vendredi 26 avril 2019

Jean 21/1-19Comment pouvons-nous ressusciter dimanche 5 mai 2019



Jean 21/1-19

21 Après cela, Jésus se montra encore aux disciples sur les rives du lac de Tibériade. Voici de quelle manière il se montra.
2 Simon Pierre, Thomas, appelé Didyme, Nathanaël, qui venait de Cana en Galilée, les fils de Zébédée et deux autres disciples de Jésus se trouvaient ensemble.
3 Simon Pierre leur dit: «Je vais pêcher.» Ils lui dirent: «Nous allons aussi avec toi.» Ils sortirent et montèrent [aussitôt] dans une barque, mais cette nuit-là ils ne prirent rien.
4 Le matin venu, Jésus se trouva sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c'était lui.
5 Il leur dit: «Les enfants, n'avez-vous rien à manger?» Ils lui répondirent: «Non.»
6 Il leur dit: «Jetez le filet du côté droit de la barque et vous trouverez.» Ils le jetèrent donc et ils ne parvinrent plus à le retirer, tant il y avait de poissons.
7 Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre: «C'est le Seigneur!» Dès qu'il eut entendu que c'était le Seigneur, Simon Pierre remit son vêtement et sa ceinture, car il s'était déshabillé, et se jeta dans le lac.
8 Les autres disciples vinrent avec la barque en tirant le filet plein de poissons, car ils n'étaient pas loin de la rive, à une centaine de mètres.
9 Lorsqu'ils furent descendus à terre, ils virent là un feu de braises avec du poisson dessus et du pain. 10 Jésus leur dit: «Apportez quelques-uns des poissons que vous venez de prendre.» 11 Simon Pierre monta dans la barque et tira le filet plein de 153 gros poissons à terre; malgré leur grand nombre, le filet ne se déchira pas.
12 Jésus leur dit: «Venez manger!» Aucun des disciples n'osait lui demander: «Qui es-tu?» car ils savaient que c'était le Seigneur.
13 Jésus s'approcha, prit le pain et leur en donna; il fit de même avec le poisson. 14 C'était déjà la troisième fois que Jésus se montrait à ses disciples depuis qu'il était ressuscité.
15 Lorsqu'ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre: «Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu plus que ceux-ci?» Il lui répondit: «Oui, Seigneur, tu sais que j'ai de l'amour pour toi.» Jésus lui dit: «Nourris mes agneaux.»
16 Il lui dit une deuxième fois: «Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu?» Pierre lui répondit: «Oui, Seigneur, tu sais que j'ai de l'amour pour toi.» Jésus lui dit: «Prends soin de mes brebis.»
17 Il lui dit, la troisième fois: «Simon, fils de Jonas, as-tu de l'amour pour moi?» Pierre fut attristé de ce qu'il lui avait dit, la troisième fois: «As-tu de l'amour pour moi?» et il lui répondit: «Seigneur, tu sais tout, tu sais que j'ai de l'amour pour toi.» Jésus lui dit: «Nourris mes brebis.
18 En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu étais plus jeune, tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais; mais quand tu seras vieux, tu tendras les mains et c'est un autre qui attachera ta ceinture et te conduira où tu ne voudras pas.»
19 Il dit cela pour indiquer par quelle mort Pierre révélerait la gloire de Dieu. Puis il lui dit: «Suis-moi.»








Comment ces êtres de chair et de sang que nous sommes peuvent-ils ressusciter, si non en se laissant habiter par le Christ ? C’est ainsi qu’ils prolongent hors du temps tout ce que Jésus a  mis en œuvre en eux au cours de leur existence. Cette année encore nous avons célébré la  fête de Pâques.  Une fois encore nous avons ressenti un profond bien être en entendant proclamer : « Le Christ est ressuscité, Alléluia ! » Mais peut-être  sommes-nous  quand même troublés par la question de savoir ce qu’est la résurrection, celle de Jésus et la nôtre ?

 C’est avec ce questionnement que nous nous retrouvons ce matin en compagnie de Pierre et de ses amis. Nous découvrons alors que nous parvenons à la notion de résurrection grâce à une série de rencontres avec Jésus dont la somme constitue notre propre résurrection.

En fait, si nous lisons les textes, nous sommes amenés à constater que notre approche de la résurrection est inséparable de la rencontre que nous faisons avec le crucifié. Dans tous les récits où on nous rapporte sa rencontre avec ses amis après sa mort, c’est lui qui en prend l’initiative. Il vient, il parle, il se fait reconnaître et de cet événement jaillit une réalité nouvelle pour celui vers qui il est venu. Notre foi en la résurrection naît de cette rencontre qui se produit pour chacun de nous, parfois au moment où il ne s’y attend pas. Bien évidemment notre rencontre avec le ressuscité ne se fait pas visuellement. Elle relève d’une expérience intérieure et se fonde sur le témoignage des Ecritures. Cette rencontre de Jésus déclenche en nous un dynamisme qui nous projette déjà dans l’éternité alors que nous sommes encore dans une existence terrestre tout emmêlés dans nos contingences matérielles.

Bien que nous gardions un souvenir de ces expériences spirituelles où nous avons acquis la certitude que le Christ était vivant en nous, nous nous  sommes installés malgré tout dans nos habitudes. Le rythme des jours  a repris son cours et nous attendons sans trop y croire que Dieu mette à exécution, le plus tard possible, le projet de résurrection qui nous concerne.

