38Jean dit à Jésus : « Maître, nous avons vu un homme qui chassait les esprits mauvais en usant de ton nom, et nous avons voulu l'en empêcher, parce qu'il n'appartient pas à notre groupe. » 39Mais Jésus répondit : « Ne l'en empêchez pas, car personne ne peut accomplir un miracle en mon nom et tout de suite après dire du mal de moi. 40Car celui qui n'est pas contre nous est pour nous. 41Et celui qui vous donnera à boire un verre d'eau parce que vous appartenez au Christ, je vous le déclare, c'est la vérité : il recevra sa récompense. »
Sérieuse mise en garde
Sérieuse mise en garde
42« Celui qui fait tomber dans le péché un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui attache au cou une grosse pierre et qu'on le jette dans la mer. 43Si c'est à cause de ta main que tu tombes dans le péché, coupe-la ; il vaut mieux pour toi entrer dans la vraie vie avec une seule main que de garder les deux mains et d'aller en enfer, dans le feu qui ne s'éteint pas. [ 44Là, “les vers qui rongent les corps ne meurent pas et le feu ne s'éteint jamais” .] 45Si c'est à cause de ton pied que tu tombes dans le péché, coupe-le ; il vaut mieux pour toi entrer dans la vraie vie avec un seul pied que de garder les deux pieds et d'être jeté en enfer. [ 46Là, “les vers qui rongent les corps ne meurent pas et le feu ne s'éteint jamais” .] 47Et si c'est à cause de ton œil que tu tombes dans le péché, arrache-le ; il vaut mieux pour toi entrer dans le Royaume de Dieu avec un seul œil que de garder les deux yeux et d'être jeté en enfer. 48Là, “les vers qui rongent les corps ne meurent pas et le feu ne s'éteint jamais” . 49En effet, chacun sera salé de feu.
50« Le sel est une bonne chose ; mais si le sel perd son goût particulier, comment le lui rendrez-vous ? Ayez du sel en vous-mêmes et vivez en paix les uns avec les autres. »
50« Le sel est une bonne chose ; mais si le sel perd son goût particulier, comment le lui rendrez-vous ? Ayez du sel en vous-mêmes et vivez en paix les uns avec les autres. »
Il y a beaucoup de choses choquantes dans la société où nous vivons, mais nous nous en accommodons. Nous vivons les scandales que nous offre ce monde sans que cela nous dérange au point de nous entraîner à modifier notre comportement. Nous ne sommes pas tous d’ailleurs sensibles aux mêmes dysfonctionnements de notre société. Pour les uns, ce qu’il y a de plus choquant, c’est la détresse des enfants qui ne mangent pas à leur faim, pour d’autres, c’est la situation intolérable des femmes battues et méprisées, pour d’autres encore ce sont les abus bancaires qui ont été dénoncés ces derniers mois et qui seraient cause de la crise actuelle. Vous serez sans doutes surpris de constater que Jésus ne semble pas faire les mêmes choix que vous.
Pour lui, le plus grand des scandales consiste à offenser un petit dans l’expression de sa foi : « Si quelqu’un scandalise un de ces petits qui croient, il vaudrait mieux lui attacher une meule au coup et le jeter dans la mer ». L'Evangile utilise ici le mot scandale. Ce mot est en général traduit par l 'expression : occasion de chute qui est moins parlante que le mot scandale. Pour Jésus ce type de scandale est inacceptable. A première lecture, nous n’avons pas l’impression d’être en phase avec lui, tant la différence semble grande entre les scandales qui nous choquent le plus et qui ravagent la planète et le scandale qu’il dénonce et qui ne nous semble pas si grave. Même en faisant un effort nous n’arrivons pas à en discerner la portée.
Mais loin de minimiser la position de Jésus, nous allons voir que sa position face aux scandales de ce monde rejoint quand même la nôtre. Elle va même s’imposer à nous comme une évidence. Mais il va falloir d’abord que nous essayons de définir le mot scandale. Pour le petit Larousse ce serait « l’indignation produite par une action coupable. Ce serait aussi la conséquence d’une action immorale révoltante. » Dans la Bible, c’est dans les épîtres de Paul que nous trouverons une explication. Dans l’épître aux Ephésiens, nous trouvons : « nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les païens… » Paul reprenant l’image utilisée par Jésus explique qu’il est inconcevable pour la pensée juive que le mystère de Dieu puisse trouver du sens dans la vie et l’œuvre de Jésus. Il est inconcevable pour eux que Jésus puisse d’une manière ou d’une autre participer au salut des hommes. Il serait parfaitement scandaleux pour eux que Jésus puisse révéler la nature profonde de Dieu. Pour Jésus, c’est justement refuser d’admettre cela qui est scandaleux.
