jeudi 31 octobre 2019

Luc 20/27-38 La résurretion : Dimanche 10 novembre 2019


Luc 20/27-38


27 Quelques-uns des sadducéens, qui disent qu'il n'y a pas de résurrection, s'approchèrent et posèrent à Jésus cette question:
28 «Maître, voici ce que Moïse nous a prescrit: Si un homme marié meurt sans avoir d'enfants, son frère épousera la veuve et donnera une descendance à son frère.
29 Or, il y avait sept frères. Le premier s'est marié et est mort sans enfants. 30 Le deuxième [a épousé la veuve et est mort sans enfants],
31 puis le troisième l'a épousée; il en est allé de même pour les sept: ils sont morts sans laisser d'enfants. 32 Enfin, la femme est morte aussi.
33 A la résurrection, duquel d'entre eux sera-t-elle donc la femme? En effet, les sept l'ont eue pour épouse.» 34 Jésus leur répondit: «Les hommes et les femmes de ce monde se marient,
35 mais celles et ceux qui seront jugés dignes de prendre part au monde à venir et à la résurrection ne se marieront pas.
36 Ils ne pourront pas non plus mourir, car ils seront semblables aux anges, et ils seront enfants de Dieu en tant qu'enfants de la résurrection.
37 Que les morts ressuscitent, c'est ce que Moïse a indiqué, dans l'épisode du buisson, quand il appelle le Seigneur le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob.
38 Or Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants, car tous sont vivants pour lui.» 





Ce texte sur la recherche de la vie  éternelle nous renvoie à nos propres préoccupations. Nous sommes  impatients d’avoir une réponse à la question posée qui concerne la vie éternelle et la résurrection. Elles se tiennent au centre  de notre foi car nous nous sentons réellement concernés par le mystère de la vie. En effet, nous sommes des êtres de désir et nous aimerions nous approprier les clés de la vie, aussi bien  celle que nous menons  dans ce monde ci  que celle que nous espérons dans l’autre.  Notre désir principal est de mener une vie le plus agréable possible dans ce monde, et nous voulons profiter de tout ce qui est susceptible de la rendre enviable. Pour y parvenir nous voulons user de tout ce qui est à notre disposition.  Pour cela nous disposons de notre intelligence, de nos talents et de notre ascendant sur les autres car nous percevons les autres comme des êtres  dont nous pouvons tirer profit pour qu’ils servent à embellir notre vie. En fait nous  cherchons à utiliser leur capital de vie pour enrichir le nôtre. Il en est ainsi depuis l’origine du monde. C’est notre relation à  l’autre qui est en fait l’élément essentiel qui nous permet de d’exister. Nous cherchons à créer une relation de dépendance  avec lui  et à tirer le meilleur profit de sa présence dans notre vie et nous voudrions en établir le bien fondé. 


Dès les origines de l’humanité, les sociétés primitives ont inventé l’esclavage qui créait des relations de dépendance de certains hommes par rapport aux autres. Ainsi une catégorie d’humains pouvait sans vergogne utiliser les talents des  autres pour enrichir sa propre vie en profitant de celle des autres. On devenait esclave par naissance ou par le hasard de circonstance. On a  justifié cette situation, pour se donner bonne conscience en mettant Dieu ou les dieux dans le coup. On affirmait alors que c’était par décision divine que les uns aient pris de l’ascendant sur  les autres, soit parce que c’était comme cela que le dieu ou les dieux avaient voulu que cela soit car c’était la règle qui faisait loi dans la nature où les plus forts  dominaient les plus faibles. On disait aussi que les ancêtres  des uns avaient commis une faute par rapport aux autres et qu’une décision divine avait, par souci de justice, rendu les uns dépendant des autres. On a pu ainsi justifier les choses dans les saintes écritures  en disant que les pères avaient mangé des raisins verts et les enfants en avaient eu les dents agacées. Toute différence de situation trouvait ainsi sa justification devant Dieu et les hommes ont fini par adhérer à ces histoires que  l’on considéra comme fondées historiquement. On justifia  ainsi l’apartheid   en racontant la mésaventure de Cham qui avait dévoilé la nudité de son père et dont les descendants furent condamnés par Dieu à être esclaves de leurs  frères. Il nous a été rapporté qu’un jour on demanda à Jésus quelle faute avait pu commettre les parents d’un aveugle pour qu’il soit dans cette situation. Ainsi Dieu était considéré comme le juge suprême qui décidait du sort des individus par rapport à leur manière de gérer leur vie.


La Bible fourmille d’anecdotes qui justifient la domination des uns sur les autres. Nous constatons  curieusement que, même  dans les Ecritures ce sont les humains en situation  favorable  qui ont tendance à justifier les  situations qui les favorise. Nous avons un curieux  penchant à vouloir mêler Dieu à ce type d’histoire pour établir le bienfondé d’une situation  qui favorise les uns au détriment des autres. On se sert alors de Dieu pour justifier des inégalités qui du fait qu’elles peuvent bibliquement se justifier ont de ce fait force de loi. Mais la Bible nous donne aussi des clés de lecture pour nous aider à contester ce genre d’affirmation.  C’est à nous de savoir  lire les textes  pour  discerner les choses afin de  saisir la vérité du message divin.


