
La Tentation
Marc 1/ 12-15
12 Aussitôt l'Esprit le chasse au désert. 13 Il passa quarante jours dans le désert, mis à l'épreuve par le Satan. Il était avec les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
14 Après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée ; il proclamait la bonne nouvelle de Dieu 15 et disait : Le temps est accompli et le règne de Dieu s'est approché. Changez radicalement et croyez à la bonne nouvelle.
dimanche 26 février 2012
Marc 1/ 12-15
12 Aussitôt l'Esprit le chasse au désert. 13 Il passa quarante jours dans le désert, mis à l'épreuve par le Satan. Il était avec les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
14 Après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée ; il proclamait la bonne nouvelle de Dieu 15 et disait : Le temps est accompli et le règne de Dieu s'est approché. Changez radicalement et croyez à la bonne nouvelle.
Apparemment, le désert est un univers que nous connaissons bien.
Pour la plupart d’entre nous notre existence se déroule dans une sorte de désert, tant notre vie semble aussi uniforme que l’immensité des sables. Nous évoluons, à quelques exceptions près dans un univers où tout se ressemble. Les humains sont occupés à faire des travaux qui se ressemblent, que ce soit au bureau, à l’usine ou dans les champs, rien ne les distinguent vraiment de ceux qui pratiquent la même activité. La plupart fréquentent les mêmes restaurants ou les mêmes supermarchés. Ils lisent les mêmes journaux gratuits en allant au bureau dans des autobus ou des métros semblables. Les rues de nos villes sont remplies aux mêmes heures de gens qui font la même chose. Et quand les rues sont vides, ceux qui les remplissaient quelques heures au paravent sont dans leurs maisons en train de faire des choses semblables.
Chacun à sa manière a l’impression de traverser le même désert en compagnie des mêmes personnes avec qui ils établissent de pauvres relations de voisinage qui les confortent dans leur impression de solitude au milieu de leurs semblables. Les soucis des uns sont les mêmes que les soucis des autres et la télévision s’emploie à faire de tous ceux qui la regardent aux mêmes heures des hommes et des femmes dont le seul intérêt est de vibrer aux aléas de la vie des héros des mêmes feuilletons. Même leurs enfants jouent avec les mêmes jeux vidéo sur les mêmes consoles
Voici brossé à gros traits le désert quotidien de millions d’individus dont nous partageons le destin. Dans ces existences où les soucis des uns ressemblent aux préoccupations des autres, chacun est à l’affût d’une oasis d’espérance qui ne ressemblerait pas à celle des autres. Chacun s’efforce alors de cultiver une enclave de vie privée qui n’aurait pas le même intérêt que celle de son voisin. C’est ainsi que chacun marque son intérêt pour l’art, la science, le sport, les projets de vacances, ce qui lui permet d’échapper à la banalité du désert commun.
Nous irons bien évidemment jusqu’à penser que la foi ou la religion font sans doute partie de ces jardins privés qui nous distinguent de nos voisins. Il est confortable alors de considérer que notre paroisse ou notre église tient lieu d’asile hors du monde où notre âme peut s’épanouir en toute quiétude.
Cette traversée du désert décrite ici sans complaisance ne ressemble sans doute pas à celle de Jésus qui est évoquée au début de l’Evangile de Marc quand il fut tenté par le diable ! Quoi que, en beaucoup de points la tentation qu’il est sensé avoir subie ressemble à celles qui nous guettent. En effet si notre désert personnel n’est apparemment pas un lieu de tentation, tant il ressemble à celui du voisin, ce sont nos oasis, nos lieux de refuge qui pourraient appartenir à l’univers de la tentation.
