dimanche 4 février 2018

Marc 1:40-45 seule la vie est porteuse d'avenir dimanche 11 février 2018



Jésus guérit un lépreux: dimanche 15 février 2015  Marc 1 :40-45

40 Un lépreux vient à lui et, se mettant à genoux, il le supplie : Si tu le veux, tu peux me rendre pur. 41 Emu, il tendit la main, le toucha et dit : Je le veux, sois pur. 42 Aussitôt la lèpre le quitta ; il était pur.43 Jésus, s'emportant contre lui, le chassa aussitôt 44 en disant : Garde-toi de ne  rien dire à personne, mais va te montrer au prêtre, et présente pour ta purification ce que Moïse a prescrit; ce sera pour eux un témoignage. 45 Mais lui, une fois parti, se mit à proclamer la chose haut et fort et à répandre la Parole, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville. Il se tenait dehors, dans les lieux déserts, et on venait à lui de toutes parts.

Vous souvient-il du jour où vous avez réalisé que vous croyiez en Dieu ? Il n’est pas rare que nous fassions le point sur les événements qui ont marqué notre éveil à la foi, car nous ne sommes pas toujours satisfaits des suites que nous leur avons données. Ce ne fut certainement pas simple de découvrir que nous étions en contact avec une réalité nouvelle qu’on appelle Dieu. Nous avons découvert, qu’en nous, ou à côté de nous, nous ne saurions vraiment pas le dire, il y avait cette présence de Dieu qui nous était nécessaire et à qui nous donnions le visage de Jésus. Il n’est pas évident de découvrir que l’on croit en Dieu dans un monde qui l’ignore grandement et de ressentir que nous avons besoin de lui alors qu’autour de nous on semble très bien s’en passer.

Dans le secret de notre vie, il nous arrive donc de repenser aux étapes qui nous ont amenés à la foi. Nous avons besoin de le faire pour garder notre foi vivante. C’est une expérience que nous pouvons difficilement partager avec les autres, car chacun a son histoire et notre histoire ne ressemble à celle de personne. Il se peut que la foi ait brutalement jailli en nous au point de nous jeter à terre dans un moment d’intense émotion religieuse, comme ce fut le cas pour John Wesley (1). Pour d’autres ce fut une longue réflexion qui lentement a pris possession de leur esprit et qui a finalement mobilisé toute leur personne, si bien qu’ils se trouvèrent implicitement mobilisés par un dynamisme nouveau. Il nous faut aussi rappeler l’expérience de ceux qui considèrent qu’ils ont été au bénéfice d’un miracle, c'est-à-dire d’une démarche particulière de Dieu à leur égard comme cela nous est rapporté dans  l’histoire de Saul de Tarse.

Beaucoup ont connu des moments semblables à ceux qui viennent d’être évoqués. Parfois ce furent d’autres expériences ou le mélange de plusieurs.

Pourtant, avec le temps, la foi semble s’user. A force d’habitude elle s’affadit. Comment pourrait-il en être autrement quand on vit dans une société où l’expression de la foi est sensée se faire discrète et où le nom de Dieu n’est jamais officiellement mentionné si bien qu’on finit par enfermer sa révélation dans une série de légendes qui le tournent parfois en dérision ? Un tel état de fait se répercute dans nos églises au point qu’on peut se demander si leur avenir n’est pas menacé.

Le texte que nous avons lu, ne nous nous dit  pas ce que nous devons faire, il nous dit plutôt ce qu’il ne faut pas faire. Il nous apporte un contre enseignement. L’homme guéri qui veut témoigner en faveur de Jésus rend surtout un témoignage à lui-même. Il se sert de sa propre personne comme instrument de propagande personnelle pour attirer les regards sur lui.  Il croit attirer l’attention des autres sur Jésus, mais en fait, il se fait  une publicité à lui-même. En agissant ainsi, il accapare  la gloire de Dieu  à son profit.  .  

Même si son attitude s’explique aisément, elle ne se justifie pas. En effet, du fait de sa maladie cet homme se trouvait exclu et rejeté. L’action de Jésus le projette au premier rang de la scène. Les hommes de son temps avaient érigé en principe religieux, l’exclusion de la société de tous les lépreux  par crainte de contagion, en vertu de la loi du pur et de l’impur. Cela  leur donnait bonne conscience pour enfermer ces malheureux ailleurs dans l’univers morbide de la maladie. Comment la foi pourrait-elle trouver son chemin dans une telle ambiance de mise à l’écart et de mort? Dans le cas précis, elle ne le trouve pas.

Pourtant, par l’intervention de Jésus, l’homme redevient apte à vivre en société. Il peut désormais rejoindre sa famille, trouver du travail, redevenir un homme normal et fréquenter à nouveau les lieux de culte. Même si Jésus ne veut pas qu’il parle de son aventure, celui-ci se met à la raconter au point que la renommée qui se répand empêche   Jésus  de n’exercer aucune autre forme de ministère que celui de guérisseur.

Jésus avait pour mission de parler de Dieu et de libérer les gens perturbés par l’angoisse que produit la séparation d’avec Dieu. Du fait de cette publicité malencontreuse, il se trouve réduit à une fonction magique, à tel point que son message en est altéré et que son ministère en devient impossible !

Ici le malade guéri ne prend pas le temps d’analyser ce qui s’est passé en lui. Il ne se demande même pas, par quel phénomène spirituel, médical ou psychologique sa guérison a pu se produire. Il ne va même pas faire constater son nouvel état aux prêtres qui seuls ont le pouvoir de lui permettre de rejoindre la société des humains. Il crie au miracle et attire l’attention sur lui. C’est ici que réside une partie du problème.

En racontant à tout le monde le miracle au bénéfice duquel il a trouvé la guérison, il détourne l’attention vers lui. Celui qui a opéré le miracle n’est plus qu’un guérisseur efficace et cesse  d’être le témoin  de la puissance divine. C’est celui qui recouvre la santé qui devient intéressant, et non celui qui guérit et les gens ne s’intéressent à Jésus que pour être  guéris à leur tour.

Dans ce récit, il y a comme une confiscation au profit de l’homme de la gloire qui devrait revenir à Dieu Le but de Jésus n’était pas d’en arriver là. Par son geste il voulait signifier l’emprise de Dieu sur le mal et montrer qu’il était le maître de la vie. Peine perdue. C’est tout autre chose qui se produit.

C’est par une transformation  intérieure que le malade    aurait du être  amené à la foi, mais le malade ne manifeste aucunement une démarche de foi! Nous ne sommes pas plus avancés ! Son discours n’est en rien un témoignage de l’action  de Dieu dans sa libération de la maladie. L’échec semble total.



En fait, ce n’est pas à cause d’une parole sur nous-mêmes que les témoins se tourneront vers Dieu, ce n’est pas en attirant leurs regards sur nous-mêmes mais c’est en attirant leur attention sur la puissance de vie qui  est en Dieu. Elle est capable de les transformer  pour faire d’eux des créatures nouvelles  susceptibles  de donner un autre aspect  au monde.


Jésus ne nous demande pas de faire le travail à sa place, car le miracle ne nous appartient pas. Il ne nous demande pas davantage, de gérer le monde selon nos principes et de lui imposer nos lois et notre morale.

Il nous demande par contre de rendre témoignage de l’espérance qu’il a mise en nous et de manifester de l’appétit pour la vie en la favorisant de toutes les manières possibles, car seule la vie est porteuse d’avenir.
 

(1) Réformateur anglais, fondateur de l’Eglise Méthodiste.

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