mardi 12 mai 2009

La révolution dans le monde des religions commence à Pentecôte : Actes 2:1-11 dimanche 31 mai 2009

Actes Chapitre 21/11 dimanche 31 mai 2009

La Pentecôte

1Lorsque le jour de la Pentecôte arriva, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. 2Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d'un souffle violent qui remplit toute la maison où ils étaient assis. 3Des langues qui semblaient de feu et qui se séparaient les unes des autres leur apparurent ; elles se posèrent sur chacun d'eux. 4Ils furent tous remplis d'Esprit Saint et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer.
5Or il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs pieux venus de toutes les nations qui sont sous le ciel. 6Au bruit qui se produisit, la multitude accourut et fut bouleversée, parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue. 7Ils étaient hors d'eux-mêmes et dans l'admiration, et disaient : Voici, ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? 8Comment les entendons-nous chacun dans notre propre langue maternelle ? 9Parthes, Mèdes, Élamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont, l'Asie, 10la Phrygie, la Pamphylie, l'Égypte, le territoire de la Libye voisine de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome, Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes, 11nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu !

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Dans leur perplexité ils se disaient les uns aux autres : « Qu'est-ce que cela veut dire ? » 13D'autres s'esclaffaient : « Ils sont pleins de vin doux. »
14Alors s'éleva la voix de Pierre, qui était là avec les Onze ; il s'exprima en ces termes : « Hommes de Judée, et vous tous qui résidez à Jérusalem, comprenez bien ce qui se passe et prêtez l'oreille à mes paroles.15Non, ces gens n'ont pas bu comme vous le supposez : nous ne sommes en effet qu'à neuf heures du matin ; 16mais ici se réalise cette parole du prophète Joël :
17Alors, dans les derniers jours, dit Dieu,
je répandrai de mon Esprit sur toute chair,
vos fils et vos filles seront prophètes,
vos jeunes gens auront des visions,
vos vieillards auront des songes ;
18oui, sur mes serviteurs et sur mes servantes
en ces jours-là je répandrai de mon Esprit
et ils seront prophètes.
19Je ferai des prodiges là-haut dans le ciel
et des signes ici-bas sur la terre,
du sang, du feu et une colonne de fumée.
20Le soleil se changera en ténèbres et la lune en sang
avant que vienne le jour du Seigneur, grand et glorieux.
21Alors quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.



On lira aussi Exode 19/16-19




16Le troisième jour au matin, il y eut du tonnerre, des éclairs et une épaisse nuée sur la montagne ; le son du cor retentit fortement ; et tout le peuple qui était dans le camp se mit à trembler. 17Moïse fit sortir le peuple du camp à la rencontre de Dieu et ils se placèrent au bas de la montagne. 18Le mont Sinaï était tout en fumée, parce que l'Éternel y était descendu au milieu du feu ; cette fumée s'élevait comme la fumée d'une fournaise, et toute la montagne tremblait avec violence. 19Le son du cor retentissait de plus en plus fortement. Moïse parlait, et Dieu lui répondait à haute voix.







Après la mort de Jésus, chacun de ses disciples a bénéficié d’une apparition du ressuscité dont Luc va tenir compte, sans le dire vraiment, pour nous raconter l’événement de Pentecôte. Cette apparition a laissé en eux une trace indélébile qui marquera leur vie à tout jamais. Elle a mis en eux la certitude que rien désormais ne serait plus comme avant et leur relation à Dieu s’est trouvée transformée à tout jamais. En soufflant sur eux, comme il est dit dans l’Evangile de Jean, le ressuscité leur a permis de comprendre les mystères de la foi restés inexpliqués jusqu’alors.

Luc quant à lui a bien saisi, en écrivant le Livre des Actes, que la résurrection avait provoqué un changement radical en eux et il a raconté l’événement de Pentecôte de telle sorte que ses lecteurs devaient être persuadés qu’une nouvelle manière d’être avec Dieu venait de s’imposer au monde.

Par la suite, nombreux furent les hommes et les femmes qui firent des expériences de foi bouleversantes au cours desquelles leur esprit fut visité par celui de Dieu. Tout leur être est alors passé par un processus de conversion qui les a inscrits dans une toute nouvelle relation avec Dieu.

La résurrection de Jésus s’est manifestée dans la société de son temps, comme si Dieu avait entrepris de faire lui-même le ménage dans sa propre maison, c’est pourquoi la description de l’événement de Pentecôte va prendre une telle ampleur sous la plume de Luc. Il est conscient du fait que désormais le culte tel qu’il était célébré par la légion de prêtres qui opéraient des sacrifices dans le Temple pour apaiser le Très Haut n’avait plus cours. Il comprend aussi que le méticuleux travail des scribes chargés d’interpréter les 626 articles de la loi n’aura plus cours. Désormais Dieu ouvre toutes grandes, les portes de son cœur pour que ceux qui ont compris l’enseignement de Jésus puissent jouir d’une relation directe avec Dieu.

Désormais chaque croyant, saisi par le souffle de l’esprit peut être personnellement en contact avec Dieu et recevoir directement les instructions du Seigneur. L’avenir s’ouvre sur une nouvelle manière d’être avec Dieu. Ce n’est pas une nouvelle religion qui est en train de naître, mais c’est l’ancienne religion qui éclate dans ses structures et qui fait place à une relation d’intimité avec Dieu que plus rien ne pourra altérer.

L’enthousiasme que ressent Luc en écrivant le livre des Actes, se mesure à l’ampleur dramatique que prend son texte qui décrit l’événement de Pentecôte. La réalité même de l’événement disparaît tant la description qu’il en fait est grandiose.

