Le but de ce blog est de proposer une lecture pertinente, ou impertinente des textes proposés par la liste de lectures de l'Eglise Protestante Unie de France (EPUdF) pour les méditer au culte du Dimanche. Nous proposerons de publier les sermons avec un décalage d'une semaine ou même deux, pour qu'ils puissent être travaillés par les lecteurs qui désirent s'en servir pour le culte du dimanche.
jeudi 26 février 2009
Jésus chasse les marchands Jean 2:13-25 pour le dimanche 4 mars 2018
samedi 14 février 2009
Abraham écoute et ne comprend rien: Genèse 22/1-19 pour le dimanche 8 mars 2009


La vie nous paraît parfois bien mal faite, les choses ne se passent pas comme prévues, elles se retournent même contre nous et nous nous demandons quelles forces contraires nous baladent au gré de l’imprévisible. Le croyant en arrive même à se demander si Dieu ne l’a pas abandonné puisqu’il semble rester silencieux et impuissant en face d’un destin qui l’accable. Il se prend même à penser que c’est Dieu lui-même qui le met à l’épreuve. Il se répète alors intérieurement la demande du « Notre Père » qu’il récite dans toutes ses variantes : « Ne nous soumets pas à la tentation » ou encore, « ne nous laisse pas succomber dans l’épreuve ». Il répète intérieurement cette prière tout en se souvenant de l’épître de Jacques où il est affirmé que Dieu ne tente personne.
Malgré tout cela, ses questions restent sans réponse. Il pense alors à Job qui fut victime d’un pari entre Dieu et le Diable et il se demande s’il n’est pas le jouet du même sort. Il pense même que l’ange du Seigneur, chargé de veiller sur lui a relâché sa vigilance et que le démon en profite pour s’insinuer de manière sournoise dans les événements de sa vie. Nous nous sommes sentis inévitablement confrontés à de telles questions une fois ou l’autre dans notre vie.
Les questions que nous évoquons n’échappent à aucune religion. Elles essayent toutes d'y répondre avec plus ou moins de bonheur. Les trois grands courants du monothéisme se sont servis de cette aventure d’Abraham pour essayer de répondre à la question de savoir pourquoi nous avons parfois l’impression que Dieu nous fait subir une épreuve insurmontable.
Comment Abraham, l’ami de Dieu, a-t-il pu recevoir du Seigneur l’injonction de sacrifier son fils ?
Les différentes traditions ont retenu des réponses différentes. Les unes reconnaissent que Dieu a mis Abraham à l’épreuve parce qu’il était sûr de sa foi et que cette épreuve ne pouvait que le faire grandir et le rendre plus fort ! C’est psychologiquement vrai, l’épreuve surmontée a toujours un effet bénéfique sur celui qui s’en tire bien. S’appuyant sur cette interprétation des penseurs chrétiens ont reconnu dans cet épisode une annonce prophétique de la mort de Jésus que Dieu aurait prévue pour racheter les hommes. Mais n’y a-t-il pas quelque chose de pervers dans ce procédé ? C’est pourquoi nous ne pourrons le retenir, ni dans le cas d’Abraham, ni dans ce lui de Jésus.
La tradition des rabbins du Talmud me convient davantage pour ma part. Abraham n’aurait pas compris, selon eux, ce que Dieu lui demandait. « Fait monter ton Fils pour un sacrifice » traduisent-ils. Abraham aurait compris que Dieu lui demandait de faire monter son fils sur l’autel du sacrifice. Les rabbins rajoutent même, qu’il fallait ensuite qu’il le fasse redescendre. Donc selon eux, il ne s’agissait pas de le sacrifier, mais de le faire monter sur la montagne pour qu’il y fasse un sacrifice. Mais pourquoi Dieu attend-il 3 jours pour intervenir ? D’autres encore, plus subtiles jouent sur les traditions et sur les mots. Le texte fait usage de 2 mots différents pour désigner Dieu. Le Dieu qui fait la demande du sacrifice, c’est Elohim, la forme la plus ancienne du nom de Dieu. Celui qui sauve Isaac en tendant la main c’est Yawhé, la forme du nom de Dieu à laquelle nous sommes le plus habitués. Il s’agirait là

Regardons le texte d’un peu plus près. Nous découvrons Abraham comme un homme solitaire qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Il agit seul. Il fend le bois seul, il scelle l’âne seul et s’il est accompagné de deux serviteurs ceux-ci ne disent rien. Il n’en est pas moins seul. Il n’a rien dit à sa femme. Il n’a même rien dit à Isaac. Abraham ne sait-il pas qu’il ne faut pas rester seul quand on croit entendre Dieu demander l’impossible? Ne sait-il pas qu’il faut vérifier auprès des autres s’il s’agit bien de la voix de Dieu car c’est auprès des autres nous nous essayons d’abord de vérifier la justesse de ce que nous croyons entendre de Dieu.
Abraham n'est pas sensible à l’exégèse des rabbins qui diront dans le Talmud que faire monter ne signifie pas sacrifier. Abraham n’est pas capable de les entendre. Il se tait, lui qui est l’ami de Dieu et qui sait argumenter avec lui, comme dans l’affaire de Sodome. Il se tait curieusement et s’enferme dans la décision qu’il a prise et qu’il ne veut partager avec personne. Il croit qu’il connaît Dieu intuitivement et qu’il est le seul à savoir la volonté de Dieu. Il n’a besoin de personne pour y voir clair. Il se croit dans la lumière alors qu’il est aveuglé par la monstruosité de ce qu’il va entreprendre. C’est lui qui dans un égarement curieux projette ses sentiments sur Dieu alors qu'il croit que c'est le contraire qui se produit. Il se croit proche de Dieu alors qu’il en est très loin.
Tel est Abraham, tel sommes-nous quand notre logique nous amène à prendre des décisions absurdes et que nous refusons de prendre le temps de la réflexion.
Trois jours de marche silencieuse et le voilà en vue du mont Morija que Dieu lui avait indiqué comme lieu du sacrifice. Morija n’est pas seulement un nom de lieu, c’est le nom de la montagne où sera construit le Temple, plus tard. Ce lieu a une histoire que nous trouvons dans le Livre des Chroniques (1). C’est le lieu où David avait cru, beaucoup plus tard, discerner lui aussi la volonté de Dieu. Il s’était lourdement trompé(2). C’est le jour où, contre l’avis de tous, il décida du recensement d’Israël car Dieu ne voulait pas le recensement de son peuple. Certes dix siècles séparent les deux histoires, mais les écrits qui rapportent ces événements ont été rédigés à la même époque, ils sont les seuls à parler du mont Morija qui n'est mentionné qu'à ces deux occasions dans la Bible.
C’est ce nom de Morija qui va nous servir de clé pour percer cette énigme. David avait cru que le Seigneur verrait d’un bon œil le recensement des tribus d’Israël qu’il avait ordonné. Il n’avait pas écouté la parole de ses proches qui lui disaient que telle n’était pas la volonté de Dieu. David n’écoutant que lui-même s’était entêté. Le recensement eut bien lieu, Dieu se fâcha et décida d’un châtiment exemplaire.
C’est précisément sur cette montagne de Morija, sur l’ère d’Ornân que David vit la main de l’Eternel arrêter l’épée de l’ange exterminateur pour protéger Jérusalem vouée à la destruction en châtiment du péché de David.
Par deux fois, sur ce même lieu la main de Dieu était intervenue pour sauver Isaac d’une part, Jérusalem de l’autre, qui l’un et l’autre était en danger de mort du fait que deux des Pères fondateurs d'Israël, Abraham et David, s’étaient crus capables à eux tout seuls de décider de la volonté de Dieu.
Que dire maintenant ? Si non qu'il peut arriver qu'on se méprenne sur la volonté de Dieu, même quand on fait partie des fidèles parmi les fidèles. Ceux-ci peuvent eux aussi se fourvoyer et ne pas comprendre la volonté du Seigneur. En réalité, ni Abraham, ni David n’ont été tentés par Dieu. Mais l’un et l’autre ont cru que leur intimité avec le Seigneur leur donnait la clairvoyance qu’ils n’avaient pas.
Quand Dieu parle et charge quelqu’un de mission, cette parole est généralement confirmée d'une manière ou d’une autre. Ni sa propre science, ni sa foi, ni son orgueil ne sont suffisants pour décider tout seul de la vérité d’une intuition. Pourtant il est bien souvent gratifiant de penser que Dieu nous met à l’épreuve pour éprouver notre foi. Cela nous valorise de penser que Dieu nous estime capables d'affronter une épreuve. Ce serait comme un examen de passage à l'échelon supérieur.
Il est vrai aussi qu’au creuset de l’épreuve, nous avons l’impression d’être dans un labyrinthe dont nous ne trouvons pas la sortie. Regardons encore une fois Abraham qui subit l’épreuve. Enfermé sur lui-même par la pensée qui l’obsède, il avance solitaire. Il ne sait même plus parler à Dieu son ami, et quand il voit le mont Morija, la montagne de Dieu, ce n'est pas la libération de son tourment qu'il entrevoit, mais la mort de so

Pourquoi ne lève-t-il pas les yeux ? Pourquoi ne voit-il pas le bélier qui est déjà là par le soin de Dieu, pris par les cornes ? Pourquoi se fait-il mal à lui-même ? Pourquoi ne cherche-t-il pas aide et secours auprès de Dieu son ami?
Face à tous ces pourquoi, je peux dire seulement que quand l’épreuve pèse lourdement sur nous, au lieu d’accuser Dieu qui n’en est pas l’auteur il nous faut inlassablement tenter de saisir sa main qui nous cherche et que dans notre désarroi nous avons du mal à trouver. C’est le sujet d'un d’un nouveau sermon, mais ce sera pour une autre fois.
(1) 2 Ch 3/1 - (2) 1 Ch 21
mercredi 11 février 2009
L'homme a-t-il créé Dieu? Genèse 9/8-17 dimanche 1 mars 2009


Genèse 9/ 8-17
La Bible nous dit que Dieu a fait l’homme à son image. Les philosophes qui critiquent la religion disent exactement le contraire, selon eux c’est l’homme qui aurait créé Dieu à la dimension de ses désirs. Bien que cette deuxième affirmation ne me gène pas personnellement, on va cependant s'apercevoir que beaucoup de choses ne collent pas avec l’image de Dieu telle que nous la donne la Bible. Nous allons plutôt découvrir que le Dieu des Ecritures n’est pas la somme des désirs que nous projetterions sur lui, au contraire, il est insaisissable et cependant tout proche, il est tout autre, et il est ailleurs que là où nous le plaçons.
A partir du récit de l’histoire de Noé, nous allons essayer de découvrir un des aspects que la Bible nous donne de Dieu. Nous découvrons qu'il est soucieux du drame qui vient de se produire. Le qualificatif de « soucieux » ne fait pas habituellement partie des attributs de Dieu ! Un tsunami vient de se produire et l’humanité tout entière a été menacée. Nous découvrons que dans ce drame, Dieu a joué double jeu. Il s’est mis en position contradictoire par rapport à lui-même. Il a provoqué la catastrophe et il est en même temps intervenu pour que le drame ne soit pas total.
Nous découvrons là l'aspect insaisissable de la personnalité de Dieu, il met lui-même en cause sa toute puissance en laissant ses sentiments de générosité prendre le dessus. Pourtant c'est sa propre colère qui est sensée être à l’origine du drame. Il s’est mis en colère quand il a réalisé que les hommes lui ont échappé et qu’il ne les contrôle plus. Est-ce d’ailleurs de la colère ou du dépit ? Il n’a pas supporté que leur liberté les pousse à se détourner de lui. Il faut bien dire que ces sentiments ne valorisent pas l’image que l’on se fait de Dieu.