La tentation consiste pour nous à chercher des lieux de refuge à l’écart des autres. Il s’agit de chercher des lieux de confort où seuls les privilégiés de notre choix peuvent nous rejoindre. Notre église en fait partie ! Nous nous trouvons bien dans nos paroisses. Nous les critiquons avec satisfaction parce qu’elles ne sont pas assez ouvertes au monde, mais n’est-ce pas justement l’objet de notre critique qui nous convient le mieux? Confortablement installés dans notre vie religieuse, nous déplorons, sans la souhaiter vraiment l’absence des foules, tant nous nous complaisons à être entre nous. Nous déplorons apparemment l’absence des jeunes, mais tant mieux s’ils ne sont pas là avec leurs idées nouvelles et leurs musiques que l’on comprend mal. Nous sommes heureusement conscients d’appartenir à une élite spirituelle où ceux qui ne font pas la même démarche de foi que nous n’auront aucune chance de nous rejoindre.
Une des tentations de Jésus fut sans doute apparentée à celle que nous venons de décrire. A la différence des autres Evangiles, Marc ne dit pas quelles furent les tentations de Jésus, libre à nous de les imaginer semblables aux nôtres. L’Evangile de Marc nous décrit cependant ce même confort spirituel dont aurait pu profiter Jésus. Son baptême et la voix qui se fit entendre l’ont sans doute conforté dans la certitude que Dieu l’avait mis à part et le destinait à vivre hors des courants populaires. Sa prédication laisse entendre qu’il devait les transformer, mais le pouvait-il ?

Jésus apportait une nouvelle forme de religion basée sur le « culte en esprit » qui appelait une démarche de conversion pour ceux qui le suivaient. Il fallait qu’ils naissent de nouveau ! Ne disait-il pas que Dieu attendait chacun dans le secret de son cœur, encore fallait-il avoir la capacité de le faire ! Comment les gens du peuple, après quinze heures de travail par jour auraient-ils pu le rejoindre dans cette voie là ? Jésus ne préconisait-il pas une religion élitiste, dans un univers juif qui se considérait déjà comme un peuple élu, mis à part ?
La tentation était grande de faire des amis de Jésus un peuple à part au milieu de la masse des juifs et de distinguer sa nouvelle secte comme supérieure aux autres, supérieure à celle des pharisiens en particulier. Une telle tentation ne fut-elle pas celle des chrétiens de la première génération par rapport aux juifs ? Ne lit-on pas cela quelque part chez Paul ? Plus tard, ne retrouvera-t-on pas ce même comportement chez les protestants par rapport aux catholiques ?
Plus nous nous sentons proches de Dieu, plus nous avons le sentiment d’être en adéquation avec lui, plus grande est la tentation de nous croire mis à part pour servir d’exemple aux autres ! Mais le danger véritable de cette situation, c’est que ce soit le diable qui nous rejoigne dans notre refuge de pureté. En effet, si Jésus a été tenté de s’enfermer dans le cercle privilégié de ses disciples, il s’est bien vite séparé de ce lieu d’enfermement où les apôtres cherchaient à le maintenir. Ils ont du descende avec lui de la colline de la transfiguration et le suivre sur les routes de Palestine, là où les déserts humains sont faits de pleurs et de souffrances. C’est alors qu’il a croisé toutes sortes de malades, toutes sortes de païens en quête de vérité. Ils ont même croisé des morts sur leur chemin. A tous il donnait vie et ouvrait une perspective d’espérance.
Certes à tous ces meurtris du voyage, il savait parler de foi, de conversion et de vie de l’esprit et de vie intérieure. Ces gens comprenaient, et beaucoup se convertissaient et changeaient leur vie. Plus tard, ce ne sont pas ces gens là qui ont voulu sa mort, mais ceux qui auraient du être le plus accessibles à ses paroles, ceux qui déjà s’étaient séparés pour prendre place dans leurs propres déserts, loin des foules pour vivre dans leurs oasis de séparés. C’étaient les pharisiens, les saducéens et bien autres.
Quand Jésus parlait de pardon à ces petites gens qui le suivaient, il signifiait que le jugement final avait déjà été prononcé et qu’ils étaient graciés. Quand il parlait de partage, il commençait par partager ses provisions à lui, c’est pourquoi on a crié au miracle, et qu’on l’a raconté de manière merveilleuse, comme à la multiplication des pains. Quand il parlait d’espérance, Jésus espéraient que ses paroles auraient un effet immédiat, que les bourses allaient se délier et que des conversions vers une société plus juste allaient se produire effaçant les inégalités sociales.
