L'amour de Dieu pour le monde :
dimanche 18 mars 2012
Jean 3 : 14 Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut, de même, que le Fils de l'homme soit élevé, 15 pour que quiconque croit ait en lui la vie éternelle. 16 Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, pour que quiconque met sa foi en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. 17 Dieu, en effet, n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que par lui le monde soit sauvé. 18 Celui qui met sa foi en lui n'est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas mis sa foi dans le nom du Fils unique de Dieu. 19 Et voici le jugement : la lumière est venue dans le monde, et les humains ont aimé les ténèbres plus que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. 20 Car quiconque pratique le mal déteste la lumière ; celui-là ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dévoilées ; 21 mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu'il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en Dieu
Depuis que je publie des textes sur ce blog, j’ai déjà écrit deux sermons sur ce thème. Ils sont très différents l’un de l’autre et peuvent même heurter ceux qui ne partagent pas la même théologie que moi.
J’ai préféré les re-publier tels quels plutôt que d'en écrire un troisième qui ne saurait vraiment être différent des deux premiers
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Premier sermon publié le 22 mars 2009
Ce sermon risque de vous surprendre. Je le propose à votre réflexion afin de vous aider à vous situer dans le courant des idées actuelles au cœur des rivalités entre créationnisme et évolutionnisme.
Pour commencer, je vous propose quelques traductions différents de ce même verset Jean 3/16
Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en lui, ne périsse pas, mais qu'il ait la vié éternelle. - Second (Colombe)
Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son fils unique afin que tous ceux qui s'en remettent à lui ne meurent pas et vivent la vie sans fin. - Bayard
Oui, Eloïm aime tellement l'univers qu'il a donné son fils unique afin que tous les hommes qui adhèrent à lui ne périssent pas mais aient la vie en pérénité. - Chouraqui
Oui, Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son fils unique. Ainsi, tous ceux qui croient en lui ne se perdront pas loin de Dieu, mais vivront avec lui pour toujours. - Bible en français fondamental.
Pour peu que l’on fasse une pause de quelques instants pour contempler ce monde dans lequel nous vivons, nous finirons bien vite par découvrir qu’il est surprenant. Il est surprenant par sa beauté et par sa variété, il est surprenant par sa complexité aussi. Pour s’en rendre compte, il suffit de songer au nombre des espèces qui cohabitent sur notre terre ? Il est fantastique. Le monde de l’infiniment petit est aussi stupéfiant que le monde de l’infiniment grand. Le microscope le plus sophistiqué n’arrive pas à rendre compte des structures les plus secrètes de la matière. Le télescope le plus puissant ne parvient pas non plus à atteindre les limites des galaxies. Que l’on s’émerveille ou que l’on s’en étonne, on aura cependant du mal à répondre à la question : à quoi tout cela sert-il ?
Si cela est le fruit du hasard, on peut considérer que c’est bien fait, et s’il y a un créateur à l’origine de tout cela on peut alors se demander quel intérêt il y trouve. Depuis toujours les êtres humains retournent ces questions sans vraiment trouver de réponse satisfaisante. Chose curieuse cependant, l’être humain est le seul à pouvoir se poser de telles questions. Cette simple remarque change-t-elle quelque chose au problème ?
Bien sûr que non répondent les uns, tandis que les autres, avec la même logique, affirment le contraire. En fait le seul fait de pouvoir s’interroger sur le sens des choses du monde suffit à justifier l’hypothèse selon laquelle tout cela a du sens. Il suffit qu’un seul être se mette à penser pour que tout ce système devienne cohérent. Ainsi, à peine l’esprit humain se me-il en mouvement que l’univers entier se met à prendre du sens, comme si notre pensée devait servir de moteur au monde.
L’univers serait absurde, s’il n’y avait personne pour prendre conscience de sa réalité. Mais une fois ce constat établi, peut-on aller plus loin ? Le monde est-il soumis au hasard d’une évolution complexe ou y a-t-il un être supérieur qui oriente son devenir ? L’harmonie de tout cet ensemble pourrait bien être alors liée au mélange des deux. L’observateur rationnel ne peut aller plus loin dans son constat. Mais sa pensée, toujours en mouvement le pousse alors à formuler des théories plus ou moins élaborées pour aller plus loin.
Pourtant, alors que les lois de l’évolution le poussent à constater que la raison du plus fort est toujours la meilleure et que c’est toujours le dominant qui a raison du plus faible, force est pour l’homme de réaliser qu’il est habité par un sentiment contraire. En effet, il est entraîné par une force mystérieuse à s’intéresser à ses semblables et, chose encore plus étrange, à prendre partie pour ce qui est faible et à protéger ce qui est vulnérable. Il a vite fait de constater que ce sentiment qu’on appelle l’amour et qui préside aux règles de la reproduction va plus loin encore. Il ne le porte pas à s’attacher aux autres seulement pour donner libre cours à ses pulsions sexuelles. Là est peut être la clé de l’énigme.
Comment peut-on éprouver de l’intérêt pour les autres, si ce n’est pour assouvir ses instincts ? Ce sentiment n’étant pas naturel à l’homme, il lui vient forcément d’ailleurs. C’est en creusant ce mystère que les hommes font la découverte selon laquelle il existe une réalité, au-delà d’eux-mêmes qui ne se confond pas avec le monde, puisqu’elle leur inspire des sentiments contraires aux règles de la survie des espèces. Il y a donc antagonisme entre cette réalité qu’ils découvrent peu à peu et les lois qui semblent présider à l’évolution du monde.
Dieu, puisqu’il faut bien l’appeler ainsi, ne se confond pas avec le monde, puisqu’il s’oppose à lui et semble vouloir le faire évoluer dans une direction qui ne lui serait pas naturel.
Depuis que les hommes ont développé leur capacité de penser, ils ont en même temps découvert qu’ils étaient habités par un sentiment qui ne leur était pas naturel et qui les poussait parfois à agir dans une direction qui ne servait pas leurs intérêts mais les intérêts des autres. C’est à partir de ce constat que certains ont compris le sens de leur présence au monde. Ils ont pris conscience qu’ils étaient des instruments que Dieu avait choisis pour infléchir le sens de l’évolution du monde et pour agir sur lui. Ils recevaient vocation de modifier les règles naturelles de l’évolution car à force de vouloir sans cesse dominer les plus faibles, les plus forts finiraient par détruire ceux qu’ils dominent et disparaîtraient à leur tour, faute d’avoir plus personne à dominer.
Arrivés à ce constat, nous recevons de l’Evangile cette affirmation selon laquelle Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui, ne périsse pas mais reçoive la vie éternelle.
Il a fallu des siècles, il a fallu des interventions multiples de Dieu dans le cœur des hommes, il a fallu beaucoup d’incompréhensions, des erreurs nombreuses, des échecs de toutes sortes pour que l’espèce humaine comprenne que la règle qui doit présider à l’évolution est liée au respect de la vie des autres. Darwin, que l’on célèbre cette année, n’avait pas compris cela. C’était pourtant inscrit dans l’ordre de la révélation, mais les chrétiens l’ont combattu au lieu d’aller encore plus loin que lui dans ses déductions.
Aujourd’hui, a-t-on vraiment compris cela ? Un simple regard sur nos sociétés nous laisse comprendre qu’il y a encore un long chemin à faire, car une telle idée ne fait toujours pas partie du mode de pensée de la majorité des humains - de la majorité des chrétiens pourrais-je dire-. La logique, si non la vertu, semble nous dire que c’est dans ce sens qu’il faut aller sous peine de disparition de notre espèce. Si l’espèce humaine venait à disparaître, le monde n’aurait plus de sens, puisqu’il n’y aurait plus personne, en tout cas sur terre, pour penser à son sujet.
A la lumière de ce constat, l’Evangile nous laisse entendre que Dieu prend un gros risque en proposant une évolution de l’humanité en contradiction avec les règles du monde. Il se jette dans cette aventure sans avoir prévu de plan de sauvegarde en cas d’échec. C’est ce que veut signifier Jésus quand il dit que Dieu a donné son fils unique. Cela veut dire que Dieu s’est donné tout entier dans ce programme d’amour et qu’il n’y a pas de solution de rechange au cas où l’amour ne permettrait pas une évolution harmonieuse de nos sociétés. Jésus montre par-là, la dimension de la confiance que Dieu fait aux hommes en faisant le pari de l’amour comme unique programme d’évolution possible pour l’humanité.
