Comment Dieu se révèle-t-il? dimanche 17 juin 2012
26Il disait encore : Il en est du règne de Dieu comme d'un homme qui
jette de la semence sur la terre ; 27qu'il dorme ou qu'il veille, nuit et jour, la
semence germe et croît sans qu'il sache comment. 28D'elle-même la terre porte
du fruit : d'abord l'herbe, puis l'épi, enfin le blé bien formé dans
l'épi ; 29et sitôt que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est
là.
La parabole de la graine de moutarde
30Il disait encore : A quoi comparerons-nous le règne de Dieu ?
Par quelle parabole le représenterons-nous ? 31C'est comme une graine de
moutarde qui, lorsqu'on la sème en terre, est la plus petite de toutes les
semences de la terre ; 32mais une fois semée, elle monte, devient plus grande que toutes les
plantes potagères et donne de grandes branches, de sorte que les oiseaux du ciel peuvent habiter sous son ombre.
L'enseignement en paraboles
33C'est par beaucoup de paraboles de ce genre qu'il
leur disait la Parole, selon ce qu'ils étaient capables d'entendre. 34Il ne leur parlait pas sans
parabole, mais, en privé, il expliquait tout à ses disciples.
Le monde semble devoir évoluer suivant le cours normal des choses sans que rien ne vienne modifier son rythme. Même si l’activité
humaine influe ponctuellement sur les
effets du climat, cela ne semble pas
avoir de conséquence à long terme sur le devenir de la planète elle-même qui peut subsister sans la présence humaine. Le chien aboie,
la caravane passe et aucune force humaine n’y peut rien. Rien, donc ne signale aux yeux des hommes la
présence d’un être supérieur et intelligent qui règlerait tout cela. Si Dieu ne se démontre pas, il ne se voit pas
non plus et la réalité de son Royaume
passe inaperçue. Ceux qui se croient les
plus futés et qui croient posséder la clé de l’énigme ont des critères qui ne
sont valables que pour eux-mêmes et qui ne se communiquent pas facilement. Ni
la beauté du ciel, ni le nombre des étoiles, ni la profondeur des océans ne
disent la grandeur de Dieu et ne plaident en faveur de son existence.
Tel est
le raisonnement habituel des êtres humains qui se croient avertis des choses du
monde. Pourtant, un jour, sans que rien
ne les y ait préparés, la conscience du divin s’impose à leur esprit comme une
évidence. Ils se mettent à considérer que ce que leur logique récusait jusqu’alors, pouvait
devenir
une réalité envisageable. Cette aventure
n’arrive pas à tout le monde,
mais elle s’est produite un nombre
de fois suffisant pour mériter notre attention. On peut même dire, mais
après coup seulement, que la chose se préparait depuis longtemps et qu’il y
avait en eux quelque chose qui travaillait. Tout se passait comme l’action d’un grain enfoui dans la terre et dont le
germe se met à poindre.
Le germe lance lentement une radicelle vers le bas,
puis pousse sa tige vers le haut et la feuille prend forme. Il faut attendre
que la pointe perce la surface du sol pour que l’on se rende compte de tout le
travail qui a été fait en profondeur. C’est alors que l’on peut constater la réalité de la vie qui s’élance de
nulle part pour défendre ses droits.
Tout ce qui vit sur terre semble procéder du
même schéma. La vie s’active avant-même
que quiconque ait pris conscience de sa réalité. Avant même que l’on réalise son existence,
l’embryon a déjà vécu une longue
histoire. Ainsi la vie qui jaillit de la terre pour produire un arbre a déjà un
long passé. Tel est le mystère qui est à l’origine de tout ce qui vit. L’homme
lui-même n’échappe pas à la règle.
La connaissance de Dieu suit le même
mouvement. La foi semble se manifester
en l’homme après une mystérieuse maturation
spirituelle en lui. Il ne sait
pas toujours en retracer les étapes mais
on peut se demander si le mystère de la vie et celui de la foi ne suivent pas
le même chemin. Il se pourrait-même qu’ils aient cause commune. La foi trouve
ses origines au plus profond de la conscience humaine avant d’éclater d’un seul
coup, comme si elle se manifestait sur l’instant. C’est ce que nous raconte
Jésus dans ces deux paraboles. Il semble nous dire que la foi a ses origines
profondément enfouies au cœur de l’homme et se développe sans qu’on y prenne
garde jusqu’au jour où elle envahit tout l’espace de la pensée.
Dieu qui avait fait sa demeure en nous et qui
se lovait dans notre inconscient cherche par tous les moyens à trouver le
chemin de notre conscience. Quand il y parvient, il occupe alors tout notre
être et oriente notre vie vers le meilleur de nous-mêmes. Jésus rend compte de ce qui se passe en nous quand
nous nous ouvrons à la foi, à partir
d’une simple observation de la nature et
en tire des conclusions qui nous surprennent
car il semble considérer que l’éveil
à la foi est possible pour tout un chacun.