Si on renverse les valeurs et que l’on se place du point de vue de Jésus, il serait scandaleux qu’un chrétien dise que Jésus n’est en rien impliqué dans la révélation de Dieu. Jésus confirme donc ici ce qu’il dit par ailleurs dans l’Evangile de Jean : « nul ne vient au Père que par moi ou qui me connaît, connaît le Père ». Dites ainsi, les choses deviennent sans doute plus claires : il est impossible de parler de Dieu en faisant abstraction de Jésus. En d’autres termes la connaissance de Dieu est toute entière contenue dans l’œuvre de Jésus Christ.
Si vous admettez cette vérité, vous comprendrez qu’elle se retourne immédiatement contre vous. Vous allez alors découvrir que vous devez vous ranger au nombre de ceux qui scandalisent les petits. En effet si selon Jésus, Dieu cache son visage derrière celui des petits, et que toutes les fois que l’on fait du bien ou du mal à un petit, c’est à Dieu que nous le faisons, alors il est scandaleux que nous n’agissions pas de telle sorte que Dieu ne trouve pas son compte dans tous nos gestes de la vie sociale, car la présence de Dieu devrait être rendue évidente par les actions que nous faisons à l ‘égard des autres. En fait, ce ne sont pas les actions que commettent les autres qui sont scandaleuses aux yeux de Dieu. mais ce sont les actions que nous nous ne faisons pas qui lui sont inacceptables et qui le scandalisent.
Tout au cours des Evangiles, nous avons pu constater que Jésus provoque souvent ses auditeurs en les poussant dans leurs retranchements pour leur faire comprendre sa pensée. Ici il est provoquant et utilise la caricature. Il préconise une amputation massive de nos membres si ceux-ci sont cause de scandale pour Dieu. Selon lui nous devrions retrancher tous les membres de notre corps qui feraient obstacle à la volonté de Dieu dans nos comportements.
Ce sera le bras, la main ou l’œil dont il nous faudra se séparer d’une manière dramatique et douloureuse pour être fidèles aux comportements que réclame la foi, telle que Jésus nous l’a enseignée. Pour prolonger sa pensée dans le sens de la caricature, on constatera qu’ à force d’amputer les membres fautifs, on finira par être totalement inactifs faute de membre utilisable. Autrement dit Jésus semble préconiser une forme de suicide pour nous en sortir.
Avant d’en arriver là, chacun est bien conscient du fait que pour continuer à vivre dans ce monde, il lui faudra faire quelques concessions tout en constatant qu’il est impossible cependant de se couler dans le moule de cette société. En effet elle ne donne pas aux hommes l’image que Dieu attend de nous.
Les lois qui gouvernent ce monde sont liées à la recherche du profit personnel. Rares sont ceux qui voient dans leur voisin un frère à aimer. Il serait plus proche de la vérité de dire que l’on voit plutôt dans le voisin un rival qu’il faut supplanter, voire même éliminer. C’est en tout cas, le cas dans le monde du travail. Même si les choses ne doivent pas être présentées aussi crûment que je viens de le faire, le spectacle que donne notre monde est celui d’un vaste champ de compétition où les plus chanceux, et pas forcément les plus méritants ou les plus intelligents tirent leur épingle du jeu en dominant la mêlée et en s’appropriant les meilleures places.
Une telle société n’est pas à l’image du Royaume de Dieu que Jésus nous invite à construire. Elle représente même un monde où Dieu est absent car les instructions données par Jésus y sont trop peu respectées. Les seuls signes de la présence éventuelle de Dieu sont ceux que les hommes peuvent donner quand ils se mettent à contre courant des valeurs de ce monde. On les trouve dans les ONG et dans les sociétés de charité auxquelles beaucoup de nous participent, mais qui opposent un trop faible contre poids à la compétition acharnée que se livrent ceux qui dominent ce monde au détriment des plus petits.
Comment s’en sortir alors ?
Quitter ce monde ne serait pas la bonne solution, car ce serait une amputation mortelle à laquelle nul ne pourrait survivre. Jadis les fameux anachorètes du désert, qui ont mis cette injonction en pratique et qui se sont trouvés dépourvus de tout, dans un désert hostile, n’ont du leur survie qu’à la générosité de quelques âmes sensibles qui leur apportaient des subsides et qui continuaient cependant à vivre dans la société injuste et hostile à Dieu que nous avons décrite.
