mercredi 27 octobre 2010

Luc 21: 5-19 sera-ce la fin? dimanche 14 novembre 2010



Luc 21 :5-19
Jésus annonce la destruction du temple

5 Quelques personnes parlaient du temple et disaient qu'il était magnifique avec ses belles pierres et les objets offerts à Dieu. Mais Jésus déclara :
6 « Les jours viendront où il ne restera pas une seule pierre posée sur une autre de ce que vous voyez là ; tout sera renversé. » 
 
Des  malheurs et des persécutions

7 Ils lui demandèrent alors : « Maître, quand cela se passera-t-il ? Quel sera le signe qui indiquera le moment où ces choses doivent arriver ? »
8 Jésus répondit : « Faites attention, ne vous laissez pas tromper. Car beaucoup d'hommes viendront en usant de mon nom et diront : “Je suis le Messie ! ” et : “Le temps est arrivé ! ” Mais ne les suivez pas. 9 Quand vous entendrez parler de guerres et de révolutions, ne vous effrayez pas ; il faut que cela arrive d'abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin de ce monde. » 10 Puis il ajouta : « Un peuple combattra contre un autre peuple, et un royaume attaquera un autre royaume ; 11 il y aura de terribles tremblements de terre et, dans différentes régions, des famines et des épidémies ; il y aura aussi des phénomènes effrayants et des signes impressionnants venant du ciel. 12 Mais avant tout cela, on vous arrêtera, on vous persécutera, on vous livrera pour être jugés dans les synagogues et l'on vous mettra en prison ; on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs à cause de moi. 13Ce sera pour vous l'occasion d'apporter votre témoignage à mon sujet. 14 Soyez donc bien décidés à ne pas vous inquiéter par avance de la manière dont vous vous défendrez. 15 Je vous donnerai moi-même des paroles et une sagesse telles qu'aucun de vos adversaires ne pourra leur résister ou les contredire. 16 Vous serez livrés même par vos père et mère, vos frères, vos parents et vos amis ; on fera condamner à mort plusieurs d'entre vous. 17 Tout le monde vous haïra à cause de moi. 18 Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. 19 Tenez bon : c'est ainsi que vous sauverez vos vies. »
Quand tout semble sur le point de disparaître, l’Evangile nous apprend que la vie doit prendre toujours le dessus car au-delà de la vie n’y a-t-il pas encore la vie ? Telle est l’espérance que nous retirons de l’enseignement de Jésus. Telle devrait être la conclusion des réflexions que mènent les hommes sur leur avenir. Mais l’homme ne s’en tient pas à des raisonnements aussi simplistes, car il se plaît à croire qu’il est un être pensant, c’est pourquoi il cherche à prouver sa propre supériorité en essayant de relever toutes sortes de défis qu’il se pose à lui-même. Il croit ne pas avoir besoin de Deiu pour ça!

C’est ainsi qu’il provoque Dieu en mettant en cause sa propre existence. Il le fait en lui opposant les réalisations de son génie humain. Dans notre texte d’aujourd’hui, c’est le Temple qui est l’enjeu du défi. Ici on admire ce lieu où les hommes ont réussi, croient-il à retenir Dieu captif. Dieu se serait lui-même mis à l’abri de toute ingérence humaine dans le Saint des saints qui est au cœur du sanctuaire. Dieu s’y maintiendrait volontairement caché, dit-on, à moins que se soient les hommes qui essayent de l’y maintenir pour mieux faire pression sur lui ? La question ainsi posée précise la nature du défi.

Jadis, à la veille de la prise de Jérusalem par l’empereur Nabukodonsor, Ézéchiel avait vu Dieu dans une vision s’échapper du sanctuaire avant la catastrophe pour rejoindre son peuple en exil. Dieu en toute liberté avait échappé à l’emprise humaine et ne permit donc à aucun homme de prendre autorité sur lui, mais les croyances sont tenaces et les hommes sans cesse essayent d’avoir une emprise quelconque sur Dieu.