Mais l’observateur futé dira bien vite que ça
ne se passe pas toujours ainsi. Il y a des gens qui espèrent croire sans jamais
y arriver. Cette constatation est aussi
valable pour les graines. Toute semence jetée en terre ne germe pas forcément,
et quand elle germe, elle n’arrive pas obligatoirement à maturité. Les limaces aussi bien que les vaches
rivalisent entre elles pour consommer le brin d’herbe avant qu’il ne soit parvenu
à former des épis ou des gousses.
Il y a
plus de graines qui n’arrivent pas à former de plantes que celles qui y
parviennent. Cette loi est-elle valable pour la foi ? Y a-t-il des gens
qui seront à tout jamais privés de la connaissance de Dieu parce qu’un
obstacle se sera interposé pour empêcher
la foi de progresser ? Difficile à répondre sans heurter les sensibilités.
Il y a des hasards qui font que la vie des uns ou des autres n’évolue pas de
manière souhaitable et que des défaillances s’immiscent entre Dieu et les
hommes contrariant d’une manière fâcheuse
le développement de la connaissance de Dieu.
Nous ne donnerons aucune explication rationnelle,
mais il est vraisemblable qu’il y a dans la vie, des obstacles qui peuvent
s’opposer à l’épanouissement de la foi. Par contre il peut se produire des
situations ou c’est l’homme lui-même qui produit ces obstacles. Il peut se
forger intellectuellement les images d’un Dieu qu’il ne peut accepter. Il peut
vivre dans une société où la réalité qui lui est donnée de Dieu provoque en lui un
dégout tel que la notion de divin en lui en soit fortement
affectée.
Certains ont beau dire qu’ils cherchent Dieu sans réussir à le trouver,
ils ont beau prétendre que la grâce de connaître Dieu ne leur est pas donnée,
alors que c’est eux, par leurs idées préconçues qui empêchent la manifestation
du divin en eux. Pourtant la pratique de la Bible nous enseigne que Dieu
multiplie les occasions de se faire connaître et ne désespère jamais
d’atteindre la conscience de chaque individu. Il agit dans le secret de chacun
et nul ne prend conscience de cette action de Dieu en lui que lorsqu’elle
s’impose à lui de manière manifeste.
En 1958 Ingrid Bergman dans « l’Auberge du sixième
bonheur » a proposé une telle approche de l’action de Dieu. Le but du
film était de raconter comment une jeune secrétaire, éprise du désir d’évangéliser la Chine a réussi,
à force de persévérance, à rejoindre une mission chrétienne dans un village
perdu et a réussi à sauver un groupe d’enfants pendant la guerre contre les
Japonais. Ce qui me semble intéressant
dans ce film, c’est la méthode utilisée
par la vieille dame missionnaire qu’elle était venue rejoindre et qui éclaire
notre propos. Elle racontait les
histoires de la Bible, le soir à la veillée dans son auberge, dite du Sixième
Bonheur. Elle espérait répandre la foi chrétienne par l’action des marchands
qui fréquentaient son établissement et qui en colportant ces histoires
transmettraient la parole de Dieu. Dieu semait ainsi à tout vent et laissait le
soin au hasard de prolonger son œuvre.
Telle est la méthode de Dieu : semer
avec persévérance et générosité et faire confiance à une force qui est
insaisissable, celle du hasard. C’est ce
qui se passe dans cette parabole. Les choses se passent sans qu’on les voit
agir, et l’action de Dieu se fait dans
le secret du cœur de l’homme sans qu’on puisse établir de règles, mais le
résultat est surprenant. Dieu ne donne à
personne la clé de l’énigme mais engage chacun de ceux qui croient à entrer
dans ce vaste mouvement où le secret, le hasard et Dieu jouent un grand rôle
sans que les hommes puissent savoir comment ça marche.
Bien entendu, l’étincelle qui donne à la foi
sa réalité, c’est la personne de Jésus. Le croyant, en s’appuyant sur l'Evangile y découvre
l’enseignement de l’amour qui transforme la vie. La parole de Dieu devient
efficace en lui et requiert deux niveaux de réception. Le premier consiste à laisser faire les choses, c’est ce que nous avons
dit tout au long de ce propos, la parole de Dieu se répand par tous les canaux
possibles, souvent ignorés des hommes.
Elle agit comme la semence jetée en terre, elle germe selon les hasards du
moment, des hommes en sont imprégnées et favorisent sa progression, les autres
la rejettent.
Pour ceux qui la reçoivent avec joie, ils
deviennent des compagnons du Seigneur et prennent rang parmi ses disciples. A
ceux là, Dieu réserve une deuxième
approche. C’est le deuxième niveau que le texte de ce jour nous révèle dans sa dernière phrase: « A
ceux là, il expliquait tout en privé ». Le message se fait alors
personnel, il agit dans la conscience de chacun et chacun devient apte à
comprendre Dieu qui lui parle. Jésus devient son confident personnel. C’est
l’œuvre du Saint esprit en lui, mais c’est ici le sujet d’un nouveau sermon qui
trouvera ici sa place une autre fois.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire