vendredi 20 décembre 2019

Jean 1/1-18 Noël 25 décembre 2019


Jean 1/1-18

«  Au commencement était la parole et la parole était Dieu. Elle était au commencement. Tout a été fait par elle et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. Elle était la vie et la vie était la lumière des hommes… »



La parole se diffuse dans le monde au moyen des voix et ces voix sont aussi nombreuses qu’il y a d’humains pour les proférer. Chacun d’entre nous est capable d’émettre une voix. Mais chacun d’entre nous est aussi visité par une multitude de voix qui viennent d’ailleurs et qui pour un temps viennent habiter en lui. Ces voix proviennent du passé et maintiennent vivant en nous le souvenir de ceux qui ont partagé notre vie. La vie  de tous ces êtres que nous avons aimés demeure vivante en nous grâce au mystère de ses voix dont notre mémoire en en  gardant le timbre les empêche de mourir. Notre esprit a reçu ce pouvoir de maintenir en vie ceux que la parole de Dieu a promis à la résurrection.

Ne soyons donc pas étonnés si Dieu se sert de ces mêmes moyens pour venir habiter notre esprit et se révéler personnellement à chacun de nous. Dieu se sert de ces mêmes médias qui fonctionnent  en nous pour nous parler personnellement de lui et faire jaillir en nous une vie nouvelle qui lui appartient et qu’il nous destine. Dieu n’est ni étranger ni extérieur au fonctionnement de notre esprit qui agit en nous comme un organe révélateur de sa personne. Pour parvenir jusqu’à nous, Dieu emprunte les mêmes chemins que ceux que notre esprit fréquente pour maintenir en vie ceux qui ont marqué  notre existence. La voix de Dieu est alors révélatrice de vie pour nous.

Pour se révéler au monde, Dieu se sert de notre esprit. C’est un procédé spécifiquement humain qui caractérise le fonctionnement de tous les humains sur terre. Il utilise le langage articulé qui est le propre  de l’homme. C’est grâce à ce langage articulé qu’il nous aide à formuler toutes les questions que nous avons en nous et qui le concernent. C’est par ce même langage qu’il nous aide à trouver les réponses qu’il a déjà déposées dans le passé auprès de ceux  qui ont fait sa connaissance. Ces réponses se trouvent dans les récits de ceux qui ont été avant nous et dont la sagesse visite encore notre esprit qu’elle marque de son empreinte. Quand nous disons que Dieu a parlé  par les prophètes nous avons du mal à imaginer que c’est à notre intention qu’il l’a fait et que leur témoignage a emprunté la sagesse de tous  ceux qui étaient avant nous pour nous apporter la science de Dieu.

Jésus et les prophètes ont formulé leur message dans les témoignages qu’ils ont donnés à leurs peuples et qui ont été conservés par écrit, comme une longue aventure humaine qu’ils ont vécu avec Dieu et dont les différents épisodes parlent à notre esprit. C’est ainsi que Dieu continue à nous parler et que sa parole reste vivante en nous.

Ils nous ont dit que cette voix crie dans le désert. C’est d’abord ainsi que notre esprit inquiet la reçoit et se demande quelle peut être cette voix  qui travaille dans notre désert intérieur. Il se demande  quelle est la portée de cette  voix qui le trouble et qui met en évidence nos inquiétudes. Mais très vite il se dit que si ce message provient de Dieu, il ne peut  être qu’un message d’espérance. Par cette allusion au désert, la voix nous dit qu’il n’existe aucun lieu, aussi inhospitalier soit-il où Dieu ne peut rejoindre celui qui s’y trouve. Il n’y a pas de cœur assez sec qui ne puisse être irrigué par l’esprit de Dieu. La voix ainsi, résonne de proche en proche pour atteindre notre esprit qui reçoit le message cinq sur cinq et qui comprend que la voix est celle de Dieu. Il découvre que le désert, c’est l’aridité de notre esprit qui doit se rendre disponible pour être irrigué par Dieu.

