1 Rois
19 :4-8 Pourquoi le sage souffre-t-il parfois, alors que le méchant prospère . Dimanche 12 août 2012
1Achab raconta à Jézabel tout ce
qu'avait fait Elie, et comment il avait tué par l'épée tous les prophètes. 2Jézabel
envoya un messager à Elie, pour lui dire : Que les dieux fassent ceci et
qu'ils y ajoutent cela, si demain, à cette heure-ci, je ne fais de ta vie ce
que tu as fait de la vie de chacun d'eux ! 3Elie,
voyant cela, s'en alla pour sauver sa vie. Il arriva à Bersabée, qui appartient
à Juda, et il laissa là son serviteur. 4
Quant à lui, il alla dans le désert, à une journée de
marche ; il s'assit sous un genêt et demanda la mort en disant : Cela
suffit ! Maintenant, SEIGNEUR, prends ma vie, car je ne suis pas meilleur
que mes pères. 5Il se coucha et s'endormit sous un
genêt. Soudain, un messager le toucha et lui dit : Lève-toi, mange ! 6Il
regarda : il y avait à côté de lui une galette cuite sur des pierres
chaudes et une cruche d'eau. Il mangea et but, puis se recoucha. 7Le
messager du SEIGNEUR vint une seconde fois, le toucha et dit :
Lève-toi, mange, car le chemin serait trop long pour toi. 8Il
se leva, mangea et but ; avec la force que lui donna cette nourriture, il
marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à la montagne de Dieu, l'Horeb.
Comment se fait-il que parfois le méchant
prospère et que le sage se trouve bafoué dans sa sagesse au risque de
mourir seul et isolé du monde ? L’Ecclésiaste, autrement appelé Qohelet,
un sage roi d’Israël a consacré tout un livre à traiter de cette question. La
seule réponse que l’on peut déduire de ses écrits c’est qu’il n’y a pas
vraiment de réponse. Ici Elie se trouve dans une situation telle qu’il achoppe
sur cette même question. Quel sens peut avoir sa vie quand on l’a entièrement consacrée à Dieu et
qu’aux moments décisifs de son
existence, celui-ci fait la sourde oreille, ne tient pas compte des actions
menées en sa faveur et reste sourd aux prières qu’on lui adresse.
Ces situations sont parfois si cuisantes que l’on peut même se demander si Dieu existe vraiment.
Si
d’aventure, nous sommes confrontés à de
tels problèmes, nous saurons que nous ne sommes pas les premiers à les
rencontrer. L’histoire d’Elie, si elle ne nous donne pas une réponse va sans
doute nous indiquer dans quelle direction orienter nos regards.
Homme
providentiel, Elie a sauvé la mise au roi Achab, de triste mémoire, lors de la grande sécheresse. Il ramena l’eau
en Israël et lui offrit une entrée
triomphale dans sa capitale. Mais le roi, et surtout la reine Jézabel se
refusent à voir dans ce prodige un signe de la faveur du Seigneur. Les
souverains ne cultivent aucune relation avec Dieu. Ils se montrent plus
attentifs aux divinités païennes qui prétendent
favoriser la réussite personnelle et
flattent leur égo qu’au culte de l’Eternel, plus enclin à leur faire des
reproches par la bouche de ses prophètes. En fait le roi croit surtout en
lui-même et refuse qu’on lui résiste. Dieu, connaît pas !
En
fait, si la Bible se montre sévère avec lui, c’est à cause de son impiété. La
Bible méconnaît la grandeur de ce
souverain que l’archéologie moderne révélera comme un roi constructeur et
entreprenant. Il n’a pas supporté qu’Elie remette en cause son projet
d’urbanisme quand il réquisitionna la vigne d’un notable du nom de Naboth pour
des travaux d’agrandissement du palais. A juste titre Elie lui opposa des arguments
moraux en contestant le bienfondé de l’expropriation en cours. Pour que son
projet aboutisse et sur les conseils de sa femme, le roi eut finalement recours
à l’assassinat politique. Devenu gênant.
Elie continua à s’opposer à la reine jusqu’à ce que la tension devienne
insoutenable si bien qu’il trouva son salut dans la fuite.