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Dieu est partagé par un double sentiment. Il veut sauvegarder sa toute puissance et en même temps donner droit à sa générosité. Il coupe la poire en deux, il décide de conserver le meilleur spécimen de l’espèce humaine pour essayer de tout recommencer. C’est un défi qu’il se pose à lui-même autant qu’à l’humanité. Il fait le pari que l’humanité n’est pas aussi déchue qu’il l’a constaté. Si c’est le cas, il est prêt à reconnaître qu’il se serait trompé. Si le défit est relevé l’humanité sera sauvée et la Seigneurie de Dieu sera préservée, mais au prix d'une énorme concession. Nous découvrons ici, un Dieu inquiet enclin aux concessions. Cela vaut le coup qu'on y réfléchisse. En effet le lecteur un peu critique pourrait être amené à ne plus faire confiance en un tel Dieu ! C'est pourtant sous cet aspect de faiblesse que nous allons découvrir sa vérité.
La suite du récit nous présente la mise en place de cette nouvelle situation, Dieu va établir de nouvelles règles pour permettre à l’humanité de s’accomplir. Chose étrange, il s’impose à lui-même des contraintes, car l’arc qui va s’allumer dans la nue n’a pas d’autre but que de l’avertir, lui Dieu que la situation qui se présente l’invite à la patience et non à la colère. L’arc devient un régulateur de l’humeur de Dieu.
Je m’émerveille de découvrir que ce texte éclaire comme un phare puissant tout le reste de l’Ecriture. C’est cet aspect de Dieu compatissant, lent à la colère, inquiet de voir l’homme se perdre et toujours soucieux d’inventer une nouvelle solution pour sauver l’homme qui domine. Dieu s’engage à garantir la liberté de l’homme, et en même temps il suscite des moyens opportuns que l’homme doit saisir pour s’en sortir, mais il reste libre de ne pas le faire. Dieu n’intervient donc pas dans les événements du monde. Il se laisse percevoir comme celui qui ayant donné les règles de vie aux hommes se donne pour tâche de les accompagner dans leurs projets et de les inspirer sans intervenir.
Si certains hommes s’interrogent sur le sens de leur destiné, qu’ils s’interrogent donc sur le comportement de Dieu tel qu’on le perçoit au travers de ce récit de Noé. A son contact, ils découvriront qu’ils ont sans doute une tâche à accomplir en tant qu’êtres humains, mais ils découvriront aussi qu'ils n’ont pas à empiéter sur le domaine du divin. La liberté de l’un cessant là où commence celle de l’autre. Et si l’humanité dépasse les limites, si les hommes décident de régenter le monde à leur guise, Dieu en sera contrarié, mais n’interviendra cependant pas. Le garde fou que représente l’arc dans le ciel est un frein que Dieu se donne à lui-même pour ne pas intervenir contre les hommes quand ils se prennent pour Dieu.
Les humains ne cesseront cependant de se prendre pour Dieu, à commencer par la suite de ce chapitre. Comment s’en sortir ? Nous avons ici comme un renversement des valeurs qui vont devenir la règle pour ce qui concerne Dieu. Il est tendresse et délicatesse, il n’hésite pas à se mettre personnellement en cause, il va se donner à lui-même les attributs qui caractérisent les humains, et il espère que c’est cette image de Dieu qu’ils reproduiront dans leurs actions. Las, nous savons que les hommes feront tout le contraire, ils chercheront à s’approprier l’image du Dieu tout- puissant et ils se croiront tout-puissants à leur tour, si bien que c’est cette image là qu’ils projetteront sur Dieu, et que c’est cette image là que Dieu contestera dans celle qu’il nous donne de lui en Jésus Christ.
