrine la meilleure serait pour eux celle de la conversion.

Pour les croyants que nous sommes,  Jésus en parlant du pain descendu du ciel avait dans l’idée de nous parler du pain de la sainte Cène. Qui est un pain  spirituel dont Dieu fera profiter dès maintenant ceux qui croient en lui et qui mettent leur espérance dans la parole de Jésus. Mais Jésus  ne se contente pas de lui donner une valeur spirituelle. Il lui donne une valeur matérielle qu’il concrétise dans le dernier repas partagé avec ses disciples. 

Pour le partager à notre tour,  nous nous rassemblons en communauté   où tous partagent à part égale  le pain spirituel qui nous fait vivre l’éternité. La résurrection de Jésus prend alors une dimension matérielle que  nous sommes invités à partager  symboliquement dans un morceau de pain bien concret.  Mais Jésus ne s’arrête pas là, il nous invite à  envisager le partage du pain dans une dimension plus vaste. Ce pain n’est plus alors un simple morceau de pain, mais il devient  toute réalité qui nous fait vivre qui s’  étend   à la dimension de la planète. Il appartiendra alors à tous ceux qui croient de démontrer l’action de Dieu  par le partage de tout ce qui fait vivre.

Quand cela se produit, quand la nécessité du bien commun confond le pain spirituel et le pain matériel, c’est alors que la présence de Dieu se concrétise et qu’elle se fait réelle sur terre. Ainsi le pain eucharistique  prend la dimension  que Jésus avait bien l’intention de lui donner. Il devient la  réalité par laquelle  Dieu prolonge son  œuvre de création  en rendant tous les hommes égaux dans une même réalité de partage

Qui osera dire alors  qu’il ne croit pas en Dieu ou qu’il ne croit plus en Dieu alors que Dieu ne cesse d’agir spirituellement sur nous pour que nous fassions évoluer le monde en le changeant  matériellement  en son nom. Que ceux qui savent voir et réfléchir le fassent et ils verront alors le visage de leur Dieu qui agit en eux et au milieu d’eux.

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