Les caricatures de notre société que fait Jésus et qui nous mettent radicalement en cause ont pour but d’interpeller notre intelligence. Jésus compte sur notre faculté d’adaptation et nous croit capables de trouver des solutions possibles pour répondre à l’impossible des situations. A la fin de son propos, il nous donne une piste de réflexion en nous proposant l’image du sel. Le sel est cet élément invisible dans la nourriture qui la rend comestible. On peut penser ici que le saint Esprit agit en nous comme le sel dans les aliments. Il fait de nous les éléments par lesquels, sans que cela se voie à première vue, la présence de Dieu est perceptible dans le monde parce que nous y agissons avec sagesse et discernement.
Nous avons compris que ce monde tel qu’il est, voile aux yeux des hommes la présence de Dieu, si bien que personne ne pourrait y trouver le chemin qui mène à lui. Et pourtant Dieu fait le pari que nous sommes capables de nous dissoudre dans cette société de telle sorte que par nos comportements apparemment imperceptibles, la présence de Dieu y devienne évidente comme le sel dans a soupe.
Il nous est donc demandé de tenter l’impossible, pour que le visage de Dieu reste visible pour ceux qui le cherchent. Ce défi relève de l’impossible, mais dans l’invisible l’esprit qui agit en nous le rend possible. Dieu fait le pari, quant à lui, que malgré tout, l’impossible est toujours possible. Voici deux mille ans que les choses marchent ainsi et ça continue.
Il nous est donc demandé de ne pas dissocier notre foi de notre vie quotidienne. Jésus sait bien que cela est impossible, mais il sait aussi que nous y arriverons, car c’est ainsi que le saint Esprit fait avancer le monde en se servant de ceux qui ne peuvent rien faire et qui pourtant font beaucoup.
anachorète
Pour lui, le plus grand des scandales consiste à offenser un petit dans l’expression de sa foi : « Si quelqu’un scandalise un de ces petits qui croient, il vaudrait mieux lui attacher une meule au coup et le jeter dans la mer ». L'Evangile utilise ici le mot scandale. Ce mot est en général traduit par l 'expression : occasion de chute qui est moins parlante que le mot scandale. Pour Jésus ce type de scandale est inacceptable. A première lecture, nous n’avons pas l’impression d’être en phase avec lui, tant la différence semble grande entre les scandales qui nous choquent le plus et qui ravagent la planète et le scandale qu’il dénonce et qui ne nous semble pas si grave. Même en faisant un effort nous n’arrivons pas à en discerner la portée.
Mais loin de minimiser la position de Jésus, nous allons voir que sa position face aux scandales de ce monde rejoint quand même la nôtre. Elle va même s’imposer à nous comme une évidence. Mais il va falloir d’abord que nous essayons de définir le mot scandale. Pour le petit Larousse ce serait « l’indignation produite par une action coupable. Ce serait aussi la conséquence d’une action immorale révoltante. » Dans la Bible, c’est dans les épîtres de Paul que nous trouverons une explication. Dans l’épître aux Ephésiens, nous trouvons : « nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les païens… » Paul reprenant l’image utilisée par Jésus explique qu’il est inconcevable pour la pensée juive que le mystère de Dieu puisse trouver du sens dans la vie et l’œuvre de Jésus. Il est inconcevable pour eux que Jésus puisse d’une manière ou d’une autre participer au salut des hommes. Il serait parfaitement scandaleux pour eux que Jésus puisse révéler la nature profonde de Dieu. Pour Jésus, c’est justement refuser d’admettre cela qui est scandaleux.
Si on renverse les valeurs et que l’on se place du point de vue de Jésus, il serait scandaleux qu’un chrétien dise que Jésus n’est en rien impliqué dans la révélation de Dieu. Jésus confirme donc ici ce qu’il dit par ailleurs dans l’Evangile de Jean : « nul ne vient au Père que par moi ou qui me connaît, connaît le Père ». Dites ainsi, les choses deviennent sans doute plus claires : il est impossible de parler de Dieu en faisant abstraction de Jésus. En d’autres termes la connaissance de Dieu est toute entière contenue dans l’œuvre de Jésus Christ.
Si vous admettez cette vérité, vous comprendrez qu’elle se retourne immédiatement contre vous. Vous allez alors découvrir que vous devez vous ranger au nombre de ceux qui scandalisent les petits. En effet si selon Jésus, Dieu cache son visage derrière celui des petits, et que toutes les fois que l’on fait du bien ou du mal à un petit, c’est à Dieu que nous le faisons, alors il est scandaleux que nous n’agissions pas de telle sorte que Dieu ne trouve pas son compte dans tous nos gestes de la vie sociale, car la présence de Dieu devrait être rendue évidente par les actions que nous faisons à l ‘égard des autres. En fait, ce ne sont pas les actions que commettent les autres qui sont scandaleuses aux yeux de Dieu. mais ce sont les actions que nous nous ne faisons pas qui lui sont inacceptables et qui le scandalisent.