Mais l’homme ne peut pas prendre la place de Dieu, c’est contraire à sa nature, et pourtant il croit pouvoir le faire. L’homme sait qu’il est limité et qu’il n’est pas Dieu, mais il lui arrive de devenir fou et de ne plus savoir qui il est vraiment. Cependant, si nous accordons une valeur à l’Ecriture c’est à dire ces textes que nous considérons comme la Parole de Dieu ils doivent devenir notre guide et nous aider à ne pas enfreindre les limites qui sont réservées à l’humanité.
Cela veut dire que nous leur conférons une autorité sur nous et nous reconnaissons en eux l’expression de la volonté de Dieu pour nous, quelle que soit l’histoire de ces textes et quelle que soit la manière dont ils sont parvenus jusqu’à nous, même s’ils appartiennent à une autre littérature que la littérature biblique. Ils représentent cependant une alliance de sagesse avec Dieu. En les lisant, nous les recevons comme une exhortation à rester dans notre rôle d’humain sans empiéter sur les fonctions de Dieu.
J'en reviens alors à ma remarque du début de mon propos. Il m'importe peu que ce soit Dieu qui ait créé l’homme ou le contraire, ce qui importe, c’est qu’en acceptant les textes fondateurs, nous acceptions en tant qu’humains, d’être guidés par des valeurs universelles qui nous dépassent quant à leur origine. C’est alors qu’en toute cohérence nous reconnaissons qu’elles ne peuvent avoir leur origine qu’en Dieu.
Que l’on tourne alors seulement une page de la Bible, que l’on se donne la peine de lire les lignes qui suivent le récit du déluge, et on découvrira que l’homme imbu de sa liberté s’empare de ce pouvoir qui le dépasse. A peine cette alliance de coopération et de sagesse est-elle conclue avec Dieu que l'homme la transgresse. Il se prend pour Dieu.

N'y arrivant pas Noé, le sage Noé, choisi entre tous pour préserver l’humanité transgresse toutes les règles et perd le contrôle de lui-même. Il donne dans tous les débordements possibles, l’abus d’alcool lui fait perdre la raison et il succombe à l’inceste (1)… tout est à recommencer. L’homme ne peut devenir libre sans être guidé.
Qui d’autre que Dieu pourrait le guider ? Dieu renonce à sa toute puissance qui faisait de lui un juge lointain, et il se convertit au rôle d’accompagnateur de l’humanité. C’est cette découverte que chacun doit faire pour devenir libre et responsable. L’histoire de Noé lui apprend qu’il ne peut y parvenir par lui-même. Il faut qu’il soit guidé par celui qui se tient tout, près de lui, et qui n’est pas lui.
En nous appuyant sur nos propres expériences nous constatons que nous ne savons pas vraiment nous situer, nous ne savons pas repérer les limites entre le bien et le mal, nous ne savons pas maîtriser les forces qui nous poussent à dépasser les limites du domaine propre à l’humanité. Ce constat ne peut se faire qu’en découvrant Dieu sous les traits que ce texte lui donne. Il n’est pas un être d’autorité qui domine et contraint mais une réalité de douceur et d’abnégation. Douceur vis à vis des autres et abnégation vis à vis de soi-même. Ces qualités se résument en un seul mot : celui d’amour. Homme et Dieu se trouvent désormais partenaires d’un même projet dont le seul instrument pour le mener à bien est le même pour l’un comme pour l’autre : c’est le verbe aimer. Pour y arriver, Dieu attend patiemment que les hommes le reconnaissent. Il ne force personne, mais avec douceur il attend.