Le temple fut démoli, mais Dieu n'y était plus. C'est alors que les sages d’Israël retenus en exil entreprirent la composition de  la Bible en rassemblant les textes sacrés en un seul livre qui prit autorité. Une autre forme de religion allait naître. Mais le temps passant, la terre perdue fut retrouvée, le temple fut  reconstruit, les mythes anciens s'imposèrent à nouveau et Dieu fut à nouveau retenu captif par les hommes dans le nouveau Temple. Ce temps devait-il durer?

L’humanité ne cherche pas à résister à sa propre vanité. A défaut d’être invulnérable aujourd’hui elle se croit invulnérable dans l’avenir. Elle se croit capable de relever tous les défis qui lui sont posés, c’est ainsi que l'on part à la conquête des étoiles  et que  pour défier les tremblements de terre les hommes ont entrepris la construction de tours que ni le vent, ni les tempêtes, ni aucun force terrestre ne pourraient démolir. On se souvient qu’il a suffi de deux avions pour que les deux plus prestigieuses d’entre elles soient ramenées au niveau du sol. Mais on croit toujours pouvoir faire mieux.

Pourtant, quel que soit le génie humain, la mort attend quand même chacun de nous au terme de son existence. Dans ce cas là, à défaut de se défier lui-même c’est encore à Dieu que l’homme s’en prend. Si la science repousse à l’extrême la durée de la vie, elle n’en abolit pas le terme. Pourtant défiant les siècles, des monuments en forme de pyramide ont été élevés. Ils avaient la prétention de  prouver que les mystères de la mort avaient été vaincus. Les pyramides, font partie des monuments les plus anciens érigés sur notre planète. On les a construites pour défier la mort en prétendant faire subsister à tout jamais le nom, l’œuvre et la personne de celui qu’elles étaient sensées héberger. Mais que reste-il de ce défi, elles ne sont plus que des tombeaux vides.
 
Nous avons effleuré par quelques exemples les prétentions des hommes à toujours se dépasser eux-mêmes et à supplanter Dieu à défaut de le compromettre pour valoriser leur propre vanité. Ce préambule nous permet de rejoindre Jésus aux prises avec les admirateurs du Temple auxquels il est en train de décrire une réalité bien sombre. Jésus nous présente un univers que nous ne maîtrisons pas, et où malgré son arrogance apparente, l’audace humaine touche à ses limites.

On  peut se demander ce que seront devenus nos monuments dans quelques siècles ? Les pyramides qui ont résisté à l’usure du temps, ne portent plus en elle la trace des défis pour lesquels elles ont été construites. Elles sont devenues des appâts pour touristes et les défunts que l’on y a ensevelis pour défier le temps et les dieux n’y sont plus. Si leurs momies ont subsisté, c'est pour satisfaire les appétits des savants et des visiteurs dans les salles d’exposition des musées.

Jésus se met alors à énumérer pour nous tous les risques que nous encourons : Persécutions, famines, guerres. Chaque génération a connu des périodes de troubles et de dysfonctionnements qui ne cessent de se répéter depuis l’origine des temps. Elles prennent ici une dimension prophétique toute particulière parce qu’au moment de la rédaction de cet Evangile, la guerre des juifs venait de s’arrêter, laissant un vaste champ de ruines derrière elle : Le temple détruit, le peuple juif interdit de séjour sur la terre de ses ancêtres. Cet événement récent  pour Luc, l'auteur de l'Evangile,  transparaît au travers de ces lignes et  donne une valeur prophétique particulière aux propos de Jésus, mais ne change rien à la réalité qu’il décrit.

