Construire l'avenir - dimanche 24 juin 2012
57Le temps où Elisabeth devait accoucher arriva, et
elle mit au monde un fils. 58Ses voisins et les gens de sa parenté apprirent que le Seigneur avait
fait preuve envers elle d'une grande compassion, et ils se réjouirent avec
elle.
59Le huitième jour, ils vinrent circoncire
l'enfant, et ils allaient lui donner le nom de son père, Zacharie. 60Mais sa mère dit : Non,
il sera appelé Jean. 61Ils lui dirent : Il n'y a dans ta parenté personne qui porte ce
nom. 62Et ils faisaient des signes à son père pour savoir comment il voulait
l'appeler. 63Zacharie demanda une tablette et il écrivit : Son nom est Jean. Et
tous s'étonnèrent. 64A l'instant même, sa bouche s'ouvrit et sa langue se délia ; il se
mit à parler et à bénir Dieu. 65Tous les habitants des alentours furent saisis de
crainte et, dans toute la région montagneuse de la Judée, on discutait de tous
ces événements.66Tous ceux qui en entendaient parler se mirent à réfléchir. Ils se
demandaient : Que sera donc cet enfant ? Car la main du Seigneur
était avec lui.
L'hymne de Zacharie
67Zacharie, son père, fut rempli d'Esprit saint et se mit à parler en
prophète, en disant :
68Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël,
d'être intervenu en faveur
de son peuple, d'avoir assuré sa rédemption
69et de nous avoir suscité une corne de salut
dans la maison de David, son
serviteur,
70— comme il en a parlé par la bouche de ses saints prophètes d'autrefois —
71un salut qui nous délivre de nos ennemis et de tous ceux qui nous
détestent.
72C'est ainsi qu'il montre sa compassion envers nos pères
et qu'il se souvient de son
alliance sacrée,
73selon le serment qu'il a juré à Abraham, notre père ;
ainsi nous accorde-t-il,
74après avoir été délivrés des ennemis, de pouvoir sans crainte
lui rendre un culte
75dans la sainteté et la justice,
devant lui, tout au long de
nos jours.
76Et toi, mon enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ;
car tu iras devant le
Seigneur pour préparer ses chemins,
77pour donner à son peuple la connaissance du salut
par le pardon de ses péchés,
78grâce à la tendre compassion de notre Dieu.
C'est par elle que le soleil
levant brillera sur nous d'en haut
79pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la
mort
et pour diriger nos pas vers
le chemin de la paix.
La jeunesse de Jean le Baptiseur
80Or l'enfant grandissait et devenait fort par l'Esprit. Il demeurait dans
les déserts, jusqu'au jour où il se présenta devant Israël.
Luc 1/58-80
Dans notre Eglise, comme dans
beaucoup d’autres, des projets nouveaux se mettent en place. Ce fut d’abord, le
projet d’union de notre Eglise avec l’Eglise Luthérienne pour créer, l’Eglise
Unie Depuis quelques temps, c’est le
projet d’Eglise Verte qui interroge nos paroisses sur l’avenir de la planète,
et qui les interpellent pour qu’elles s’ouvrent à des projets responsables qui
permettraient d’envisager l’avenir plus sereinement. Ce projet œcuménique a fait bouger les frontières entre les communautés
chrétiennes. Il y a fort à parier que
ces mouvements de rapprochement vont très vite mettre en chantier de nouveaux projets qui donneront un sang nouveau à nos
vieilles assemblées fatiguées d’avoir trop longtemps vécues.
Bien entendu les critiques ne se
font pas attendre pour dire que malgré tout, rien ne changera, et que tous ces projets ne remplaceront pas
l’affadissement spirituel que subissent la plupart des églises face aux
mouvements de sécularisation du moment.
Regardons le texte qui nous est
proposé aujourd’hui. Il nous aidera à réfléchir à la question car il
propose sans doute des ouvertures aux
questions que l’on se pose aujourd’hui. Certes ces deux vieillards impliqués
dans une situation à laquelle ils ne s’attendaient pas conçoivent la situation comme un cadeau
de Dieu, mais savent-ils s’ils auront assez de forces pour l’assumer ?
La première solution qui leur est
proposée leur vient du groupe de femmes
qui entourent Elisabeth. Elles ont très vite enfermé l’enfant dans la tradition
séculaire des prêtres. Il sera prêtre comme son Père, puisque
c’est la tradition de sa famille. Il portera le même nom que lui, il apprendra
un métier pour vivre et consacrera toute sa vie à l’œuvre de Dieu. Elles
estiment que c’est le Seigneur qui a voulu cette
situation et c’est lui qui leur donnera la force de l’accomplir.
Pourtant, si le Seigneur est à
l’origine de cette situation, il est à prévoir qu’il souhaite un autre
projet. Il ne veut sans doute pas que cet enfant reste enfermé dans le
courant de la tradition. Il faut qu’il entre dans un autre projet qui s’inscrira
dans un ordre nouveau. Et c’est ce qui se passera. Pour aller de l’avant, il
faut accepter les défis que Dieu propose.
