samedi 26 juin 2010

Le rire de Sara : Genèse 18:1-15 dimanche 18 juillet 2010


Genèse 18/1-15 Dieu annonce que Sara aura un fils

1 Le SEIGNEUR lui apparut aux térébinthes de Mamré, alors qu'il était assis à l'entrée de sa tente, pendant la chaleur du jour. 2 Il leva les yeux et vit trois hommes debout devant lui. Quand il les vit, il courut à leur rencontre, depuis l'entrée de sa tente, se prosterna jusqu'à terre 3 et dit : Seigneur, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe pas, je te prie, sans t'arrêter chez moi, ton serviteur ! 4 Laissez-moi apporter un peu d'eau, je vous prie, pour que vous vous laviez les pieds, puis reposez-vous sous l'arbre ! 5 Je vais chercher quelque chose à manger pour que vous vous restauriez ; après quoi vous passerez votre chemin, car c'est pour cela que vous êtes passés chez moi, votre serviteur. Ils répondirent : D'accord, fais comme tu as dit. 6 Abraham se précipita dans la tente pour dire à Sara : Dépêche-toi, pétris trois séas de fleur de farine et fais-en des galettes.

7 Abraham courut vers le bétail, prit un veau tendre et bon et le donna à un serviteur, qui se dépêcha de le préparer. 8 Il prit du lait fermenté, du lait frais, et le veau qu'on avait préparé, et il les mit devant eux. Il resta debout à leurs côtés, sous l'arbre, tandis qu'ils mangeaient.
9 Alors ils lui dirent : Où est Sara, ta femme ? Il répondit : Elle est là, dans la tente. 10Il dit : Je reviendrai chez toi l'année prochaine ; Sara, ta femme, aura un fils. Sara écoutait à l'entrée de la tente qui était derrière lui. 11 Abraham et Sara étaient vieux, avancés en âge, et Sara avait cessé d'avoir ses règles. 12 Sara rit en elle-même : Maintenant que je suis usée, se dit-elle, aurais-je encore du plaisir ? D'ailleurs mon maître aussi est vieux. 13 Le SEIGNEUR dit à Abraham : Pourquoi donc Sara a-t-elle ri, en disant : « Pourrais-je vraiment avoir un enfant, moi qui suis vieille ? » 14 Y a-t-il rien qui soit étonnant de la part du SEIGNEUR ? L'année prochaine, au temps fixé, je reviendrai vers toi, et Sara aura un fils. 15 Sara mentit : Je n'ai pas ri, dit-elle ; car elle avait peur. Mais il dit : Si, tu as ri !



On a dit que Dieu cherchait à entrer en contact avec les hommes et que c’est lui qui venait vers eux ! Mais comment le sait-on ? Comment Dieu se manifeste-il aux hommes ? Et s’il le fait quel est son but ? Voilà une question impertinente qui est accueillie par un vaste éclat de rire moqueur. Il retentit au moment même où la Bible tente de nous raconter, grâce à l’histoire de Sara et d’Abraham, comment Dieu s’y prend pour intervenir dans la vie des hommes. Cet éclat de rire jaillit hors d’une tente et emplit le désert pour gagner de proche en proche toutes les contrées habitées par les hommes. Il exprime le doute d’une femme qui entend pour la première fois l’affirmation selon laquelle Dieu s’intéresserait à ses problèmes. Ce rire va devenir celui de tous les humains qui doutent du fait que Dieu cherche à intervenir dans leur existence. Il prend naissance dans l’antiquité et se propage jusqu’à nous pour retentir dans notre temps, comme un défi à l ‘égard de Dieu.

Ce rire est la manifestation de l’incrédulité des humains quand on leur affirme que Dieu a un projet pour l’humanité. C’est un projet de bonheur et surtout un projet de vie, car Dieu s’intéresse à la vie et en particulier à celle des hommes et des femmes que nous sommes. Si Dieu se révèle aux hommes, c’est pour prendre la totalité de leur vie en charge afin qu’elle s’épanouisse. Pourtant notre existence ne se déroule pas dans un jardin idyllique, les sentiers que nous parcourons sont pleins d’embûches et Dieu ne s’y croise que très rarement, c’est pourquoi les humains se refusent à croire sans preuve à une présence bienveillante de Dieu sur la route qu’ils parcourent..

