vendredi 18 novembre 2011

Marc:1:1-8


Dimanche 4 décembre 2011

La prédication de Jean-Baptiste 1 Ici commence la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, le Fils de Dieu. 2 Dans le livre du prophète Ésaïe, il est écrit : « Je vais envoyer mon messager devant toi, dit Dieu, pour t'ouvrir le chemin. 3 C'est la voix d'un homme qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, faites-lui des sentiers bien droits ! »
4 Ainsi, Jean le Baptiste parut dans le désert ; il lançait cet appel : « Changez de comportement, faites-vous baptiser et Dieu pardonnera vos péchés. » 5 Tous les habitants de la région de Judée et de la ville de Jérusalem allaient à lui ; ils confessaient publiquement leurs péchés et Jean les baptisait dans la rivière, le Jourdain. 6 Jean portait un vêtement fait de poils de chameau et une ceinture de cuir autour de la taille ; il mangeait des sauterelles et du miel sauvage. 7 Il déclarait à la foule : « Celui qui vient après moi est plus puissant que moi ; je ne suis pas même digne de me baisser pour délier la courroie de ses sandales. 8 Moi, je vous ai baptisés avec de l'eau, mais lui, il vous baptisera avec le Saint-Esprit. »


Un désir de nouveauté sommeille au cœur de chaque homme. En effet, à mesure que les époques succèdent aux époques, le temps lui-même paraît s’être usé à force de se répéter sans changement apparent. Il semblerait même que Dieu reste figé à force d’être immuable et perde toute valeur. Quand L’usure du temps prend place dans notre âme, même la religion ne nous apporte plus le réconfort qu’elle apportait aux générations passées. On s’épuise à vouloir la rajeunir et à innover de nouveaux rites. Rien n’y fait, il y a en nous comme une atmosphère de lassitude que rien ne semble devoir améliorer. Le constat en devient plus évident chaque jour. Pourtant le désir de nouveauté reste tenace.

Ce ne sont pas les liturgies nouvelles qui changent quoi que ce soit, ni la musique, ni nos chorales superbes, elles donnent, tout au plus, une illusion de changement, mais elles n’apportent pas de nouveauté en profondeur. La jeunesse insatisfaite des spiritualités anciennes en invente de nouvelles qui sont vite supplantées par d’autres, plus nouvelles encore. Là aussi, il n’y a rien de vraiment neuf. Tout n’est que vanité et poursuite du temps, rien ne semble y remédier. Toute formule nouvelle est dépassée avant même d’avoir été expérimentée. Là n’est donc pas la formule d’avenir.

C’est dans ces conditions que nous nous prenons à rêver aux temps où Jean Baptiste drainait les foules dans le désert en prêchant la venue d’un temps nouveau. Il instaurait une nouvelle route pour mener à Dieu qui consistait simplement à se laisser immerger dans l’eau en signe de purification des péchés. Il annonçait que Dieu allait se faire plus proche. Enfin l’espérance renaissait. Mais son discours était-il si différent des discours anciens ? Il savait bien, que différent dans la forme, son discours ne changeait rien dans le fond. La distance qui séparait les hommes de Dieu s’amenuisait mais restait bien réelle.

En fait Jean Baptiste n’apportait rien de vraiment nouveau et il le savait. Vêtu du même vêtement qu’Elie, le célèbre prophète de jadis, il redisait les mêmes paroles qu’autrefois : « Repentez-vous !» Il empruntait son discours à Esaïe, à Jérémie et à ceux qui avant lui avaient ressenti ce même besoin de nouveauté, mais malgré eux, les peuples étaient restés attachés aux rites anciens et les prophètes s’étaient trouvés les uns après les autres persécutés pour leurs audaces. Jean allait-il subir le même sort ?

Chaque génération avait apporté sa réponse et chaque génération avait fait le même constat. Les projets novateurs étaient rejetés tandis que Dieu semblait s’éloigner toujours un peu plus loin. Tous l’avaient constaté et tous s’étaient heurtés à ce refus du changement, comme si Dieu devait se confondre à jamais avec les rites immuables du passé.

Comme ses prédécesseurs, Jean Baptiste proposait un changement radical. Il proposait de dépasser les rites anciens pour faire place à autre chose. Mais en proposant cela, il savait qu’il ne faisait pas mieux que ceux qui étaient venus avant lui. Il savait qu’il était dans le provisoire et que le mouvement qu’il allait instaurer n’allait pas durer. A peine séduites par ses propos, les foules qui l’avaient suivi allaient se fatiguer. Il savait à l’avance que tout cela ne durerait qu’un temps, à moins que ce ne soit Dieu lui-même qui prenne les choses en main, c’est ce qu’il espérait.

Ce n’étaient pas les rites qui devaient changer, ce n’était pas un discours nouveau qui allait modifier les choses en profondeur. La nouveauté allait se faire dans un changement radical de relation avec Dieu. En fait Jean, comme les prophètes avant lui, comme la religion traditionnelle avait toujours conservé le même message. Son message contribuait à maintenir les hommes dans une relation de culpabilité avec Dieu. Ils devaient se repentir avant de songer à aller plus loin. Il était inhérent à chaque être humain de se sentir en faute vis-à-vis de Dieu et quoi que l’on fasse c’est ce sentiment qui toujours prévalait. Chacun de ceux qui avaient voulu changer les choses n’avait jamais osé dire autre chose.

Jean pressentait que c’était à ce changement qu’ il fallait désormais consacrer tous ses efforts. Mais il ne se sentait pas la capacité de le faire. Pourtant, il savait que c’est dans ce sens que Dieu voulait qu’aillent les choses. Il avait très vite réalisé qu’il devait préparer la voie à celui qui allait venir après lui, et qui avec audace proposerait un changement radical dans la relation des hommes avec Dieu.

Il avait touché du doigt le fait que la notion de culpabilité avait altéré depuis toujours la relation des hommes avec Dieu. C’était sur ce point que les choses devaient changer. Mais pour cela il fallait de l’audace. Il fallait laisser la place à Dieu lui-même, c’est pourquoi Jean a annoncé que c’est le saint Esprit qui allait désormais s’installer dans le cœur des hommes et agir en eux par l’intérieur. Mais comme Dieu ne parle pas sans que ce soit un homme qui porte sa parole, comme Dieu n’agit pas sans qu’un homme le fasse pour lui, Jean savait bien que ce serait un autre homme que lui qui serait chargé de déclencher cette révolution.

Jean Baptise avait compris que tout discours sur la repentance était dépassé avant même qu’il soit prononcé, il savait donc que le mouvement qu’il avait instauré n’allait pas durer mais qu’il serait bien vite obsolète. Une ère nouvelle s’ouvrait devant les hommes car Dieu leur parlerait cœur à cœur. Dieu ne tiendrait plus compte de leurs fautes pour se rendre accessible. Tant que les hommes se maintiendraient en face de Dieu dans une relation de pécheur en manque de pardon, ils resteraient dans l’insatisfaction d’eux-mêmes et les choses ne changeraient pas.

La faute commise, le sentiment de culpabilité, la sensation de ne jamais être capable de faire quelque chose de valable ne pouvait qu’altérer leur relation à Dieu. Ce sentiment d’insatisfaction rendait la religion triste et pesante. Il n’y aurait aucune possibilité de transformer la morosité des humains tant que ce lourd sentiment de la faute pèserait sur eux. Sans vraiment formuler toutes ces choses là, Jean Baptise avait bien senti qu’il fallait aller dans ce sens. Seul Dieu lui-même pouvait mener à bien une telle révolution et donner aux hommes la possibilité de vivre en vérité avec eux.

Le chemin était désormais ouvert à celui qui serait porteur d’une parole radicalement nouvelle, Il verrait en chaque homme un être aimé de Dieu sans tenir compte du poids de ses fautes, car Dieu aime les humains avant même qu’ils aient pris conscience de leurs erreurs. La certitude de son amour suffit à les disculper et à leur faire changer d’attitude, car l’amour supprime à lui seul les effets de la faute. Celui qui continue à penser que sa faute a plus de poids que l’amour de Dieu, sera toujours en manque. Il sera insatisfait de lui-même et ne pourra pas trouver la paix en lui, car en agissant ainsi il s’éloigne de Dieu.


« Ce projet est trop simpliste et trop facile ! » dira-t-on. Le croyez-vous ? Si Jean Baptise a vu la nécessité de le mettre en place, il a cependant compris que c’était au dessus de ses forces de le réaliser. Jésus, lui s’en est chargé. Pour le mettre en œuvre, il a compris qu’il fallait s’en prendre à la religion en place, elle promettait à ceux qui se repentaient de leurs fautes de leur ouvrir le chemin de Dieu. C’est encore ce que la plupart des religions proposent. Jésus proposait pour sa part, de mettre chaque homme en relation d’amour avec Dieu avant même de s’être repenti. Cette innovation était tellement révolutionnaire que Jésus en est mort pour l’avoir préconisée, et quiconque aujourd’hui la conteste contribue à le crucifier à nouveau.

1 commentaire:

Florence a dit…

Merci pour ce sermon que j'ai lu un peu vite mais vers lequel je reviendrai.