mardi 12 mai 2015

Marc 4:26-34 : l'action de Dieu dans le monde - dimanche 14 juin 2015


Marc : 4 :26-34

La parabole de la semence qui pousse toute seule

26Il disait encore : Il en est du règne de Dieu comme d'un homme qui jette de la semence sur la terre ; 27qu'il dorme ou qu'il veille, nuit et jour, la semence germe et croît sans qu'il sache comment. 28D'elle-même la terre porte du fruit : d'abord l'herbe, puis l'épi, enfin le blé bien formé dans l'épi ; 29et sitôt que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est là.

La parabole de la graine de moutarde

30Il disait encore : A quoi comparerons-nous le règne de Dieu ? Par quelle parabole le représenterons-nous ? 31C'est comme une graine de moutarde qui, lorsqu'on la sème en terre, est la plus petite de toutes les semences de la terre ; 32mais une fois semée, elle monte, devient plus grande que toutes les plantes potagères et donne de grandes branches, de sorte que les oiseaux du ciel peuvent habiter sous son ombre.

L'enseignement en paraboles

33C'est par beaucoup de paraboles de ce genre qu'il leur disait la Parole, selon ce qu'ils étaient capables d'entendre. 34Il ne leur parlait pas sans parabole, mais, en privé, il expliquait tout à ses disciples.

Le monde semble devoir évoluer suivant le cours normal des choses sans que rien ne vienne modifier son rythme. Même  si l’activité humaine influe sur  les effets  du climat, cela ne semble pas avoir de conséquence à long terme sur le devenir de la planète elle-même qui peut subsister sans la présence humaine. Le chien aboie, la caravane passe et aucune force humaine n’y peut rien.  Rien, donc ne signale aux yeux des hommes la présence d’un être supérieur et intelligent qui règlerait tout cela.  Si Dieu ne se démontre pas, il ne se voit pas non plus  et la réalité de son Royaume passe inaperçue.  Ceux qui se croient les plus futés et qui croient posséder la clé de l’énigme ont des critères qui ne sont valables que pour eux-mêmes et qui ne se communiquent pas facilement. Ni la beauté du ciel, ni le nombre des étoiles, ni la profondeur des océans ne disent la grandeur de Dieu et ne plaident en faveur de son existence.

Tel  est le raisonnement habituel des êtres humains qui se croient avertis des choses du monde. Pourtant,  un jour, sans que rien ne les y ait préparés, la conscience du divin s’impose à leur esprit comme une évidence. Ils  se mettent à  considérer  que ce que leur logique récusait jusqu’alors, pouvait  devenir  une réalité envisageable. Cette aventure  n’arrive pas à tout le monde,  mais elle s’est produit un nombre  de fois suffisant pour mériter notre attention. On peut même dire, mais après coup seulement, que la chose se préparait depuis longtemps et qu’il y avait en eux quelque chose qui travaillait. Tout se passait comme l’action  d’un grain enfoui dans la terre et dont le germe se met à poindre.

Le germe  lance lentement une radicelle vers le bas, puis pousse sa tige vers le haut et la feuille prend forme. Il faut attendre que la pointe perce la surface du sol pour que l’on se rende compte de tout le travail qui a été fait en profondeur. C’est alors que l’on peut  constater la réalité de la vie qui s’élance de nulle part pour défendre ses droits.

Tout ce qui vit sur terre semble procéder du même schéma. La vie s’active avant-même  que quiconque ait pris conscience de sa réalité.  Avant même que l’on réalise son existence, l’embryon a déjà  vécu une longue histoire. Ainsi la vie qui jaillit de la terre pour produire un arbre a déjà un long passé. Tel est le mystère qui est à l’origine de tout ce qui vit. L’homme lui-même n’échappe pas à la règle.

La connaissance de Dieu suit le même mouvement.   La foi semble se manifester en l’homme  après une mystérieuse  maturation  spirituelle en lui. Il  ne sait pas toujours en  retracer les étapes mais on peut se demander si le mystère de la vie et celui de la foi ne suivent pas le même chemin. Il se pourrait-même qu’ils aient cause commune. La foi trouve ses origines au plus profond de la conscience humaine avant d’éclater d’un seul coup, comme si elle se manifestait sur l’instant. C’est ce que nous raconte Jésus dans ces deux paraboles. Il semble nous dire que la foi a ses origines profondément enfouies au cœur de l’homme et se développe sans qu’on y prenne garde jusqu’au jour où elle envahit tout l’espace de la pensée.

Dieu qui a fait sa demeure en nous et qui se love dans notre inconscient cherche par tous les moyens à trouver le chemin de notre conscience. Il y travaille en secret sans que l’on s’en rende compte. Quand il y parvient, il occupe alors tout notre être et oriente notre vie vers le meilleur de nous-mêmes. Jésus  rend compte de ce qui se passe en nous quand nous nous ouvrons à la foi,  à partir d’une simple observation de  la nature et en tire des conclusions qui nous surprennent  car il semble considérer que l’éveil  à la foi est possible pour tout un chacun.