Ces quelques réflexions nous plongent directement dans le texte de l’Evangile de ce jour et nous amènent à nous demander comment Dieu gère les  questions que nous nous posons sur la vie ? Ce texte va nous aider à comprendre comment nous avons parfois l’audace de manipuler Dieu pour lui faire dire ce qu’il n’a pas  dit et justifier ainsi des apriori qui nous arrangent peut-être, mais qui sont hors de la vérité. Il ne faut pas être fin clerc pour comprendre que la question posée à Jésus sur la vie éternelle par des gens qui n’y croient pas comporte un piège. La question sous-jacente posée ici par les Sadducéens comporte une fausse question que nous  formulerons ainsi : « Nous ne croyons pas à la résurrection, mais au cas où elle existerait, qu’en serait-il de la vie après la mort » ? Car c’était là leur vrai souci. Ils  ne voulaient pas en parler ouvertement à Jésus pour ne pas perdre la face. Mais ils espéraient une réponse qui leur donne à espérer. Si la réponse de Jésus nous éclaire, elle n’ éclairait pas forcément ceux qui l’interrogeaient , puisqu’ils ne croyaient pas à une autre vie. Pour Jésus, la vie, quelle qu’en soit la forme, présente ou future, appartient à Dieu mais c’est dans  l’authenticité de la foi qu’elle trouve sa vérité.


Si Dieu est maître de la vie, ma vie ne peut s’épanouir qu’en lui, non seulement ma propre vie, mais aussi celle des autres, non seulement celle des humains, mais aussi celle des animaux et des plantes. Tout ce qui vit a sa réalité en Dieu. Mais qu’en est-il de notre vie future à chacun de nous ? Pour répondre à cette question il  est bon de se demander  quelle peut être le sentiment de Dieu à notre égard quand nous  avons malmené notre prochain ou abusé sauvagement de lui ? Comment se tenir devant Dieu quand nous avons pris conscience que nous n’en avons pas fait assez pour notre prochain pour que sa vie s’épanouisse ? Comment  se comporter devant Dieu quand nous savons que sa création a été altérée de notre fait ? Toutes ces questions nous habitent. Non seulement nous les confessons à Dieu mais nous nous interrogeons aussi sur son attitude à lui, vis-à-vis de nous et vis-à-vis du futur. Va-t-il réparer nos erreurs ou va-t-il nous suggérer une autre solution ?


Si Dieu est porteur de vie il ne peut ni punir ni sanctionner les humains qui ont porté atteinte à toutes les formes de vie, sans quoi il porterait lui-même atteinte à la vie qui est en eux et dont il est protecteur. Il ne peut donc ni sanctionner ni punir. Une seule réponse est alors possible, elle consiste à utiliser vis-à-vis de Dieu et de tout ce qui vit cette potentialité de survie qui est en nous  et qui se nomme amour. En le pratiquant sans limite, nous ouvrons alors notre vie au pardon et  à l’espérance qui sont seuls  porteurs d’avenir.


Mais l’espérance doit vivre elle-aussi et pour vivre elle a besoin d’être nourrie. Dieu a laissé dans la Bible de quoi nourrir notre espérance. Elle le sera par le témoignage de tous ceux qui nous ont précédés sur terre et qui ont fait confiance à Dieu pour diriger leur existence. Bien avant nous, ils ont mis leur confiance en Dieu et les événements qui ont marqué leur vie ont été retenus en exemple pour éclairer la nôtre. Tous racontent comment en leur temps ils ont su répondre  à Dieu par l’amour qui portait leur espérance. Ces histoires sont parvenues jusqu’à nous à travers le sang  et les larmes de ces hommes et de ces femmes qui  étaient souvent en situation de détresse, et dont la foi les a mis sur le chemin de l’espérance  si bien qu’elle doit devenir la norme pour nous. L’espérance ne les a jamais quittés et leur a permis d’affronter les épreuves du moment et nous sommes invités à les imiter.


Jésus lui aussi s’est avancé sur le chemin de la vie et c’est la mort qui est venue à sa rencontre. Elle s’est revêtue de ses attraits les plus horribles pour le faire douter, mais au dernier moment la vie s‘est emparée de son dernier souffle pour qu’il puisse  s’abandonner  à Dieu et nous avons retenu de ces moments terribles que c’est la vie qui a eu le dernier mot. C’est la résurrection qui l’a emporté pour s’imposer comme la règle qui oriente nos vies. C’est par l’exemple de sa propre vie qu’il a pu répondre aux sadducéens qui doutaient de la vie en Dieu et ne pouvaient imaginer de suite au-delà de la mort, comme si la mort pouvait tuer la vie et Dieu par conséquent. 


Comme les Sadducéens, nous ne savons pas ce qu’il en est exactement de l’autre vie, mais nous savons que la vie a capacité de triompher de la mort et peut  subsister en Dieu dans une réalité en laquelle nous croyons mais dont nous ne connaissons pas les mots pour la dire.


Dans ce monde en souffrance, notre espérance nous tourne vers un Dieu qui est vie et sans qui la vie n’aurait aucune réalité. Cette certitude devrait nous suffire pour habiller notre foi en Dieu. Il nous donne d’espérer que la vie est toujours en nous quand apparemment elle semble nous avoir abandonnés. Cela ne se démontre pas c’est une question de foi en Dieu dont la réalité appartient à tous les temps.

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