lundi 24 octobre 2016

Malachie 3:12-20 Quelle espérance? Dimanche 13 novembre 2016







19 Car il arrive, le jour, ardent comme une fournaise. Tous les arrogants et tous ceux qui agissent en méchants seront comme du chaume ; ce jour qui vient les embrasera, dit le SEIGNEUR (YHWH) des Armées, il ne leur laissera ni racine ni rameau. 20  Mais pour vous qui craignez mon nom se lèvera le soleil de la justice, et la guérison sera sous ses ailes ; vous sortirez et vous sauterez  comme des veaux à l'étable.

Que faire d'une telle prophétie? Elle fut exprimée, voila bien longtemps  après le retour d'exil, après la déportation vers les années 450 av Jésus Christ. Nous allons essayer d'en tirer quelques   réflexions pour aujourd'hui.

Que je prie ou que je  ne prie pas, quelle différence ? Si je vais à l’Église le dimanche ou si je n’y vais pas, qu’est ce que cela change ? Rien ne se passe vraiment dans ma vie qui ne la rende moins terne et ne  lui donne plus d’éclat. Si des moments plus porteurs d’émotions que d’autres se produisent dans mon existence, ce n’est sans doute pas l’œuvre de Dieu. Ce n’est certainement  pas lui non plus, qui produit les accidents dont je  suis victime, ce n’est pas lui non plus qui est l’auteur de mes succès. Mais puisque Dieu est bon et compatissant selon les Ecritures, et  qu’il est lent à la colère, il est inutile de me tourmenter outre mesure, car je pense quand même qu’il se soucie de moi, même si  je ne le lui demande pas. Les choses ont toujours été ainsi et le resteront encore longtemps.

Ne croyez pas que je cherche à, vous provoquer, je ne parle ni en mon nom, ni au vôtre. Je ne fais qu’émettre les propos que tiennent  beaucoup  de nos contemporains. Ne voyant pas Dieu agir, ils prennent leurs distances par rapport à lui. Ils ne sont pas vraiment incroyants,  mais ils croient en Dieu sans y croire. Ils font partie de cette masse dont Dieu se détournerait volontiers, s’il était comme ils le pensent.  C’est comme ça que les prophètes ont expliqué les grands déboires du peuple d’Israël et qu’ils ont justifié le fait que Dieu  ne soit pas intervenu lors du siège de Jérusalem et de la destruction  du temple. Il se serait détourné d’eux à cause de leur manque de fidélité, si bien qu’il n’aurait  rien fait pour qu’ils n’aillent pas  en  l’exil.

  Pourtant après leur  retour, la leçon n’avait  toujours pas porté ses fruits, ils ont recommencé comme avant. L’histoire se répéterait-elle ? S’ils  ne s’attendaient pas à un châtiment pour leur manque de foi. Ils ne trouvaient plus dans la pratique  du culte la source d’un dynamisme porteur d’avenir.  Aujourd’hui, le peuple désabusé auquel nous appartenons ne pense-t-il pas de même ?  Nous agissons et pensons comme si  Dieu n’éprouvait aucun intérêt à ce que nous soyons son peuple ? N’est-ce pas là l’origine du french baching dont fait état la presse autour de nous ?

Telle pourrait-être la réflexion de l’ange qui nous parle dans ce texte  au nom de Dieu et dont je m’amuse à paraphraser les propos en essayant de les actualiser.  Mais de quel ange parlez-vous se demandent ceux qui ont suivi jusqu’à maintenant? Ils se demandent même si je n’aurais pas l’outrecuidance, en tant que simple prédicateur du jour, de me comparer  à un ange ? Non certes, mais je ne résiste pas au plaisir de faire un peu d’érudition. Il s’agit du prophète Malachie lui-même, dont le nom est construit sur le radical « Malach » qui signifie « ange » en hébreux  et qui en se donnant ce nom ne fait pas preuve de modestie ! Mais  je ne pense pas que vous connaissiez vraiment ce prophète. Il est le dernier des prophètes mentionnés dans la Bible, mais il n’est pas le dernier chronologiquement. Il vivait au moment du retour de l’exil et il adressait la parole de Dieu à un peuple blasé qui ne trouvait pas son compte dans  la politique  d’occupation  de son  pays  par les Perses.  

Certes, ils étaient revenus d’exil, mais  leur pays restait un état sous contrôle. Le temple avait été reconstruit  mais il était  moins beau qu’avant. Ils  avaient conservé la liberté de culte, mais la liturgie était moins somptueuse,  la présence des étrangers  sur leurs terres leur compliquait la vie et ils ne savaient que penser de  la présence des juifs au sang mêlé parmi eux. Dieu lui-même semblait victime de leur passivité et  devait se contenter de la médiocrité du culte qu’ils lui rendaient. L’ange Malachie se propose donc  de secouer leur apathie. La morosité était dominante et personne ne voyait vraiment aucun avantage, à améliorer le quotidien d’une vie  qui était triste comme avant l’exil, sans enthousiasme, comme du temps des rois,  sans vraiment de joie de vivre.  Si vous y voyez une comparaison appuyée avec notre vie actuelle, vous ne vous y trompez pas ! Telle est bien mon intention.

Fallait-il en rester là,  se contenter d’un léger mieux dans leur vie, et remercier Dieu de  cet état de médiocrité auquel  ils étaient soumis ? Ceux qui revenaient d’exil et qui se prenaient pour des gens purs, déploraient le fait qu’on ne leur réserve pas un sort  meilleur que celui auquel ils croyaient avoir  droit. Purs et impurs, pas de différence. Ils étaient attristés du fait que Dieu ne semblait pas tenir particulièrement compte de leur statut de  victimes de la déportation, leur pratique du culte s’en ressentait. Un chevreau aveugle ou une vache boiteuse étaient bien suffisants pour offrir un sacrifice. Le  prophète avait beau leur dire que Dieu se sentait frustré par de tels comportements, cela ne changeait rien aux choses et la pratique du culte s’affadissait.

Sans qu’on le dise vraiment nous partageons souvent le même ressentiment.  Nous aimerions que la faveur de Dieu  se manifeste plus clairement en réponse à   notre pratique religieuse.  Bien que   nous déclarions que c’est la foi qui sauve et  non  les œuvres,  nous pensons quand même que Dieu pourrait tenir compte de notre manière d’exprimer notre foi. Or il n’en est rien.  Nous pensons pourtant que si un jour nous  nous sommes ouverts à la foi, c’est que Dieu avait  jeté  un regard particulier sur nous  et qu’il avait permis que  nous surmontions tous les obstacles de notre vie pour dépasser les effets du péché. Nous espérons inconsciemment que Dieu tiendra compte  du fait que nous répondons  par la foi aux effets de sa grâce. Sans le dire à personne, nous agissons et pensons comme si Dieu avait créé le monde, les yeux fixés sur nous afin de nous sauver et qu’il l’aurait oublié. 

Quand nous nous appesantissons sur nous-mêmes et que nous nous interrogeons sur  le sens de notre vie, nous reprochons à Dieu de nous avoir faits comme nous sommes : Pas assez beaux, pas assez intelligents, pas assez grands, pas assez forts, homme plutôt que femme etc. Si Dieu l’avait voulu et nous aimait comme il le prétend, il nous aurait  fait autrement. Nous lui reprochons  ce que nous considérons, en secret et sans le dire vraiment, comme une  injustice. Cela  fait partie de notre désenchantement face à ce monde. Dieu veut-il  qu’il en soit ainsi ? Se met-il en retrait pour nous contraindre à agir ? En fait c’est lui qui a créé les lois de la nature et qu’il les a  soumises au  hasard  de la génétique et de l’hérédité, et  nous en subissons les effets comme le font  toutes les autres créatures. Ce n’est donc pas lui qu’il faut accuser de ce que nous pourrions considérer comme des injustices dans notre vie. Et pourtant, nous le faisons.

Alors Dieu, joue-t-il quand même un rôle dans tout cela ? Oui, car Dieu ne nous laisse pas nous débattre seuls et sans espoir contre les imperfections de ce monde. Il met en nous la faculté de réagir face à des situations que nous jugeons injustes et il nous rend capables de les surmonter. Il se propose de  rester en relation avec nous grâce aux effets de son esprit qu’il répand sur nous  et c’est par la prière que nous lui adressons  qu’il  devient accessible. Dieu a voulu qu’un tel message d’espérance soit porté par Jésus qui dispense son esprit en faveur de  tous les hommes, c’est ainsi qu’il éclaire notre  avenir.  Il met en nous un autre regard  que celui de la résignation et de la fatalité. Il nous permet de voir ce qui est beau quand les autres ne le voient pas, il nous permet de voir Dieu à l’action dans le monde là où les autres ne s’en aperçoivent pas. Il nous permet d’inscrire l’espérance dans notre vision des choses.

Le monde ne fonctionne donc pas comme un théâtre de marionnettes dont  Dieu tirerait les ficelles. Nous sommes des produits de l’histoire, nés selon les règles d’un monde encore en voie d’achèvement et Dieu met en nous cet élan dont nous avons besoin pour que notre existence d’hommes évolue le mieux possible vers la perfection à laquelle nous aspirons. Dieu nous a permis de comprendre  cela en poussant Jésus à s’investir totalement dans une vision nouvelle de l’humanité. Il a  parachevé le message des prophètes et a  permis aux hommes de comprendre qu’ils étaient totalement immergés  dans la bonté de Dieu et qu’ils étaient invités à la mettre en pratique à leur tour  dans tous leurs comportements.

Aucun commentaire: