mardi 15 septembre 2009

Le divorce ; Marc 10-1-12 dimanche 4 octobre 2009








Marc 10: 1-12




L'enseignement de Jésus sur la répudiation
1Parti de là, il vient dans le territoire de la Judée et de l'autre côté du Jourdain. Les foules se rassemblent encore auprès de lui ; selon sa coutume, il se remit à les instruire.



2Des pharisiens vinrent lui demander, pour le mettre à l'épreuve, s'il est permis à un mari de répudier sa femme. 3Il leur répondit : Que vous a commandé Moïse ? 4— Moïse, dirent-ils, a permis d'écrire une attestation de rupture et de répudier. 5Jésus leur dit : C'est à cause de votre obstination qu'il a écrit pour vous ce commandement. 6Mais au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme ; 7c'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, 8et les deux seront une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. 9Que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni !




10Lorsqu'ils furent à la maison, les disciples, à leur tour, se mirent à l'interroger à ce sujet. 11Il leur dit : Celui qui répudie sa femme et en épouse une autre commet l'adultère envers la première, 12et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet l'adultère.




Pour un certain nombre de croyants, le monde semble être régi par des lois immuables. Ces lois édictées par Dieu depuis l’origine des temps se trouvent répertoriées dans la Bible. Depuis toujours, ces mêmes croyants sont persuadés que la transgression de ces lois déclencherait la colère de Dieu et le retour inévitable au cahot primitif. Nos contemporains partagent parfois la même angoisse, pour d’autres raisons. La crainte d’avoir manqué au respect élémentaire des lois de la nature trouble un certain nombre d’entre eux. Plus de morale, dit-on ! On ne sait plus ce qui est bien de ce qui est mal. L’avidité est devenue une règle mortelle incontournable. Les liens qui unissent les familles semblent se distendre au point de se détruire. On ne se marie plus, on divorce quand on veut, et comme on veut et le type de la famille devient celui de la famille recomposée..

Dans le texte de ce matin, Jésus semble désapprouver notre conduite. Dieu a créé l’homme et la femme pour former une seule chair et cela ne semble pas devoir se discuter. Et si parfois les humains divorcent, c’est une concession faite par Dieu à la dureté de leur cœur, mais au commencement il n’en était pas ainsi, ajoute-t-il. Devant la situation des hommes telle qu’elle était, au moment où Moïse recevait la loi de Dieu écrite sur les tables de pierre, les exigences de Dieu ont été assouplies, mais en fait, il est dit selon l’interprétation de Jésus que Dieu ne voulait pas du divorce! C’est ainsi que ce texte repris depuis 2 000 ans par des générations de théologiens ne desserre pas l’étau de la Loi divine. Il est incontestable que Jésus a dit ce qu’il a dit, il n’est pas d’usage de douter du texte biblique, mais ce qu’il nous faut chercher à percevoir, c’est l’intention de Jésus. Pourtant, quand Jésus fait allusion à la loi, ce n’est pas pour la durcir et mais pour l’assouplir. Dans sa tendresse, il montre qu’il la dépasse en pardonnant les pécheurs sans condition et en ouvrant les portes de son Royaume à ceux qui ne le méritent pas.

Jésus dans son propos introduit une notion nouvelle, « si Moïse a permis que vous divorciez c’est à cause de la dureté de votre cœur »! Ainsi quand Moïse a donné la loi, Dieu l’a adaptée à une situation nouvelle. C’est Dieu qui s’est adapté lui-même à une situation nouvelle créée par les hommes. Dieu a réagit en face des comportements humains et a modifié ses critère d’exigence. Dieu a fait fi de sa toute puissance pour maintenir une bonne relation avec les hommes. Ce Dieu qui change d’avis pour rester acceptable à l’homme qui n’évolue pas selon ses souhaits perturbe parfois les croyants mais déroute toujours les incroyants.

Les incroyants et les sceptiques nient l’existence de Dieu en partant de l’argument selon lequel Dieu serait le produit de l’imagination des hommes. Ceux-ci seraient insatisfaits d’eux-mêmes et projetteraient sur le Dieu qu’ils inventent leurs désirs de perfection. Ils justifieraient ainsi l’existence de Dieu en le modelant à la dimension de leurs désirs. C’est ainsi qu’au cours des siècles Dieu a pris divers visages.

Dans ce programme de construction de Dieu à l’image des hommes, il semblerait que les désirs collectifs des peuples aient été régis par les prêtres et les prophètes du moment qui modelèrent le visage de Dieu pour qu’il devienne le reflet des aspirations du monde. C’est ainsi qu’aujourd’hui nous assistons à la naissance d’un Dieu pluraliste, qui se pare des attributs des religions révélées et qui en supprime les contraintes.

Pourtant le Dieu de la Bible semble résister à ces courants. Malgré les efforts des hommes pour faire un Dieu à leur image, l’image de Dieu leur résiste et leur échappe. Dieu ne se laisse pas enfermer dans sa toute puissance comme au temps de Moïse, ni dans sa justice, comme au temps des rois, il échappe à la main mise des juifs de l’exil où il les suivit. Il ne se laisse pas confondre avec les dieux de la pensée grecque. Et quand le temple fut détruit, on ne le trouva pas dans ses ruines. Le Dieu de l’Ecriture est un Dieu qui se cache car il est passionné de l’homme et il s’ingénie à le suivre au nom d’un sentiment qui lui est propre et que faute de mieux on appelle amour.

