mercredi 16 février 2011

Matthieu 6 :24-34 Les inquiétudes dimanche 27 février 2011







Matthieu 6 :24-34

24 Nul ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon.
25 C'est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous serez vêtus. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? 26 Regardez les oiseaux du ciel : Ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n'amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ? 27Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une seule coudée à la durée de savie ? 28 Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement ? Observez comment croissent les lis des champs : Ils ne travaillent, ni ne filent ; 29 cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. 30 Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs qui existe aujourd'hui et demain sera jetée au four, ne vous (vêtira-t-il) pas à plus forte raison, gens de peu de foi ? 31 Ne vous inquiétez donc pas, en disant : Que mangerons-nous ? Ou : Que boirons-nous ? Ou : De quoi serons-nous vêtus ? 3 2Car cela, ce sont les païens qui le recherchent. Or votre Père céleste sait que vous en avez besoin. 33 Cherchez premièrement son royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus. 34Ne vous inquiétez donc pas du lendemain car le lendemain s'inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine





Qui osera nous dire, quand la nature est perturbée par des soubresauts imprévisibles qu’il ne faut se soucier de rien, pas même des petits oiseaux du ciel puisque Dieu est sensé en prendre soin ? Qui osera dire aux peuples en révolte sur toute la planète qu’ils doivent rester tranquilles et qu’ils n’ont pas à s’inquiéter du lendemain ? Qui aura l’audace de nous conseiller de ne pas avoir d’inquiétude pour notre vie et celle de nos enfants quand la nourriture vient à manquer, que les vêtements font défaut et que le toit qui nous abrite risque de nous être confisqué par les huissiers à l’arrivée du printemps ?

Contrairement à ce que nous avons lu, ce n’est pas Jésus qui donnera de tels conseils! Celui qui oserait le faire au nom de l’Evangile serait bien coupable et mal venu, car le « Père céleste continue Jésus sait que vous en avez besoin ! » Pourtant nous avons bien entendu que Jésus dit de ne pas s’inquiéter. Or s’il dit de ne pas s’inquiéter, il ne recommande pourtant pas la passivité, il ne nous invite ni à subir ni à ne rien faire. Selon lui l’inquiétude n’est pas la bonne arme de combat face aux difficultés de la vie car elle ne permet pas de s’attaquer aux problèmes. Elle fonctionne plutôt comme un frein qui limiterait nos possibilités d’action. Elle maintient les peuples dans le fatalisme et l’inaction.

Regardez donc les petits oiseaux, ils n’attendent pas que la nourriture leur tombe dans le bec. Ils consacrent tout leur temps à travailler en cherchant des graines ou des vermisseaux du lever du soleil jusqu’à la nuit tombante. Ils font le travail nécessaire au jour le jour et n’ont pas le souci du lendemain. Ils font ce qu’il faut quand il faut. Le souci ne fait pas partie de leurs préoccupations car ils n’ont pas la capacité mentale de s’en faire, pourtant ils subsistent quand même.

Jésus semble donc nous dire que le souci n’est pas le bon compagnon du croyant en temps de crise, car il fait barrage à l’action et au dynamisme, or le dynamisme n’a pas de meilleur allié que l’Esprit saint, car c’est lui qui provoque en nous le vouloir et le faire et s’oppose à la résignation.

En fait, il faut commencer par se demander ce qui provoque en nous l’inquiétude. Nous sommes inquiets quand notre situation ne nous satisfait pas et qu’elle se dégrade. A première vue, nous ne savons pas comment l’améliorer. Cette situation provoque en nous une réaction de repli sur soi, elle nous fait même réagir de manière égoïste. C’est pourquoi, face à une menace de manque nous éprouvons le besoin d’ accaparer ce qui risque de nous faire défaut. Nous avons tous constaté que si une crise s’annonce, immédiatement les gens ont presque automatiquement le réflexe de stocker les produits de première nécessité d’une manière irrationnelle. La raison voudrait que l’on se procure seulement les produits dont on aura besoin dans un temps limité. Au-delà de ce temps, l’accumulation des provisions ne sert plus à grand chose, les réserves se conservent mal et ne servent plus à rien si non à accentuer la pénurie et mettre les autres en difficulté.

