vendredi 1 juin 2012

Luc 1:57-80

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   Construire l'avenir  -  dimanche  24 juin 2012

Luc 1:57-80
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57Le temps où Elisabeth devait accoucher arriva, et elle mit au monde un fils. 58Ses voisins et les gens de sa parenté apprirent que le Seigneur avait fait preuve envers elle d'une grande compassion, et ils se réjouirent avec elle.
59Le huitième jour, ils vinrent circoncire l'enfant, et ils allaient lui donner le nom de son père, Zacharie. 60Mais sa mère dit : Non, il sera appelé Jean. 61Ils lui dirent : Il n'y a dans ta parenté personne qui porte ce nom. 62Et ils faisaient des signes à son père pour savoir comment il voulait l'appeler. 63Zacharie demanda une tablette et il écrivit : Son nom est Jean. Et tous s'étonnèrent. 64A l'instant même, sa bouche s'ouvrit et sa langue se délia ; il se mit à parler et à bénir Dieu. 65Tous les habitants des alentours furent saisis de crainte et, dans toute la région montagneuse de la Judée, on discutait de tous ces événements.66Tous ceux qui en entendaient parler se mirent à réfléchir. Ils se demandaient : Que sera donc cet enfant ? Car la main du Seigneur était avec lui.

L'hymne de Zacharie

67Zacharie, son père, fut rempli d'Esprit saint et se mit à parler en prophète, en disant :
68Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël,
d'être intervenu en faveur de son peuple, d'avoir assuré sa rédemption
69et de nous avoir suscité une corne de salut
dans la maison de David, son serviteur,
70— comme il en a parlé par la bouche de ses saints prophètes d'autrefois —
71un salut qui nous délivre de nos ennemis et de tous ceux qui nous détestent.
72C'est ainsi qu'il montre sa compassion envers nos pères
et qu'il se souvient de son alliance sacrée,
73selon le serment qu'il a juré à Abraham, notre père ;
ainsi nous accorde-t-il,
74après avoir été délivrés des ennemis, de pouvoir sans crainte
lui rendre un culte
75dans la sainteté et la justice,
devant lui, tout au long de nos jours.
76Et toi, mon enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ;
car tu iras devant le Seigneur pour préparer ses chemins,
77pour donner à son peuple la connaissance du salut
par le pardon de ses péchés,
78grâce à la tendre compassion de notre Dieu.
C'est par elle que le soleil levant brillera sur nous d'en haut
79pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort
et pour diriger nos pas vers le chemin de la paix.

La jeunesse de Jean le Baptiseur

80Or l'enfant grandissait et devenait fort par l'Esprit. Il demeurait dans les déserts, jusqu'au jour où il se présenta devant Israël. 





Luc 1/58-80



Dans notre Eglise, comme dans beaucoup d’autres, des projets nouveaux se mettent en place. Ce fut d’abord, le projet d’union de notre Eglise avec l’Eglise Luthérienne pour créer, l’Eglise Unie  Depuis quelques temps, c’est le projet d’Eglise Verte qui interroge nos paroisses sur l’avenir de la planète, et qui les interpellent pour qu’elles s’ouvrent à des projets responsables qui permettraient d’envisager l’avenir plus sereinement. Ce projet œcuménique  a fait bouger les frontières entre les communautés chrétiennes.  Il y a fort à parier que ces mouvements de rapprochement vont très vite mettre en chantier de nouveaux  projets qui donneront un sang nouveau à nos vieilles assemblées fatiguées d’avoir trop longtemps vécues.



Bien entendu les critiques ne se font pas attendre pour dire que malgré tout, rien ne changera,  et que tous ces projets ne remplaceront pas l’affadissement spirituel que subissent la plupart des églises face aux mouvements de sécularisation du moment.



Regardons le texte qui nous est proposé aujourd’hui. Il nous aidera à réfléchir à la question  car il propose sans doute des  ouvertures aux questions que l’on se pose aujourd’hui. Certes ces deux vieillards impliqués dans une situation à laquelle ils ne s’attendaient  pas conçoivent la situation comme un cadeau de Dieu, mais savent-ils s’ils auront assez de forces pour l’assumer ?



La première solution qui leur est proposée leur vient  du groupe de femmes qui entourent Elisabeth. Elles ont très vite enfermé l’enfant  dans la tradition séculaire  des prêtres. Il sera  prêtre  comme son Père, puisque c’est la tradition de sa famille. Il portera le même nom que lui, il apprendra un métier  pour vivre  et consacrera toute sa vie à l’œuvre de Dieu. Elles estiment  que  c’est le Seigneur  qui a voulu cette situation et c’est lui qui leur donnera la force de l’accomplir.



Pourtant, si le Seigneur est à l’origine  de cette situation,  il est à prévoir qu’il souhaite un autre projet. Il ne veut sans doute pas que cet enfant reste enfermé dans le courant de la tradition. Il faut qu’il entre dans un autre projet  qui s’inscrira dans un ordre nouveau. Et c’est ce qui se passera. Pour aller de l’avant, il faut accepter les défis que Dieu propose.