Ainsi quand Dieu regarde l’homme évoluer, il constate qu’il a une faiblesse cardiaque : - l’homme est dur de cœur - Dieu n’envisage pas de corriger l’homme, il ne fait pas de transplantation cardiaque comme sa toute puissance le lui permettrait, c’est lui qui change afin d’être accessible à l’homme tel qu’il est.

Fort de ce qui vient d’être dit, on doit maintenant s’interroger sur ce qui fonde sa spécificité divine. Comment fonde-t-il sa toute puissance ? Cette question en appelle une autre: Pourquoi laisse-t-il le monde livré à l’irresponsabilité humaine ? Nous avons du mal à lui trouver une réponse satisfaisante. Il nous apparaît alors comme un Dieu qui refuse de se manifester par sa toute puissance et qui la délègue à sa créature dont il sait les faiblesses. Est-il irresponsable ou est-il éperdument amoureux?

C’est la deuxième hypothèse bien sûr, que nous retenons car dans l’enseignement de Jésus Christ nous découvrons que Dieu a fait le pari de croire que l’homme saura, malgré toutes ses contradictions découvrir le plan de Dieu et le mettre en oeuvre. Malgré ses errements, il saura discerner, grâce à son génie ou à son intelligence ou à ses échecs répétitifs la volonté de Dieu écrite, non pas sur des tables de pierre, mais diffusée par l’Esprit saint, que Dieu n’arrête pas de souffler sur le cœur des hommes.

Nous ne nous en rendons pas compte mais nous sommes pris comme dans une nébuleuse par le souffle de Dieu, qui enveloppe le monde ainsi que nous-mêmes. Tel un vent de sable qui joue avec les rochers et lentement les façonne, le souffle de Dieu imperceptiblement et patiemment enveloppe le monde dans une nécessité d’amour qui tôt ou tard aura raison de la dureté congénitale du cœur humain.

Le destin du monde est lié à la patience infinie de Dieu. C’est pour cela que je récuse les lectures catastrophiques de l’actualité selon lesquelles le monde évoluerait lentement vers son anéantissement. En fait nous avons peur de l’avenir, car nous ne voyons pas la toute puissance de Dieu s’imposer. Au contraire, Dieu semble absent de ce monde, c’est pourquoi les prophètes de malheurs annoncent son retour en force, pour juger le monde et amener la fin des temps.

Ils se trompent, car Dieu qui travaille au cœur des hommes ne se manifeste pas en puissance et en gloire, au contraire. Ils se révèle dans les œuvres des hommes qui le manifestent. Ne voyez-vous pas dans ce monde qui change et qui évolue les peuples en marche les uns vers les autres, ne les voyez-vous pas se brasser les uns dans les autres mêlant leurs couleurs de peau et leurs traditions et proposant un avenir vivant et coloré à notre occident si terne? Je suis bien conscient du fait que cette lecture de l’actualité est suspecte, mais pourquoi ne pas la vivre comme un reflet de l’évangile plutôt que comme un destin aliénant?

Depuis que Dieu s’est révélé aux hommes, il n’a jamais cessé de se mettre en cause lui-même pour se gagner l’affection et l’amour de la créature humaine. C’est pourquoi nous sommes certains qu’il entend avec sympathie nos questionnements d’aujourd’hui quand nous nous interrogeons sur sa présence dans un monde que l’on dit sans Dieu, car les valeurs où nous le cherchons habituellement sont périmées. On ne le cherche plus dans les inventions du génie humain, car les savants ne sont plus témoins d’un savoir que Dieu pourrait cautionner. On ne le cherche plus dans la sagesse des peuples car l’actualité nous a appris à la craindre plus qu’à l’admirer. On ne le cherche plus dans les grandes manifestations de la planète, aurores boréales, tempêtes et tremblements de terre, car la planète surpeuplée en souffre trop ! Cherche-t-on encore Dieu dans la pompe des Eglises? Nous savons bien que ces fastes attirent les touristes et les superstitieux mais bien peu les croyants. L’époque des « te deum » pour célébrer la grandeur de l’homme avec la complicité de Dieu est périmée. En fait on ne cherche plus du tout Dieu


Cependant on cherche toujours des sentiments et des idées porteuses d’espérance. On cherche l’amour, la générosité, la tendresse. Derrière tous ces sentiments que l’on a évoqués se cachent les attributs à travers lesquels Dieu aime se faire connaître, car Dieu est amour. Celui qui cherche l’amour, la paix et l’espérance n’est pas loin d’avoir trouvé Dieu, et son cœur endurci, n’est-il pas en train d’être refaçonné par son créateur?

Nous nous sommes égarés, bien loin de notre texte, bien loin de la rigide morale qui enferme les humains dans des lois du couple. Jésus n’a certainement pas voulu participer à cet enfermement, mais il s’en est servi pour nous entraîner à redécouvrir quelle relation vraie Dieu voulait entretenir avec les hommes. Vous me reprocherez peut-être de ne pas vraiment avoir répondu à la question sur la Loi? Mais il n’y avait pas de question, car la Loi est toujours dépassée quand on est dans une relation amoureuse avec Dieu. Laissons donc se ramollir la dureté de notre cœur pour nous ouvrir à la tendresse qui nous attend demain, puisque demain est déjà habité par Dieu.

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