Sa parole avait beau prendre les accents de la parole de Dieu, elle n’était pas suivie d’effet. Sa parole visait à ouvrir les portes de tous les confortables refuges spirituels, mais il savait que le miracle ne se produirait vraiment que s’il payait de sa personne en mourant pour ses idées. C’est alors que sa parole deviendrait parole de vie et parole de Dieu tout à la fois.
La mort même cesserait d’être l’étape ultime de l’existence, car en livrant sa vie aux mains des hommes, il recevait ainsi que tous ses amis, une vie éternelle que seul Dieu sait donner.
Ce ne sont donc pas les déserts humains de nos sociétés modernes qui sont les lieux de tentation pour ceux qui cherchent Dieu aujourd’hui, ce sont les lieux où la chaleur spirituelle risque de nous maintenir à l’écart des chemins que suivent les foules en manque de Dieu. Le défi qui nous est posé aujourd’hui est de convertir nos Eglises en lieu d’espérance où il fait bon vivre en compagnie de Dieu et des hommes sans qu’elles soient menacées de disparaître dans l’anonymat du désert humain où nous vivons. J’ai plaisir à constater que c’est dans cette direction que nous poussent nos synodes ainsi que les réflexions de ceux qui nous dirigent.

Chacun à sa manière a l’impression de traverser le même désert en compagnie des mêmes personnes avec qui ils établissent de pauvres relations de voisinage qui les confortent dans leur impression de solitude au milieu de leurs semblables. Les soucis des uns sont les mêmes que les soucis des autres et la télévision s’emploie à faire de tous ceux qui la regardent aux mêmes heures des hommes et des femmes dont le seul intérêt est de vibrer aux aléas de la vie des héros des mêmes feuilletons. Même leurs enfants jouent avec les mêmes jeux vidéo sur les mêmes consoles
Voici brossé à gros traits le désert quotidien de millions d’individus dont nous partageons le destin. Dans ces existences où les soucis des uns ressemblent aux préoccupations des autres, chacun est à l’affût d’une oasis d’espérance qui ne ressemblerait pas à celle des autres. Chacun s’efforce alors de cultiver une enclave de vie privée qui n’aurait pas le même intérêt que celle de son voisin. C’est ainsi que chacun marque son intérêt pour l’art, la science, le sport, les projets de vacances, ce qui lui permet d’échapper à la banalité du désert commun.
Nous irons bien évidemment jusqu’à penser que la foi ou la religion font sans doute partie de ces jardins privés qui nous distinguent de nos voisins. Il est confortable alors de considérer que notre paroisse ou notre église tient lieu d’asile hors du monde où notre âme peut s’épanouir en toute quiétude.
Cette traversée du désert décrite ici sans complaisance ne ressemble sans doute pas à celle de Jésus qui est évoquée au début de l’Evangile de Marc quand il fut tenté par le diable ! Quoi que, en beaucoup de points la tentation qu’il est sensé avoir subie ressemble à celles qui nous guettent. En effet si notre désert personnel n’est apparemment pas un lieu de tentation, tant il ressemble à celui du voisin, ce sont nos oasis, nos lieux de refuge qui pourraient appartenir à l’univers de la tentation.
La tentation consiste pour nous à chercher des lieux de refuge à l’écart des autres. Il s’agit de chercher des lieux de confort où seuls les privilégiés de notre choix peuvent nous rejoindre. Notre église en fait partie ! Nous nous trouvons bien dans nos paroisses. Nous les critiquons avec satisfaction parce qu’elles ne sont pas assez ouvertes au monde, mais n’est-ce pas justement l’objet de notre critique qui nous convient le mieux? Confortablement installés dans notre vie religieuse, nous déplorons, sans la souhaiter vraiment l’absence des foules, tant nous nous complaisons à être entre nous. Nous déplorons apparemment l’absence des jeunes, mais tant mieux s’ils ne sont pas là avec leurs idées nouvelles et leurs musiques que l’on comprend mal. Nous sommes heureusement conscients d’appartenir à une élite spirituelle où ceux qui ne font pas la même démarche de foi que nous n’auront aucune chance de nous rejoindre.