Où
aller, même le désert lui est hostile ? La mort lui serait préférable à
toute autre solution, pourtant il s’est comporté toute sa vie en champion de Dieu. Y a-t-il des raisons
pour que Dieu l’abandonne ? Sans doute en cherchant bien il en
trouvera. Bien que la Bible ne porte
aucun jugement contre lui, il sait bien que toutes ses actions n’ont pas été
exemplaires. Quand il a provoqué la mort des prophètes de Baal qu’il a égorgé de ses propres mains, il
n’avait reçu aucun ordre de Dieu pour agir comme il le fit. Il suivit son seul instinct. Croyant bien faire, il n’a pas
forcément bien fait. Il a donc lui
aussi agi en tuant ses opposants, même
si ses opposants étaient des ennemis de
Dieu. N’est-il pas en ce moment en train de se demander s’il ne paye pas son action criminelle et
qu’en représailles Dieu l’abandonnerait ?
En tout cas, s’il ne le fait pas, c’est nous qui nous nous posons la
question pour lui. Il est certain que cette action déchaîna la fureur de la
reine contre lui.
Elie,
le fidèle parmi les fidèles n’a donc pas été toujours exemplaire et Dieu n’est
peut-être pas très content de lui. Pourtant la réponse à sa situation n’est pas
dans l’abandon de Dieu ni dans une action de sa part qui lui serait hostile.
Ceux qui pensent que Dieu peut les punir
des fautes ignorées ou inavouées en s’en prenant au cours normal de leur vie
font fausse route. Dieu ne se venge pas. Dieu ne punit pas non plus. Il aide
plutôt chacun à prendre la
responsabilité de ses actes mais ne prononce pas de sentence qui aurait un
caractère punitif.
En
effet, si Dieu veut que nous tirions leçon des erreurs que nous
avons faites. Ce n’est pas en nous
accablant par un jugement qui nous culpabiliserait qu’il nous aidera à avancer,
cela réduirait plutôt nos forces de vie.
Au
contraire, Dieu cherche à nous donner de nouvelles forces de vie pour nous
redresser, encore faut-il les repérer. Si nous nous enfermons dans nos
remords, si nous ruminons notre
culpabilité, si nous cherchons dans les événements de notre vie, les signes du
jugement de Dieu contre nous, nous
resterons figés dans un attentisme coupable qui ne nous permettra pas de
poursuivre notre route. Ce n’est pas le projet de vie de Dieu pour nous.
Quant
à Elie, il n’a pas encore compris que Dieu lui veut du bien, contrairement aux
apparences. Il ne se fait aucune
illusion sur lui-même. « Je ne suis pas meilleur que mes Pères »
dit-il. Sans vraiment analyser sa situation. Il s’attend à ce que Dieu exerce un jugement contre lui
dont il ne sait pas vraiment la cause. Il sens peser sur ses épaules le
jugement de Dieu et considère, arrivé à ce point de son existence, que sa vie
n’a plus de sens. Il s’endort donc comme s’il sombrait dans la mort. Mais Dieu
veille. Et en venant à son secours, Dieu va se servir de lui pour répondre à toutes nos questions latentes depuis le début de ce propos
Un
quignon de pain et une cruche
d’eau. Voilà ce que Dieu lui
donne pour continuer à vivre. Ce geste
paraît tellement dérisoire qu’Elie ne semble même pas en tenir compte. A peine
sustenté par ce repas frugal, il sombre à nouveau dans un sommeil porteur
d’angoisse et de mort. Il n’a pas
compris qu’aussi petit qu’il soit, le geste de Dieu était porteur de vie. Tout
ce qui contient une promesse de vie, fut-elle réduite au minimum, mérite
qu’on lui accorde de la valeur. Mais il ne reconnaît pas dans
l’intervention de Dieu une valeur suffisante pour lui redonner goût à la vie et
le charger d’énergie. Dieu ne se lasse pas, il renouvelle son geste mais ne lui accorde rien de plus que lors de sa
première intervention. C’est alors que ce geste de vie se révèle comme porteur
d’une force extraordinaire qui lui permettra de marcher 40 jours et de trouver
enfin la trace de Dieu.
Il
faudra un repas médiocre et 40 jours de marche
pour qu’enfin Dieu lui donne la
réponse qu’il attend. Les gestes qui révèlent la présence de Dieu ne sont pas
forcément spectaculaires, ils le sont rarement, mais quand on les repère, ils se revêtent d’une valeur
extraordinairement féconde. Telle est l’action de l’Esprit de Dieu en nous. Il
ne se voit pas, il ne s’entend pas mais porte en lui une efficacité capable de
défier la mort.
Cette
brève expérience d’Elie anticipait le mystère par lequel le Christ défiant la
mort serait investi d’une force capable de faire jaillir la vie éternelle
hors de sa tombe, hors de toutes les tombes. Cette force, Dieu la met à la disposition de chacun de ceux qui
acceptent de chercher dans leur vie les traces des Dieu en action. Elles ne
sont pas toujours visibles, mais elles sont toujours efficaces.
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