C’est ce genre de défi qui provoque régulièrement
les communautés de croyants quand elles arrivent à un tournent de leur
histoire. Elles savent bien qu’elles ne peuvent nourrir l’espérance en répétant
simplement les traditions du passé. Ce genre de question devient
pertinent quand les mœurs et la société évoluent à grande vitesse comme
c’est le cas en ce moment. Faut-il s’adapter, faut-il innover, faut-il
inventer pour rester fidèle aux promesses de Dieu ?
A l’époque où se situait
l’événement de la naissance de Jean Baptiste, on sentait monter des espérances
nouvelles. On espérait un Messie qui
bouterait les Romains hors les murs et libérerait le peuple des Hébreux.
Mais une chape de plomb s’était abattue sur la société. Tout mouvement de
résistance était violemment réprimé. Il était impensable que les hommes
puissent mener à bien une révolution quelconque. Toutes les tentatives avaient
jusqu’alors lamentablement échouées. Seule une révolution menée par Dieu aurait
une chance de réussir. Mais pour réussir, il fallait le soutien d’un peuple
bien préparé, il fallait une dynamique bien rodée, il fallait croire que Dieu
habitait déjà l’avenir, encore fallait-il lire correctement les projets de Dieu
et écouter ce qu’il avait à dire.
Ceux qui ont des connaissances
sur l’histoire du premier siècle de notre ère savent bien que l’avenir a été
catastrophique pour les habitants de la Judée. Des prophètes se sont
levés, mais aucun n’était vraiment porteur
d’un projet de Dieu. Sans doute avait-on voulu faire de Dieu un chef de
guerre et non un prince de paix. C’est pour cela qu’ils se sont trompé sur toute la ligne qu’ils n’ont pas
compris le message porté par Jean Baptiste ou Jésus. Personne n’a
vraiment réalisé ce que signifiait la paix, le shalom voulu par Dieu.
Avez-vous remarqué, en revenant à
notre texte qu’il nous parle d’une parole prophétique qui a été donnée
ici à un vieillard muet ? Il faut
y voir comme une provocation à l’égard de ceux qui ne croient plus que la sagesse des
anciens puisse éclairer l’avenir et que pour faire du nouveau il faut gommer le
passé, car on considère qu’il faut faire
jeune pour avoir raison. Ici la parole
est donnée à un vieillard, mais passage porte
en plus une autre provocation. Le
témoin est muet ! Ainsi la parole qui nous est proposée
aujourd’hui est-elle portée, par un
homme doublement incapable d’avoir une parole intelligible : trop vieux et
muet, à nous de comprendre.
On aurait donc tendance, à
considérer que le vieux Zacharie représente la tradition dépassée qui n’a plus
rien à dire aux générations nouvelles, c’est pourquoi il serait devenu muet. Certains
pourraient même dire, et on l’a dit, que l’Ancien Testament est dépassé, vive
le nouveau ! Mais, ce serait aller
trop vite en besogne. Cela peut aussi vouloir dire que les
générations nouvelles ne sont plus capables d’entendre ce qui est porteur
d’avenir dans les messages de la tradition. Le vieux prêtre, dont la fonction
n’était pas de parler, mais de célébrer, parle de délivrance, de connaissance
du salut et de chemin de paix. Voici en trois mots le résumé de la bénédiction
qu’il prononce sur le petit enfant. Délivrance, Salut et Paix. Ces mots
prennent alors une valeur prophétique et disent exactement ce que nous avons
besoin d’entendre, c’est ce qui avait été dit jadis par les prophètes et ce que
Jean Baptiste et Jésus ont dit après eux. C’est cela qui motivera notre construction de l’avenir.
Au cours des siècles, les hommes se sont avérés incapables de
donner une valeur par eux-mêmes à ces trois notions. Elles ne
peuvent se réaliser que si Dieu nous prête main-forte pour les mettre en œuvre.
Dieu allume ainsi en nous le désir de vivre autrement et il fait la promesse qu’on peut y arriver. Si on
sait écouter la tradition de l’Ecriture
et qu’on ne fasse pas comme si Dieu était muet alors nous serons à bonne
école pour construire l’avenir. Avec la promesse, Dieu nous donne aussi le
moyen de la réaliser.
L’Evangile consiste à croire que
l’amour de Dieu nous invite à donner priorité aux
autres dans toutes nos actions. Il nous
invite à travailler dans ce monde pour le mieux-être de tous, à commencer par
les plus faibles. C’est alors qu’un jour nouveau sans haine et sans violence est
en train de se lever sur la
société des hommes.
C’est
impossible a-t-on dit jusqu’à ce jour ! Mais l’Esprit de Dieu est
tenace et nous demande de lui faire confiance pour que tout cela
s’accomplisse pour ce temps nouveau qui commence.
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