Une des tentations de Jésus fut sans doute apparentée à celle que nous venons de décrire. A la différence des autres Evangiles, Marc ne dit pas quelles furent les tentations de Jésus, libre à nous de les imaginer semblables aux nôtres. L’Evangile de Marc nous décrit cependant ce même confort spirituel dont aurait pu profiter Jésus. Son baptême et la voix qui se fit entendre l’ont sans doute conforté dans la certitude que Dieu l’avait mis à part et le destinait à vivre hors des courants populaires. Sa prédication laisse entendre qu’il devait les transformer, mais le pouvait-il ?

Jésus apportait une nouvelle forme de religion basée sur le « culte en esprit » qui appelait une démarche de conversion pour ceux qui le suivaient. Il fallait qu’ils naissent de nouveau ! Ne disait-il pas que Dieu attendait chacun dans le secret de son cœur, encore fallait-il avoir la capacité de le faire ! Comment les gens du peuple, après quinze heures de travail par jour auraient-ils pu le rejoindre dans cette voie là ? Jésus ne préconisait-il pas une religion élitiste, dans un univers juif qui se considérait déjà comme un peuple élu, mis à part ?
La tentation était grande de faire des amis de Jésus un peuple à part au milieu de la masse des juifs et de distinguer sa nouvelle secte comme supérieure aux autres, supérieure à celle des pharisiens en particulier. Une telle tentation ne fut-elle pas celle des chrétiens de la première génération par rapport aux juifs ? Ne lit-on pas cela quelque part chez Paul ? Plus tard, ne retrouvera-t-on pas ce même comportement chez les protestants par rapport aux catholiques ?
Plus nous nous sentons proches de Dieu, plus nous avons le sentiment d’être en adéquation avec lui, plus grande est la tentation de nous croire mis à part pour servir d’exemple aux autres ! Mais le danger véritable de cette situation, c’est que ce soit le diable qui nous rejoigne dans notre refuge de pureté. En effet, si Jésus a été tenté de s’enfermer dans le cercle privilégié de ses disciples, il s’est bien vite séparé de ce lieu d’enfermement où les apôtres cherchaient à le maintenir. Ils ont du descende avec lui de la colline de la transfiguration et le suivre sur les routes de Palestine, là où les déserts humains sont faits de pleurs et de souffrances. C’est alors qu’il a croisé toutes sortes de malades, toutes sortes de païens en quête de vérité. Ils ont même croisé des morts sur leur chemin. A tous il donnait vie et ouvrait une perspective d’espérance.
Certes à tous ces meurtris du voyage, il savait parler de foi, de conversion et de vie de l’esprit et de vie intérieure. Ces gens comprenaient, et beaucoup se convertissaient et changeaient leur vie. Plus tard, ce ne sont pas ces gens là qui ont voulu sa mort, mais ceux qui auraient du être le plus accessibles à ses paroles, ceux qui déjà s’étaient séparés pour prendre place dans leurs propres déserts, loin des foules pour vivre dans leurs oasis de séparés. C’étaient les pharisiens, les saducéens et bien autres.
Quand Jésus parlait de pardon à ces petites gens qui le suivaient, il signifiait que le jugement final avait déjà été prononcé et qu’ils étaient graciés. Quand il parlait de partage, il commençait par partager ses provisions à lui, c’est pourquoi on a crié au miracle, et qu’on l’a raconté de manière merveilleuse, comme à la multiplication des pains. Quand il parlait d’espérance, Jésus espéraient que ses paroles auraient un effet immédiat, que les bourses allaient se délier et que des conversions vers une société plus juste allaient se produire effaçant les inégalités sociales.
