dimanche 26 février 2017

Genèse 12/1-4 LLa marche des croyants - dimanche 12 mars




Chapitre 12

1 Le SEIGNEUR dit à Abram :
« Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir.2 Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Je rendrai grand ton nom. Sois en bénédiction.
3 Je bénirai ceux qui te béniront, qui te bafouera je le maudirai ; en toi seront bénies toutes les familles de la terre. »
4 Abram partit comme le SEIGNEUR le lui avait dit, et Loth partit avec lui.
Abram avait soixante-quinze ans quand il quitta Harrân. 
5 Il prit sa femme Saraï, son neveu Loth, tous les biens qu’ils avaient acquis et les êtres qu’ils entretenaient à Harrân. Ils partirent pour le pays de Canaan. 



Un jour, à l’origine de l’humanité,  quelques humains décidèrent de partir vers un ailleurs au-delà de leurs forêts natales nichée au cœur de l’Afrique en direction de terres jusqu’alors inconnues. C’est ainsi que les historiens imaginent la progression  de l’espèce humains à travers les continents depuis ses origines africaines L’histoire humaine a commencé selon eux par une marche irréversible entreprise par quelques individus vers  des terres  jusqu’alors ignorées capables de les accueillir.  Le départ était donné.  Cette marche des hommes vers l’inconnu  ne s’arrêtera jamais.

A l’autre bout de l’histoire les derniers descendants de ces premiers voyageurs poursuivent les mêmes rêves vers d’autres terres, toutes aussi inconnues, capables de les accueillir sur d’autres planètes. Rien ne semble devoir  limiter ce mouvement irréversible qui pousse les humains à aller voir plus loin.

Entre le départ des premiers  explorateurs vers des terres autres que les leurs et la mise en œuvre du  désir de leurs derniers  descendants de quitter leur planète, des milliers d’humains habités par ce même projets de départ  ont suivi les étoiles, guidés par leur intuition pour découvrir de nouvelles terres propres à les recevoir. Parmi eux,  Marco Polo et Christophe Colomb furent les plus célèbres, mais  ne furent pas les seuls.

Si ce désir d’aller voir ailleurs est inhérent à l’homme, il serait surprenant qu’il ne trouve pas son origine en Dieu, car l’homme est fait  à son image selon les Ecritures. Curieusement, la Bible s’est attachée à suivre les pas d’un de ces voyageurs fameux : «  Pars,   lui avait dit une voix, coupe les racines qui te rattachent à la maison de ton père ». C’est Dieu lui-même qui donnait le coup d’envoi d’une  aventure prodigieuse qu’il inscrivait dans une longue tradition  de l’humanité. Abraham partit avec sa femme,  ses troupeaux et le rêve de se faire un nom parmi les nations.

 Ainsi semble-t-il, Dieu a mis dans  nos gènes  un dynamisme qui pousse les plus aventureux à aller  voir plus loin, là où personne n’est encore allé. Ils   à rompent avec la tradition  selon laquelle l’avenir  de chacun consisterait à mettre ses pas dans ceux de son père et de refaire  après lui la même chose que lui. L’homme poussé par Dieu est un curieux de nature. Ce ne sont même pas  seulement des terres nouvelles qu’il cherche à s’approprier, mais des idées nouvelles et une autre forme de pensée.  Dans cette longue entreprise qui s’ouvre devant lui, c’est un autre visage de Dieu qu’Abraham découvrira et qui s’affinera à mesure de ses déplacements.

Il  multipliera les étapes, commettra des erreurs, changera la direction de ses pas. Seule la mort l’arrêtera. Son fils Isaac s’appropriera la nouvelle terre enfin acquise. L’entreprise de son père semblait donc avoir  pris fin avec lui. Mais Dieu allait-il fixer  à tout jamais, sur ce morceau de désert où Abraham avait posé son campement, ceux qui allaient devenir « son peuple » ? Le voyage n’était cependant pas fini ! S’arrêterait-il un jour  d’ailleurs? Jacob, le petit fils fut habité de la même frénésie que le grand père et c’est en Egypte qu’il tentera de stabiliser la tribu. Elle dut en partir quelques générations plus tard, en considérant ce nouveau départ comme une bénédiction divine. Les Ecritures  interprètent  tous ces déplacements   comme l’expression de la volonté  divine.

