mercredi 14 décembre 2011

Ephésiens 3:2-6


Chétiens et Païens: dimanche 8 janvier 2012

1 A cause de cela, moi, Paul, le prisonnier de Jésus-Christ pour vous, les non-Juifs... 2 si du moins vous avez entendu parler de l'intendance de la grâce de Dieu qui m'a été accordée pour vous. 3 C'est par révélation que le mystère a été porté à ma connaissance, comme je viens de l'écrire en quelques mots. 4 En lisant cela, vous pouvez comprendre l'intelligence que j'ai du mystère du Christ. 5 Ce mystère n'avait pas été porté à la connaissance des fils des hommes dans les autres générations comme il a été révélé maintenant par l'Esprit à ses saints apôtres et prophètes : 6 à savoir que les non-Juifs ont un même héritage, sont un même corps et participent à la même promesse, en Jésus-Christ, par la bonne nouvelle 7 dont je suis devenu ministre, selon le don de la grâce de Dieu qui m'a été accordée par l'opération de sa puissance.

Si j’en crois l’apôtre Paul, païens et chrétiens, juifs et non juifs, croyants et incroyants ont une commune vocation qui leur vient de Dieu. L’Evangile de Jésus Christ les inscrit tous dans une même promesse. Mais est-il aussi facile de faire des distinctions significatives entre croyants et non croyants, chrétiens et païens. Le monde de pensée de nos contemporains est beaucoup plus confus que dans l’antiquité. Les uns se disent croyants, voire même pratiquants, mais quand ils formulent les caractéristiques de leur foi on n’y retrouve pas forcément la marque de l’espérance que Jésus Christ a voulu pour tous les hommes. Par contre cette espérance est parfois présente dans les propos de ceux qui se disent athées ou sans religion. Comment s’y retrouver ?

On est sans doute en droit de se demander où est la différence entre le monde des chrétiens et celui des païens sans être sûr d’y arriver. Les Chrétiens croient qu’ils trouvent en Jésus Christ le fondement de leur foi et de leur espérance ! Mais que de propos désabusés dans leurs rangs. Pourtant, si en théorie on repère assez bien les Chrétiens, les Païens sont plus difficiles à définir. Il y a bien sûr ceux qui se réclament d’une autre foi ou d’une autre spiritualité que la nôtre et qui s’appuient sur des révélations différentes. Sont-ils pour autant à classer parmi les païens ? En tous cas ils s’en défendent.

Il y a ceux qui disent croire en quelque chose, c’est une formule qui aujourd’hui fait tendance, sans savoir vraiment à quoi ils se réfèrent, mais ils se défendent de toute pratique religieuse. Sont-ils à classer parmi les païens ? Il y a aussi des gens qui se disent chrétiens et convaincus du salut en Jésus Christ mais qui mettent leur espérance dans leur fortune, dans leur parti politique, dans la technique, le savoir ou les sciences. Sont-ils encore chrétiens ou déjà païens ? Mais l’apôtre nous dit que tous sont les destinataires d’une même promesse.

Sans doute, ce n’est pas en raisonnant ainsi que nous découvrirons quelle est la bonne nouvelle pour le monde des païens sans vraiment savoir ce qui les caractérise. La bonne nouvelle qui les concerne, nous concerne aussi et dépasse tous les clivages que nous pourrions inventer. Cette bonne nouvelle nous la découvrirons dans le fondement de notre foi. Ce qui est fondamental pour nous et ce qui est porteur d’espérance doit l’être également pour tous les hommes. C’est donc dans cette direction que nous allons essayer de chercher.

En cette période de l’année, il est d’usage de formuler des vœux à l’intention des autres. Le vœu que tout le monde formule et sur lequel on insiste lourdement c’est celui de la bonne santé. Mais il me semble que ce souhait qui revient d’une manière récurrente cache une angoisse. Cette angoisse n’est pas seulement liée à la santé, elle est liée à l’espérance, ou plutôt au manque d’espérance que nous avons dans la vie. Nos contemporains, aujourd’hui, plus que jamais sont angoissés face à l’avenir et à la mort car ils ne savent pas ce qu’il y a derrière, ils ne savent plus ce que contient l’espérance chrétienne et faute de dire leur peur, ils la conjurent en imaginant qu’ils peuvent en faire reculer l’échéance en se maintenant en bonne santé.