Dieu croit en l’homme au point de tout lui sacrifier, y compris l’avenir du monde. C’est à croire même, qu’en cas d’échec de l’humanité à réaliser une évolution harmonieuse, Dieu lui-même en pâtirait au point de ne plus exister. La fin de l’humanité signifierait du même coup la fin de Dieu, en tout cas tel que nous le connaissons, et par voie de conséquence ce serait vraiment la fin du monde.
Tout cela nous amène à nous situer d’une façon nouvelle par rapport à la théologie traditionnelle qui place en l’homme l’origine de tous les maux et qui fait du péché la rupture entre Dieu et l’humanité. Il a donc fallu à Jésus une audace considérable pour prendre à rebours la théologie traditionnelle de son temps et de lancer l’idée selon laquelle, Dieu ferait de l’homme son collaborateur pour donner du sens au monde. Selon cette approche, le péché n’est plus ce qui entraînerait le monde à sa perte, le péché serait désormais ce qui empêche l’homme d’entrer dans le programme que Dieu lui propose pour le salut du monde.
Dieu inscrit l’homme dans un projet de vie dans lequel il doit entrer pour que le monde soit sauvé. La condition essentielle pour que ce projet aboutisse est liée à l’amour que les hommes sauront se manifester les uns pour les autres. Dieu a fait le pari fou de croire que ce projet peut se réaliser.
Un
autre sermon publié il y a à peine un an : dimanche 19 juin 2011
Jean 3/16 « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais qu’il ait la vie éternelle…. »
Jadis, sur un disque célèbre que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître Jacques Brel chantait : « quand on n’a que l’amour… » et il concluait en disant : «on a le monde entier ». Il disait à sa manière l’Evangile d’aujourd’hui. L’amour en dépit de tout ce que l’on peut dire ou penser est le moteur du monde. Nous sommes tous pris dans ce tourbillon exaltant de l’amour, nous restons encore émus à l’évocation de ce roi qui renonça à son trône par amour pour celle qui ne pouvait devenir sa reine, et nous savons que dans les kiosques de gare, ce sont les romans roses qui l’emportent sur les thrillers.
Par amour des hommes et des femmes se sont surpassés et le monde en a parfois été ébranlé sur ses bases. C’est par amour pour ce qu’ils croient être Dieu que les grands mystiques ou les grands spirituels ont renoncé à toute autre forme de plaisir que l’extase et la contemplation. La Bible nous dit qu’il est un feu dévorant et qu’il peut conduire chacune et chacun jusqu’au bord de l’impossible. Ce sentiment est profondément lié à l’instinct de vie. Jean Ferra parle même d’aimer à en perdre la raison, c’est dire l’emprise que l’amour peut prendre sur nous.
On le trouve même chez les animaux qui ne peuvent se passer l’un de l’autre.
La nature entière nous raconte comment ce désir de l’autre, habite tous les êtres et motive leur instinct de vie, c’est une banalité de le dire. Mais si cela est vrai, comment se fait-il que l’opinion contraire soit aussi abondamment répandue ? On considère à l’opposé de sa capacité à aimer que l’homme est profondément égoïste, qu’il est rempli de pensées de domination.
On le considère même comme mauvais depuis l’origine, et incapable par lui-même d’aucun bien. On nous a habitués à lire la Bible avec cet a priori selon lequel l’homme est originellement mauvais, profondément pervers. On s’appuie bien sûr, sur le récit de la chute pour le dire et on prétend que cette simple désobéissance aurait perverti la race humaine jusqu’au plus profond d’elle-même. Elle aurait alors, brusquement changé de nature et a l’instar de Darck Vador serait passé du côté obscure de la force !
Rousseau nous le savons, s’est opposé à cette opinion largement défendue et a proposé l’hypothèse contraire : « et si l’homme était bon ? » se demandait-il. Ce n’était pas une affirmation utopique qui aurait permis de regarder le monde d’une manière irréaliste et candide, mais c’était une affirmation qui permettait d’espérer des améliorations de l’être humain et de rendre possibles des retournements radicaux.
Il me semble, pour ma part, que l’on ne peut s’empêcher de lire des Ecritures en oubliant qu’elles affirment, à la première page de la Bible, que Dieu, au soir de la création de l’homme a déclaré que tout cela était très bon. En raison de ce simple fait, aucun péché ne devrait pouvoir lui enlever cette empreinte de bonté. Si l’homme est capable d’amour, qui est la forme la plus élaborée de l’altruisme, comment peut-on imaginer qu’il soit totalement démuni d’un peu de bonté ?