Le temps qui passe diminue notre enthousiasme et les soubresauts de la vie poussent notre âme à se raidir si bien qu’en constatant notre affadissement spirituel, nous nous culpabilisons et nous avons l'impression de perdre la foi !

Que ceux qui éprouvent de tels sentiments se rassurent, cette situation doit être comprise comme une évolution bénéfique sur le chemin de la foi. Dieu se sert de nos  moments de questionnement pour nous permettre de nous élever d’un cran dans le domaine de la connaissance. C’est alors que la résurrection elle-même prend un aspect plus précis et que nous découvrons avec émerveillement comment Jésus utilise notre histoire personnelle et les aléas de notre existence pour construire l’être nouveau que nous sommes appelés à devenir.

C’est dans cet état d’âme que nous  abordons ce récit de Pierre au bord du lac. Le temps a passé, il n’est plus à Jérusalem, il est revenu en Galilée où il a repris avec ses amis son métier de pécheur. Sans doute garde-t-il un souvenir des derniers événements passés, mais la vie a repris ses droits. Expérience spirituelle ou pas, il faut bien continuer à vivre ! Pourtant Pierre a eu une forte expérience avec le ressuscité. Il a été le premier à constater que le tombeau était vide selon l’Evangile de Jean.  Il a déjà été mis en présence du ressuscité par deux fois.

 Malgré tout, il est quand même revenu à ses filets. Si son âme a été illuminée, sa vie n’a pas encore changée. Pierre réagit comme s’il n’avait rien compris, c’est pourquoi il est retourné à la pêche. Cette fois-ci, la résurrection va s’installer dans ses convictions. C’est alors qu’il va comprendre. Toutes les étapes de sa vie vont défiler devant lui comme cela se produit, paraît-il dans les derniers instants d’un homme qui se noie. Et ces étapes qu’il a vécues vont lui être révélées comme autant d’expériences dont il n’avait pas saisi toute la portée et qui l’une après l’autre vont l’amener à comprendre ce qu’est la résurrection.

Il va découvrir que pour être ressuscité à son tour, il doit se laisser envahir par le Christ afin que le Christ vive en lui et qu’il prolonge son œuvre par sa vie.  Il comprend que Jésus prend en charge sa vie passée, et sa vie à venir. Il va réaliser que le baptême qu’il avait sans doute reçu prenait alors pleinement son sens. C’est seulement, dans un dialogue personnel avec Jésus qu’il comprendra que de sa vie était en train de basculer dans une nouvelle réalité. Encore fallait-il qu’il laisse la résurrection s’installer en lui.

Bien évidemment cette aventure de Pierre ne nous est racontée que pour que nous puissions faire le point à notre tour sur nos propres expériences spirituelles. Pierre  est pour l’instant dans la nuit, le petit matin se lève sur l’échec de sa vie. L’apparition sur le rivage renverse la situation et donne du sens à tout son passé. Pourtant il faudra qu’on l’aide à comprendre, il faudra que l’autre disciple, l’ami de Jésus lui traduise l’événement: « c’est le Seigneur ». Alors il se jette à l’eau, non sans avoir pris le temps de s’habiller car il était nu. Geste de pudeur pensons-nous ! Est-ce bien sûr ?

Ce plongeon tout habillé en présence du Seigneur ressemble à un baptême à l’envers, c’est pourquoi j’ai parlé de son baptême tout à l’heure. Dans un baptême, c’est parce que l’on reconnaît que Jésus est Seigneur que l’on se dévêt pour être immergé. Pierre, quand il reconnaît que Jésus est le Seigneur, il fait le contraire comme s’il avait besoin de revivre les expériences qu’il avait déjà faites. Son baptême est ici évoqué à l’envers comme si on rembobinait le film de sa vie. Et à partir de cet instant, au cas où vous n’auriez pas compris toutes les séquences vont se faire à l’envers.

Par le passé, Pierre avait semble-t-il toujours eu l’initiative. Ici, il laisse les autres ramer alors que lui se met à nager, non pas pour rejoindre plus vite le Seigneur, car il ne le rejoint pas, au contraire il remonte dans la barque quand les autres arrivés sur le rivage en descendent pour s’approcher du Seigneur. Il se met alors à décharger tout seul le filet. C’est comme si, il ne voulait pas se retrouver seul avec Jésus, bien qu’il en manifeste le désir profond sans oser aller jusqu’au bout.

Tout ce qui est raconté ici, est le reflet  de son expérience intérieure et nous sommes nous aussi invités à la vivre  de la même façon.  L’aventure ne peut se continuer sans le face à face inévitable entre Pierre et Jésus. Par trois fois, Jésus l’invite à prendre en charge son troupeau. Allusion appuyée à sa trahison que Jésus ne mentionne pas, car la résurrection qui est en train de s’emparer de Pierre annihile tout ce qui est négatif dans sa vie et détruit ce qu’il y a d’aliénant dans son passé. Sa mission consiste à prendre à son compte l’œuvre du Christ.

La résurrection prend son vrai sens, pour nous aussi,  quand nous nous laissons habiter par Jésus pour continuer dès maintenant l’œuvre qu’il a réalisée quand il était sur terre. Nous sommes appelés à devenir, tant que nous vivrons, les membres et la voix, l’intelligence et la sensibilité du ressuscité qui désormais vit en nous et c’est par nous qu’il agit.

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