vendredi 28 octobre 2016

Colossiens 1/12-20 Tout est harmonie en Dieu par le ministère de Jésus. Dimanche 20 novembre 2016


12 Rendez grâce au Père qui vous a rendus capables d'accéder à la part d'héritage des saints dans la lumière. 13 Il nous a délivrés de l'autorité des ténèbres pour nous transporter dans le royaume de son Fils bien-aimé, 14 en qui nous avons la rédemption, le pardon des péchés. 15 Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute création ; 16  car c'est en lui que tout a été créé dans les cieux et sur la terre, le visible et l'invisible, trônes, seigneuries, principats, autorités ; tout a été créé par lui et pour lui ; 17 lui, il est avant tout, et c'est en lui que tout se tient ; 18 lui, il est la tête du corps — qui est l'Eglise. Il est le commencement, le premier-né d'entre les morts, afin d'être en tout le premier.19 Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute plénitude 20 et, par lui, de tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix.


Tout croyant a pour but de participer à la plénitude de Dieu et de vivre avec lui des moments exaltants en partageant la foi  de tous ceux qui l’ont  côtoyé de très près, notamment   Abraham et Moïse qui ont eu le privilège de parler bouche à bouche avec lui pour le premier et de mourir dans ses bras pour le second. Nous aimerions nous trouver aux côtés d’Élie, le plus grand des prophètes qui a eu le privilège de sentir la tiédeur du souffle de Dieu quand il se cacha dans un creux de rocher.  Nous aimerions aussi partager les expériences des apôtres qui ont  vu le Christ ressuscité. Nous envions le privilège de tous ces grands témoins dont les Ecritures nous racontent les moments intimes qu’ils passèrent avec Dieu. Nous sommes frustrés en constatant que de tels moments n’existent plus

La Bible enjolive les événements du passé pensons-nous, c’est ainsi que par avance nous nous écartons d’une possible intimité plus grande avec Dieu.  Il n’en est rien nous suggère l’apôtre Paul dans ces lignes sur lesquelles nous appuyons ce sermon. Nul, selon lui,  n’est exclu de la possibilité de passer des moments privilégiés ou d’intimité avec Dieu qui toujours reste à portée de notre voix et accessible à notre prière. Cette possibilité nous est donnée grâce au relais incontournable que Dieu nous a donné en Jésus Christ. Encore faut-il faire bon usage de la réalité qui l’habite, car il n’est pas un sous-dieu, ni un substitut de Dieu qui nous parlerait à la place de Dieu et d’une manière plus appropriée qu’il ne  pourrait le faire lui-même.  Jésus est celui qui a su se laisser habiter  par Dieu pour nous le présenter en vérité  tel qu’il cherche à se révéler. Jésus  a su écarter de lui tous les  éléments que les traditions avaient accumulés sur son nom et qui en masquaient la réalité.  Jésus  s’est approché au plus près de lui pour nous révéler à la fois sa proximité et aussi son inaccessibilité.

Si  nous prêtons attention à l’enseignement de Jésus rapporté par les Évangiles, et que nous entreprenons avec lui la construction du Royaume dont il parle, toutes choses deviendront possibles  et nous approcherons de très près le reflet de la volonté divine. A mesure que la construction de ce Royaume voulu par Dieu se précise, c’est la réalité de Dieu qui prend forme. C’est alors qu’il se fait si proche de nous  que nous pouvons partager ce qu’il y a de sublime à son contact.  Mais nous constatons que ce Royaume n’existe pas ! Au contraire nous avons  plus l’impression  de voir la réalité de Dieu s’écarter de nous que de se rapprocher.  Nous  considérons que la construction d’un tel royaume est une fiction et relève d’une utopie irréalisable. Si bien que  la réalité de Dieu n’envahit pas nos pensées, elle s’écarte tellement de nous que nous avons peine à imaginer ce qu’elle peut être ?


Paul n’ignorait pas que les hommes avaient tendance à habiller Dieu de tous les oripeaux  que  chacun a tendance à imaginer.   Le Panthéon des images de Dieu produites par les hommes est tellement plein de leurs représentations que les hommes n’y croient plus. C’est pourquoi  Paul nous propose de déclasser toutes ces images de Dieu, non pas pour en créer de nouvelles, mais  pour nous inviter  à réfléchir autrement.   Il nous invite  à emprunter les pas de Jésus et à suivre ses instructions en espérant  qu’à sa suite nous croiserons cette nouvelle réalité de Dieu qu’il appelle son  Père  et qui n’a besoin d’aucune représentation  pour nous faire partager sa divinité.