Sa parole avait beau prendre les accents de la parole de Dieu, elle n’était pas suivie d’effet. Sa parole visait à ouvrir les portes de tous les confortables refuges spirituels, mais il savait que le miracle ne se produirait vraiment que s’il payait de sa personne en mourant pour ses idées. C’est alors que sa parole deviendrait parole de vie et parole de Dieu tout à la fois.

Ce ne sont donc pas les déserts humains de nos sociétés modernes qui sont les lieux de tentation pour ceux qui cherchent Dieu aujourd’hui, ce sont les lieux où la chaleur spirituelle risque de nous maintenir à l’écart des chemins que suivent les foules en manque de Dieu. Le défi qui nous est posé aujourd’hui est de convertir nos Eglises en lieu d’espérance où il fait bon vivre en compagnie de Dieu et des hommes sans qu’elles soient menacées de disparaître dans l’anonymat du désert humain où nous vivons. J’ai plaisir à constater que c’est dans cette direction que nous poussent nos synodes ainsi que les réflexions de ceux qui nous dirigent.
Voir aussi cet autre sermon pour le 18 février 2018
Marc 1 : 12-15
12 Aussitôt l’Esprit pousse [Jésus] au désert.
13 Il est dans le désert quarante jours, tenté par le
Satan.
Et il est avec les bêtes sauvages et les anges le servent.
Et il est avec les bêtes sauvages et les anges le servent.
14 Après que Jean ait été livré, Jésus vient dans la
Galilée.
Il proclame l’Évangile de Dieu.
Il proclame l’Évangile de Dieu.
15 Il dit:
Le temps est accompli! Le Règne de Dieu est proche.
Convertissez-vous et ayez foi dans le message du bonheur.
Le temps est accompli! Le Règne de Dieu est proche.
Convertissez-vous et ayez foi dans le message du bonheur.
Tout
commence dans le désert ! C’est là
que les esclaves Hébreux s’organisèrent sous la conduite de Moïse et formèrent
un peuple libre. Depuis ce moment là,
cet épisode du désert, a été régulièrement évoqué par les écrivains bibliques
pour rappeler que ce moment figure comme
une des époques fondatrices de l’histoire du peuple Hébreu (Osée 2/16) . La relation avec Dieu se faisait cœur à cœur et ils partageaient
avec lui avec lui la même vérité.
Abraham,
ce grand Seigneur du désert y construisit sa personnalité et y trouva, loin de son clan familial la liberté
de s’entretenir face à face avec Dieu qui en fit son ami. Bien plus tard, c’est
au désert que Jésus se réfugiait pour prier et recevoir de Dieu l’inspiration
et l’énergie dont il avait besoin pour poursuivre sa journée au contact des
humains ses semblables.
Certes,
pour le lecteur familier des Évangiles, le désert est le lieu de la tentation
de Jésus. C’est là qu’il affronta le diable et où il eut raison de lui. C’est
également au désert que nous avons à notre tour à affronter le tentateur. Quand
nous nous croyons bien protégés par la présence de Dieu, c’est à ce moment là
qu’il nous attaque sournoisement. C’est en effet, quand nous nous croyons sous
la protection bienveillante de Dieu que nous devenons le plus vulnérable à la tentation et que nous devons
mener un combat contre nous-mêmes pour laisser Dieu prendre possession de ce
que nous sommes.
Nous
oublions trop souvent que pour laisser Dieu agir en nous, nous devons mener un
combat contre nous-mêmes. Il est en effet trop facile de croire que c’est Dieu
qui mène le combat à notre place et que
nous n’avons qu’à le laisser faire. Il est trop facile de penser que Dieu va
nous libérer de tout ce qui est mauvais en nous et que c’est lui qui mène la bagarre alors que
nous n’avons plus rien à faire.
Certes,
Dieu donne force et énergie, il stimule
notre volonté, il crée en nous le désir de nos surpasser, mais il n’empêche
pas, celui qui face à lui
nous attaque à visage caché de nous éprouver. C’est lui qui se dissimule derrière les hasards de la vie.
