vendredi 24 juin 2011

Esaïe 55:10-11: Dieu se révèle par sa parole - dimanche 10 juillet 2011


Esaïe 55 :10-11

10 Comme la pluie et la neige descendent du ciel et n'y reviennent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l'avoir fécondée et fait germer, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui a faim,

11 ainsi en est-il de ma parole qui sort de ma bouche : elle ne revient pas à moi sans effet, sans avoir fait ce que je désire, sans avoir réalisé ce pour quoi je l'ai envoyée.




Combien sont-ils, ceux qui cherchent Dieu ? Et quand ils croient l’avoir trouvé, sont-ils sûrs que c’est celui que Jésus appelé son Père qu’ils ont trouvé ? Nous nous interrogeons ainsi, bien que nous sachions que si c’est nous qui cherchons Dieu, c’est quand même lui qui vient vers nous et qui nous trouve. Pourtant nous ne pouvons pas nous empêcher de le chercher dans toutes les directions où portent nos regards.

N’est-il pas possible d’avoir l’intuition de Dieu en contemplant la création avec tout ce qu’il y a de beau et d’infini en elle ? Avec les poètes, comment ne pas s’émerveiller de tant d’harmonie et comment ne pas imaginer que derrière tout cela il y a un architecte de génie qui serait Dieu ? Même si on cherche à s’absorber en Dieu par la contemplation de son œuvre de créateur, même si on laisse les émotions gouverner nos sens, même si on arrive à communier à ce mouvement général des choses qui élèvent l’âme, trouve-t-on dans cette quête de merveilleux et d’absolu la réponse à toutes ces questions qui concernent la destiné de l’homme et qui nous hantent ?. C’est là en effet le seul intérêt que nous avons à chercher Dieu, si ce n’est d’en savoir plus sur la destiné de l’homme.

Notre question lancinante et impérieuse est de savoir s’il peut jouer un rôle dans la manière dont nous orientons notre existence. Pour répondre à cette interrogation la Bible nous suggère une autre piste de recherche. Selon elle, c’est par sa Parole que Dieu se manifeste aux hommes et se révèle à eux comme le Dieu en qui Jésus reconnaissait son Père. Pour connaître Dieu, il nous faut donc apprendre à l’écouter.

C’est sans doute en constatant que Dieu leur parle que les hommes réalisent la présence de Dieu à côté d’eux. Il est suffisamment proche pour se tenir à portée de voix.. Il s’exprime avec leurs mots, il vient habiter leurs pensées, il leur suggère des chemins à suivre. C’est ainsi qu’il se rend présent dans leur vie. Il entre ainsi en relation avec les hommes qui peuvent reconnaître sa voix quand il vient les visiter.

Mais la voix de Dieu n’est pas audible comme le serait une voix humaine. Elle est perceptible par les hommes quand ceux-ci découvrent au fond d’eux-mêmes des idées qui leur sont étrangères tant par leur audace que par leur contenu. Elles les poussent vers les autres et les détournent d’eux-mêmes, elles accréditent en eux des idées généreuses qui a priori leur paraissent sans fondement.

« Va libérer mon peuple » entend ce rescapé des eaux devenu prince d’Egypte. Après avoir échappé aux crocodiles et alors qu’il coule désormais une vie douce et paisible à la cour, il sent vibrer en lui comme une intuition qui le pousse à s’intéresser aux esclaves dont il est peut être le frère et dont il est devenu en quelque sorte le maître. Comment une telle idée a-t-elle pu lui traverser l’esprit ?

Telle est l’intuition de base à partir de laquelle les prophètes d’Israël se sont attachés à rendre compte de la réalité de Dieu. Il se révèle aux hommes non pas comme le Dieu Tout Puissant, Créateur de l’univers et de tout ce qu’il contient mais comme un visiteur qui vient stimuler ce qu’il y a de meilleur en eux. Il se propose de créer en eux un dynamisme suffisant pour qu’ils mettent en œuvre des projets de vie capables d’améliorer l’existence des autres. Cette expérience qui fut celle de Moïse sera aussi l’expérience de tous les inspirés qui prétendent avoir perçu une révélation de Dieu. Elle sera aussi la nôtre.

Quand Dieu parle, les idées qu’il suggère jaillissent au cœur de l’inconscient de ceux auxquels il s’adresse. Ils ne se reconnaissent pas forcément dans ces idées et les récusent avant même qu’elles aient été clairement formulées. N’est-ce pas là la preuve que ces idées ne viennent pas d’eux ? Mais, ces idées les hantent au point qu’ils doivent chercher à les satisfaire pour mieux les faire taire.

