dimanche 5 juillet 2015

Jean 6:24-35 : le pain descendu du ciel dimanche 2 août 2015



                                                               Jean 6 :24-35  
                             
24Quand la foule vit que ni Jésus, ni ses disciples n'étaient là, les gens montèrent eux-mêmes dans ces barques et vinrent à Capharnaüm, à la recherche de Jésus. 25Ils le trouvèrent sur l'autre rive de la mer et lui dirent : Rabbi, quand es-tu arrivé ici ?
26Jésus leur répondit : Amen, amen, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. 27Œuvrez, non pas en vue de la nourriture qui se perd, mais en vue de la nourriture qui demeure pour la vie éternelle, celle que le Fils de l'homme vous donnera ; car c'est lui que le Père — Dieu — a marqué de son sceau. 28Ils lui dirent : Que devons-nous faire pour accomplir les œuvres de Dieu ? 29Jésus leur répondit : L'œuvre de Dieu, c'est que vous mettiez votre foi en celui qu'il a lui-même envoyé.
30Ils lui dirent alors : Quel signe produis-tu donc, toi, pour que nous voyions et que nous te croyions ? Quelle œuvre fais-tu ? 31Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit : Il leur donna à manger du pain venu du ciel. 32Jésus leur dit : Amen, amen, je vous le dis, ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain du ciel, c'est mon Père qui vous donne le vrai pain du ciel ; 33car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel pour donner la vie au monde. 34Ils lui dirent : Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là. 35Jésus leur dit : C'est moi qui suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim, et celui qui met sa foi en moi n'aura jamais soif.


Il existe donc un pain qui fait vivre, non pas pour une durée de quelques heures, mais qui peut nous faire vivre éternellement. En entendant ainsi parler,  de ce pain particulier, il est normal que les disciples de Jésus lui demandent de leur donner de ce pain pour toujours, comme s’ils ne savaient pas que Jésus parlait d’une réalité spirituelle et non pas d’une réalité matérielle qui ne s’achète pas à la boulangerie comme on pourrait acheter un pain fait de froment.

Jésus donne volontairement dans l’ambiguïté et ses interlocuteurs savent bien les nuances qu’il met dans ses propos. Il suffit d’écouter avec attention la lecture de ce passage, comme vous l’avez sans doute  fait pour découvrir que le sens du texte ne réside pas dans la syntaxe, mais qu’il est dans l’agencement des mots entre eux.

 Le texte parle plus à notre sensibilité qu’à notre intelligence, c’est pourquoi notre esprit s’est laissé saisir par le mot pain, et que plusieurs fois répété,  il a été mêlé à la notion de ciel, il a aussi été mêlé à la personne de Jésus et il a été mêlé à la notion d’éternité, si bien que le pain nous est apparu à la fois comme une réalité céleste , comme une réalité spirituelle et comme une réalité matérielle. Il a été proposé comme nourriture pour l’immédiat et en même temps comme nourriture pour l’éternité.

Dans la plupart des civilisations, le pain est considéré comme la nourriture de base, en tout cas dans le vocabulaire courant. Tout le monde sait ce que signifie l’expression : « gagner son pain à la sueur de son front ». On sait aussi «  que le pain de l’exil est toujours amer » et l’homme vertueux «  est celui qui mange le pain qu’il a gagné ». La notion de pain est liée à la notion minimale de la possibilité de vie dans notre société. Celui qui ne gagne pas son pain est un marginal. S’il ne gagne pas de pain, s’il est affamé, s’il ne sait plus la valeur matérielle du pain comment alors le faire participer à la réalité du pain spirituel ? Comment parler de pain spirituel dans une société où l’on manque de pain matériel? Ce pain matériel n’est pas forcément lié au manque de farine, de sel et d’eau, il est   sans doute  lié à  bien d’autres choses qui leur manque pour vivre, tels que l’amour ou l’espérance. Le pain spirituel est peut être lié lui aussi à des manques dont la possession est nécessaire pour qu’on puisse dépasser la notion de  pain matériel et lui donner une signification spirituelle.

Depuis quelque temps, notre société  se focalise sur la situation de ceux qui manquent vraiment de pain matériel. Ils sont de plus en plus nombreux à se marginaliser dans une société qui malgré tout reste encore prospère.  On essaye   cependant de répondre aux manques de tous les SDF. On se mobilise sur tout le territoire de notre  pays. Évidemment, le succès de ce type d’aide dépend de notre générosité. Pourtant, nous savons bien que ce n’est pas de ce pain matériel  que les naufragés de notre société  ont  le plus besoin,  il s’agit de considération, d’attention à l’autre et d’empathie dont beaucoup sont privés. C’est à partir de ces  notions qui sont des variantes de l’amour que l’on peut construire l’espérance. L’amour et l’espérance  sont la farine et le sel nécessaires pour permettre de parler de pain spirituel.