Ce  qui rend ce passage particulièrement inquiétant, c’est qu’il ne propose pas de solution de sortie. L’homme et en particulier le chrétien y est perçu comme impuissant face à l’adversité du monde. Quand le croyant  déclare que l'avenir n'appartient pas  aux hommes mais qu'il se fera dans une collaboration avec Dieu, il se met lui-même en danger. Il est accusé  par les esprits forts de démobiliser ceux qui agissent et par, les religieux d'hérésie parce que ceux-ci  croient   que Dieu a tout prévu à l'avance.   Les événements semblent lui donner raison.  On ne voit pas  Dieu  intervenir pour venir à notre aide quand nous sommes provoqués à cause de notre foi. Bien que Jésus suggère le contraire et prétende que Dieu met tout en œuvre  pour nous notre défense et  qu'il mettra les mots appropriés dans notre bouche, nous ne voyons pas ses propos se réaliser dans la réalité. Au contraire, quand Étienne fut lapidé et Jacques décapité, peut être ont-ils prononcé des paroles sublimes qui leur était dictées par Dieu, mais ils n’en ont pas moins été les premiers d’une longue série de martyrs en faveur desquels Dieu ne semble pas être intervenu.

Dans  cet atmosphère délétère, on a du mal à trouver une note d’espérance, on peut même se demander comment le monde peut être sauvé, et en quoi Jésus a joué un rôle pour que les choses changent.

Quand  nous n’arrivons pas à trouver les bonnes réponses par nos propres raisonnements, nous savons que nous sommes sur la mauvaise voie. Il nous faut chercher dans les Évangiles eux-mêmes les réponses qu’ils donnent à notre propre recherche. Écoutez alors cette voix qui nous vient de Jésus lui-même quand il nous rappelle qu’il a fait toute chose nouvelle. Il nous rappelle que le monde n’est pas destiné à être aspiré dans un tourbillon qui tenterait de le ramener dans le tohu-bohu primitif. Au contraire, le monde est traversé par une idée force selon laquelle il est possible à l’homme d’inverser le cours destructeur de l’histoire. C’est cette force qui habitait Jésus et qu’il a mise en évidence. Elle l’a habité toute sa vie. Elle lui venait de Dieu et a orienté tous ses choix.

Elle a été suffisamment forte pour lui permettre aux heures les plus sombres de son aventure de croire que les pulsions de vie étaient capables de l’emporter sur les instincts de mort les plus violents. Même cloué sur le bois et après une longue agonie la vie a triomphé pour ouvrir devant lui une perspective d’éternité.

Dans  les moments les plus dramatiques de notre histoire, ce n’est pas notre désir de survie qui doit être la force qui nous anime, mais la vision selon laquelle le monde est entraîné par Dieu dans un mouvement où  la vie est destinée à  prendre  le dessus, si nous savons être persévérants. L’esprit de Dieu qui repose sur nous, nous maintient toujours dans la perspective selon laquelle l’avenir est habité par la certitude de la présence de Dieu dans l’évolution du monde.

Face  à tout cela il y a celles et ceux qui ne pensent les choses qu’à partir d’eux-mêmes et qui croient que leur propre mort sera la fin de tout, c’est pourquoi ils désespèrent. Il n’en est rien. Chaque individu est placé depuis sa naissance dans une spirale ascendante qui l’entraîne vers un absolu qui le dépasse et l’absorbe tout à la fois. C’est Dieu qui donne du sens à ce mouvement par l’esprit dont il nous enveloppe. Tous ne se laissent pas saisir, ils préfèrent se laisser séduire par d’autres voix et désespèrent de ne rien comprendre.

Quant  à nous, forts de la certitude de la résurrection nous devons regarder dans la seule direction qui apporte vie et espérance, même si notre vie est menacée, car au de-là de la vie, n’y a-t-il pas la vie ?

1 commentaire:

BONY LENOIR a dit…

Très belle homélie. Il y a là une profondeure spirituelle, un élan de perception qui donne envie de vivre malgré les décors moribons de notre monde.

Puisse cette réflexion nous habiter et nous ouvrir à l'espérance.

P. Gildas Boniface TEMBÉ