Luc dispose de deux récits pour mettre en œuvre son propre récit. Tout d’abord il garde en mémoire la vision de Joël qu’il place dans la bouche de Pierre :

"Dans les derniers jours dit, Dieu je répandrai mon esprit sur toute chair.
Vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes…
Je ferai des prodiges du haut du ciel et des signes en bas sur la terre…."

Cette citation nous est donnée dans le suite du texte que nous avons lu et lui est inséparablement liée. Hélas, la présentation des textes par les éditeurs a mis une coupure entre le récit de Pentecôte et l’explication qu’en donne Pierre et nous ne percevons pas immédiatement que les deux textes font corps. Le deuxième élément dont Luc dispose pour rédiger son récit, c’est l’évocation de la fête de Pentecôte telle qu’elle était célébrée dans le judaïsme du premier siècle.

La fête de Pentecôte était à l’origine une fête évoquant les récoltes mais elle avait évoluée pour devenir la Commémoration de l’Alliance scellée entre Dieu et son peuple sur le mont Sinaï. Le texte biblique qui rapporte l’événement ne manque pas de panache. Il y est question de fumée et de feu, il y est aussi question du bruit des trompettes qui ébranlent jusqu’au fondement de la montagne ( Exode 19/16-20). Luc emprunte une partie des détails de son récit au texte de l’Exode
et les incorpore à son tour à son propre récit. Mais à la différence avec le récit du Sinaï où seul Moïse est invité à monter sur la montagne avec quelques notables, ici c’est l’ensemble des habitants de Jérusalem qui font une expérience spirituelle. Cette expérience s’étend même jusqu’aux frontières du monde connu. C’est ce sens qu’il faut donner ici aux 15 nations mentionnées dans le récit. Juifs, prosélytes et aussi les païens ont droit à cette même expérience spirituelle et peuvent entrer dans une nouvelle relation avec Dieu. Luc emprunte aussi la description des langues à certains commentaires rabbiniques faisant état de langues pour décrire la voix de Dieu.

Tout se passe dans son récit comme si un nouveau big-bang était en train de redonner à la création toute entière une nouvelle dimension. Tout ce qui avait été altéré par l’action des hommes se trouvait renouvelé. Même l’événement de Babel où Dieu avait confondu les langues a été repris et réactualisé pour signifier que la nouvelle relation avec Dieu déborde maintenant les dimensions de la langue et de la culture. Une nouvelle relation s’installe donc entre Dieu et son peuple qui englobe désormais tout l’univers créé.

L’écrivain biblique mesure bien la dimension de la révolution qui était en train de se produire. Le discours tenu par Jésus alors qu’il était encore sur terre et qui deviendra l’Evangile, était devenu la seule norme qui devait régler les relations des humains entre eux et avec Dieu. Cette norme, nous le savons bien est a deux caractéristiques. Selon la première, les relations entre les hommes ne pourraient désormais être réglées que par l’amour. Selon la deuxième, plus difficile à admettre, Dieu se révèlerait désormais en quittant définitivement sa glorieuse divinité pour ne plus être désormais reconnu que comme un Père bienveillant.

Luc a bien mesuré le poids de l’enjeu, c’est pourquoi il a insisté sur l’aspect extraordinaire de l’événement. Le bouleversement cosmique qu’il décrit ici ne concerne pas particulièrement un événement plus ou moins spectaculaire, dont nous ne savons rien d’autre puisque Luc est le seul à le rapporter, mais le bouleversement qu’il décrit caractérise surtout le mode de penser des hommes qui voient s’effondrer une à une toutes les barrières que les hommes avaient dressées entre eux et Dieu. Pour que le lecteur ne s’attache pas à la matérialité du prodige, il utilise le mot "comme" pour caractériser les manifestations de l’événement : le bruit est "comme" celui d’un vent violent, les langues sont "comme du feu". Il insiste de cette manière sur l’aspect symbolique de l’événement qu’il rapporte et non sur sa matérialité.

Si Dieu est désormais accessible à tous, si les péchés pardonnés n’entravent plus les relations des hommes avec Dieu, il n’y aura plus besoin de clergé pour opérer les sacrifices, si l’amour devient la seule règle possible dans les relations humaines, il n’y aura plus besoin de structures autoritaires pour administrer la libre communauté des croyants.

Mais Luc n’est pas dupe. Cette réalité est plus facile à dire qu’à faire. Il sait qu’il lui faudra insister avec force sur ces vérités et les marteler à l’infini car les hommes auront du mal à les vivre en totalité. Bien qu’il insiste avec force sur le caractère irréversible de cette révolution spirituelle, il sait que très vite on rétablira une autre forme de religion avec son clergé et ses contraintes. On verra apparaître de nouvelles hiérarchies autoritaires et la libre foi fera lentement place à une religion plus ou moins contraignante. Il racontera avec tristesse et résignation comment ces réalités s’imposeront à l’Eglise naissante dans les chapitres suivants.

Mais rien ne devrait pouvoir altérer les principes acquis par cette révolutio
n spirituelle. Elle aurait du mettre un point final à toute prétention humaine de régler les problèmes du monde et même les problèmes spirituels à la place de Dieu. Ce ne fut évidemment pas le cas, et ce ne l’est toujours pas. Ce récit du livre des Actes nous permet pourtant de croire qu’il est possible d’espérer qu’un jour cette utopie d’un monde meilleur géré par l’amour de Dieu se réalisera et que les hommes enfin convertis au projet de Dieu pourront pratiquer l’amour des uns pour les autres en toute sérénité.

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