Ezéchiel - Chapelle Sixtine |
Ezéchiel 18 :21-32 dimanche 1 juillet 2012
21« Si un méchant renonce à ses mauvaises
actions, s'il se met à obéir à mes règles et à agir conformément au droit et à
la justice, il n'aura pas à mourir, assurément il vivra. 22Tous ses torts seront
oubliés et il vivra grâce au bien qu'il pratique. 23Pensez-vous que j'aime voir
mourir les méchants ? Je vous le déclare, moi, le Seigneur Dieu, tout ce
que je désire, c'est qu'ils changent de conduite et qu'ils vivent. 24Par contre, si un homme
juste renonce à se conduire bien, s'il se met à agir de manière aussi
abominable que les méchants, pensez-vous qu'il pourra vivre ? Sûrement
pas ! Toutes ses bonnes actions seront oubliées. Il mourra à cause de son
infidélité et du mal qu'il commet. 25Vous dites : “Le Seigneur va trop
loin ! ” Écoutez-moi bien, vous, les Israélites : Est-ce moi qui vais
trop loin ? N'est-ce pas plutôt vous qui passez les bornes ? 26Si un homme juste renonce à
se conduire bien, agit mal et meurt, il meurt à cause du mal qu'il fait. 27Si au contraire un méchant
renonce à sa mauvaise conduite et se met à agir de manière juste et honnête, il
sauve sa vie. 28Il peut continuer à vivre, puisqu'il s'est rendu compte de ses mauvaises
actions et y a renoncé ; il n'y a plus de raison qu'il meure. 29Mais vous, les Israélites,
vous dites : “Le Seigneur va trop loin ! ” Eh bien non, ce n'est pas
moi qui vais trop loin, c'est vous qui passez les bornes !30Pour ma part, je jugerai
chacun de vous selon sa propre conduite, je vous l'affirme, moi, le Seigneur
Dieu. Changez donc de vie, détournez-vous de tout le mal que vous faites, ne
laissez plus aucune faute causer votre perte. 31Renoncez aux mauvaises
actions que vous commettez, transformez vos cœurs et vos esprits. Pourquoi
voudriez-vous mourir, Israélites ? 32Vraiment je l'affirme, moi, le Seigneur Dieu, je
ne veux la mort de personne. Détournez-vous du mal et vivez ! »
Que se passerait-il si l’humanité devenait
tellement défaillante qu’elle entrainerait sa propre disparition ? Dieu pourrait-il
alors substituer aux hommes, qui se seraient eux-mêmes condamnés à disparaître, une autre
espèce intelligente qui pourrait prendre la relève ? Se pourrait-il que le
mythe de la « planète des singes » puisse se réactualiser un
jour ? Si nous posons ici la question cela ne veut pas dire que nous donnerons
une réponse. Cela n’a qu’un seul but, celui de nous amener à réfléchir sur la réalité de l’humanité.
Pour le moment, nous rejoignons ce prophète
visionnaire que fut Ezéchiel. On l’a pris pour un fou, et c’est sa folie qui
m’a permis d’imaginer la question que j’ai posée en introduction. En
réfléchissant ainsi, nous retrouvons aussi les interrogations de Paul quand il
affirme que la prédication de la croix est une folie pour ceux qui ne croient pas mais qu’elle
était une puissance de Dieu pour ceux
qui croient. (
1Corinthiens 1 :18)
N’est ce pas une folie de croire que les
promesses de Dieu obéissent à des règles apparemment irrationnelles selon
lesquelles Dieu n’accorderait son salut
qu’à l’infime partie de ceux qui auraient
intégré le message de Jésus Christ ? C’est ce que certains chrétiens affirment et essayent de faire croire aux autres. En
nous appuyant sur ce passage que nous avons lu chez Ezéchiel, nous trouvons une
réalité toute différente. Nous trouvons que
l’espérance prend une portée universelle
et qu’elle est promise à tous.
Ezéchiel, bien longtemps avant Jésus Christ
avait percé ce mystère. Il avait découvert que l’homme était responsable des œuvres
de mort ou des œuvres de vie qu’il accomplissait et que ces œuvres agissaient en
positif ou en négatif sur l’avenir. Les œuvres que nous accomplissons ne sont
donc pas sans conséquence, elles sont porteuses de vie ou porteuses de mort.
Dieu prend en compte les actions que nous commettons et c’est à travers elles
qu’il se fait connaître. Si elles sont porteuses de vie c’est la gloire de Dieu
qui en éprouvera les effets, si elles
sont porteuses de mort, c’est l’incompréhension et l’incrédulité qui prendra le
dessus, si bien que les chercheurs de Dieu ne le trouveront pas, c’est
pourquoi, ils prétendront qu’il n’existe pas..
Dieu communique sa capacité de vie aux hommes qu’il inspire et les
œuvres qu’ils font ont des conséquences
sur la manifestation de Dieu. C’est de
cette façon que le monde pourra découvrir que Dieu est en action parmi
nous. Cette capacité de vie concerne, bien évidemment la vie du temps présent. Ezéchiel
n’envisage pas dans son propos la vie
future dans l’au-delà. La découverte du salut qui découle de son propos
concerne la vie des humains dans leur existence quotidienne. Il n’envisage pas
les conséquences que tout cela pourrait avoir dans la vie future. Le salut tel
qu’il est perçu ici ne concerne que le présent.