Ce moment de Noël, où la voix résonne est un moment favorable pour être captée par notre esprit rebelle car des voix discordantes s’opposent les unes aux autres pour mieux mettre en évidence celle qui vient de Dieu. Ne va-t-on pas jusqu’à prétendre que Dieu a perdu la partie. Que nous célébrons de plus en plus des Noëls païens où Dieu n’a plus sa place. On déplore l’abandon des traditions comme si la voix de Dieu ne trouvait plus son chemin aux travers des aventures humaines.

Pourtant c’est dans une aventure humaine dont les éléments ne cessent  d’être discordants que nous nous plaisons à entendre la voix de Dieu et que cette voix divine fait écho à toutes les préoccupations humaines qui de tous les temps ont porté ce message de Dieu. C’est d’abord dans la voix de bergers qui font partie des pauvres parmi les pauvres, c’est dans le bêlement discordant des brebis, le plus bête de tous les animaux de la ferme que retentit le premier son du message divin qui prend pour support les vagissements d’un bébé qui ne sait pas où reposer se tête d’immigré en mal de demeure. Les humains qu’on nous y présente n’ont plus de voix  et ils ne trouvent face à eux que les ordres d’un roi sanguinaire qui s’en prend à tous les nourrissons de son royaume. On y rencontre aussi des savants qui découvrent dans les étoiles les secrets de Dieu. C’est dans les étoiles qu’ils entendent aussi  la voix de Dieu  et qu’ils  y découvrent  le bon chemin. A tous les coups ils ont croisé sur leur route des gens sur le chemin de l’exil,  des hommes avides d’espérance qui gonflaient leur bateau en caoutchouc pour traverser les mers hostiles. Ils ont traversé des villages inondés par la furie des rivières et ils ont vu des maisons que la colère des éléments a détruites.

Les jours qui se préparent sont eux aussi porteurs de voix mystérieuses dont il faut apprendre à lire les messages. Elles peuvent prendre l’accent de la compassion de Dieu pour les uns  ou de la cupidité des hommes pour les autres. Qui saura reconnaître la voix de Dieu dans les voix discordantes qui prétendent parler pour notre temps. Soudain une petite voix, celle d’une toute jeunes fille s’élève pour dire qu’elle rend grâce à Dieu car il est en train de détrôner les puissants et de remplir le monde d’espérance. Elle s’accorde semble-t-il à la voix de toutes ces femmes qui réclament justice ainsi que le droit de vivre normalement. Les cris d’un nouveau-né ne nous laissent pas ignorer la voix des enfants qui s’inquiètent  menacés par un climat dont nous ignorons les caprices  du moment.

 Chacun sait que tout message porteur d’amour, quel qu’en soit le messager est susceptible de porter une partie du message divin. C’est alors  que peut s’établir  une forme de dialogue avec Dieu. D’une part nous recevons les échos que les hommes de ce temps nous envoient, et qui s’opposent, d’autre part au message des prophètes. C’est alors que la voix qui crie dans le désert nous invite à mettre en dialogue toutes ces voix qui discordent entre elles afin qu’une possibilité d’espérance trouve sa place dans la cacophonie ambiante. Pour ce jeune père en quête d’espérance, la voix de Dieu l’enjoignit à prendre la fuite loin du tyran. Il ne tergiversa  pas pour savoir s’il y avait une autre solution et il comprit que la voix de Dieu le poussait à l’exil avec la mère et l’enfant.

 Dieu nous fait  confiance à chacun pour chercher à discerner comment la voix de Dieu nous met sur le chemin de l’espérance, même quand elle ne passe pas par le chemin de la raison, sans oublier que c’est  l’amour qu’il nous donne comme unique bagage.


La voix de Dieu que nous découvrons en nous, nous dirige toujours vers le chemin qui mène à la vie, car Dieu s’associe au destin des hommes pour toujours leur éclairer le chemin de la vie




Aucun commentaire: