mercredi 11 janvier 2017

Sophonie /3et 3/12-13 Le Petit reste. dimanche 29 janvier 2017



2/3 Recherchez le SEIGNEUR, vous tous les humbles de la terre, qui mettez en pratique le droit qu’il a établi : recherchez la justice, recherchez l’humilité, Peut-être serez-vous à l’abri au jour de la colère du SEIGNEUR.
3/12 Je maintiendrai au milieu de toi un reste de gens humbles et pauvres ; ils chercheront refuge dans le nom du SEIGNEUR.13 Le reste d’Israël ne commettra plus d’iniquité ; ils ne diront plus de mensonges, on ne surprendra plus dans leur bouche de langage trompeur ; mais ils pourront paître et se reposeront sans personne pour les faire trembler.


  L’histoire du monde ne s’écrit pas d’une manière linéaire si bien que les hommes ont du mal à en saisir le sens ce qui leur donne l’impression de ne pas maîtriser leur destin et d’être   emportés par le hasard qui ne leur permet pas de contrôler les événements. Une seule règle semble devoir s’imposer au déroulement de l’histoire, c’est celle selon laquelle  la raison du plus fort est toujours la meilleure. C’est elle qui décide momentanément de la marche des choses. Pourtant  un élément  impondérable vient casser cette belle ordonnance  et empêche que l’on puisse prévoir l’avenir. Tout à coup, sans crier gare,  le plus fort cesse de l’être.  Cela s’explique sans doute après coup mais  cela ne se prévoit pas. La  roue de l’histoire se met tout à coup à tourner dans l'autre sens et défavorise celui qui se croyait supérieur aux autres

Comment Alexandre le grand, Gengis Khan ou Napoléon sont-ils devenus les maîtres de monde sans que rien ne le laisse prévoir ? D’autres qu’eux sans doute avaient les mêmes qualités et n’ont pas fait les mêmes choses. Le mystère reste entier. Pourquoi la puissante Ninive  a-t-elle été vaincue par la puissante Babylone devenue plus puissante qu’elle ? Une grande partie de l’histoire biblique repose sur  cette énigme. Mais face à ces blocs qui se sont affrontés, le petit royaume d’Israël n’a jamais fait le poids et a été balayé par la tourmente provoquée par l’empire de Ninive en mal de puissance. Le faible Royaume de Juda ne lui a survécu qu’un siècle et  demi grâce à son insignifiance et a finalement été balayé à son tour, par la puissance de Babylone  cette fois,  quand ce petit royaume a voulu relever la tête. Cela ne l’a pas empêché de plus tard espérer un renversement  de l’histoire en sa faveur, grâce à un nouveau maître qui venait de s’imposer au monde : Cyrus. C’est là encore une énigme !  Mais peu importe si on se perd dans ces  entrelacs difficiles de l’histoire car  c’est en répondant  à cette énigme que l’on verra comment le doigt de Dieu intervient  dans l’histoire. C’est à cette question que répond aujourd’hui le prophète Sophonie.

Dieu joue-t-il un rôle dans la rivalité entre les puissances  et prend-il part dans leurs conflits pour orienter l’histoire en faveur des petits comme le dit le prophète?  Il faut aussi se poser la question subsidiaire: Si Dieu  prend  en considération le sort des petits, pourquoi le fait-il si discrètement ? Personne n’a vraiment autorité pour éclairer ce mystère, mais les prophètes d’Israël, s’y sont risqués. Ils ont fait des efforts pour écouter Dieu afin de saisir le font de sa pensée. C’est là où nous en sommes.

Sophonie,  pris au cœur de la tourmente n’a pas pu se taire et il a laissé entendre que tout cela pouvait avoir du sens. Apparemment Dieu se mêlerait à l’histoire en  promettant de  toujours maintenir  un petit reste de croyants,  fidèles à sa parole qui changeraient  par leurs  actions le cours de l’histoire malgré leur petits nombre, car Dieu ne veut pas que l’histoire  s’écrive sans lui.

  Dieu interviendrait  auprès des hommes, par sa parole. Ce serait le rôle des prophètes de la décrypter.  Jésus après eux y a consacré tout son ministère et  a révélé  la volonté profonde de Dieu pour le monde. Ainsi Dieu fait-il le pari qu’il y aurait toujours un minimum  d’hommes, pour comprendre sa parole, pour l’interpréter en fonction du moment et pour faire évoluer l’histoire dans le sens  que Dieu voudrait lui donner.