Certes nous n’apporterons pas de preuves, mais le récit de Sara et d’Abraham va nous permettre de formuler des arguments. Cette histoire commence donc par un éclat de rire qui exprime le doute que formule Sara quand on lui annonce que Dieu va changer le cours de leur vie chaotique. Pour le moment elle se résume à une série d’échecs. Abraham et Sara ne sont pourtant pas n’importe qui. Il s’agit de celui que l’histoire revêt du titre de Père des croyants et de sa princesse Sara son épouse. Ils sont vieux et sans enfant et les choses n’ont pas très bien marché.

Leur histoire s’apparente aux belles légendes d’autrefois que l’on nous racontait pour nous endormir et dont les vérités qu’elles contenaient s’amalgamaient imperceptiblement dans l’inconscient des petits enfants pour les aider à forger leur vie future, car c’est par des contes et légendes que nous accédons le plus facilement à la vérité.

Laissons-nous prendre aux charmes du désert et ne nous privons pas de rêverie. Laissons-nous emporter par l’imagination jusqu’à cette époque où Dieu venait en personne parler aux hommes et leur faire part, de ses projets. Nous découvrirons qu’à travers l’histoire merveilleuse du patriarche il y a sans doute des points communs avec la nôtre. Il traverse le désert de sa vie en compagnie de sa bien aimée, en mal d’enfant, et Dieu lui présente un projet qui est trop beau pour y croire. Sans doute éprouvons-nous à notre tour le même doute étonné quand on nous dit que Dieu peut tout changer dans notre vie.

Dieu veut prendre place dans la vie de celui vers qui il vient et le rendre heureux par sa seule présence. C’est bien évidemment ce à quoi nous aspirons, mais il ne suffit pas de le désirer pour que cela se réalise. Nous n’y croyons pas plus qu’Abraham et Sara. Les philosophes modernes, ne disent-ils pas à qui veut les entendre que de telles rêveries n’ont pas de place dans une pensée moderne? Elles n’avaient pas de place non plus dans une pensée antique, c’est pourquoi Sarah en a ri.

Pour que cela se réalise, il faudrait un miracle, or nous ne croyons pas plus aux miracles que n’y croyait Abraham, même si nous n’avons pas l’impertinence de Sara pour manifester notre doute. Pour que nous acceptions un miracle il faudrait que celui-ci relève du raisonnable ! Pour Sara le miracle proposé dépasse son entendement. Sara est stérile, elle est demeurée sans enfant jusqu’à son extrême vieillesse. Pas étonnant diront les esprits scientifiques modernes. La cause de sa stérilité se trouve dans la consanguinité ! Elle était trop proche parente de son mari, ce qui est vrai. Mais cette explication ne nous est d’aucune utilité ! Depuis le début de son aventure avec Abraham, Sara a multiplié les opportunités pour avoir un héritier. Et aucune n’a réussi !

Abraham et Sara ont commencé par chercher à adopter leur neveu Lot, cela n’a pas marché. Sara a offert sa servante à son mari pour en faire une mère porteuse, c’est la jalousie de Sara qui a fait échouer le projet. Et si, au cours de leurs déplacements Sara avait pu devenir enceinte des œuvres du pharaon en dépit de l’adultère que cela impliquait, cela n’aurait-il pas arrangé la situation ? Mais là encore l’adultère ne fut pas consommé. N’allez pas dire qu’ils n’ont rien fait, ils ont tout tenté ! Maintenant que leur fin est proche leur faudrait-il croire à une promesse de Dieu qui leur serait transmise par trois beau jeunes gens ( le fait qu’ils soient beaux et jeunes n’est pas dans le texte, mais ça rajoute du piquant à l’histoire).