Certainement on va me rétorquer que je m’aventure un peu à la légère dans les mystères de l’inconscient et que bien d’autres mobiles que la voix de Dieu peuvent intervenir pour provoquer en nous des idées dont nous avons du mal à reconnaître la paternité. C’est vrai, mais il n’empêche que c’est apparemment comme cela que les choses fonctionnent. Dieu se sert de tous les canaux possibles pour venir jusqu’à nous et faire entendre en nous le son de sa voix qui suggère des projets qui nous seraient a priori étrangers.

L’exemple le plus caractéristique de cette manière de se révéler de la part de Dieu est bien évidemment l’aventure de Moïse que nous avons évoquée. Cette idée lui prendra toute sa vie pour se réaliser, elle nécessitera plusieurs échecs avant de s’accomplir – meurtre d’un garde égyptien, fuite à travers le désert , rencontre de la belle Séphora et installation de Moïse dans la vie d’un paisible nomade, rappel de Dieu au buisson ardent, retour en Egypte et affrontement avec le pharaon… c’est enfin au désert, à la veille d’entrer dans la terre promise où il n’entrera pas, que Moïse comprit que Dieu lui avait vraiment parlé, c’est d’alors dans un face à face bouleversant qu’il rendit à Dieu son esprit.

Le lecteur attentif de la Bible va bien vite rappeler à l’ordre le prédicateur que je suis. Il va lui rappeler que la Bible commence par le Livre de la Genèse et non celui de l’Exode et que dans ces récits du commencement, sont évoqués les merveilles de la création à partir desquels le texte nous invite à admirer Dieu comme le Créateur de talent qu’il est. Il nous y est raconté que Dieu créa avec passion le ciel et la terre, les étoiles, les astres et le firmament, les ondes mugissantes et l’immensité des plaines et des vallons ou gambadent et paissent paisiblement toutes sortes d’animaux.

Il aura bien raison de le faire. Cependant deux remarques s’imposent. La première c’est que malgré leur position au début de la Bible ces textes ont été écrits très tardivement. La deuxième, c’est que malgré leur intention de magnifier la toute puissance créatrice de Dieu, l’agent créateur reste quand même sa Parole.

Les textes sur Moïse ne font pas partie non plus des textes les plus anciens de la Bible, mais eux aussi insistent, nous l’avons vu, sur le rôle de la parole de Dieu. Même dans les textes qui insistent sur la magnificence de Dieu face à la grandeur de la nature, c’est quand même la parole de Dieu qui prend la priorité.

Le texte d’Esaïe qu’il nous est donné de méditer aujourd’hui, est un texte très ancien ( 7 eme siècle av JC ?) mais déjà la Parole de Dieu y est mise en évidence comme révélatrice de Dieu. La parole de Dieu, quand elle s’exprime ne transforme pas celui qui la reçoit en un privilégié. Elle en fait un acteur ou un vulgarisateur. Elle s’adresse à lui pour qu’il agisse. Il découvre bien vite que Dieu veut être connu comme celui qui libère. Revenons à l’histoire de Moïse que nous avons déjà évoquée.

Après avoir raconté comment Moïse a finalement réussi dans son entreprise de libération, la Bible nous donne les Dix Commandements. Ils sont présentés comme la conclusion de cette aventure et semblent avoir pour but d’établir les critères qui permettront d’identifier les exigences de la parole de Dieu. Nous y découvrons que Dieu veut faire de nous, par sa parole des agents de libération. Dans la première table nous trouvons ce qui concerne Dieu et le rôle qu’il attend de nous à son égard. Dans la deuxième table nous y découvrons quels sont les égards que chacun doit avoir pour son prochain. Nous sommes invités à le respecter en le libérant de tout ce qui l’opprime, en particulier des méfaits que nous pouvons lui faire subir.

En conclusion, et à la suite des paroles du prophète Esaïe, nous découvrons que la Parole de Dieu se reconnaît non pas quand elle a été proférée et identifiée comme telle, mais quand elle a été mise en œuvre par celui à qui elle a été adressée et qu’elle a porté ses fruits. Ainsi la voix de Dieu qui a invité Moïse à libérer son peuple ne sera réellement identifiée comme telle, seulement quand le peuple aura été effectivement libéré. C’est ce que nous avons déjà souligné à propos de sa mort.

Jésus n’a pas cherché à nous dire autre chose sur Dieu. Il a présenté son Evangile comme un long dialogue ente lui et Dieu son Père. Lui-même ne se désigne comme Fils de Dieu que parce qu’il a mis en œuvre cette action libératrice de la parole qui révèle la réalité de Dieu. Elle devient réellement effective quand elle s’accomplit. La libération ultime apportée par Jésus est celle de notre mort. Elle ne prend vraiment son effet qu’au matin de Pâques lors de la résurrection par laquelle tout est accompli.

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