mercredi 3 janvier 2018

1 Samuel 3/3-19 Comment Dieu parle-t-il ? Dimanche 14 janvier 2018



1 Samuel : 3/3-19

 Le jeune Samuel était au service de l'Eternel devant Eli. La parole de l'Eternel était rare à cette époque, les visions n'étaient pas fréquentes.
2 Un jour, Eli, dont la vue commençait à faiblir et qui ne pouvait plus bien voir, était couché à sa place habituelle. 3 La lampe de Dieu n'était pas encore éteinte et

Samuel était couché dans le temple de l'Eternel, où se trouvait l'arche de Dieu.
4 Alors l'Eternel appela Samuel. Il répondit: «Me voici», 5 courut vers Eli et dit: «Me voici, car tu m'as appelé.» Eli répondit: «Je n'ai pas appelé, retourne te coucher.» Et Samuel alla se coucher. 6 L'Eternel appela de nouveau Samuel. Samuel se leva, alla vers Eli et dit: «Me voici, car tu m'as appelé.» Eli répondit: «Je n'ai pas appelé, mon fils, retourne te coucher.» 7 Samuel ne connaissait pas encore l'Eternel, la parole de l'Eternel ne lui avait pas encore été révélée. 8 L'Eternel appela de nouveau Samuel, pour la troisième fois. Samuel se leva, alla vers Eli et dit: «Me voici, car tu m'as appelé.» Eli comprit alors que c'était l'Eternel qui appelait l'enfant, 9 et il dit à Samuel: «Va te coucher et, si l'on t'appelle, dis: 'Parle, Eternel, car ton serviteur écoute.'» Et Samuel alla se coucher à sa place.
10 L'Eternel vint se tenir près de lui et appela comme les autres fois: «Samuel, Samuel!» Samuel répondit: «Parle, car ton serviteur écoute.»
11 Alors l'Eternel dit à Samuel: «Je vais faire en Israël une chose telle que toute personne qui l'apprendra en restera abasourdie.
12 Ce jour-là j'accomplirai vis-à-vis d'Eli tout ce que j'ai prononcé contre sa famille; je le commencerai et je le finirai.
13 Je le lui ai déclaré, je veux punir sa famille pour toujours. En effet, il avait connaissance du crime par lequel ses fils se sont maudits et il ne leur a pas fait de reproches.
14 C'est pourquoi je jure à la famille d'Eli que jamais son crime ne sera expié, ni par des sacrifices ni par des offrandes.»
15 Samuel resta couché jusqu'au matin, puis il ouvrit les portes de la maison de l'Eternel. Il avait peur de raconter la vision à Eli, 16 mais Eli l'appela et dit: «Samuel, mon fils!» Il répondit: «Me voici!» 17 Eli dit: «Quelle est la parole que l'Eternel t'a adressée? Ne m'en cache rien. Que Dieu te traite avec la plus grande sévérité, si tu me caches quoi que ce soit de tout ce qu'il t'a dit!»
18 Samuel lui raconta tout, sans rien lui cacher, et Eli dit: «C'est l'Eternel, qu'il fasse ce qui lui semblera bon!» 19 Samuel grandissait. L'Eternel était avec lui et ne laissa aucune de ses paroles rester sans effet.

Pourquoi Dieu ne parle-t-il pas plus clairement ?  Pourquoi ne vient-il pas se présenter à la porte de notre chambre comme il le fit pour Samuel afin de nous dire distinctement ce qu’il attend de nous ? Pourquoi ne se tient-il pas en pleine nuit à la porte de  notre tente, comme il le fit pour Abraham,  pour  nous  révéler l’itinéraire à suivre pour quitter la demeure de notre père et obéir à ses  suggestions.  Certainement comme Samuel, ou comme Abraham nous obtempérerions  et Dieu  serait satisfait de nous comme il le fut pour ces deux héros dont on parle ?  Mais ce qui s’est passé pour eux ne se passe pas pour nous  de la même façon.  Quand nous croyons que Dieu nous pousse à faire quelque chose,   nous ne sommes jamais sûrs d’avoir vraiment entendu ce que Dieu désirait nous faire comprendre!.

 Mais  pour nos deux personnage, ça ne s’est peut être pas passé exactement comme le récit nous l’a transmis.   Il se peut que ce fut  leur foi qui ait rendu leurs oreilles attentives  à autre choses qu’à des paroles clairement formulées, et que la volonté de Dieu se soit clairement fait entendre à eux autrement que par voix orale. Sommes-nous alors des gens de si peu de foi pour que nous ne soyons pas capables de saisir la volonté  de Dieu sans que celle-ci  ne se soit exprimée à haute et intelligible voix?

Ces questions préliminaires en appellent une autre : Pourquoi Dieu, quand il s’adresse à nous,  nous distinguerait-il parmi les autres pour accomplir la tâche qu’il nous réserve ? D’autres humains, ne seraient-ils pas plus compétents que nous pour le faire? Curieusement, Abraham dont nous venons de parler, ou Samuel, ou bien d’autres encore n’ont-ils pas cherché à  savoir ce qui avait motivé  le choix de Dieu  quand il s’est adressé à eux ; pourtant la question : « pourquoi moi ? » reste appropriée.

Jérémie cependant à osé interpeler Dieu à ce sujet. Avec pertinence, il a su dire  sa propre  incompétence. La seule raison qu’il crut percevoir de Dieu c’est que Dieu lui-même savait ce qu’il faisait et n’avait pas de comptes à lui rendre. Jérémie se soumit donc à l’arbitraire de Dieu et subit son sort  avec résignation  en affrontant les défis de l’histoire.

Quant à nous, si nous voulons  entendre ce que Dieu nous demande, il faut bien que nous répondions à cette question : pourquoi moi ? Ensuite il faudra vérifier que l’on a bien entendu la réponse de Dieu.