Ces réflexions nous plongent en plein dans la problématique que soulève Jésus : « Ne vous inquiétez donc pas en disant : De quoi vivrons-nous, ou de quoi serons-nous vêtus, ce sont les païens qui le cherchent, cherchez le Royaume et sa justice » dit-il. Nous voilà au cœur du problème. Le Royaume qu’il nous faut chercher, n’est pas seulement une jouissance heureuse qui nous sera donnée à la fin des temps, et qu’on n’aura pas besoin de chercher puisqu’elle viendra toute seule. Le Royaume est aussi l’anticipation dans le temps présent de cette réalité heureuse promise pour plus tard. Il se construit par l’effort et la sueur, avec Jésus pour guide et le saint Esprit comme inspirateur. Il se construit avec la complicité de Dieu dans la confiance et l’espérance. C’est cela la foi.

L’inquiétude se caractérise par le manque de confiance en soi et le manque d’espérance en l’avenir. L’inquiétude s’oppose donc à la foi. Le saint Esprit a du mal à bousculer ceux qui manquent de foi. La foi n’est donc pas un oreiller de paresse qui conforterait le croyant dans une inactivité passive en attendant que Dieu fasse ce que nous n’avons pas le courage de faire. Or Dieu pour sa part attend que ce soient les hommes qui mettent tout en œuvre pour réaliser les projets qu’il leur inspire. Jésus par ses propos renverse les valeurs auxquelles nous sommes habitués. C’est ainsi que le saint Esprit nous rend dynamiques face aux circonstances du moment.

Celui qui attend que Dieu fasse tout, quand le besoin s’en fait sentir risque d’être bien déçu, car Dieu n’a pas l’intention de nourrir son attente passive. Au contraire, il s’efforce de réveiller le dynamisme des croyants pour les mettre en action, car c’est en observant ce qu’ils font que les autres découvriront que Dieu est en train d’agir. Quiconque refuse de sortir de lui même et de se mettre à agir ne pourra comprendre la signification du Sermon sur la Montagne.

En effet comment celui qui attend passivement que Dieu intervienne, pourrait-il comprendre que Dieu reste insensible à la détresse des peuples, et qu’il n’est pas ému en voyant des enfants sans nourriture ni vêtements. Il faudrait être un païen pour concevoir un tel Dieu. Et si les chrétiens contemplent passivement le monde en attendant l’intervention de Dieu, il faut alors les ranger dans le camp des païens !

Si nous arrivons à une telle conclusion, c’est que nous sommes tombés dans le domaine de l’absurde où nous ne saurions nous attarder.

Quand la nature se révolte contre elle-même et entraîne les hommes dans la mort, quand la répression laisse les foules sur le carreau sans espérance, quand les tyrans avides de puissance construisent leur pouvoir sur le corps des innocents, il est de notre devoir de chercher à entendre la voix de Dieu et de trouver la direction qu’il nous suggère de suivre. Que le lecteur soit alors attentif ! Qu’il considère que Jésus l’ a entraîné derrière lui pour qu’il comprenne qu’il n’y a d’espérance possible qu’en rejoignant ceux qui ont déjà compris que c’était aux hommes de construire le Royaume dont nous espérons la venue. Le succès n’est pas garanti d’avance mais cela ne peut se faire en dépit de la Justice. : « Cherchez d’abord le Royaume et sa justice ! ». dit encore Jésus

Nous savons-bien que la justice de Dieu ne correspond pas forcément à l’aspiration des peuples, car la justice telle que Jésus nous l’enseigne porte en elle la notion de vie qui prend priorité sur tout autre valeur. Tout ce qui favorise la vie et son développement harmonieux relève de la justice de Dieu car « sauvegarde de la vie » et « justice de Dieu » regardent dans la même direction et on ne peut construire le Royaume qui est au bout de notre espérance sans elles.

Arrivés ici dans notre développement, il nous faut maintenant entendre tous ceux qui sont inquiets, qui n’ont pas d’espérance, et qui ne sont pas habités par la foi telle que nous l’avons décrite. Le dynamisme dont nous avons parlé les a peut être abandonné, peut importe, ils sont mal dans leur peau, ils ont peur pour leur avenir, ils n’ont pas le courage de s’engager dans la contestation au risque de leur vie, c’est pourquoi Dieu les confie à notre prière pour qu’ils ne soient pas exclus de ce mouvement, car il les enveloppe de son amour et face à leur détresse ils ont ont droit aussi à sa tendresse.

Les images sont de Rembrandt

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