samedi 19 juin 2010

L'envoi des soixante dix ou le doigt de Dieu Luc 10:1-20 dimanche 4 juillet 2010




Luc Chapitre 10


Jésus envoie soixante-douze disciples 1Après cela, le Seigneur en désigna soixante-douze autres et les envoya devant lui, deux à deux, dans toute ville et en tout lieu où lui-même devait se rendre. 2 Il leur disait : La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson. 3 Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. 4 Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. 5 Dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord : « Que la paix soit sur cette maison ! » 6 Et s'il se trouve là un homme de paix, votre paix reposera sur lui ; sinon, elle reviendra à vous. 7 Demeurez dans cette maison-là, mangez et buvez ce qu'on vous donnera, car l'ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. 8 Dans toute ville où vous entrerez et où l'on vous accueillera, mangez ce qu'on vous offrira, 9 guérissez les malades qui s'y trouveront, et dites-leur : « Le règne de Dieu s'est approché de vous. » 10 Mais dans toute ville où vous entrerez et où l'on ne vous accueillera pas, allez dans les grandes rues et dites : 11 « Même la poussière de votre ville qui s'est attachée à nos pieds, nous la secouons pour vous la rendre ; sachez pourtant que le règne de Dieu s'est approché. » 12 Je vous dis qu'en ce jour-là ce sera moins dur pour Sodome que pour cette ville-là.

Les villes qui refusent de croire

13Quel malheur pour toi, Chorazin ! Quel malheur pour toi, Bethsaïda ! Si les miracles qui ont été faits chez vous avaient été faits à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que leurs habitants auraient changé radicalement, qu'ils se seraient vêtus de sacs et assis dans la cendre ! 14C'est pourquoi, lors du jugement, ce sera moins dur pour Tyr et Sidon que pour vous. 15Et toi, Capharnaüm, seras-tu élevée jusqu'au ciel ? Tu descendras jusqu'au séjour des morts !

16Celui qui vous écoute m'écoute, celui qui vous rejette me rejette, et celui qui me rejette rejette celui qui m'a envoyé.

Le retour des soixante-douze disciples

17Les soixante-douze revinrent avec joie et dirent : Seigneur, même les démons nous sont soumis par ton nom. 18Il leur dit : Je voyais le Satan tomber du ciel comme un éclair. 19Je vous ai donné l'autorité pour marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l'ennemi, et rien ne pourra vous faire de mal. 20Cependant, ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux.




« Quand le sage désigne le ciel de son doigt, l’insensé regarde le doigt » dit un proverbe chinois. Souvent le lecteur de l’Evangile regarde le doigt de celui qui lui montre le texte et oublie de chercher ce qu’il y a au-delà du texte. Ce passage que nous venons de lire se prête facilement à ce genre d’exercice. On cherche la signification de tous les détails du récit sans se rendre compte qu’il a pour intention de nous faire découvrir le Royaume de Dieu dont Jésus essaye de tracer les contours. Quant à nous, c'est en nous mettant à sa suite que nous en poserons les fondations.


Ceux qui se contentent à regarder le doigt se posent toutes sortes de questions sur le comportement des 70 sans vraiment chercher où cela les mène. Ils se demandent si cette histoire s’est produite comme elle est racontée ou même si elle s’est vraiment produite. On s’interroge pour savoir s’ils ont vraiment guéri des malades, et si oui, pourquoi cela n’a pas duré ? On se demande comment ces gens qui n’avaient pas une foi aussi élaborée que la nôtre, puisque la résurrection de Jésus ne s’était pas encore produite avaient pu réussir à faire les miracles que nous, nous n’arrivons toujours pas à faire ? Pourquoi n’avaient-ils ni sac, ni sandales, ni bourses ?