Tout au cours des Evangiles, nous avons pu constater que Jésus provoque souvent ses auditeurs en les poussant dans leurs retranchements pour leur faire comprendre sa pensée. Ici il est provoquant et utilise la caricature. Il préconise une amputation massive de nos membres si ceux-ci sont cause de scandale pour Dieu. Selon lui nous devrions retrancher tous les membres de notre corps qui feraient obstacle à la volonté de Dieu dans nos comportements.
Ce sera le bras, la main ou l’œil dont il nous faudra se séparer d’une manière dramatique et douloureuse pour être fidèles aux comportements que réclame la foi, telle que Jésus nous l’a enseignée. Pour prolonger sa pensée dans le sens de la caricature, on constatera qu’ à force d’amputer les membres fautifs, on finira par être totalement inactifs faute de membre utilisable. Autrement dit Jésus semble préconiser une forme de suicide pour nous en sortir.
Avant d’en arriver là, chacun est bien conscient du fait que pour continuer à vivre dans ce monde, il lui faudra faire quelques concessions tout en constatant qu’il est impossible cependant de se couler dans le moule de cette société. En effet elle ne donne pas aux hommes l’image que Dieu attend de nous.
Les lois qui gouvernent ce monde sont liées à la recherche du profit personnel. Rares sont ceux qui voient dans leur voisin un frère à aimer. Il serait plus proche de la vérité de dire que l’on voit plutôt dans le voisin un rival qu’il faut supplanter, voire même éliminer. C’est en tout cas, le cas dans le monde du travail. Même si les choses ne doivent pas être présentées aussi crûment que je viens de le faire, le spectacle que donne notre monde est celui d’un vaste champ de compétition où les plus chanceux, et pas forcément les plus méritants ou les plus intelligents tirent leur épingle du jeu en dominant la mêlée et en s’appropriant les meilleures places.
Une telle société n’est pas à l’image du Royaume de Dieu que Jésus nous invite à construire. Elle représente même un monde où Dieu est absent car les instructions données par Jésus y sont trop peu respectées. Les seuls signes de la présence éventuelle de Dieu sont ceux que les hommes peuvent donner quand ils se mettent à contre courant des valeurs de ce monde. On les trouve dans les ONG et dans les sociétés de charité auxquelles beaucoup de nous participent, mais qui opposent un trop faible contre poids à la compétition acharnée que se livrent ceux qui dominent ce monde au détriment des plus petits.
Comment s’en sortir alors ?
Quitter ce monde ne serait pas la bonne solution, car ce serait une amputation mortelle à laquelle nul ne pourrait survivre. Jadis les fameux anachorètes du désert, qui ont mis cette injonction en pratique et qui se sont trouvés dépourvus de tout, dans un désert hostile, n’ont du leur survie qu’à la générosité de quelques âmes sensibles qui leur apportaient des subsides et qui continuaient cependant à vivre dans la société injuste et hostile à Dieu que nous avons décrite.
Les caricatures de notre société que fait Jésus et qui nous mettent radicalement en cause ont pour but d’interpeller notre intelligence. Jésus compte sur notre faculté d’adaptation et nous croit capables de trouver des solutions possibles pour répondre à l’impossible des situations. A la fin de son propos, il nous donne une piste de réflexion en nous proposant l’image du sel. Le sel est cet élément invisible dans la nourriture qui la rend comestible. On peut penser ici que le saint Esprit agit en nous comme le sel dans les aliments. Il fait de nous les éléments par lesquels, sans que cela se voie à première vue, la présence de Dieu est perceptible dans le monde parce que nous y agissons avec sagesse et discernement.
Nous avons compris que ce monde tel qu’il est, voile aux yeux des hommes la présence de Dieu, si bien que personne ne pourrait y trouver le chemin qui mène à lui. Et pourtant Dieu fait le pari que nous sommes capables de nous dissoudre dans cette société de telle sorte que par nos comportements apparemment imperceptibles, la présence de Dieu y devienne évidente comme le sel dans a soupe.
Il nous est donc demandé de tenter l’impossible, pour que le visage de Dieu reste visible pour ceux qui le cherchent. Ce défi relève de l’impossible, mais dans l’invisible l’esprit qui agit en nous le rend possible. Dieu fait le pari, quant à lui, que malgré tout, l’impossible est toujours possible. Voici deux mille ans que les choses marchent ainsi et ça continue.
Il nous est donc demandé de ne pas dissocier notre foi de notre vie quotidienne. Jésus sait bien que cela est impossible, mais il sait aussi que nous y arriverons, car c’est ainsi que le saint Esprit fait avancer le monde en se servant de ceux qui ne peuvent rien faire et qui pourtant font beaucoup.
anachorète
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