C’est alors une nouvelle étape qui se prépare pour nous. Dieu nous apprend à conjuguer le verbe aimer à tous les temps et à tous les modes. Il nous apprend toutes les nuances du mot. Eros ou Agapè signifient tous les deux aimer de deux manières différentes mais qui excluent l’un et l’autre l’idée de dominer. Déjà à l’ombre de Noé et malgré sa terrible rechute, nous voyons se profiler entre nous et le divin la personne de Jésus que l’Evangile rend tellement vivant qu’il se met à vivre en nous. Il dépasse alors les limites du temps et de l’espace. Sa vie, ses paroles, sa mort et sa résurrection deviennent pour nous autant d’événements qui rendent Dieu présent. En sa compagnie nous nous sentons libres et responsables d'agir, si bien qu'aucune crainte, aucune angoisse, ne peut limiter notre espérance quand nous parcourons notre vie d'homme en sa compagnie.

(1) La scène qui nous est racontée concerne le plus jeune de ses fils. Elle peut être en effet interprétée comme un comportement pervers de la sexualité… Mais la perversion engendre la perversion. On n’oubliera pas alors que ce récit est un des textes fondateurs de l’apartheid, la malédiction de Cham entraînant, selon la lecture fondamentaliste des théologiens de cette doctrine la malédiction des peuples noirs. Il y aurait longuement à méditer sur la manière d’utiliser les textes bibliques et d'en tordre le sens pour qu’ils justifient les thèses les plus contraires à l ‘amour divin.
jeudi 5 février 2009
La place de chacun dans l'Eglise Marc 2/1-12 pour le dimanche 22 février 2009
2 1 Quelques jours plus tard, Jésus revint à Capernaüm, et l'on apprit qu'il était à la maison l . 2 Une foule de gens s'assembla, si bien qu'il ne restait plus de


Cette dernière remarque laisse entendre que les choses n’étaient pas aussi simples qu’elles le paraissaient au premier abord. Et réfléchissant un tant soit peu on va découvrir que cette scène, apparemment toute simple, n’a pas du se produire de la manière dont elle a été décrite. A quoi peut donc ressembler cette maison dans laquelle la foule se presse ? La maison palestinienne typique de l’époque est en général assez petite, elle contient une ou deux pièces où se serrent les membres de la famille pour dormir ainsi que le petit bétail. Elle est couverte d’un toit en terrasse qui sert de pièce supplémentaire. Une telle maison est trop petite pour que s’y rassemble une foule. On nous signale pourtant que les scribes avaient trouvé le moyen de s’y asseoir. Quand le toit a été éventré, personne ne semble avoir été incommodé par les gravas qui n’ont pas manqué de tomber sur le gens rassemblés. On n’a pas, non plus, entendu les protestations d’un éventuel propriétaire.
D’autre part, si Jésus parlait à l’intérieur de la maison, ceux qui étaient dehors ne pouvaient pas l’entendre. La logique voudrait qu’il se tint sur le seuil, pour que ceux du dedans et ceux du dehors puissent l’entendre, mais il n’en était rien. En effet, c’est à l’intérieur que l’on avait descendu le malade pour qu’il soit mis en présence de Jésus, c’est donc que Jésus se tenait à l’intérieur. Tous ces éléments mis bout à bout semblent indiquer que la scène ainsi décrite ne colle pas avec la réalité.
On peut certes se dire que l’auteur de l’Evangile, Marc en l’occurrence, ne connaissait rien à l’habitat de Galilée et qu’il a laissé aller son imagination. On peut aussi se risquer à imaginer que tout cela est une allégorie en vertu de laquelle, la maison serait une figure de l’église au centre de laquelle se tient Jésus entouré des divers cercles de fidèles engagés. A l’extérieur, sur le seuil, se tiendraient les sympathisants, et plus loin encore les curieux plus ou moins intéressés. Parmi eux se trouve le paralytique. On reconnaît dans cette description la structure habituelle de la communauté chrétienne qui est encore valable aujourd’hui. On remarquera qu’il est déjà difficile de passer d’un cercle dans l’autre. On notera alors que les scribes, dont seuls les pensées sont connues de Jésus sont assis en position de responsabilité. Ce ne sont plus les scribes de la synagogue du temps de Jésus, mais les docteurs de l’église, les responsables de la communauté.