Mais l’observateur futé dira bien vite que ça ne se passe pas toujours ainsi. Il y a des gens qui espèrent croire sans jamais y arriver.  Cette constatation est aussi valable pour les graines. Toute semence jetée en terre ne germe pas forcément, et quand elle germe, elle n’arrive pas obligatoirement à maturité.  Les limaces aussi bien que les vaches rivalisent entre elles pour consommer le brin d’herbe avant qu’il ne soit parvenu à former des épis ou des gousses.

 Il y a plus de graines qui n’arrivent pas à former de plantes que celles qui y parviennent. Cette loi est-elle valable pour la foi ? Y a-t-il des gens qui seront à tout jamais privés de la connaissance de Dieu parce qu’un obstacle  se sera interposé pour empêcher la foi de progresser ? Difficile à répondre sans heurter les sensibilités. Il y a des hasards qui font que la vie des uns ou des autres n’évolue pas de manière souhaitable et que des défaillances s’immiscent entre Dieu et les hommes contrariant d’une manière fâcheuse  le développement de la connaissance de Dieu.

Nous ne donnerons aucune explication rationnelle, mais il est vraisemblable qu’il y a dans la vie, des obstacles qui peuvent s’opposer à l’épanouissement de la foi. Par contre il peut se produire des situations où c’est l’homme lui-même qui produit ces obstacles. Il peut se forger intellectuellement les images d’un Dieu qu’il ne peut accepter. Il peut vivre  dans une  société où la réalité  qui lui est donnée de Dieu provoque en lui un dégout tel  que  la notion de divin en lui en soit fortement affectée.

Certains ont beau dire qu’ils cherchent Dieu sans réussir à le trouver, ils ont beau prétendre que la grâce de connaître Dieu ne leur est pas donnée, alors que c’est eux, par leurs idées préconçues qui empêchent la manifestation du divin en eux. Pourtant la pratique de la Bible nous enseigne que Dieu multiplie les occasions de se faire connaître et ne désespère jamais d’atteindre la conscience de chaque individu. Il agit dans le secret de chacun et nul ne prend conscience de cette action de Dieu en lui que lorsqu’elle s’impose à lui de manière manifeste.

En 1958 Ingrid Bergman  dans « l’Auberge du sixième bonheur » a proposé une telle approche de l’action de Dieu. Le but du film était de raconter comment une jeune secrétaire,   éprise du désir d’évangéliser la Chine a réussi, à force de persévérance, à rejoindre une mission chrétienne dans un village perdu et a réussi à sauver un groupe d’enfants pendant la guerre contre les Japonais.  Ce qui me semble intéressant dans ce film,  c’est la méthode utilisée par la vieille dame missionnaire qu’elle était venue rejoindre et qui éclaire notre propos.  Elle racontait les histoires de la Bible, le soir à la veillée dans son auberge, dite du Sixième Bonheur. Elle espérait répandre la foi chrétienne par l’action des marchands qui fréquentaient son établissement et qui en colportant ces histoires transmettraient la parole de Dieu. Dieu semait ainsi à tout vent et laissait le soin au hasard de prolonger son œuvre.

Telle est la méthode de Dieu : semer avec persévérance et générosité et faire confiance à une force qui est insaisissable, celle du hasard.  C’est ce qui se passe dans cette parabole. Les choses se passent sans qu’on les voie agir,  et l’action de Dieu se fait dans le secret du cœur de l’homme sans qu’on puisse établir de règles, mais le résultat est surprenant.  Dieu ne donne à personne la clé de l’énigme mais engage chacun de ceux qui croient à entrer dans ce vaste mouvement où le secret, le hasard et Dieu jouent un grand rôle sans que les hommes puissent savoir comment ça marche.

Bien entendu, l’étincelle qui donne à la foi sa réalité, c’est la personne de Jésus. Le croyant,  en  s’appuyant son Evangile y découvre l’enseignement de l’amour qui transforme la vie. La parole de Dieu devient efficace  en lui  et requiert deux niveaux de réception.  Le premier consiste à  laisser faire les choses, c’est ce que nous avons dit tout au long de ce propos, la parole de Dieu se répand par tous les canaux possibles,  souvent ignorés des hommes. Elle agit comme la semence jetée en terre, elle germe selon les hasards du moment, des hommes en sont imprégnées et favorisent sa progression, les autres la rejettent.

Pour ceux qui la reçoivent avec joie, ils deviennent des compagnons du Seigneur et prennent rang parmi ses disciples. A ceux là, Dieu  réserve une deuxième approche. C’est le deuxième niveau que le texte de ce jour  nous révèle dans sa dernière phrase: « A ceux là, il expliquait tout en privé ». Le message se fait alors personnel, il agit dans la conscience de chacun et chacun devient apte à comprendre Dieu qui lui parle. Jésus devient son confident personnel.  C’est l’œuvre du Saint esprit en lui, mais c’est ici le sujet d’un nouveau sermon qui trouvera  ici sa place une autre fois.


J'ai emprunté ces peintures à Jacques Billiau  pour traduire l'impression  que je ressens de  Dieu

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