lundi 6 février 2012

Marc 9:1-10

La Transfiguration - Dimanche 4 mars 2012

Marc 9:1-10


1 Il leur disait encore : Amen, je vous le dis, quelques-uns de ceux qui se tiennent ici ne goûteront pas la mort avant d'avoir vu le règne de Dieu venu avec puissance.

Jésus transfiguré

Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il les conduit seuls à l'écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux : 3 ses vêtements devinrent resplendissants, d'une blancheur telle qu'il n'est pas de teinturier sur terre qui puisse blanchir ainsi. 4 Elie avec Moïse leur apparurent ; ils s'entretenaient avec Jésus. 5 Pierre dit à Jésus : Rabbi, il est bon que nous soyons ici ; dressons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie. 6 Il ne savait que dire, car la peur les avait saisis. 7 Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée survint une voix : Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le ! 8 Aussitôt ils regardèrent autour d'eux, mais ils ne virent plus personne que Jésus, seul avec eux.

9 Comme ils descendaient de la montagne, il leur recommanda de ne raconter à personne ce qu'ils avaient vu jusqu'à ce que le Fils de l'homme se soit relevé d'entre les morts. 10I ls retinrent cette parole, tout en débattant entre eux : que signifie « se relever d'entre les morts » ?

Ce n’est pas la montée qui est la plus dure mais la descente. L’histoire du chat poursuivi par un chien et qui se réfugie en haut d’un arbre en est une illustration, car arrivé au somment le félin n’ose plus descendre et il lui faut le secours des pompiers et de leur grande échelle pour retrouver le salut et la terre ferme. Telle pourrait être l’histoire de n’importe quel chercheur de Dieu, qui affecté par l’ambiance hostile aux religions que l’on trouve dans ce bas monde cherche à se réfugier dans les hautes sphères de la spiritualité. Il risque en s’y aventurant sans guide de se trouver dans l’impasse.

Impasse, où se trouveraient nos trois amis si Jésus ne les prenaient en charge et leur montrait le bon chemin pour entreprendre la descente vers la vallée. Impasse également où risquent de se retrouver ceux qui croient qu’il suffit de tenter de monter vers Dieu par leurs propres moyens pour le rencontrer. Ils risquent de se retrouver dans un monde surprenant dans lequel ils ne savent pas se diriger. Au lieu du bon chemin, celui de la sérénité et de la paix, ils courent le risque de se trouver à coup sûr, sur un sentier hostiles et sans issue. Telle est parfois la situation de nombreux chrétiens qui après avoir cherché à vivre une expérience forte, croient-ils ont perdu le contact avec la réalité et ne se trouvent plus à l’aise en compagnie des humains qui n’ont pas vécu les mêmes expériences. Il arrive alors que déçus par l’expérience ils se détachent de la foi qu’ils croyaient avoir trouvée.

Nul ne vient à Dieu si Dieu ne l’attire à lui, et on ne part pas seul à sa recherche, car c’est lui qui vous accompagne. S’il appelle tous les hommes à lui, il propose cependant à chacun un itinéraire qui lui est propre. A l’inverse, quand on cherche à s’écarter du monde à la recherche d’un confort spirituel qui nous mettrait à l’abri des soucis, il y a de fortes chances que Dieu ne nous accompagne pas dans de tels projets car il nous ramène toujours vers les hommes pour partager leur existence. Si pour un temps Dieu nous offre des moments forts, à l’écart des autres, c’est toujours pour nous stimuler et nous donner de l’énergie pour retourner vers eux.

Telle est la leçon que les trois plus solides compagnons de Jésus reçoivent dans cette aventure. Ils deviendront bientôt les colonnes de l’Eglise et c’est pour les former que Jésus les entraîne dans cette aventure. Mais si Jésus ne les avait pas invités à le suivre, s’il ne les avait pas accompagnés, s’il n'avait pas été attentif aux embûches du chemin, ils se seraient fourvoyés.

Les voila prêts à installer un campement sur la montagne pour y vivre un temps de sérénité et d’extase qu’ils voudraient faire durer longtemps. Ils n’ont aucune préoccupation matérielle, si non de faire des abris pour mieux inciter leurs hôtes à prolonger ces instants avec eux. Mais où trouveront-ils le matériel pour construire les tentes ? Par ailleurs ils ne se préoccupent pas du reste de l’intendance, l’eau ,le pain, le ravitaillement ne font pas partie de leurs préoccupations, Dieu y pourvoira, ils sont déjà prêts à s’installer dans le paradis.