Si Jésus agit avec une totale liberté, bien que les pensées des responsables le désavouent, il ne peut se mouvoir à l’intérieur de la communauté aussi facilement qu’il le voudrait, c’est pourquoi ceux qui portent le malade sont obligés de ruser pour obtenir une place qui leur est contestée par les cercles proches de Jésus.
Nous assistons ici à un conflit silencieux qui n’est pas raconté, mais qui est suggéré par le récit. Les proches de Jésus font barrage entre lui et les solliciteurs qui ne font pas partie du cercle des intimes. Ici est posé la question de l’accueil dans l’Eglise que l’on aura tant de mal à régler. Faut-il imposer une confession de foi aux nouveaux venus, faut-il un acte de repentance ou le signe du baptême ? Jésus quant à lui reconnaît une confession de foi dans leur attitude
Pourtant, en agissant comme il l’a fait, Jésus a fait éclater les limites que les hommes donnent habituellement à leurs communautés religieuses. Il a accepté que ces intrus puissent se tenir au cœur de la communauté, à l’endroit où il se tient lui-même. Ces gens qui arrivent d’en haut viennent dans l’Eglise comme s’il était envoyés par le saint Esprit.
Nous avons vu, par les paroles que prononce Jésus, qu’il considère que leur action tient lieu de confession de foi. Il la considère comme assez authentique pour donner suite à leur demande. Il introduit alors le malade dans la communauté en lui pardonnant ses péchés, au grand damne de ceux qui ont autorité, car ceux-ci ne semblent pas reconnaître dans l‘attitude des solliciteurs une démarche de foi suffisante p

Jésus voit dans ce qu’il appelle « leur foi » la même chose que ce que nous définissons comme telle. Pour eux la foi se confond avec l’espérance. Ils espèrent que l’infirme va se trouver mieux, du fait de la présence de Jésus. Pour Jésus cette attitude est suffisante, car elle contient l’essentiel de la foi, c’est à dire la certitude que la présence de Jésus est porteuse de vie. Tout ce que, par la suite, les hommes rajouteront ne sera que commentaire. Curieusement, les autorités de l’Eglise s’attachent plus aux commentaires qu’à l’espérance de vie.
L’espérance de ces gens révèle qu’ils mettent leur confiance dans le Dieu dont Jésus parle. Or, le péché réside justement dans le fait que l’on est séparé de Dieu. Dans la mesure où ils ont manifesté leur foi de la manière que l’on vient de dire, ils ne sont plus séparés de Dieu. Il n’y a donc plus de barrière entre Dieu et eux. Jésus peut donc exprimer cette réalité en déclarant que le malade est pardonné. Il va de soi que le signe d’une vie meilleure, c’est la guérison, donc acte.
Maintenant quelles conclusions allons nous tirer ? C’est ce qu’il y a sans doute de plus difficile à faire. Il est normal que l’Eglise établissent des règles de fonctionnement sans quoi elle serait vite dépassée et ne pourrait plus se gérer. Il est claire aussi que l’attitude de Jésus manifeste que l’église doit toujours se sentir concernée quand elle est interpellée par des questions qui concernent la vie des hommes, car tout ce qui concerne la vie, concerne Dieu.
Ce récit doit sans doute rappeler à ceux qui ont autorité dans l’Eglise qu’ils doivent l’exercer avec discernement pour que personne ne soit lésé dans sa vie à cause des raisons dogmatiques qui prendraient le pas sur les questions de vie. Il paraîtrait impossible de ne pas recevoir dans nos rangs ceux qui croient que c’est le Dieu de Jésus Christ qui les fait vivre. Je laisse à chacun le soin d’examiner en conscience les situations où sa propre église ne respecte pas cette règle qui donne priorité en tous points à ceux qui se réclament de la vie telle que Dieu l’offre en Jésus Christ.