 C’est avec l’histoire de Samuel que nous tenterons de formuler des réponses.  Par une nuit particulièrement agitée où il essaye de mettre de l’ordre dans ses idées, le jeune Samuel va réaliser qu’il  doit jouer un rôle particulier  pour que la situation provoquée par les  fils d’Elie évolue. Il réalisera alors le souhait de sa mère qui l’avait placé au sanctuaire de Silo pour servir l’Eternel dès son enfance, mais il ne réalise pas encore qu’il en viendra à se substituer au prêtre Elie alors que lui, Samuel n’est  pas de famille sacerdotale.  A cette époque on adorait Dieu dans  différents sanctuaires  car le Temple de Jérusalem n’était pas encore construit.  Le prêtre Elie, qui n’est pas le prophète du même nom,   appartient  à la famille sacerdotale et  se trouve en charge du sanctuaire de Silo, le plus important à l’époque, puisqu’il  abrite la fameuse arche de l’Alliance.

Elie semble être un brave homme mais il est dépassé dans son autorité paternelle  et va se trouver frappé d’indignité à cause du  comportement inadmissible  de ses garnements de  fils qui bien que prêtres eux-mêmes, détournent à leur profit le produit  des sacrifices. Trop vieux pour avoir une influence quelconque sur ces chenapans  et atteint de cécité,  le vieux prêtre est impuissant pour agir. Bien que Samuel ne soit encore qu’un jeune homme,  chargé de l’entretien du sanctuaire comme pourrait l’être un sacristain, il  voit tout, il comprend tout, mais  il doit garder le silence. Personne ne serait assez naïf pour croire que les choses aussi mal engagées  allaient durer longtemps.

C’est dans ce contexte que le récit fait résonner la voix de Dieu ! Comment ?  Le récit nous est présenté pour que le lecteur comprenne que Dieu se sert de Samuel pour que les choses évoluent et surtout pour qu’Elie comprenne que ça ne peut plus durer. Mais il nous faut être perspicace pour comprendre où se situe l’action de Dieu dans tout ça. Pas besoin d’être un grand clerc pour comprendre que Samuel soit troublé par cette situation.  L’enfant pense à tout cela et n’en dort pas. Sa piété et son intelligence sont continuellement en éveil. Le lecteur attentif comprend  que la voix de Dieu se confond ici avec la voix de la conscience de l’enfant.

Puisqu’Eli n’intervient pas dans une telle situation, il faut bien que quelqu’un aide le prêtre à comprendre ce qui va se passer, et Samuel  a bien saisi que s’il n’agit pas, personne ne le fera.  Tout ce qui est raconté ici tient compte de tous les éléments que nous venons de mentionner mais ils nous sont rapportés sur le ton du merveilleux, propre aux récits de l’époque. Tout ce qui se passe ici  est le fruit de la prière d’un enfant  qui accablé  par la situation, se  place devant Dieu. L’enfant inspiré fait le bilan de la situation  et prend devant Dieu la décision qui s’impose,  de dire les choses franchement à Eli.

Si on considère que cette approche du texte est une voie possible que Dieu donne à sa parole pour se faire entendre et la rendre crédible pour le lecteur contemporain, on fera la même analyse pour  le récit d’Abraham que nous avons évoqué au début de ce propos. Nous comprendrons  que le patriarche accablé par son souci personnel de savoir sa femme stérile,  en perde le sommeil et se soit  tourné vers Dieu pour lui dire son angoisse.

Ne suffirait-il pas d’un peu d’audace et d’esprit d’entreprise pour que les difficultés du moment prennent un autre aspect. Abraham  était bloqué dans une situation qui n’évoluait  pas.  La routine quotidienne ne débouchait sur rien,  les difficultés discutées dans le clan familial n’apportaient aucune solution. Le clan, sans héritier était condamné à la disparition. Abraham dans ses transes nocturnes méditait.

 Si Dieu donnait au couple l’audace de sortir du carcan familial et d’aller voir ailleurs, la vie reprendrait  ses droits, peut-être que  la semence du patriarche porterait du fruit dans le sein de sa femme ?  Abraham  opta pour l’audace et fit confiance à Dieu pour le guider.

Dieu donne aux hommes l’audace d’entreprendre. Est-ce  en agissant ainsi qu’ils entendent  la réponse de Dieu  qui leur  ouvre un autre avenir que celui qu’ils avaient construit jusqu’alors ? Est-ce ainsi que Dieu a parlé à Abraham ? Sans doute  ai-je forcé les textes pour les amener là où je voulais aller, mais cette explication ne rend-elle pas cohérente la manière dont Dieu parle en nous, en éclairant  notre méditation personnelle par sa présence en nous.

Les deux questions que nous nous posions au début de notre réflexion trouvent ici une réponse : Pourquoi moi ?

Dieu s’intéresse à chacun de nous et donne une réponse, pas toujours entendue à ceux qui la lui demandent. Quiconque affronte la vie avec audace reçoit de Dieu cette énergie dont tous ont besoin pour se mettre personnellement en cause  et décider de se mettre à son service. C’est alors que rempli d’audace, chacun comprend que sa vocation particulière est de se mettre au service de Dieu. Quelle que soit la forme qu’il donnera à ce service, Dieu lui donnera sa caution et Jérémie, vous vous en souvenez,  qui oppose l’argument de son jeune âge, le voit balayé conjointement par lui-même  et par Dieu parce que c’est un au faux argument de sa part pour ne pas se servir de l’audace qu’il puise en Dieu.

Pour la deuxième question qui consiste à se demander comment Dieu parle, il me semble que l’on trouvera une esquisse de  réponse dans l’approche du texte que nous avons fait de l’histoire de Samuel.   

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