Tout à coup, ils réalisent à contre cœur que Jésus n’a pas provoqué ce moment d’extase pour les écarter du monde des humains et leur faire partager un instant de plénitude céleste. Ce moment particulier a ici une fonction pédagogique, comme devraient avoir toute expérience spirituelle. Jésus n’envisage nullement de créer sur la montagne une communauté d’initiés entre ciel et terre qui constituerait la cellule de base de la future Eglises Jésus veut leur faire comprendre quelque chose de capital qui conditionnera désormais toute leur vie et qui motivera toutes leurs attitudes quand ils seront redescendus, car leur place est en bas.

Mais quel enseignement ont-ils reçu ? Ils ont vu Elie et Moïse s’entretenir avec Jésus, comme si les deux grands maîtres en spiritualité étaient venus pour passer à Jésus le relais de leur sagesse, comme s’il n’était pas l’envoyé de Dieu mais le successeur des deux fondateurs de la foi d’Israël. Elie était le prophète par excellence, Moïse était le maître de la Loi. Certes il est vrai que Jésus se situe à leur suite, mais en aucun cas il ne reçoit délégation de leur part. C’est ailleurs que se situe la cause de leur présence.

Ils ont quelque chose d’autre en commun que d’être les fondateurs de la religion d’Israël. Ils ont tous les deux quelque chose à voir avec la mort. Leur mort a fait date dans l’Ecriture. Pour l’un comme pour l’autre leur vie s’est achevée dans une action particulière de Dieu. Élie a quitté le monde des humains emporté dans le ciel par un char de feu(1) et Moïse a achevé son parcours terrestre dans un face à face avec le Seigneur. (2) Il partit de ce monde sur un ordre de Dieu dit le livre du Deutéronome et on raconte que c’est Dieu lui-même qui l’enterra dans un lieu secret. Pour être plus précis le texte qui parle de la fin de Moïse dit qu’il mourut sur la bouche de Dieu, ce que le poète a rendu en disant qu’il mourut dans un baiser de Dieu.

Quoi qu’il en soit la fin de vie de ces deux grands hommes fut prise en charge par Dieu. Les 3 amis se souviendront, à quelques temps de là, que la vie de Jésus, malgré le supplice et l’agonie sur la croix s’est achevée par la résurrection, une autre intrusion de Dieu dans le domaine de la mort. C’est une autre manière de dire qu’en présence de Dieu la mort débouche sur une autre forme de vie. Les hommes ont besoin de savoir comment Dieu perçoit sa relation de vie avec chacun d’eux.

C’est dans une relation de vie qu’il se tient, même si cette vie nous paraît absurde, même si la mort est injuste et douloureuse, même si la vie est contestée par les hommes qui s’en prennent à elle pour la détruire. Quiconque s’en prend à la vie quelle qu’elle soit, s’en prend directement à Dieu.

Il est impossible de vivre une telle découverte dans une communauté d’initiés loin des réalités quotidiennes. Chargés du poids de l’expérience de Moïse, d’ Élie et de Jésus , nos trois amis, seront les fondateurs de l’Eglise. Ils reçoivent par cette expérience vocation d’aller vers les hommes pour partager cette grande nouvelle. Comment les hommes, en bas, dans la vallée pourront-lis vivre sereinement, en ignorant une telle nouvelle ? Comment pourront-il vivre si on ne leur dit pas que Dieu, depuis toujours s’efforce de donner du sens à leur vie et qu’il se fait leur partenaire, car la vie des hommes ne s’achève pas dans un tombeau, mais s’accomplit en Dieu qui prend soin de chacun, comme il le fit pour Moïse .

Des hommes et de femmes cherchent aujourd’hui un refuge dans des lieux retirés loin des hommes pour y nourrir une spiritualité qu’ils ne veulent pas partager avec les foules indifférentes à Dieu. Ils font une erreur en pensant que Dieu les y encourage. La promesse selon laquelle Dieu partage la vie de chacun est une découverte que nul ne peut garder pour lui. Tant de gens sans espérance, tant de personnes seules, tant de personnes endeuillées verraient leur vie transformée s’ils pouvaient recevoir une telle espérance.

En descendant dans a vallée, il sera donc opportun de laisser sur la montagne les tentes qui avaient été dressées. Elles étaient de fabrication humaine, elles contenaient tout le passé de la vie de foi& des trois hommes, toute la grandeur de leurs traditions, elles étaient remplies des beautés de leur passé, mais tout cela n’est pas utile pour les gens d’en bas qui ignorent tout de cette histoire. Seule la parole porteuse de vie peut trouver le chemin par lequel Dieu cherche à rejoindre chacun de ceux qui espèrent en autre chose qu’en eux-mêmes.

1 . 2 Rois 2
2 . Deutéronome 34





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