Or, comme nous sommes persuadés que l’espérance et l’amour sont les caractéristiques du christianisme, nous n’avons donc pas à chercher bien loin pour savoir ce qu’il faut faire pour que le monde où nous sommes reçoive ce pain, puisque nous en avons les ingrédients. Pourtant, tout se passe comme si un voile terne de pollution ou de scories était tombé sur nous et sur nos églises et avait rendu invisibles les structures mêmes de notre foi. C’est comme si notre espérance et notre amour n’étaient plus perceptibles par les hommes.

Maintenant que tout cela a été dit, nous ne sommes  pas plus avancés pour dire la suite ! Et quelle suite ?  Nous ne connaissons pas le  secret pour faire jaillir de nos lieux de prière l’espérance et l’amour qui y sont contenus. La seule chose que  nous pouvons constater, c’est que nous avons du mal à produire pour ce monde ce  pain fait d’amour et d’espérance. Pourtant, ce ne sont pas les hommes qui le fabriquent. Ce pain venu du ciel est gratuit et nous vient de Dieu. Ce sont là deux notions que  nous ne sommes pas habituées à utiliser vraiment : la gratuité, c’est la compagne indispensable de notre générosité. Elle s’adresse aux autres  sans qu’ils soient obligés d’en faire retour. Quant à Dieu, nous concevons très bien sa présence à l’intérieur de nos sanctuaires,  mais  nous  restons maladroits  pour en témoigner  à l’extérieur des lieux  de prière et quand nous le faisons, nous le faisons dans un langage conventionnel qui n’a pas grande portée. Il  représente une valeur  venue d’ailleurs dont les hommes ne savent pas faire usage. 

Le monde matérialiste où nous sommes ne croit que dans un Dieu qu’il se fabrique  à partir de ses propres concepts. Notre société divinise ses aspirations profondes, elle divinise le progrès, la liberté, l’égalité, la démocratie, les droits de l’homme, et quand elle en trouve  la trace dans l’Écriture, elle fait semblant de les attribuer à Dieu. En fait, elle se divinise elle-même en cherchant dans l’Écriture ce qu’elle sait y trouver. Quant à se laisser bousculer et émerveiller par quelque chose qui ne serait pas issue du travail  des hommes ou du génie de sa pensée  et qui viendrait d’ailleurs,  c’est un défi particulièrement difficile   à  relever pour la plupart.

 Malgré notre incapacité  à inventer un avenir  qui pourrait se faire sans nous, l’expérience devrait cependant nous apprendre qu’en modifiant les données  et en injectant de l’espérance dans nos propos  et de l’amour dans nos actions les choses      deviendront différentes. C’est ce que Dieu nous invite à faire.

Ainsi donc, Dieu est capable de faire une nourriture spirituelle à partir d’  ingrédients que nous possédons déjà, l’espérance et l’amour. Il est capable de nous surprendre en faisant jaillir de nos églises, que l’on compare parfois à des coques vides,  une nourriture pour ce monde qui l’amènera à la connaissance de son Seigneur.

Quant aux églises dans lesquelles nous édifions notre foi il leur faudra mobiliser tous leurs fidèles pour qu'ils extériorisent  l’amour et l’espérance dont ils nourrissent leur foi pour construire ce monde nouveau que les hommes espèrent et que Dieu leur promet. Nous savons que c’est  en s’appuyant  sur des intuitions qui nous viennent d'ailleurs que cela se produira.

Si maintenant en, parlant de ce pain, vous pensez à la Sainte Cène, pour savoir où est la présence réelle de Dieu dans le pain, ou pour savoir quand ce pain cesse d’être matériel pour devenir spirituel, vous découvrirez bien vite, qu’il faut dépasser tout cela. Il faut le prendre comme il nous est donné, à la fois matériel et à la fois spirituel. C’est quand cette double réalité  se réalise qu’il devient vraiment nourrissant.

Si  on veut en savoir plus, la réponse ne peut nous venir que , de Dieu, pas des hommes ! Et s’il a plu à Dieu de ne pas nous donner de réponse, c’est qu’elle n’est pas essentielle. Une seule chose est essentielle, c’est que notre espérance soit fermement enracinée dans l’amour de celui qui, venu d’ailleurs vient vers nous pour nous amener à lui.

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