Avec tous ces pourquoi que nous nous posons au sujet de problèmes qui restent secondaires et au sujet des quelles nous n’aurons pas de réponse, nous occultons le sens profond du récit. Nous persévérons à regarder le doigt qui nous montre ce qui est écrit, et nous émoussons la pointe du texte qui se trouve ailleurs. Il nous faut d’abord découvrir quel est le but que recherche Jésus. En fait ce récit répond à une question que se posait Jésus dans le chapitre précédent et que nous n’avons peut être pas repérée, parce que la coupure opérée artificiellement par le changement de chapitre nous l’a dissimulé. En fait, Jésus s’interrogeait sur le sens du Royaume de Dieu. Il voulait savoir qui est bon pour le Royaume de Dieu . Naturellement, cette première question en appelle une seconde : Qu’est-ce que le Royaume de Dieu ?


C’est donc à nous maintenant de trouver les bonnes réponses à ces deux questions. Le récit de l’envoi des 70 nous est donné pour que nous y trouvions la réponse à la première question : qui est bon pour le Royaume ? Naturellement c’est le comportement de Jésus qui nous aide à trouver la réponse. C’est la remarque que Jésus fait après avoir entendu le récit que les 70 font à leur retour qui va nous mettre sur la voie : « Je voyais Satan tomber du ciel » dit-il.


Au premier abord, une telle remarque nous surprend plus qu’elle nous aide à comprendre. C’est pourtant en elle que se tient la réponse que nous cherchons, mais il suffit que l’on prononce le nom de Satan pour que nous nous mettions à gamberger et à formuler toutes sortes d’interprétations qui nous éloignent du texte. Il nous faut encore une fois éviter de regarder le doigt à la place de ce qu’il montre. Le mal, grâce à quoi Satan étend son emprise sur le monde est un fait établi et nous éviterons de faire des commentaires sur ce point. Nous nous attacherons cependant sur le fait que le texte nous dit simplement que les 70 envoyés en mission œuvrent de telle sorte que Jésus voient Satan tomber du ciel. Cela veut dire que par leur action Satan, ou le mal, est défait d’une partie de sa puissance. Mais cela ne signifie pas qu’il ait perdu tout pouvoir, loin de là.


Ceux qui tiennent absolument à regarder le doigt qui leur désigne Satan plutôt que ce qu’il signifie se souviendront du récit que donne Esaïe dans un texte célèbre que l’on connaît sous le nom de la chute de Satan : « et toi astre brillant tu es tombé du ciel, Tu as été abattu toi qui dominais les nations, ... Mais on t'a fait descendre au séjour des morts. " (1) … » Il découvrirons que c’est sans doute à ce récit que Jésus fait allusion, mais que cela n’a sans doute pas d’importance.

Ce qui est important c’est que le succès de l’entreprise des 70 contribue à la chute de Satan, c’est à dire que par leur action ils ont contribué à atténuer les effets du mal dans les lieux où ils sont passés ! Nous percevons donc là comme un début de réponse à notre deuxième question qui était de savoir ce qu’était le Royaume. Le Royaume de Dieu est donc une réalité où le mal perd ses effets destructeurs sur les hommes et sur le monde. Les 70 sont invités à découvrir que pendant les quelques jours de leur mission, ils ont été capables de participer à la lutte contre le mal et par voie de conséquence à l’édification du Royaume.

Vous avez sans doute remarqué que pendant que ses disciples étaient à l’œuvre, Jésus s’était mis en retrait, il s’est tenu à l’écart des événements. Il a envoyés ses amis deux par deux, il a observé de loin leur action sans y participer vraiment et il a montré sa satisfaction en constatant les résultats de ce qu’ils avaient fait. En agissant comme il l’a fait, Jésus a voulu nous montrer qu’il identifiait son rôle avec celui de Dieu. Nous comprenons alors plus facilement comment Dieu réagit en face du mal qui fait tant de ravages dans la société des hommes.