Si aujourd’hui  le tourisme nous met  dans des situations semblables à celle d’Abraham et nous invite à l’aventure, le but n’est  cependant pas le même. Le touriste a généralement  l’intention de revenir à son point de départ. Par contre, Dieu quand il nous pousse à partir ne prévoit pas qu’on puisse revenir. La vie que nous menons sous sa conduite ne prévoit si de marche en arrière, ni de point de retour. C’est une continuelle marche en avant.

 Beaucoup plus tard, cette même fièvre de déplacement s’empara  des apôtres de Jésus qui selon la tradition se mettront à  parcourir les mers en tous sens et tous les continents connus, pour obéir aux ordres du Christ qui en fit des agents itinérants pour proclamer son Evangile.  

Abraham avait mis sa foi en une promesse qu’il avait cru entendre de la bouche même de Dieu. Il s’agissait de lui assurer une descendance qui donnerait du sens à sa vie. Sa femme étant stérile, il devait faire confiance à Dieu pour que son projet d’enfant  aboutisse, à moins  d’adopter son neveu dont il avait la charge ou d’utiliser les services d’une autre femme que la sienne.  Cette double possibilité qu’il expérimenta  ne donna pas satisfaction. Elle mit  cependant sa confiance à l’épreuve, car c’est de Dieu et de Dieu seul que devait venir la solution qui donnerait du sens à sa vie.

La  difficulté  que rencontra  Abraham, et  qui est aussi bien la nôtre, c’est de faire confiance à Dieu quand le doute s’empare de nous et que le projet de vie formulé avec lui cesse d’être nette. La foi n’est pas aveugle,  elle ne s’appuie pas sur une promesse aléatoire, elle doit laisser place à une certitude. Comment alors être certain de la mission que Dieu nous confie  quand  on ne le voit pas et qu’il  ne se fait entendre que par nos  voix intérieure ? Comment  être sûr de notre discernement quand il s’agit d’une question de vie ?

Il nous faut aiguiser notre discernement.  Le discernement consiste à savoir quand c’est Dieu qui nous parle et que ce n’est pas la cupidité qui nous anime. A chaque étape de son voyage Abraham se trouva face à des  choix qui provoquèrent  sa sagacité. Il dut  dominer ses sentiments personnels qui  pouvaient orienter de ses choix et décider, à la place de Dieu quelle chose il fallait faire.  Il fut provoqué par la peur et par  sa cupidité,  ou par  la logique humaine qui érige en défi  ce qui ne l’était pas. Ainsi,   par exemple la question de son âge le tourmenta :  était-il raisonnable  d’entreprendre ce qu’il faisait   à  l’âge qui était le sien ? Il réalisa que pour entendre Dieu il devait  donner priorité à tout ce qui était  porteur de vie.  Il devra  alors lutter contre lui-même pour découvrir que la vie d’Isaac était plus précieuse  que l’obéissance aveugle à une voix qu’il croyait être celle de Dieu et qui  lui ordonnait  de sacrifier son enfant. Il fut alors  tourmenté  par sa propre réflexion jusqu’à ce qu’il comprenne que le sacrifice de l’enfant ne signifiait  pas sa mise à mort. Il s’agissait seulement  de le lui consacrer.

Sur le chemin de l’aventure, c’est sa foi qui devait  le guider dans ses choix, mais son intelligence éclairée par l’esprit de Dieu devait constamment être tenue en éveil pour saisir correctement la volonté de Dieu afin de toujours  faire passer l’intérêt des autres avant le sien. C’est à cette condition que l’écho de  la voix de Dieu  serait vraiment audible.

Ainsi Dieu met-il du mouvement dans notre vie et nous entraîne-il dans une aventure toujours surprenante. Il nous fait confiance pour que nous discernions, grâce à l’esprit qu’il met en nous, les bons tournants que nous devons donner à notre existence. Ils consistent à donner priorité à toutes les vies qui nous sont confiées par  les hasards de  notre histoire. C’est le chemin d’une telle  aventure que Jésus a suivi. Il a su discerner  les priorités qui devaient guider ses choix et il a découvert les  choix de Dieu. Étrangement il est allé vers  la mort quand elle s’est présentée à lui, comme le choix nécessaire pour que les autres puissent vivre.

L’aventure d’Abraham est une expérience  superbe   que Dieu lui a offerte et qu’il a su gérer sagement  en suivant les intuitions de sa foi.  Une telle expérience nous est offerte, à nous aussi  si nous apprenons à découvrir les vraies priorités que la foi en Dieu nous demande de mettre en œuvre.

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