Ce n’est pas qu’Ezéchiel n’envisage pas une vie future, il est sans doute le seul des
prophètes à en envisager la possibilité,
mais cette réalité n’entre pas dans le
propos du passage que nous avons lu. Il ne parle pas non plus de jugement final, même s’il parle de
jugement. Il nous laisse seulement envisager
que s’il y a une autre vie après la vie,
il faut d’abord que la vie dans ce temps présent ait été porteuse de vie. La question de tous ceux qui quittent ce monde sans avoir eu
connaissance de Dieu n’est nullement envisagée ici. Cela relève d’un autre registre.
Dans ce passage, nous nous contentons
seulement de constater que les œuvres de vie commises par les hommes contribuent
à révéler la présence de Dieu. Dieu veut
la vie pour tous. On comprend donc, que
déjà à l’époque d’Ezéchiel on avait conscience que Dieu s’effaçait devant sa créature. Son projet de
vie ne se révélait que si les hommes eux-mêmes entraient dans ce projet. C’était comme si Dieu se cachait derrière les
hommes pour se faire connaître. En cas d’échec de l’humanité, comme l’ont hélas
démontré les génocides du vingtième
siècle par exemple, c’est la responsabilité de Dieu autant que celle des hommes qui était mise en cause si bien que la personne de Dieu
en paraissait affaiblie.
Dieu y perd-il alors son pouvoir ? Cette question révèle une certaine
impertinence de la part de ceux qui la poseraient. Pourrait-on penser que l’humanité aurait une emprise quelconque sur Dieu ? La réponse à cette question est évidente, mais il faut quand même la donner. Les hommes ne peuvent en aucun cas
altérer le pouvoir de Dieu car c’est volontairement qu’il livre
sa divinité à l’influence des hommes. En en se retirant du devant de la
scène publique, Dieu n’abdique en rien
sa souveraineté car la réalité divine n’est pas liée seulement à l’humanité, ni
à l’action des hommes sur terre. Si Dieu
est présent dans le monde des hommes, il l’est aussi dans la vie des végétaux
et dans la vie de tous les animaux. Il donne
ses lois aux galaxies et il ne reste pas
indifférent aux êtres qui se meuvent ailleurs dans l’univers, même si personne ne
s’en soucie.
Pour ce qui concerne l’humanité, Dieu a
décidé de ne rien faire sans elle, mais cela n’engage pas les autres créatures.
Si dans sa folie, l’espèce humaine s’anéantissait elle-même et affectait par
son échec une partie de la nature, rien n’empêcherait Dieu de provoquer chez un
être pensant la même capacité à révéler sa gloire que celle qu’avaient les
hommes jusqu’alors. On est en droit de se demander si le défi posé par le film
intitulé la « planète des singes » ne pourrait pas devenir réalité.
Je ne répondrai pas bien évidemment à la question, mais vous laisserai le soin
d’y réfléchir.
Nous comprenons, maintenant combien il est
urgent que les hommes qui croient en Dieu maintiennent avec lui un contact personnel pour guider leurs actions en vue de favoriser la vie sous toutes ses
formes. En effet, nul ne peut ignorer que le moindre de ses gestes peut avoir un impact sur Dieu. Il faut que chacun mette en œuvre un contrat avec Dieu selon lequel il s’engage à passer au
crible de la prière toutes les actions
qu’il veut entreprendre afin qu’il ne
fasse rien sans avoir sondé son âme sous le regard de Dieu. C’est alors
qu’il pourra être sûr que c’est bien Dieu qui inspire ses actions et
non pas ses désirs ou ses pulsions
intérieures.
Notre perspective de vie ne se réduit
pas aujourd’hui à l’approche que nous a
donnée Ezéchiel, car nous sommes aussi et avant tout les héritiers de Jésus
Christ. Même si nous découvrons entre Jésus et Ezéchiel une communauté de pensée nous devons aller
plus loin. Jésus n’a pas seulement été un enseignant, il ne s’est pas seulement
contenté de parler. Il a donné aux actions
qu’il a faites un poids particulièrement significatif. Sa vie s’est terminée par une mort dramatique dans
laquelle nous puisons une indéfectible espérance. Elle porte en elle une
dimension de vie qu’il nous communique par son esprit par delà la mort. Il y a dans la résurrection de Jésus
l’expression du désir de Dieu selon lesquels il veut que tous les hommes
puissent connaître la vie quand bien
même ils seraient morts. C’est ainsi que s’accomplit la promesse.
Pour entrer dans cette œuvre de vie acquise
par Jésus sur la croix, il faut que chacun de nous accepte de déposer les
œuvres de mort qui sont en lui, pour que Dieu en le convertissant ouvre devant ses pas un chemin nouveau
qui débouche dans l’éternité.
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