C’est ce genre de défi qui provoque   régulièrement les communautés de croyants quand elles arrivent à un tournent de leur histoire. Elles savent bien qu’elles ne peuvent nourrir l’espérance en répétant simplement les traditions du passé. Ce genre de question  devient pertinent quand  les mœurs et la société évoluent à grande vitesse comme c’est le cas en ce moment. Faut-il s’adapter, faut-il innover, faut-il inventer  pour rester fidèle  aux promesses de Dieu ?

A l’époque où se situait l’événement de la naissance de Jean Baptiste, on sentait monter des espérances nouvelles. On espérait  un Messie qui bouterait les Romains hors les murs et libérerait le peuple  des Hébreux. Mais une chape de plomb  s’était abattue sur la société. Tout mouvement de résistance était violemment réprimé. Il était impensable que les hommes puissent mener à bien une révolution quelconque. Toutes les tentatives avaient jusqu’alors lamentablement échouées. Seule une révolution menée par Dieu aurait une chance de réussir. Mais pour réussir, il fallait le soutien d’un peuple bien préparé, il fallait une dynamique bien rodée, il fallait croire que Dieu habitait déjà l’avenir, encore fallait-il lire correctement les projets de Dieu et écouter ce qu’il avait à dire.



Ceux qui ont des connaissances sur l’histoire du premier siècle de notre ère savent bien que l’avenir a été catastrophique  pour les habitants de la Judée. Des prophètes se sont levés, mais aucun n’était vraiment porteur  d’un projet de Dieu. Sans doute avait-on voulu faire de Dieu un chef de guerre et non un prince de paix. C’est pour cela qu’ils se sont  trompé sur toute la ligne qu’ils n’ont pas compris le message  porté  par Jean Baptiste ou Jésus. Personne n’a vraiment réalisé ce que signifiait la paix, le shalom voulu par Dieu.



Avez-vous remarqué, en revenant à notre texte qu’il nous parle d’une parole prophétique  qui a été donnée ici  à un vieillard muet ? Il faut  y voir comme une provocation à l’égard  de ceux qui ne croient plus que la sagesse des anciens puisse éclairer l’avenir et que pour faire du nouveau il faut gommer le passé, car on  considère qu’il faut faire jeune pour avoir  raison. Ici la parole est donnée à un vieillard, mais  passage porte  en plus une autre provocation.  Le témoin  est muet !  Ainsi la parole qui nous est proposée aujourd’hui  est-elle portée, par un homme doublement incapable d’avoir une parole intelligible : trop vieux et muet, à nous de comprendre.



On aurait donc tendance, à considérer que le vieux Zacharie représente la tradition dépassée qui n’a plus rien à dire aux générations nouvelles, c’est pourquoi il serait devenu muet. Certains pourraient même dire, et on l’a dit, que l’Ancien Testament est dépassé, vive le nouveau !  Mais, ce serait aller trop vite en besogne.   Cela  peut aussi vouloir dire que les générations nouvelles ne sont plus  capables d’entendre  ce qui est porteur d’avenir dans les messages de la tradition. Le vieux prêtre, dont la fonction n’était pas de parler, mais de célébrer, parle de délivrance, de connaissance du salut et de chemin de paix. Voici en trois mots le résumé de la bénédiction qu’il prononce sur le petit enfant. Délivrance, Salut et Paix. Ces mots prennent alors une valeur prophétique et disent exactement ce que nous avons besoin d’entendre, c’est ce qui avait été dit jadis par les prophètes et ce que Jean Baptiste et Jésus ont dit après eux.  C’est cela qui motivera notre  construction de l’avenir.



Au cours des siècles, les hommes se sont avérés incapables de donner une valeur par eux-mêmes à ces trois notions.  Elles  ne peuvent se réaliser que si Dieu nous prête main-forte pour les mettre en œuvre. Dieu allume ainsi en  nous le désir  de vivre autrement et il   fait la promesse qu’on peut y arriver. Si on sait écouter la tradition de l’Ecriture  et qu’on ne fasse pas comme si Dieu était muet alors nous serons à bonne école pour construire l’avenir. Avec la promesse, Dieu nous donne aussi le moyen de la réaliser.

L’Evangile consiste à croire que  l’amour de Dieu  nous invite  à  donner  priorité aux autres dans toutes nos actions.  Il nous invite à travailler dans ce monde pour le mieux-être de tous, à commencer par les plus faibles. C’est alors qu’un jour nouveau sans haine et sans violence est en train de se lever  sur la société  des hommes.



C’est impossible  a-t-on dit jusqu’à ce jour ! Mais l’Esprit de Dieu est tenace  et nous demande de lui faire confiance pour que tout cela s’accomplisse pour ce temps nouveau qui commence.


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