Jésus ne donne pas un cours de théologie mais il fait une simulation grandeur nature pour que nous comprenions mieux comment Dieu se tient en retrait des actions de ce monde et comment il implique les hommes dans l’accomplissement de la création. A ce moment de notre propos, il n’est pas opportun de discuter sur les causes ou les origines du mal. Cela consisterait à regarder le doigt, fut-il le doigt de Dieu à la place de ce qu’il désigne. Il nous montre que Dieu a décidé d’agir contre le mal par la main des hommes. Il n’agit pas personnellement pour le détruire mais il transfert aux hommes le pouvoir de lutter contre lui pour en atténuer les effets. Voilà donc la réponse à la première question qui consistait à savoir qui était capable de construire le Royaume?

Certes les hommes n’ont pas le pouvoir de détruire le mal, ils sont seulement capables d’en atténuer les effets. Le Royaume de Dieu ne s’établira que plus tard, dans un temps que nous ne connaissons pas, mais pour que ce temps puisse venir, il faut que les bases du Royaume soient déjà posées. C’est ce que les hommes sont sensés faire ! Ce que l’esprit de Dieu qui nous anime nous demande de faire, c’est de tout mettre en œuvre pour que les hommes comprennent que Jésus est venu parmi nous pour nous engager à lutter personnellement contre toutes les œuvres du mal. Tout se passe comme si Dieu se réservait d’agir au moment que lui seul connaît, mais que ce moment ne pourra se produire que si les missionnaires que nous sommes accomplissent correctement leur œuvre.

Dieu se retirerait donc du monde pour attendre que notre capacité d’agir dans le sens souhaité se mette vraiment en place. Nous vivons actuellement ce temps de la mission et chacune et chacun de nous reçoit de Dieu la possibilité de l’exercer. La lecture du texte nous laisse entendre que ce ne sera pas facile et que nous ne réussirons pas à tous les coups. Il nous est cependant dit qu’en cas d’échec il faudra continuer. Il ne faudra pas forcément s’acharner sur ce qui n’aura pas marché, et en cas d’échec porter nos pas plus loin, sur d’autres projets.

Il nous faut maintenant comprendre que ce n’est pas nous qui avons le pouvoir de décider quand et où nous devons agir ni avec quels instruments nous le ferons. Ceux que Jésus a envoyés cette fois là n’avaient ni argent ni sandales ni sac. Cela signifie sans doute qu’ils n’en avaient pas besoin. Ce ne sont pas les instruments qui sont à notre disposition qui auront priorité dans notre action, mais ce qui est le plus important ce sont nos motivations qui nous sont dictées par Dieu.

Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas nous servir des instruments que nos compétences nous ont acquis ou que la science nous donne, mais cela veut dire que le but premier de ces actions que Dieu souhaitent que nous entreprenions est la recherche de l’intérêt qu’en retireront les autres, et non pas nous-mêmes. Ainsi chaque acteur, dans cette grande entreprise ne doit pas chercher la gloire qu’il en retirera, ni la fortune qu’elle lui apportera, mais que sa seule valeur sera l’intérêt qu’elle aura pour les autres. Celui qui se sait à l’œuvre pour les autres doit se persuader qu’il ne travaille nullement pour sa propre gloire et qu’elle ne doit lui apporter aucun avantage personnel, si non la satisfaction du devoir accompli. Le plus bel exemple me paraît être celui moines de Tibérine qui achevèrent leur œuvre dans une mort discrète dont seul le silence des montagnes a gardé le secret.

C’est ainsi que le Royaume de Dieu se prépare par des hommes et des femmes qui se sentent envoyé par Dieu dans une mission où seul l’intérêt des autres est à envisager. Un seul regard sur le monde qui nous entoure nous montre qu’il y a encore beaucoup de gens à gagner à de telles idées et que ce n’est pas le moment de baisser les bras.

(1) Esaïe 14:12-15

Le doigt de Dieu montre l'homme
Le doigt de l'homme montre Jésus en qui il reconnaît Dieu
Le doigt de l'enfant montre l'avenir



1 commentaire:

Anonyme a dit…

cher ami
vous avez vous aussi mis le doigt sur ce qui importe dans votre méditation. Je serais passée à côté sans votre partage.
Loué soit Dieu
amitiés
Jo