Qu’ils y croient ou qu’ils n’y croient pas, que nous y croyons ou que nous n’y croyons pas, c’est quand même dans un projet de vie que Dieu les entraîne à leurs corps défendant. La vérité qui se dégage de l’histoire de Sara et d ‘Abraham avec Dieu est un puissant hymne à la vie. La vie apparaît comme un don miraculeux de Dieu, comme un supplément à leur existence. Pour poursuivre dans la veine de ce récit, nous découvrons que Dieu est tellement attaché à la vie qu’il accepte d’être ridiculisé par la vieille Sara qui se moque de lui, sans réagir si non en conservant le thème du rire pour donner le nom à l’enfant. Isaac signifie : « elle a ri » (1)

Quand Dieu avait interpellé Abraham qui poussait ses troupeaux le long de l’Euphrate, c’était pour qu’il comprenne que Dieu appelle les hommes à s’épanouir par sa présence. La présence de Dieu dans l’existence d’un individu se manifeste toujours par un supplément de vie. Il faudra cependant que nous découvrions avec Abraham que ce qu’il y a de plus précieux dans l’existence, c’est la vie des autres. Pour Abraham c’est la vie d’Isaac, l’enfant qui naîtra de cette rencontre avec Dieu. Il sera l’objet de cette découverte. La vie d’Isaac sera plus précieuse aux yeux de Dieu que l’amour qu’Abraham ressent pour lui. Vous connaissez certainement l’histoire rapportée sous le nom de la « ligature d’Isaac ». Abraham avait cru devoir sacrifier son Fils Isaac pour manifester sa déférence à Dieu selon la coutume. Dieu intervint et sauva la vie de l’enfant en proposant le sacrifice d’un bélier en remplacement de l’enfant.

Cet événement est central dans la Bible. Il signifie que le respect de la vie humaine à priorité sur tout. Ce sera désormais comme un pacte entre Dieu et les hommes qui accepteront d’avoir Dieu pour guide et sauveur. Certes, comme Abraham, les humains resteront méfiants car il leur paraît inconcevable que l’honneur de Dieu puisse passer après la vie d’un homme. C’est pour cela que la Bible est pleine de récits de violence. La plupart des guerres dont les horreurs nous sont racontées avec complaisance, avaient pour but avoué de défendre l’honneur de Dieu. Certains textes prétendent même que Dieu tenait lui-même l’épée et faisait des miracles en pourfendant leurs adversaires alors que Dieu proposait justement le contraire.

Dieu souhaitait que le respect de la vie soit prioritaire en tout temps. N’engageait-il pas Jérémie à proposer la soumission à l’armée de Babylone plutôt que de faire la guerre ? Il préconisa une soumission à l’ennemi plutôt que la défaite sanglante qui se produisit. Jérémie désavoué fit figure de traître.

C’est le défi que nous devons relever. Si nous croyons vraiment que Dieu donne priorité à toutes nos œuvres de vie, si nous croyons que Dieu cautionne toutes les actions qui font vivre les autres et qu’il donne de la valeur à tout ce qui facilite l’existence de ceux qui sont en manque de vie, alors certainement nous verrons que Dieu travaille parmi-nous

Jésus a pris cette vérité à la lettre, il a consacré toute son existence à donner du sens à cette passion de la vie que Dieu lui a communiquée. Par sa résurrection il est devenu le Seigneur de la vie de tou
s ceux qui ont compris que Dieu s’était identifié à lui.

Jésus a offert sa vie en sacrifice pour que les hommes à leur tour soient épris de la même passion et qu’ils consacrent toute leur existence à œuvrer pour que la sauvegarde de la vie ait toujours priorité dans toutes leurs actions sans exception. Elle est désormais marquée du sceau de l’éternité de Dieu, car toute vie qui s’accomplit en lui devient éternelle.

(1) Abraham avait ri avant Sara en 17/17 quand Dieu lui fit part de son projet.

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