Aujourd’hui, ce qui me fait du bien et que j’aimerais vous transmettre c’est de savoir que Dieu est amour, et comme nous sommes faits à son image, il est à parier qu’il a mis en nous assez d’amour pour qu’il puisse établir une relation en vérité avec nous. C’est au nom de ce sentiment que toute forme de péché, qu’il soit originel ou pas doit disparaître.
« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils Jésus Christ… »
Cette phrase raisonne pour nous comme une vérité incontournable. L’amour de Dieu émanerait de lui comme une force qui vient vers les hommes. Et qui se manifeste en eux comme une puissance de vie irrésistible. C’est cette puissance de vie qui s’est emparée de Jésus, quand agonisant sur la croix, la mort devient incapable de l’anéantir. On peut donc considérer que l’amour dont Dieu témoigne pour nous se confond avec la puissance de vie qu’il met en nous. Cette puissance nous la recevons dans le pardon qu’il nous donne sans condition. C’est là le signe le plus fort de l’amour que Dieu puisse donner, car le pardon supprime la séparation entre les êtres et permet à la vie de s’épanouir. Il fait du pardon le premier acte concret d’amour que nous puissions faire. Il devient alors un signe de vie plus fort que la mort..
Malgré toute la puissance de l’amour, on ne peut empêcher le mal de continuer à exercer une influence perverse sur le monde. Il frappe aveuglément. Ceux qui en sont victimes arrivent à perdre confiance et à douter de la réalité de Dieu. Tous ceux qui se sentent victimes ou laissés pour compte s’interrogent pour savoir si Dieu ne commet pas une injustice terrible en laissant entendre qu’il aime tellement le monde qu’il aime aussi, par la force des choses, les importuns, les égoïstes, les violents. Pourquoi Dieu aime-t-il tous ces aventuriers du monde qui rendent la vie impossible aux autres ?
La réponse est simple, c’est que tous sans exception sont en quête de la même chose : la vie ! Leur vie.
Ceux qui dominent et écrasent les autres sont également demandeurs de vie. Ils en ont tellement besoin, qu’ils accaparent la vie des autres au point qu’ils cherchent à la leur enlever. Ils croient alors qu’ils amélioreront leur propre vie ou qu’ils auront des suppléments de vie en se concentrant sur leurs privilèges. Ils croient que tels le pouvoir, l’argent, le savoir, la science, qu’ils s’attribuent sont porteurs d’avenir au regard du monde, Au regard de Dieu tout ce qui permet de dominer les autres, est porteur de mort.
C’est à cause de ce repli sur soi qui est la racine de l’égoïsme que les hommes ne sont pas capables d’aimer vraiment quelqu’un d’autres qu’eux-mêmes. La seule chose qui peut les transformer c’est de découvrir qu’ils sont aimés eux aussi gratuitement par Dieu sans tenir compte de leurs situations privilégiées. Dieu nous
confie la mission de le leur faire connaître.
Il faut que ceux dont le comportement est le plus éloigné de ce que Dieu souhaite arrivent à prendre conscience du fait que malgré tout Dieu les aime.
Même si leur comportement est odieux, ils sont quand même aimés de Dieu. C’est en découvrant cela qu’ils pourront changer. Si alors ils s’aventurent à aimer, c’est à dire avoir une relation autre que celle qui serait guidée par l’égoïsme, s’ils osent en sortant d’eux-mêmes, s’intéresser à quelqu’un d’autre, au point de renoncer à l’un ou l’autre de leurs privilèges, alors ils risquent de tomber dans l’engrenage de l’amour. Cet engrenage les transformera certainement et ils tomberont tout vivants dans les mains de Dieu. Ils seront alors en passe de se sentir pardonnés, d’être réellement sauvés et de vivre éternellement.
Sur les chemins de l’amour, il y a de la place pour tous, car ce sont les chemins de Dieu. Le monde est appelé à changer car il est aimé par Dieu, mais c’est à nous, qui avons le privilège de le savoir de le lui dire car comment le monde le saurait-il? Et s’il ne le sait pas, comment changera-il ?
1 commentaire:
Amen! Quel amour merveilleux!
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