Ce n’est pas un visage que Jésus donnait à Dieu, c’est, une qualité qu’il lui attribuait. Elle a la   faculté de changer  la réalité  du  monde si on la pratique : c’est l’amour. Jésus ne l’avait pas découvert  par sa seule réflexion. Jésus avait découvert que cette notion d’amour divin était cachée depuis toujours dans les Ecritures. Les prophètes avaient tenté de la révéler, mais les hommes l’avaient masquée au point de la rendre invisible. Ils avaient préféré  faire de Dieu un être de  colère et de vengeance habité par la jalousie. Ce dieu là, leur ressemblait davantage et  était plus à leur portée. On s’est plu à le dépeindre à la tête des armées célestes pourfendant les infidèles et noyant dans les eaux ceux qui s’opposaient à sa volonté. On nous a rendu sensible  à sa notions de justice, et c’est pour la sauvegarder qu’il aurait fait déborder la mer pour noyer  les populations dans un déluge destructeur ou qu’il aurait contraint le pharaon  à  s’embourber dans la vase de la mer de joncs    puis à se noyer dans les eaux de la Mer Rouge.

Mais cette violence n’était qu’une apparence, car ce n’est pas sur elle  que semblent insister les Ecritures. C’est en fait sur un  tout autre aspect de Dieu qu’elles suggèrent aux fidèles de porter leur attention. C’est  sur ses gestes de miséricorde qu’elles insistent pour mieux en  nier  l’aspect despotique que l’on prête à Dieu. C’est Caïn qui le premier a bénéficié de sa clémence. Il fut sauvé de la mort méritée, ainsi que Noé et Jonas et bien d’autres.  Jésus    méditant les Ecritures s’est écrié   que Dieu était amour et que c’est en pratiquant l’amour qu’on pouvait le rencontrer. Tout le reste n’est que littérature.  Paul nous invite à retrouver Dieu dans ce principe d’amour dans lequel Jésus nous a transmis la réalité de Dieu.

Fort de ce principe, Paul nous amène à rejoindre toute la création elle-même pour nous dire que le rôle que Dieu y a joué consiste à  y avoir  injecté le principe  de l’amour comme élément déterminent de son action. Les textes qui nous le transmettent ne s’y trompent pas. Ils nous présentent comment  la grâce et l’harmonie accompagnent la présence de Dieu au moment où se crée le monde.  C’est d’abord la nuit et le jour qui se succèdent, puis les astres qui entreprennent  un immense ballet  cosmique où la lune et le soleil jouent à cache-cache. Puis c’est le tour de la mer  où batifolent les monstres marins d’entrer en scène. Elle baigne la terre qui verdit  en se couvrant d’un gazon nourrissant que broutent les animaux qui le parcourent paisiblement et que le ’hommes créés en même temps qu’eux ont charge de  conduire vers le progrès.


Ce n’est ni la volonté ni la faute de Dieu si les choses ont mal tournées quand les hommes s’en sont mêlés, mais Jésus nous enseigne que  malgré cet échec apparent, toute cette beauté et cette harmonie perdues sont récupérables si les hommes, chargés de leur  maintien et de leur sauvegarde y injectent assez d’amour .

Que la société humaine s’organise selon  les principes que Jésus lui donne, et le monde renouvelé changera et la réalité de Dieu oubliée depuis longtemps redeviendra facteur d’unité. Paul suggère  que telle  est la fonction  de l’Église qui a charge d’organiser la société des croyants.

Mais cela ne se passe pas comme cela. Le monde est totalement différent de ce que l’on vient de dire ! Cela est vrai, mais il n’empêche que la volonté de Dieu se révèle dans l’enseignement de Jésus. Les hommes n’ont pas d’autre choix  que de se comporter comme Jésus le leur a dit. Si ce n’est pas encore réalisé en ce moment, cela reste de l’ordre du réalisable. Ainsi  la foi qu’il a mis  en nous nous invite à croire que ce qu’il nous a promis pourra se réaliser  si nous croyons vraiment que la volonté de Dieu s’accomplit en lui.

Illustrations: Jacques Chéry, peintre haïtien

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