Marc 1/711
En ce temps-là, Jean le Baptiste proclamait : «
Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne
de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai
baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » En ces jours-là,
Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le
Jourdain. Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et
l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des
cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Quand les hommes se penchent sur leur propre histoire, c’est celle que les hommes ont écrite par leurs
exploits qui retient leur attention. C’est le nom des hommes et des femmes qui
ont marqué leur civilisation qu’ils
s’appliquent à retenir. Pour ne
pas les oublier ils donnent leur nom aux principales voies de leurs cités:
« rue untel ou place une telle » Dans les écoles, les cours d
‘histoires que l’on donne à leurs enfants visent à leur faire retenir le nom des hommes et femmes qui ont marqué
par leurs actions les différentes phases de l’histoire, et qu’ils cherchent à leur faire retenir tant
il leur apparaît comme évident que ce sont les hommes eux-mêmes qui déterminent
le cours des événements. La République a consacré un bâtiment, tel le Panthéon,
destiné à conserver le souvenir et les restes de ces personnes illustres qui ont fait sa grandeur,
croit-on, car seuls leurs exploits remarquables sont dignes de marquer les
grandes étapes de l’humanité.
Pourtant la Bible qui figure parmi les œuvres remarquables
produites par les hommes semble ne pas aller dans ce sens. Jean Le Baptiste
dénonce ce travers de l’humanité qui
veut ignorer que Dieu joue
un rôle
dans l’évolution du monde. C’est pourtant de la manière dont la volonté
de Dieu s’exprime dans les actions que
font les hommes que le monde évolue
selon sa volonté. Il a chargé Jésus
d’exprimer cette volonté et Jean discerne dans les temps qu’il est en
train de vivre que Jésus insistera sur cet aspect des choses, si bien que
c’est Dieu, en fait qui agit par les
mains de ceux qui s’appuient
sur les principes que son esprit a mis dans leur cœur Ce sont ceux qui ont mis en avant ces
principes plus que ceux qui ont gagné des guerres qui ont le plus marqué le
cours de l’évolution du monde.
Ainsi se révèle à nous la vraie fonction du prophète. Il
s’agit pour lui de dire comment les hommes doivent se libérer de leurs manières personnelles d’agir pour œuvrer selon les prescriptions que l’esprit
de Dieu leur inspire. Apparait alors dans ce texte que nous avons lu le premier élément sur lequel Jean s’appuie pour délivrer son
message à l’humanité. Il s’agit du rôle déterminent que joue l’esprit de Dieu dans la bonne marche des
choses. L’Esprit de Dieu ne se voit
pas mais il agit sur les hommes pour orienter leurs décisions. « Avez-vous
compris cela ?» semble dire Jean à
ces interlocuteurs qui répondent à ses propos se faisant immerger dans la
Jourdain. Ce geste un geste qui exprime leur
agrément ne laisse aucune trace visible:
La trace de l’eau sèche et disparait
L’eau ne laisse aucune trace si non dans le souvenir de
celui qui y a été plongé. Il se souviendra seulement de l’action secrète de
Dieu en lui. Ce que l’esprit que Dieu dépose en lui est aussi invisible que la
trace de l’eau sur celui qui a été
baptisé. Telle est l’action de Dieu dans le cours des choses. Elle reste invisible sur ce monde pour celui
qui ne sait pas la discerner dans son cœur. C’est cela que perçoit Jean le
baptiste. Il comprend que les temps nouveaux qui marqueront désormais l’humanité
passeront par l’action de Jésus,
et qui resteront invisibles aux yeux de la plupart de ses contemporains, s’ils ne savent pas
percevoir l’action de l’esprit en eux. Jésus,
emboîtera le pas à Jean, il
accomplira ce qu’il a annoncé et révélera aux hommes que Dieu agit par
eux sur le monde s’ils acceptent d’être éclairés par l’esprit qui leur est donné.
Malgré ces propos les historiens considèrent cependant que ce sont les
conquêtes des légions romaines qui ont marqué l’époque de Jean baptiste plus
que l’action de l’esprit de Dieu que
Jésus a révélé. L’histoire enseignée
dans nos écoles ignorerait complètement l’enseignement de Jésus et l’action de
l’esprit sur lui, si par miracle la date de sa naissance ne leur avait servie
de repère pour marquer les temps que nous vivons. Nous continuons cependant à
ignorer qu’un esprit venu de Dieu
souffle sur le monde. Il marque de son empreinte certains humains
qu’il inspire et qui donneront pour ce qui les concerne, le sens de l’histoire.
Qui aujourd’hui osera dire par exemple que l’action de l’Abbé Pierre, de
Coluche ou de Martin Luther King a été moins
déterminante pour notre temps que celle du plus prestigieux de nos présidents ?
Qui aujourd’hui oserait
dire que c’est l’esprit de Dieu
qui agissait par l’action de ces femmes et de ces hommes qui ont marqué leur
temps ? . Des notions telles que
celles de partage, de fraternité, d’amour
ont certainement plus marqué
l’histoire que l’action des hommes et des femmes célèbres dont on se plait à
conserver le souvenir de leurs actions.
Sur les bords d’un ruisseau de Galilée, un homme habillé de
peaux de bêtes parlait de l’avenir du monde. Il ne le voyait pas se réaliser dans les conquêtes que se préparaient à accomplir
les légions romaines, mais il savait qu’ une parole venue du fins fonds des
Ecritures et reprises par cet homme inspiré allait marquer l’évolution du monde.
Jean avait compris que l’action de Dieu au cours des âges ne s’était pas
révélée dans les exploits merveilleux qu’on lui prêtait mais dans les paroles dont il se servait et dans lesquelles le mot amour avait une place
de choix.
Ce mot longuement
utilisé dans les propos de Jésus et
manifesté dans les actions commises par lui deviendra le ferment par
lequel Dieu agit sur l’avenir du monde. Combien d’acteurs de l’histoire des
hommes n’ont-ils pas écarté ce principe d’amour du prochain de leurs actions
car il fallait non seulement l’accepter mais il fallait aussi suivre l’exemple de celui qui l’avait
enseigné. En effet, Jésus proposera à ceux qui ont reçu son esprit de transformer aussi leur manière de vivre à
l’imitation de la sienne, car il avait
renoncé à vivre de la notoriété que lui apportait le prestige de son
enseignement et avait décidé de se comporter selon les règles que lui
suggérait l’esprit de Dieu qui l’habitait.
Jean ne se
reconnaissait pas comme étant lui-même capable de donner un sens définitif à
ses propos. Un autre plus intuitif que lui, plus réceptif que lui à l’esprit divin était en train de
suivre sa trace et il était prêt à lui laisser la place. Il savait que ce qu’il
proposait était d’origine divine et devrait désormais conduire le monde.
En relisant ce matin les propos de Jean Baptiste, le
lecteur qui porte son regard sur le monde sait
que son intuition prophétique était la bonne. L’histoire du monde ne
pourra s’écrire sans donner de l’importance à ceux qui se laissent saisir par
l’esprit de Dieu et perçoivent. que l’amour
des autres, l’altruisme et la fraternité sont la clé de l’avenir. En ce début
d’année où nous cherchons comment nous allons écrire une nouvelle page de
l’histoire des hommes, souvenons-nous
que c’est en suivant les suggestions de Jean Baptiste, qui donnait priorité à
l’esprit de Dieu, qu’une page nouvelle pourra
être écrite.
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