dimanche 12 juillet 2015

Jean 6:51-58 dimanche - le pain descendu du ciel - 16 août 2015


Jean 6: 51-58 

51 C'est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra pour toujours ; et le pain que, moi, je donnerai, c'est ma chair, pour la vie du monde.
52 Les Juifs se querellaient entre eux ; ils disaient : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger ?
53 Jésus leur dit : Amen, amen, je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n'avez pas de vie en vous. 54 Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le relèverai au dernier jour. 55 Car ma chair est vraie nourriture, et mon sang est vraie boisson. 56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, comme moi en lui. 57 Comme le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et comme moi, je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. 58 Voici le pain descendu du ciel. Il n'est pas comme celui qu'ont mangé les pères : ils sont morts. Celui qui mange ce pain vivra pour toujours.
Que nous faut-il aujourd’hui pour vivre ?  A une telle question l’homme moderne répond en formulant quelques sigles qui n’ont de valeur que pour cette génération. Il va parler de RSA ou de SMIG tout en sachant  que ces sigles n’expriment qu’un minimum que d’aucun juge insuffisant. Si on veut être plus précis, on dira encore que pour vivre normalement  il faut un logement décent, un emploi stable et une voiture capable de transporter  toute la famille, mais on dira peu de choses quant à la nourriture.  Dans l’antiquité on était plus prosaïque, c’est en pain que l’on estimait le revenu acceptable pour une famille normale. Il fallait avoir assez de pain chaque jour pour nourrir tous les membres de sa famille. Les critères ne sont plus les mêmes.
Ainsi la valeur du pain ne sera pas la même pour nos ancêtres de l’antiquité que  pour nous. Si pour nous, la notion de  pain a  une valeur symbolique, pour  eux elle avait une valeur vitale. Quand Jésus prononce le mot pain ce mot prend une résonance bien réelle. Aujourd’hui, il faut s’appuyer sur d’autres valeurs,  pour parler de niveau de vie, on est obligé de parler de RSA. Mais les termes utilisés dans l’antiquité étaient plus significatifs. Le mot pain était associé au mot vie. Cela signifiait que  la vie dépendait du  pain. Sans pain, on ne pouvait vivre. En s’identifiant au pain Jésus montre qu’il s’associe à la nécessité vitale de chacun.
Selon notre manière actuelle de voir les choses, quand on associe la notion de   pain, à celle de vie, nous avons tendance à spiritualiser les choses  et à  les associer au corps sacramentel de Jésus, si bien qu’en donnant au pain une valeur spirituelle il perd son sens  de nécessité vitale  immédiate pour prendre une valeur sacrée. Il   dépasse sa signification matérielle  pour devenir le pain de la cène. Il pend  alors une valeur toute spéciale,  si bien que les théologiens en ont déduit qu'il  n’était  pas destiné à tout le monde : on ne peut le donner ni aux enfants trop jeunes qui ne comprennent pas  encore,  ni aux non convertis, ni au non baptisés,  le pain du ciel devient une chose réservée aux initiés qui se réservent à leur tour le droit de le donner à qui leur paraît assez digne pour le manger. C’est ainsi qu’on passe à côté, de ce que Jésus avait l’intention de nous faire comprendre, car si le pain de vie est pour lui vraiment porteur de vie, il est destiné  à tout le monde  et il a une valeur immédiate afin que tous aient la même chance dans l’existence.
En  s’identifiant au pain comme il le fait, Jésus veut dire que Dieu est aussi présent et aussi nécessaire que la nourriture quotidienne. Dieu n’est pas une réalité mystique  qui nécessite une longue pratique ou un long enseignement  pour s’approcher de lui. Dieu est aussi facile à approcher  qu’un morceau de pain et  sa présence est aussi nécessaire à la vie que le plus modeste élément de nourriture.  C’est dans ce sens que Jésus espère être compris.  Chacun doit trouver en lui une  réalité qui pourra lui permettre de valoriser sa vie Nous avons à la fois besoin d’éléments matériels comme la nourriture pour vivre  et nous avons en même temps  besoin d’éléments spirituels comme la présence de Dieu.
Comme notre corps a besoin d’éléments extérieurs à lui-même pour se nourrir et vivre, de même notre être spirituel a besoin d’éléments extérieurs à lui-même pour se nourrir et vivre. Mais curieusement, nous ne semblons pas en être persuadés. Nos contemporains ont pour la plupart d’entre eux l’impression qu’ils se suffisent à eux-mêmes sur le plan spirituel.  Beaucoup estiment qu’il leur suffit de penser par eux-mêmes, ou de s’intéresser à l’art ou à la philosophie pour avoir une vie spirituelle. Ils estiment qu’ils sont eux-mêmes producteurs de leur nourriture spirituelle  et maîtres de leur propre salut, à supposer que dans ce contexte la notion de salut ait une valeur quelconque.
 Mais comme pour la nourriture matérielle,  l’homme ne peut se suffire à lui-même, il faut que sa vie spirituelle soit alimentée par quelque chose qui lui  vienne d’ailleurs, qui  lui soit extérieure. En raison de cette logique il paraît impossible d’avoir une vie spirituelle sans Dieu. 
En fait je ne pense pas que ça se passe ainsi !  Nous absorbons des nourritures matérielles pour vivre sans vraiment nous en rendre compte puisque, comme nous l’avons vu tout à l’heure, nos critères d’existence ne sont plus liés à la nourriture, mais plutôt au confort, de même la vie spirituelle se nourrit elle aussi  de tous les apports extérieurs dont elle a besoin, sans que nous prenions le temps de nous interroger sur leur origine.  Nous ne prenons pas le temps de repérer la présence de Dieu dans tout ce qui fait vibrer notre vie intérieure, pourtant, sans que nous nous en rendions compte, Dieu est présent en nous.
Il est donc nécessaire que nous marquions une pause pour réfléchir à la manière dont nous vivons. La  présence de Dieu ne devient vraiment efficace pour nous que si nous en prenons conscience. Il nous faut donc chercher à repérer les traces de Dieu dans notre vie, mais la plupart des hommes le cherchent dans l’irrationnel et dans le merveilleux.
 Aujourd'hui  se sont les courants religieux qui parlent d'irrationnel et qui recherchent le merveilleux qui ont la faveur des masses.  Cependant,  comme l’irrationnel et le merveilleux  nous échappent  et finissent bien souvent  par trouver une explication on finit par être déconnecté de la réalité  et   à douter de Dieu. 
Nous  demandons à Dieu  de se manifester dans des actions où nous ne croyons pas vraiment qu’il puisse agir. Nous voudrions qu’il intervienne sur la météo, qu'il supprime les sécheresse ou les inondations, qu’il supprime le mal et impose la justice, qu’il n’y aient plus de catastrophes naturelles, et qu'il n'y aient plus de guerres etc. En raisonnant ainsi,  nous n’entrons pas  dans la logique de Dieu.
 En effet, si nous pensons que Dieu est à l’origine du monde, pourquoi  changerait-il les modes de fonctionnement qu’il aurait mis lui-même en place ?  S’il en est ainsi, nos questions n’ont pas beaucoup de pertinence en face d’un Dieu que nous estimons tout puissant et créateur et auquel nous ne cesserions de contester les défauts de sa toute puissance et de lui demander de corriger continuellement  sa création.  Ce n’est pas non plus parce que la science n’apporte pas de réponses à nos questions qu’il faut en conclure à l’absence de Dieu !
Si ces préoccupations ne nous apportent pas de réponses, d’autres questions se posent alors à nous : Pourquoi éprouvons-nous  des émotions ?  Pourquoi l’amour ?  Pourquoi les passions ? Toutes aussi irrationnelles, ces sensations ne sont possibles que parce qu’elles nous viennent d’ailleurs.  Nous ne pouvons pas aimer sans un  vis à vis, car c’est bien de l’extérieur de nous mêmes que vient ce sentiment.  Le problème c’est que nous cherchons Dieu ailleurs que là où il se manifeste et que nous ne savons pas le repérer quand il agit au fond de nous-mêmes.
Si donc Dieu vient se manifester en nous et qu’il a un lien évident  avec nos émotions,  sans que nous ne nous en apercevions, s’il pilote les pulsions de vie qui font vibrer notre âme, s’il nourrit notre esprit sans que nous le sachions, qu’adviendra-t-il  de nous quand  nous le découvrions vraiment ? Quelle qualité de vie aurons-nous alors si nous découvrons que Dieu est à l’œuvre en nous ?
Face à un tel questionnement, Jésus nous apprend alors  qu’il suffit de regarder en nous-mêmes pour  voir Dieu agir. C’est alors que nous accepterons de savourer ce qui se passe dans notre existence, et que nous découvrirons  avec joie ce qu’il nous donne. Son esprit qui ne cesse de nous visiter deviendra vraiment  efficace en nous. Ainsi nourris par lui, nous nous surprendrons nous-mêmes à faire les actes que, en d’autres temps nous lui demanderions de faire, si bien que c’est nous qui  accomplirons  les miracles que nous attendions de lui pour croire !
 C’est parce que nous sommes habités par son esprit que nous devenons meilleurs, altruistes, généreux. Grâce à ces qualités  que Dieu améliore en nous par sa présence, le monde se met à évoluer d’une autre manière et l’on rencontre alors  des Mère Thérésa, des Henri Dunan des Albert Schweitzer, des Martin Luther King, des  Nelson Mandella qui chacun, là où il est,  transforme le monde et agit au cœur  de l’égoïsme des peuples  pour faire jaillir l’espérance.
Ce sermon  a déjà été publié le 19 août 2012

Les illustrations  sont de Bernard Frackoviak

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