Dieu construit donc son projet pour le monde sur un défit et une promesse. Le défit est celui que la vie  sera toujours la plus forte, la promesse, c’est que toujours quelqu’un sera capable de relever le défit, fut-il un homme tout seul,  aussi insignifiant  que personne ne le remarquera.  Ainsi va l’histoire !

  Laissons-nous maintenant  emporter par la pensée à l’époque d’Astérix le gaulois alors que   l’histoire du monde s’écrivait par la violence des légions  romaines  qui renversaient   les trônes,  annexaient les états et usurpaient de partout le pouvoir. La paix romaine imposait  sa loi au monde antique. Qui a fait attention à ce mouvement  là,  à cet incident produit dans une lointaine province d’Orient, quand  une fête locale s’acheva par l’exécution sommaire d’un homme qui avait osé défier les autorités religieuses du lieu.

Il avait osé prétendre  avoir décrypté  à sa façon les Ecritures sacrées de son peuple. Elles l’enjoignaient selon lui à n’agir que par amour,  à parler d’égalité et  de partage et à se comporter comme si tous les hommes étaient des frères. Qui a pensé  que l’on était en train de mettre à mort le plus farouche adversaire des puissants et que sa voix de mourant  était en train d’ébranler jusque dans ses fondements, l’empire qui dominait le monde ? Qui a compris qu’une autre idée de Dieu  était en train de  s’exprimer par lui et allait faire école, et qu’une autre conception des relations entre les hommes  allait s’emparer des sociétés ?

L’idée n’était même pas originale en soi. La Tora, le livre sacré des juifs prodiguait déjà de telles idées, et au-delà des frontières de l’empire d’autres philosophes avaient émis des idées semblables. Cependant, il était évident qu’une telle utopie généreuse n’avait aucune chance de s’imposer.  Il était évident   qu’on ne pouvait s’opposer aux lois de la nature qui avait instauré la rivalité entre les espèces et l’inégalité entre les races. Le  pouvoir resterait toujours aux mains des plus forts. Le lion serait toujours supérieur au rat même si les fables d’Ésope disaient le contraire (1). Mais qui avait lu Ésope ?
Des hommes en armes prendraient  toujours le pas  sur des va-nu-pieds sans défense avides de philosopher.

Certes les prophètes savaient confusément  qu’en prêchant l’espérance à des peuples vaincus et humiliés, ils disaient une vérité qui leur venaient de Dieu. Mais savaient-ils qu’ils allumaient    le flambeau d’une parole qui par l’entremise de Jésus allaient embraser le monde entier. De proches en proches, de victimes en victimes, l’étincelle de l’espérance attendait  que ces idées prennent feu.   Une poignée d’illuminés disaient à qui voulait l’ entendre que la parole de Dieu avait incarné son espérance dans un homme trop humble en son temps pour qu’on  prenne garde à lui, trop fragile pour qu’on le croit dangereux, trop faible pour qu’on redoute sa puissance. Pourtant sa force de conviction s’est emparée du monde.

Malheureusement, si  elle a contribué à modifier le monde romain de fonds en comble, la parole de Dieu n'a rien changé vraiment, car en s’universalisant elle  s’est dévoyée. Elle a changé de camp et elle est  passée dans celui des puissants. Elle a alors  perdu sa force  de conviction en devenant l’instrument des gens de pouvoir. Son fondement basé sur la fraternité et le partage a été oublié, si bien que Dieu est à nouveau redevenu inaudible. A  nouveau   tout  était à refaire. On s’est plu à croire, pour mieux noyer le poisson, que  ce qui devait se produire  sur terre  se réaliserait  au ciel. On a mis ainsi   dans l’esprit des croyants  qu’il y aurait  un paradis pour plus tard dans un autre monde  pour accueillir  ceux  qui auraient su plaire à Dieu.

Mais ce serait une profonde erreur de croire que les choses pourraient finir ainsi.  Le message des prophètes,  incarné dans la parole de Dieu en Jésus Christ continue encore aujourd’hui à transmettre l’espérance. Il s’appuie sur cette promesse de Dieu selon laquelle il y aura toujours un petit reste fidèle à la parole de Dieu telle que Jésus l’a enseignée. Elle contient un formidable message d’amour capable de défier tous les tyrans. C’est par ceux qui ont compris cela que Dieu continue à orienter l’histoire et c’est par eux qu’il s’oppose aux puissances nuisibles. Cette espérance de vie que Dieu met en nous aura  toujours la capacité d’entrainer le monde jusque dans l’éternité de Dieu telle qu’il l’a conçue au commencement.

(1) Le lion et la souris chez Ésope, le Lion et le rat chez La Fontaine

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