C’est ainsi que nous sommes pris au dépourvu par l’accident imprévu, la maladie sournoise, les
revers de fortune. Il se sert du fatalisme pour nous dire que c’était la
volonté de Dieu, et c’est de cette manière qu’il fait naître en nous le doute
et qu’il nous provoque pour mettre en
cause notre foi.
Le doute,
agit en nous comme cette voix redoutable
qui s’appuie sur la toute puissance de
Dieu pour mettre en cause son amour. Si nous
éprouvons du chagrin et que nous nous sentons malheureux, c’est que l’amour de Dieu ne serait pas assez
fort et si Dieu a capacité
d’intervenir et qu’il ne le fait pas,
c’est que son amour n’est pas la
dominante de son action. La tentation
consiste donc à mettre Dieu en cause et de nier sa capacité à réellement agir en
nous.
Mais en
fait où nous est-il dit que Dieu ferait de nous des privilégiés
capables de surmonter victorieusement tous les obstacles de la vie ? S’il le
faisait, l’histoire du monde serait différente et l’homme serait un être sans
personnalité propre, incapable d’agir et de réagir. En fait, Dieu ne s’oppose pas à la création dont il est
le maître et n’invente pas de nouvelles règles de fonctionnement à chaque prière qu’il serait appelé à exaucer. Si c’était le cas, s’il arrêtait les inondations ou intervenait contre la sécheresse c’est que
l’homme serait devenu le maître de Dieu et que Dieu interviendrait à sa
discrétion.
C’est
maintenant, à la suite de ces quelques remarques que Dieu prend son vrai visage. Nous devons alors
constater que si Dieu ne change rien à l’ordre de fonctionnement du monde, et
que nous continuons cependant à croire en lui, c’est qu’il reste, vis-à-vis de
nous, cette puissance qui donne du sens à tout ce qui existe sur terre. Nous constatons
alors qu’il y a en lui une capacité d’inciter les hommes à faire évoluer les choses pour le mieux être de chacun. C’est cette
qualité qui le caractérise et par
laquelle il reste en contact avec tout être pensant que nous appelons
l’amour.
L’amour
nous apparaît alors comme cette faculté mystérieuse que Dieu a de répandre sur tous
les êtres pensants, le désir d’aimer les autres. C’est elle qui nous pousse à éprouver de l’intérêt pour
autrui. C’est ainsi que se manifeste son
action sur les hommes. C’est par elle qu’il influe sur nous et qu’il devient
notre inspirateur. Il y a donc une
force qui émane de Dieu et qui nous pousse à faire le bien, mais en même temps
cette force est confrontée à d’autres
forces, que nous subissons et qui agissent en nous. Elles s’opposent
à ce désir de vouloir du bien
aux autres et nous rendent
sourds aux pulsions d’amour qui nous viennent de Dieu. Nous sommes ainsi continuellement
mis au défi d’agir dans un sens ou de faire
son contraire.
Le combat
que nous menons contre ces forces qui nous entraînent à faire le contraire de
ce que nous désirons se passe dans notre
désert intérieur. Nous sommes continuellement tentés de leur résister et continuellement tiraillés par le désir de
les laisser faire et de croire que faute d’être efficace en nous, l’esprit de
Dieu sera efficace sur d’autres.
Inutile
d’en rajouter, chacun sait bien ce qui se passe à l’intérieur de lui-même et
quel crédit il accorde aux forces qui s’affrontent en lui. Pour les combattre
efficacement, Jésus se réfugiait dans le désert
au petit matin pour prier, c'est-à-dire pour permettre aux forces
d’amour que Dieu déverse sur tous les
humains d’avoir un effet positif sur lui, car ces forces, pour être efficaces
doivent recevoir de Dieu qui les inspire la même autorité que
celle que pourrait avoir un Père sur
nous. C’est pourquoi Jésus appelle Père celui qui le rend capable
de bien faire.
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