jeudi 12 février 2015

Jean 3:14-21 L'amour de Dieu pour le monde - dimanche 15 mars 2015



Jean 3 : 14-21
 Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut, de même, que le Fils de l’homme soit élevé, 15 pour que quiconque croit ait en lui la vie éternelle. 16 Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, pour que quiconque met sa foi en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. 17 Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que par lui le monde soit sauvé. 18 Celui qui met sa foi en lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas mis sa foi dans le nom du Fils unique de Dieu. 19 Et voici le jugement : la lumière est venue dans le monde, et les humains ont aimé les ténèbres plus que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. 20 Car quiconque pratique le mal déteste la lumière ; celui-là ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dévoilées ; 21 mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en Dieu

Ce sermon  déjà publié dans les années précédentes  a été réécrit par l’auteur

Le monde dans lequel nous évoluons est surprenant. Il est surprenant par sa beauté et par sa variété, il est surprenant par sa complexité aussi. Il est surprenant parce qu’un seul être pensant, l’homme, peut l’appréhender dans sa diversité. Bien avant notre temps, les psaumes ont chanté la beauté de l’univers et le génie de Dieu qui l’a agencé. Les mythes païens des origines en décrivent déjà les merveilles.  Il nous suffit de songer au nombre des espèces qui cohabitent sur notre terre:  Il est fantastique. Le monde de l’infiniment petit est aussi stupéfiant que le monde de l’infiniment grand. Le microscope le plus sophistiqué n’arrive pas à rendre compte des structures les plus secrètes de la matière. Le télescope le plus puissant ne parvient pas non plus à atteindre les limites des galaxies. Mais quelle en est la cause et à  quoi tout cela sert-il si non à donner du relief à la réalité humaine? C’est donc  l’homme qui sollicite notre attention  plus que la création elle-même. 

Si cela est le fruit du hasard, on peut considérer que c’est bien fait, mais  s’il y a un créateur à l’origine de tout cela on peut alors se demander quel intérêt il y trouve et comment il s’y est pris pour le réaliser.  Depuis toujours les êtres humains retournent ces questions sans vraiment trouver de réponse satisfaisante. 

Le seul fait de pouvoir s’interroger sur le sens des choses suffit à justifier l’hypothèse selon laquelle tout cela a du sens. Il suffit qu’un seul être se mette à penser pour que tout ce système devienne évident. Ainsi, à peine l’esprit humain se met-il en mouvement que l’univers entier trouve de la cohérence, comme si notre pensée devait servir de moteur au monde.

L’univers serait absurde, s’il n’y avait personne pour prendre conscience de sa réalité. Mais une fois ce constat établi, peut-on aller plus loin ? Le monde est-il soumis au hasard d’une évolution complexe et logique ou y a-t-il un être supérieur qui oriente son devenir ? L’harmonie de tout cet ensemble pourrait bien être alors liée au mélange des deux. On ne peut aller plus loin dans ce constat. Mais la pensée humaine, toujours en mouvement nous pousse alors à formuler des théories plus ou moins élaborées.

Pourtant, les lois de l’évolution nous poussent à constater que la raison du plus fort est toujours la meilleure et que c’est toujours le dominant qui a raison du plus faible. Force est pour l’homme de réaliser qu’il est habité par un sentiment contraire. En effet, il est entraîné par une force mystérieuse à s’intéresser à ses semblables et, chose encore plus étrange, à prendre partie pour ce qui est faible et à protéger ce qui est vulnérable. Bien qu’ils soient entrainés à faire le contraire  les hommes valorisent cependant ce sentiment qu’on appelle l’altruisme, et qu’ils se donnent pour présider aux règles de leur  comportement entre eux. 

Comment peut-on éprouver de l’intérêt pour les autres, sans chercher à les dominer et à tirer profit de leurs faiblesses ?  Ce sentiment n’étant pas naturel à l’homme, il lui vient forcément d’ailleurs. C’est en creusant ce mystère que les hommes font la découverte selon laquelle il existe une réalité, au-delà d’eux-mêmes qui ne se confond pas avec le monde, puisqu’elle leur inspire des sentiments contraires aux règles du comportement  des espèces. Il y a donc antagonisme entre cette réalité qu’ils découvrent peu à peu et les lois qui semblent présider à l’évolution du monde.

Dieu, puisqu’il faut bien l’appeler ainsi, ne se confond pas avec le monde, puisqu’il s’oppose à lui et semble vouloir le faire évoluer dans une direction qui ne lui serait pas naturelle, mais comment s’y prend-il ?

Depuis que les hommes ont développé leur capacité de penser, ils ont en même temps découvert qu’ils étaient habités par ce sentiment qui les poussait parfois à agir dans une direction qui ne servait pas leurs intérêts mais les intérêts des autres. C’est à partir de ce constat que certains ont compris le sens de leur présence au monde. Ils ont pris conscience du fait  qu’ils étaient des instruments qui y avaient été placés pour infléchir le sens de l’évolution et pour agir sur elle. Arrivés à ce constat, nous recevons de l’Evangile cette affirmation selon laquelle Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui, ne périsse pas mais reçoive la vie éternelle.



Il a fallu des siècles, pour que le souffle  qui modifie nos comportements se saisisse de notre esprit et nous amène à  découvrir que cette faculté nous venait d’ailleurs.  Il a fallu beaucoup d’incompréhensions, des erreurs nombreuses, des échecs de toutes sortes pour que l’espèce humaine réalise que la règle qui doit présider à l’évolution est liée au respect de la vie des autres. 

Aujourd’hui, après les découvertes multiples des savants et des philosophes, a-t-on vraiment compris cela ? Un simple regard sur nos sociétés nous laisse comprendre qu’il y a encore un long chemin à faire, car une telle idée, si elle habite l’esprit des humains ne fait toujours pas partie de leur  mode de pensée. La logique, si non la vertu, semble nous dire que c’est dans ce sens qu’il faut aller sous peine de la disparition de notre espèce. Si l’espèce humaine venait à disparaître, le monde n’aurait plus de sens, puisqu’il n’y aurait plus personne, en tout cas sur terre, pour penser à son sujet.

A la lumière de ce constat, l’Évangile nous laisse entendre que Dieu prend un gros risque en proposant une évolution de l’humanité en contradiction avec les règles du monde. Il se jette dans cette aventure sans avoir prévu de plan de sauvegarde en cas d’échec. C’est ce que veut signifier Jésus quand il dit que Dieu a donné son fils unique. Cela veut dire que Dieu s’est donné tout entier dans ce programme d’amour et qu’il n’y a pas de solution de
rechange au cas où l’amour ne permettrait pas une évolution harmonieuse de nos sociétés. Jésus montre par-là, la dimension de la confiance que Dieu fait aux hommes en faisant le pari de l’amour comme unique programme d’évolution possible pour l’humanité.

Dieu croit en l’homme au point de tout lui sacrifier, y compris l’avenir du monde. C’est à croire même, qu’en cas d’échec de l’humanité à réaliser une évolution harmonieuse, Dieu lui-même en pâtirait au point de risquer sa propre divinité. La fin de l’humanité signifierait du même coup la fin de Dieu, en tout cas tel que nous le concevons. 

Tout cela nous amène à nous situer d’une façon nouvelle par rapport à la théologie traditionnelle qui place en l’homme l’origine de tous les maux et qui fait du péché, dit originel, la rupture entre Dieu et l’humanité. Il a donc fallu à Jésus une audace considérable pour prendre à rebours la théologie en cours de son temps et de lancer l’idée selon laquelle, Dieu ferait de l’homme son collaborateur pour donner du sens au monde. Selon cette approche, le péché n’est plus ce qui entraînerait le monde à sa perte, le péché serait ce qui empêche l’homme d’entrer dans le programme que Dieu lui propose pour le salut du monde.

Dieu inscrit l’homme dans un projet de vie dans lequel il doit entrer pour que l’évolution du monde ait du sens. La condition essentielle pour que ce projet aboutisse est liée à l’amour que les hommes sauront se manifester les uns pour les autres. Dieu a fait le pari fou de croire que ce projet doit se réaliser.

Illustrations:
Icône pour  l'Europe, bénie le 13 octobre 2005 lors de l'installation de la communauté des chrétiens slovaques et tchèques à Bruxelles par Mgr Sokom

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