mercredi 18 janvier 2012

Marc 1 :40-45


Jésus guérit un lépreux: dimanche 12 février 2012
40 Un lépreux vient à lui et, se mettant à genoux, il le supplie : Si tu le veux, tu peux me rendre pur. 41 Emu, il tendit la main, le toucha et dit : Je le veux, sois pur. 4 2Aussitôt la lèpre le quitta ; il était pur.43 Jésus, s'emportant contre lui, le chassa aussitôt 44 en disant : Garde-toi de rien dire à personne, mais va te montrer au prêtre, et présente pour ta purification ce que Moïse a prescrit ; ce sera pour eux un témoignage. 45 Mais lui, une fois parti, se mit à proclamer la chose haut et fort et à répandre la Parole, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville. Il se tenait dehors, dans les lieux déserts, et on venait à lui de toutes parts.

Vous souvient-il du jour où vous avez réalisé que vous croyiez en Dieu ? Il n’est pas rare que nous fassions le point sur les événements qui ont marqué notre éveil à la foi, car nous ne sommes pas toujours satisfaits des suites que nous leur avons données. Ce ne fut certainement pas simple de découvrir que nous étions en contact avec une réalité nouvelle qu’on appelle Dieu. Nous avons découvert, qu’en nous, ou à côté de nous, nous ne saurions vraiment pas le dire, il y avait cette présence de Dieu qui nous était nécessaire et à qui nous donnions le visage de Jésus. Il n’est pas évident de découvrir que l’on croit en Dieu dans un monde qui l’ignore grandement et de ressentir que nous avons besoin de lui alors qu’autour de nous on s’en passe très bien.

Dans le secret de notre vie, il nous arrive donc de repenser aux étapes qui nous ont amenés à la foi. C’est une expérience que nous pouvons difficilement partager avec les autres, car chacun a son histoire et notre histoire ne ressemble à celle de personne. Il se peut que la foi ait brutalement jailli en nous au point de nous jeter à terre dans un moment d’intense émotion religieuse, comme ce fut le cas pour John Wesley (1). Pour d’autres ce fut une longue réflexion qui lentement a pris possession de leur esprit et qui a finalement mobilisé toute leur personne, si bien qu’ ils se trouvèrent implicitement mobilisés par un dynamisme nouveau. Il nous faut aussi rappeler l’expérience de ceux qui considèrent qu’ils ont été au bénéfice d’un miracle, c'est-à-dire d’une démarche particulière de Dieu dans leur direction.

Beaucoup ont connu des moments semblables à ceux qui viennent d’être évoqués. Parfois ce furent d’autres expériences ou le mélange de plusieurs.

Pourtant, avec le temps, la foi semble s’user. A force d’habitude elle s’affadit. Comment pourrait-il en être autrement quand on vit dans une société où l’expression de la foi est sensée se faire discrète et où le nom de Dieu n’est jamais officiellement mentionné si bien qu’on finit par le tourner en dérision d’une odieuse façon, comme on le fait à Noël. Un tel état de fait se répercute dans nos églises au point qu’on peut se demander si leur avenir n’est pas menacé.

Comme toujours, c’est en se tournant vers la Bible et en interrogeant les Ecritures que l’on espère trouver la bonne réponse. On pense ainsi découvrir comment on peut se servir de notre propre expérience spirituelle pour aider les autres à découvrir en eux-mêmes la trace de Dieu qui y est déjà inscrite.

En fait de bonne réponse, le texte que nous avons lu nous dit surtout ce qu’il ne faut pas faire. Il nous apporte un contre enseignement, comme si Jésus, ayant dénoncé le côté négatif de notre spontanéité, confiait à notre seule sagacité le soin de trouver la bonne attitude.

Ici nous avons le récit d’un homme, qui du fait de sa maladie, se trouve exclu de la compagnie des humains à cause du risque de contagion. Cette exclusion, les hommes de son temps en ont fait un principe religieux, basé sur la règle du « pur et de l’impur ». Ce qui leur donne bonne conscience pour enfermer ces malheureux malades de la lèpre dans l’univers morbide de l’exclusion. Comment la foi pourrait-elle trouver son chemin dans une telle ambiance de mise à l’écart et de mort ?

Par l’intervention de Jésus, l’homme redevient apte à vivre en société. Il peut désormais rejoindre sa famille, trouver du travail, redevenir un homme normal et fréquenter à nouveau les lieux de culte. Même si Jésus ne veut pas qu’il parle de son aventure, celui-ci se met à en parler autour de lui au point que la renommée qui se répand empêche toute autre forme de ministère que celui de la guérison.