Que les hommes soient inquiets, ce n’est pas nouveau. Cela semble même faire partie du fondement de la société humaine. Depuis que les hommes ont cherché à s’exprimer en décorant les murs de leurs cavernes, et en signant leurs œuvres de l’empreinte de leurs mains ils ont exprimés disent les spécialistes leurs angoisses métaphysiques. La relation avec les divinités les plus primitives est toute imprégnée d’angoisse. Depuis toujours le monde des humains a été habité par des divinités dont il fallait conjurer les sentiments hostiles pour vivre en bonne harmonie avec elles. Pourtant toute une partie du message biblique a contredit ces affirmations. Jésus a enseigné le contraire, et nous y reviendrons tout à l’heure. Mais l’enseignement de l’Eglise a été différent. La peur du jugement a hanté le haut Moyen Age, les Réformateurs n’ont pas levé l’angoisse, ils ont simplement déplacé le problème en insistant sur le poids du péché qui a éclipsé les promesses de la grâce. L’inquisition en a rajouté une couche en promettant l’enfer aux hérétiques, aux infidèles ou aux incroyants dont ils recevaient un avant goût dans les bûchers érigés à leur intention.

Pour conjurer les angoisses les hommes ont alors répondu par la rigidité de la morale, ou par des pratiques religieuses qui devenaient contraignantes sous prétextes d’être libératrices. Certes Jésus n’avait pas voulu cela, il était présenté comme un libérateur des angoisses, mais les hommes ont continué à cultiver la crainte comme par atavisme.

Le monde où nous vivons ne s’est pas forcément appuyé sur son enseignement. Pour exorciser ses peurs il a chassé Dieu de son univers mais la peur est restée. Nous continuons à nous donner l’illusion de croire que la science et la technique vont permettre de surmonter tous les obstacles mais force nous est donnée de constater que l’homme ne maîtrise pas l’avenir. Il s’affirme comme un technicien prodigieux, mais il ne maîtrise pas l’avenir. Cela ne rassure personne. Il se trouve impuissant devant des virus dont il ne sait pas contrôler les mutations. Il visite les astres lointains mais il est incapable de vérifier s’il ne les contamine pas par ses propres bactéries. Pour maintenir un confort chèrement acquis il compromet l’avenir de la planète si bien que l’humanité a toujours peur.

Si les dieux, qui n’en faisaient qu’à leur guise ont été remplacés aux commandes du monde par les hommes rien de pourtant fondamental n’a vraiment changé. Et pourtant tout doit changer affirmait Jésus.

Si vous ne changez pas disait-il à ceux qui étaient à ses côtés vous mourrez tous. C’est par ces mots qu’il commentait un événement de la vie quotidienne. Une tour venait de s’effondrer tel le toit d’un supermarché surchargé de neige. Malgré ses propos provoquants son discours était plein d’espérance parce qu’il était lié à la nécessité d’un changement profond dans la vie intérieure des hommes. Ce changement était l’œuvre de Dieu, ce même Dieu dont l’Ecriture rendait témoignage mais que les hommes méconnaissaient et continuent sans doute à méconnaître.

Il parlait d’un Dieu qui venait vers les hommes et qu’il reconnaissait comme son Père. Il prétendait qu’il donnait du sens à ce monde, malgré les apparences. Jésus faisait ainsi une relecture des Ecritures et grâce à elle il constatait que depuis Moïse, et même avant lui Dieu était venu vers les hommes comme celui qui habite les forces de vie du monde. Il soufflait sur les humains un esprit qui leur donnait de l’énergie. Dieu se servait du génie de chacun pour donner du sens à ses projets. Si Moïse n’avait pas été habité par ce souffle, si son peuple ne l’avait pas reçu comme porteur d’une grâce venue de Dieu, les Hébreux seraient encore tous en Egypte en train de casser des cailloux ou de faire des briques. Dieu vient ainsi donner de l’espérance à des hommes sur qui il envoie son esprit pour la réaliser !.

A la suite de Jésus, l’Evangile affirme que tous les hommes ont la possibilité de se placer sous le souffle de Dieu pour qu’il les habite et les transforme. Païens et incroyants, fidèles et pêcheurs, Dieu leur permet de se laisser porter par lui pour donner du sens à l’avenir qu’il veut que nous construisions avec lui. Nous reconnaissons l’esprit de Dieu dans la puissance de vie qu’il communique à tous. Jésus nous enseigne à le repérer dans les valeurs d’amour qu’il met en nous

Si vous croyez que l’esprit de Dieu vous remplit d’éternité sans que la mort ne vous atteigne, si vous croyez que Dieu vient habiter les projets de tous ceux qui se sentent responsables, si vous croyez que Jésus a balisé le chemin de l’espérance en défiant la mort , alors, vous cesserez de regarder votre propre vie avec inquiétude, vous cesserez d’avoir peur pour l’avenir du monde et vous goûterez de la résurrection avant même que la mort ne vous touche de son aile.

Cette espérance, offerte à tous vous est donnée, mais elle doit se construire jour après jour. On ne peut la vivre vraiment qu’en partageant l’intimité de Dieu dans la prière et l’écoute de la parole, mais ça, c’est un autre chapitre.


Les illustrations sont de Hélène Serre pour les épîtres de Paul

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