Jésus avait pour mission de parler de Dieu et de libérer les gens perturbés par l’angoisse que produit la séparation d’avec Dieu. Du fait de cette publicité malencontreuse, il se trouve réduit à la fonction de guérisseur, à tel point que son message en est altéré et que son ministère en devient impossible ! Que faut-il faire alors ? Ne pas parler de sa conversion ? Ne pas dire comment Jésus a transformé notre vie ? Jésus ne répond pas. Il nous renvoie à notre propre sagesse afin de découvrir comment s’y prendre.

Ici le malade guéri ne prend pas le temps d’analyser ce qui s’est passé en lui. Il ne se demande même pas par quel phénomène spirituel, médical ou psychologique sa guérison a pu se produire. Il ne va même pas faire constater son nouvel état aux prêtres qui seuls ont le pouvoir de lui permettre de rejoindre la société des humains. Il crie au miracle et attire l’attention sur lui. C’est ici que réside une partie du problème. En racontant à tout le monde le miracle au bénéfice duquel il a trouvé la guérison, il détourne l’attention vers lui et celui qui a opéré le miracle est réduit au rang de guérisseur et non plus de témoin de la puissance divine. C’est celui qui recouvre la santé qui devient intéressant, et les gens ne s’intéressent à Jésus que pour être guéris à leur tour.

Dans ce récit, il y a comme une confiscation de la gloire qui devrait revenir à Dieu et qui revient à l’homme guéri autour de qui se rassemblent les foules. Le but de Jésus n’était pas d’en arriver là. Par son geste il voulait signifier l’emprise de Dieu sur le mal et montrer qu’il était le maître de la vie. Peine perdue. C’est tout autre chose qui se produit.

C’est l’expérience intérieure qui aurait amené le malade à la foi qui nous intéresse mais le malade ne manifeste aucunement une démarche de foi! Nous ne sommes pas plus avancés ! Nous avons seulement constatés en commençant que si on ne parlait pas de nos expériences religieuses notre foi risquait de s’affadir et d’altérer notre dynamisme. Par contre si nous en parlons nous risquons de focaliser l’intérêt sur nous-mêmes au détriment de Dieu qui ne trouvera pas son compte dans notre égocentrisme.

En fait, ce n’est pas à cause de notre parole sur nous-mêmes que les gens se tourneront vers Dieu, mais c’est au contact de la puissance de vie qui est en nous que ceux qui nous approchent trouveront, peut être, le chemin de Dieu. C’est en effet ce chemin que Dieu empruntera pour venir vers eux. Ce n’est pas par notre parole humaine qui deviendrait tout à coup parole de Dieu que les hommes viendront à Dieu. Quelle prétention de notre part ! Mais c’est la vie que Dieu a éveillée en nous qui deviendra l’instrument par lequel Dieu pourra éclairer la vie des autres.

Ne dit-on pas que nous portons en nous la trace de Dieu ? Même les milieux scientifiques s’en mêlent aujourd’hui et prétendent que si on excite nos lobes frontaux d’une certaine manière, on pourra déclencher le phénomène de la foi puisque c’est là que serait le siège de la spiritualité. Les questions sur la spiritualité ou la recherche de Dieu sont des thèmes qui intéressent nos contemporains mais c’est l’atmosphère de nos églises qui les rebute, telle la maison où Jésus se trouve assiégé par ceux qui l'occupent comme il est dit plus loin. Ce n’est pas leur message qui est mal perçu, c’est la manière dont elles le donnent qui a besoin de nouveauté.

Nous avons trop tendance à culpabiliser les hommes en leur disant ce qu’ils doivent faire alors qu’ils espèrent seulement une marque de la tendresse de Dieu qui les rejoindrait dans la bousculade de leur vie. Nous n’avons pas de leçon à donner aux hommes, mais nous avons de la joie, de l’amour et de l’espérance à leur communiquer pour qu’ils puissent les intégrer dans leur vie aussi bancale soit-elle.

Jésus ne nous demande pas de faire le travail à sa place. Il ne nous demande pas davantage, de gérer le monde en son nom et de lui imposer nos lois et notre morale. Il nous demande par contre de rendre témoignage de l’espérance qu’il a mise en nous et de manifester de l’appétit pour la vie en la favorisant de toutes les manières possibles, car seule la vie est porteuse d’avenir.

(1) Réformateur anglais, fondateur de l’Eglise Méthodiste.

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